lundi 27 juin 2016

Fédération d'Europe occidentale

Nous y voilà ! Non pas au début de la rupture anglo-européenne mais au jour de l'analyse de ce séisme et de ses conséquences. Sombre lundi ! Tout blogue se flattant de faire un peu de politique y est contraint forcé. Royal-Artillerie ne déroge pas à la règle mais prend le parti de ne pas remâcher les causes qu'un milliard d'internautes connaissent depuis ce matin sur le bout des doigts. Tabula Rasa. L'Europe est continentale désormais mais accepte l'Eire, Malte et Chypre quand même. Comment faire marcher ce grand corps malade qui va de l'Ile de Fer (Hierro) jusqu'à Kirkenes, cet empire impuissant, ce patchwork de nations antagonistes depuis la fin de la pax romana ? Et pourquoi d'abord le maintenir, voire le créer ?

L'autonomie des nations gît aujourd'hui dans le rapport de forces. Exit le concept d'indépendance au XXI°siècle, la globalisation en a eu raison, la tectonique des empires mondiaux ne laisse aucune chance aux petits et moyens pays sauf à être aussi insignifiants que la Papouasie-Nouvelle Guinée, et on peut le regretter. La France en fait la douloureuse expérience en maintenant une gabegie éhontée envers et contre tous les signaux de danger : elle ne gouverne plus sur sa zone d'influence - nous sommes les supplétifs du Pentagone - et dans les positions historiquement consenties tels le Conseil de Sécurité, le Fonds monétaire international, nous sommes en mode mineur même si les reliquats sont moins insignifiants que ne le pensent les Français de France, comme l'affirme Hubert Védrine. Mais bon, difficile aussi de résister au passage de la tornade des nains par l'Elysée.

L'exemple de proximité sur la difficile autonomie des petits pays est la Suisse. En dépit des lois internationales protégeant la souveraineté des nations constituées en Etat, l'ingérence du Fisc américain relayé par le Fisc allemand a pulvérisé le secret bancaire qui faisait la fortune de la Confédération, et les chicayas bruxellois incessants sur la circulation des marchandises ont amené le Conseil fédéral de Berne à entrer dans le traité de Schengen dans le cadre d'une européisation progressivement imposée de l'extérieur. L'union fait donc bien la force si elle aboutit à créer une masse spécifique qui impressionne l'adversaire. A cet égard, une union des républiques alpines (Suisse, Autriche, Liechtenstein, Slovénie) n'aurait pas donné grand chose de plus dans la dispute fiscale internationale.
Faire le poids était bien l'intention des fondateurs de la Communauté européenne, mais il ne s'agit pas que d'agréger des peuples et des PIB. Un milliard de bœufs chinois ne pèse pas si lourd contre la coalition de tous les contempteurs de l'hégémonie céleste : ils ont retourné contre eux tous les riverains de la Mer de Chine méridionale qui sont passés à l'ennemi héréditaire américain et le Japon en prime. Il faut que la masse acquise dans l'union soit actionnée, en un sens gouvernée.


Il y aurait plusieurs façons de faire mais un problème existe quand à l'étoffe des chefs de gouvernement. On imagine par moment la chancelière prussienne dans l'emploi d'un Adenauer, mais autour d'elle c'est le désert. N'épiloguons pas, c'est facile, tant ils sont "petit jeu". La meilleure stratégie bute toujours sur les capacités de mise en œuvre. Rangées des voitures, il y a bien des personnalités fortes comme Romano Prodi (Siméon de Bulgarie est trop âgé) mais les médiocres en poste actuellement, se revendiquant de leur élection, barreront le passage. Quoiqu'il en soit des acteurs en scène au moment, le dispositif gagnant pourrait être une fédération de type helvétique des fondateurs, dans le cadre d'une confédération englobant les autres, parfois fédérés entre eux comme pourraient le faire les quatre pays scandinaves (DK, SW, SF, ES) ou les pays danubiens.

A cet égard, nous considérons que l'appartenance à l'eurogroupe est un choix technique financier sans incidence sur la stratégie. Oui, c'est un parti-pris politique...

Les instruments de pouvoir de l'Union rénovée ne peuvent pas être moins qu'une diplomatie intégrée de la confédération avec un siège au Conseil de Sécurité des Nations Unies - celui de la France -, et au moins une armée intégrée de la Fédération occidentale (la CED). Les autres instruments de pouvoir existent déjà, comme la banque centrale européenne (BERD et BIRD en sus), l'Agence spatiale européenne, EUROPOL (FBI), EUROJUST (parquet commun), ITER (énergie nucléaire) parmi les plus importantes. Reste à créer :

- un code commun des impôts de base pour en finir avec la concurrence fiscale
- un code essentiel du travail donnant les limites (terminé les foutaises des emplois détachés au régime social de souche !)
- un corps confédéral de garde-côtes
- un corps confédéral de garde-frontières
- des arsenaux fédéraux pour gagner en volume

Mais vu où nous sommes rendus ce lundi matin, aucun ou presque des bureaucrates européens en poste n'est destiné à y rester plus longtemps que l'hiver qui vient. Il faut partout du sang neuf et des correspondants de haut niveau dans les capitales.


CEE 1957 - De Flensburg à Tamanrasset


Le reproche fait le plus fréquemment à une fédération des pays fondateurs est qu'elle pousse à une subsidiarité qui jusqu'ici a échoué. Outre le fait qu'elle n'a pas échoué partout - l'aménagement des territoires peut en témoigner - il faut cuire un gâteau avant de l'apprécier. On peut donc rétorquer que les graves insuffisances du dispositif actuel viennent d'abord d'avoir maintenu les moteurs européens au point fixe depuis vingt ans sans faire décoller l'avion parce que justement à 28 il était trop lourd, d'une part ; d'autre part, qu'au pantographe de la mondialisation, la proposition souverainiste du repli sur soi nous précipite dans le destin du Portugal (la formule est du général De Gaulle). Mais la position de la France seule n'est pas méprisable si l'on veut bien accepter que ce pays ait fait son temps dans le grand concert du monde. Nous resterons la terre de la gastronomie, du luxe et des recherches inutiles et dispendieuses, et financièrement, la reine des gitans. Après tout, serons-nous si malheureux ?

En fait il n'y a pas le choix. Nous ne nous résignerons pas. Alors, organisons à six un avenir puissant, en dehors des coquetteries littéraires du parti des raéliens qui rêvent pour nous d'un XVII°siècle par magie revenu.


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vendredi 24 juin 2016

Salut au courage !


Pinaise, ces Anglais ! Faisant fi de toutes les horreurs promises, cette race impossible défie le monde entier. Il n'est pas dit qu'elle gagne à la fin - normalement, en sport c'est l'Allemagne - mais elle ose braver la technocratie européenne ! D'ailleurs gagner ou perdre mais contre qui ? Contre la bureaucratie bruxelloise où sévissent beaucoup d'anglais ? Contre les Etats du continent ? Contre la galaxie Nylonkong ? Idioties que cela. Ceux qui promettent des temps durs dans les négociations n'ont pas le manche en main.

Seule à livrer une vista européenne, la chancelière prussienne a décrété ce vendredi que rien ne changerait demain entre la République fédérale et le Royaume uni. Dès samedi, elle fait convoquer à Berlin les six ministres des affaires étrangères des pays fondateurs de la Communauté européenne (et pas 28) pour les préparer à une reprise en main du continent sous la férule allemande, du moins veut-elle forcer le projet européen de son gouvernement, sans trop de mal puisqu'il n'y en a aucun autre ! Tous les autres acteurs, y compris le chef du monde libre, jouent désormais en nationale, et les quatre têtes de turc que sont Juncker, Schultz, Tusk et Mogherini feront où l'Allemagne leur dira de faire puisque ils vont être crédités de la rupture UE/UK par toutes les chancelleries, habiles à se défausser.

Partir c'est mourir un peu, dit le poète. Mais seuls ceux qui partent écrivent l'histoire.

Un Rule Britania s'impose maintenant. On verra plus tard pour les zanalyses.



Pour archivage la carte des résultats :

courtoisie LeFigaro.fr

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lundi 20 juin 2016

Le Brexit vu d'Allemagne

Le SPIEGEL a publié un copieux dossier sur le largage du Royaume-Uni par le biais de sa lettre hebdomadaire internationale en anglais. Il serait dommage de ne pas le diffuser aux lecteurs de Royal-Artillerie. Ce dossier comporte treize chapitres. Nous nous proposons de résumer très brièvement chacun d'eux en français, adressant chaque fois le lecteur curieux au site du Spiegel pour creuser la question.

Berceau de la démocratie parlementaire



(1) Qu'est-ce réellement le BREXIT ?
C'est l'acronyme de "British Exit". En clair, un piège politique ouvert par David Cameron pour sa réélection avant 2015 afin de désarmer les eurosceptiques de son parti. C'est un référendum sur la sortie des institutions européennes, et vu du parti conservateur maintenant : une connerie.

Plus sur le Spiegel - chap.1

(2) Qu'est-ce qui gonfle à ce point les Anglais en Europe ?
La Grande Bretagne a toujours soutenu la création des Etats Unis d'Europe SUR LE CONTINENT et un marché mondial grand ouvert. Voyant la puissance commerciale du marché Commun, elle adhéra mais se laissa embarquer dans le band wagon de la fédération rampante. Elle croit qu'elle va disparaître demain dans le magma bureaucratique rhénan.

Plus sur le Spiegel - chap.2

(3) Quelles sont les chances ?
50-50 ! On le saura vendredi prochain à midi GMT !

Plus sur le Spiegel - chap.3

(4) Quels sont les droits spéciaux arrachés par les Anglais à l'Union européenne ?
Outre le fameux "chèque" de Margaret Thatcher, les Britanniques (mais les Danois aussi) ont des "Opt-out" ! C'est à dire qu'ils peuvent déroger à certaines résolutions du Conseil européen. Les plus connus sont la non-participation à l'Eurogroupe et la préférence nationale.

Beaucoup plus sur le Spiegel avec des cartes - chap.4

(5) Qui veut quoi en Grande Bretagne
Les chefs de parti sont pour rester en Europe ; leurs challengers contre, évidemment. Le coiffeur-maire Boris Johnson joue très perso. Commencé comme une manœuvre politique, le référendum se "politise" de plus en plus jusqu'au drame de Jo Cox, instrumentalisé de chaque côté... et chez nous !

Plus sur le Spiegel - chap.5

(6) Quels sont les arguments respectifs ?
L'argument majeur du Premier ministre Cameron est que tout ce qu'on reproche à l'Europe, il en a déjà protégé le Royaume Uni en exigeant de nombreuses concessions de la Commission européenne cette année et qu'il est idiot d'en vouloir plus. Mais la moitié du Parti conservateur reste sceptique et veut couper les ponts redoutant la duplicité des bureaucrates de Bruxelles. Le UKIP mise sur l'épouvante d'une immigration débridée.

Plus sur le Spiegel - chap.6

(7) Tous les Etats du royaume sont-ils pour ?
Bien évidemment, le Pays de Galles, l'Irlande du Nord et l'Ecosse ont plus touché du doigt les bienfaits de la manne européenne que l'Angleterre et la City. Ces "nations" s'inquiètent d'un Brexit et l'Ecosse surtout.

A peine plus sur le Spiegel - chap.7

(8) Quels sont les effets à attendre d'un Brexit en Grande Bretagne ?
Un immense désordre les deux premières années puisque le pays devra négocier des accords de libre-échange avec tous les autres partenaires de la mondialisation. Accords commerciaux et douaniers ont tous été passés par et au nom de la Communauté européenne, la rupture équivaudrait à sortir presque de l'OMC pour un temps.

Plus sur le Spiegel - chap.8

(9) Comment un pays peut-il sortir de l'Union ?
En invoquant l'article 50 du Traité de Lisbonne.

Plus sur le Spiegel - chap.9

(10) Quelles sont les conséquences du Brexit sur l'Union européenne ?
L'Union perdrait des capacités dans les domaines économique, militaire et culturel, mais plus sûrement le poids des étatistes et des socialistes solidaires s'accroîtrait sur le continent, laissant l'Allemagne seule face aux revendications des pays malades.

Plus sur le Spiegel - chap.10

(11) Quel impact sur la City de Londres ?
Difficile à dire. L'énorme pouvoir de la bancassurance anglaise peut rebattre les cartes à lui-seul. Les banques risquent d'émigrer leurs services commerciaux sur le continent, ou faire fortune dans une City complètement dérégularisée, vrai paradis fiscal.

Plus sur le Spiegel - chap.11

(12) Quel statut pour les citoyens européens résidant en GB ?
A négocier.

Plus sur le Spiegel - chap.12

(13) Quels effets sur l'Allemagne ?
A la fin, l'Allemagne prendra la main en Europe pour défendre la cohésion du Marché commun à son bénéfice.

Plus sur le Spiegel - chap.13


Leave or Remain



Voila ! La France ne devrait pas tirer son épingle du jeu en cas de Brexit, sauf report de flux commerciaux entre elle et la République d'Irlande (voire l'Ecosse). L'affaire se discutera entre les Etats-Unis, le Royaume Uni et l'Allemagne, trois partenaires majeurs dans l'OTAN ayant chacun leur agenda. Nous n'avons plus les libertés budgétaires nous permettant d'avancer nos idées (comme la défense européenne ou les eurobonds), aussi personne ne nous convoque d'avance sur le sujet. Nous irons à la réunion européenne du 24 avec tout le monde. Il faut dire que nous avons actuellement la représentation la plus transparente de l'histoire du Marché commun et cela se traduit par un spectaculaire déclassement de la France à Bruxelles.
Quant au Royaume Uni, il est déjà une curiosité au sein de l'Union par les multiples dérogations qu'il a exigées depuis son arrivée et il est fort probable que son éventuel maintien au sein de la communauté européenne suscitera des revendications assez dures de la part de certains PECO* qui auront bien assimilé la posture "à tout prendre et rien payer !".

(*) Onze pays d'Europe centrale et orientale

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samedi 18 juin 2016

On s'inquiète pour nous

On m'a beaucoup téléphoné. De l'étranger ! La moitié des appels venait aux nouvelles des Nouvelles Maldives, Paris sous l'eau, la cote 1910 dépassée, savoir combien mesurait la Tour Eiffel (ah bon, quand même !), l'Arc de Triomphe fondrait-il comme un pain de sucre... bref, on s'inquiétait, amusés de nos déboires. Je dus répondre à chacun que la crue était d'abord médiatique et que nos journalistes d'information en continu étaient le fond du panier que personne n'avait voulu embaucher, comme à Fox News par exemple. Des cuistres qui avaient de l'eau sous leurs fenêtres ; facile d'ameuter pour pas cher. L'Atlantide, on attendra !

L'autre moitié me demandait si je pourrais faire face à la guerre civile annoncée sur toutes les chaînes sportives et s'il me fallait plus de cartouches. A quoi je dus répondre qu'en France, seuls les vilains avaient droit au port d'arme, les citoyens (parfois appelés contribuables) étaient désarmés légalement pour simplifier le dispositif sécuritaire. C'est toujours plus facile d'avoir les assassins d'un côté et les cons de l'autre ! Il suffit de regarder les Experts Miami pour comprendre le scénario simplifié. Alors il me fut répondu, deux fois, qu'on m'enverrait un billet d'avion si ça se gâtait. Entre-temps un musulman désespéré a égorgé une policière chez elle, pas bien loin de chez moi, avant de trucider son commissaire de mari à coup de couteau quand il est rentré du poste. La police l'a fini sur place. Effrayant ? Non, la routine, ici.

Dès qu'il fait beau, le secteur public entre en insurrection pour protéger le secteur libre d'une révision de la Somme de saint Thomas d'Aquin que constitue le Code Du Travail que le monde entier nous envie en pissant de rire ! Aux abois comme un cerf sans bois ni couilles, le pouvoir socialiste combat la populace à coup de milices gauchistes qu'il est défendu d'alpaguer, pour bien déconsidérer les manifestants-électeurs en colère. C'est à n'y rien comprendre mais dans ce merdier gigantesque le pays organise, plutôt bien, un énorme compétition de football européen qui vide les rues à chaque match après les avoir remplies d'ivrognes au vin mauvais. Les chaînes mangent bien finalement. On attend la bombe promise et cent morts pour relancer le débat politique...

Chemin faisant, Dame Bêtise qui gère ce pays est parvenue à ruiner le crédit public et la parole des dirigeants jusqu'à faire douter de la pertinence d'une démocratie représentative. Les jeux parlementaires bloquent tout. Tout est fait en fonction de la manipulation des factions contre le chantage des minorités. La tactique des frondeurs est à cet égard exemplaire : au lieu de basculer carrément dans l'opposition et contraindre l'Elysée à dissoudre une chambre ingouvernable - ce qui les priverait de prébendes et privilèges - ils harcèlent le pouvoir pour le tirer vers leurs thèses, anticipant la valorisation électorale de la déviation obtenue. C'est petit.

Ainsi les réseaux sociaux sont-ils envahis de politiciens du modèle courant qui préparent l'élection présidentielle de mai 2017. Il y a du monde de partout puisque l'ectoplasme élu par surprise la dernière fois sera incapable de se représenter avec une popularité inférieure à celle de Landru. C'est l'étiage accepté en sociologie après le zouave pontifical du Pont de l'Alma pour les inondations. Les "mesures" qu'ils proclament amusent le bon peuple qui sait pertinemment qu'aucune ne sera appliquée en cas de victoire par les tribuns de préaux. Eux ne rêvent que de profiteroles au chocolat, armagnac hors d'âge et d'une escort chic en bas-jarretelles après le cigare. Ils ont raison, rien à faire ? Ne rien faire. C'était la devise du regretté Chirac. Le secteur public soviétisé ne voudra pas bouger d'un iota, lui qui bouffe déjà la moitié du PIB de ce pays béni des dieux. Quant à l'énarchie, elle a jugé la république mourante suffisamment grasse encore pour s'en repaître jusqu'à la retraite ! Elle a tort. La république a des gaz !

Alors je raccroche, et comme le Marius de Pagnol, je rêve d'ailleurs. Car vous ne le savez peut-être pas ou vous l'avez oublié, tellement abrutis par notre Etat total, mais il est des pays libéraux où le travail est bien récompensé, où l'Etat assume l'essentiel sans trop déborder, sans trop de corruption, sans politiciens véreux, des pays fiers d'exister, et même... sans musulmans ou presque. Je plonge dans mon atlas géographique et je vous rappelle dans deux minutes et vingt secondes :



C'était l'appel du 18 juin de Royal-Artillerie



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lundi 13 juin 2016

Trooping The Colour and Brexit

 

Quand le roi Louis-le-Grand disparut, la nouvelle courut le monde et quelques semaines après atteignit la cour impériale du Grand Tsing en ces termes : « Le Roi est mort ! ». Il en ira de même quand Elizabeth II d'Angleterre trépassera. Le message que « la Reine est morte » parviendra dans toutes les chancelleries de la planète et personne n'osera demander : qui donc ? Elle est l'incarnation la plus aboutie, la plus inoxydable de la fonction. L'admirer dans son tailleur et chapeau vert fluorescent présider au Trooping The Colour de son 90è anniversaire, l'œil amusé, le sourire facile, laisse comprendre son éternité à la tête du Royaume Uni et du Commonwealth. Que pense-t-elle de la rupture géopolitique proposée aux nations britanniques ?

On l'avait dit réticente à l'amarrage européen, elle qui fut dès sa prime jeunesse appelée à régner sur un empire mondial. Aliéner les valeurs immortelles de la gent anglaise aux intérêts des boutiquiers rhénans*, telle que se dessine la marche à la fédération continentale, ne doit pas l'emballer. Même si l'entêtement des chiffres privilégie une continuation des relations les plus étroites avec la technocratie bruxelloise, même si la City de Londres vote pour l'Union le 23 juin, l'avenir grisâtre de cette Europe mercantile et maçonnique, enferrée dans la propagande du bonheur total à sa manière exclusive, ferait douter même de l'existence de Dieu ! L'Europe n'a pas d'âme, on le voit chaque jour un peu plus.

La bagarre est réelle en Grande Bretagne entre les deux camps et la fracture pourrait être double en cas de succès même mince du Brexit, l'Ecosse négociant alors son indépendance. Mais si l'on sort le nez des affaires européennes pour regarder au-dessus des lendemains qui chantent on s'aperçoit que le monde en projet n'est plus trop dans ces mammouths non manœuvrables que sont les vieux empires revenus mais dans le Sénat galactique d'unités moyennes agrégeant leurs intérêts à la carte quand aura été établie une contrainte générale de sûreté des nations. Stratégiquement l'Europe est pataude, empêtrée, divisée, peu sûre. En l'état c'est un boulet.

L'avenir est à la liberté de création. Il se fonde sur le génie propre à l'espèce humaine qui défie les projections des instituts subventionnés et crée la surprise à chaque génération. C'est Elon Musk qui programme des missions martiennes sur fonds privés, après avoir reproduit grandeur nature la fusée de Tintin qui atterrit sur ses réacteurs dans un mouchoir de poche. Ce ne sont ni la NASA ni les Chinois ses concurrents, mais d'autres pionniers aussi gonflés que lui, comme Richard Branson ! Aussi je suis loin d'acheter les calculs catastrophiques ou triomphants des think tanks, repris par tous les éditocrates de la planète en mal de réflexion personnelle. Si le Brexit est une libération de la créativité, la Grande Bretagne y gagnera beaucoup, tandis que nous nous enfermerons derrière les remparts de notre modèle social en décomposition ! Nos génies prendront le train ! Quel est d'ailleurs le Projet européen, au bénéfice des Européens ?

L'Union européenne est à la croisée des chemins mais campe au carrefour depuis trop longtemps pour emporter l'enthousiasme des peuples et de leurs (vraies) élites. Après le référendum britannique, quel qu'en soit le résultat, rien ne sera plus pareil : l'Union européenne sera discutée dans tous les compartiments du jeu par d'un côté les atlantistes libéraux, et de l'autre les socialistes étatistes. Et cette guerre intestine durera longtemps jusqu'à l'improbable métamorphose des institutions fédérales en des cadres de développement intellectuel et matériel respectables, ce qu'elles ne sont pas aujourd'hui, trop impliquées dans le règlement minutieux des détails de la production, dans la normalisation des mœurs individuelles sur un modèle non naturel, cachant son impotence par l'accumulation de vaines conférences internationales comme la dernière à Paris voulant relancer la paix en Palestine entre ennemis irréconciliables.

En fait l'Union est devenue intrusive et son arrogance vis à vis des Anglais cache mal son dépit de ne pas être prise au sérieux par un peuple à forte identité nationale. C'est peut-être la raison des aigreurs de la Commission : le mépris qu'elle suscite. Alors elle les menace !

En attendant le 23 juin, saluons les couleurs britanniques. Voici un document Pathé de 1938 trouvé chez Youtube. Deux ans plus tard, cette nation, seule au monde, allait résister au plus mortel des défis et survivre. On comprend qu'elle n'accepte pas d'être gouvernée depuis Francfort-sur-le-Main, pis encore depuis Berlin ! Elle pourrait bien "survivre" une seconde fois.



Do God Save The Queen !

 

(*) Même si Elizabeth et Philip ont une ascendance allemande marquée, elle, des Saxe-Cobourg Gotha, lui par les Hesse Battenberg

mercredi 8 juin 2016

Simon

Une historiette dont j'ai tiré le fil de la chaîne KTOTV (Père Trevet). A méditer.

Au prieuré du Jumeau en Cévennes vivait un ermite, un capucin. Son adoration perpétuelle fut un jour troublée par un intrus qui vint quelquefois à la chapelle. Il était petit et voûté et gagnait le prieuré à mobylette. Le capucin s'étonna d'abord, s'inquiéta bientôt de mauvaises intentions et finit par l'observer attentivement, du moins s'il était là. C'était à chaque fois la même procédure. Le petit homme entrait jetait un regard furtif de droite et gauche puis montait jusqu'aux bancs de devant. Il s'inclinait alors, murmurait quelques mots en agitant les bras, puis tournant la tête pour voir son chemin de retraite, revenait au portail du fond et sortait rapidement sans bruit.

A la sixième fois, le capucin n'y tenant plus, entreprit de le bloquer sur le parvis :
- Bonjour l'ami, que faites-vous en notre belle chapelle.
- Je viens dire "bonjour à Jésus".
- Ah bon, très bonne idée. Mais que lui dites-vous si bas devant l'autel ?
- Je ne sais aucune prière, alors je lui dis : "Coucou, Jésus, c'est Simon !" et voilà !

Le capucin s'attendrit et lui demanda d'où il venait.
- Je monte du village où je suis un honnête tailleur. D'ailleurs, il faut que j'y retourne car l'aiguille m'attend.

Quelques jours après, Simon était revenu, un peu moins craintif, puis plus rien. A la fin du mois, l'ermite descendit au village pour s'enquérir de lui, et apprit qu'il avait été hospitalisé à Saint-Charles de Montpellier pour un accident de vélomoteur à Pont-d'Hérault. Remontant au prieuré, le capucin se promit de prier pour lui chaque jour afin qu'il se rétablisse et revienne le voir.





A Saint-Charles, l'infirmière en chef du service ne cessait de faire des compliments à son patient qu'elle appelait Simon maintenant :

- Vous êtes le patient le plus agréable, le plus gentil, le plus souriant du service malgré toutes les broches qu'on a dû vous poser. Vous ne gémissez pas même quand je sais que les soins vous font mal. De qui tenez-vous cette sérénité ? Vous êtes bouddhiste ? ajouta-t-elle en riant.

- C'est simple, j'ai chaque jour une visite qui me redonne du courage et meilleure humeur, c'est tout.
- Allons bon, je n'ai vu personne venir jamais.
- Si, si, il apparaît sans ouvrir la porte, des fois il est entré quand je suis assoupi et il me dit : "Coucou Simon, c'est Jésus".

Trois semaines plus tard, il remontait au prieuré pour montrer à l'ermite son scooter tout neuf. Il poussa le portail :

- Bonjour, c'est Simon le tailleur.

Le capucin était dans le chœur exigu de la chapelle, immobile, le visage contre les pavés au comble de la méditation. Il cachait une pierre tombale de mauvais calcaire où se lisait des mots intraduisibles surmontés de trois lettres encore bien nettes : D.O.M

Le tailleur comprit que l'ermite avait abandonné là sa guenille pour rejoindre plus léger le Jésus qu'il aimait. On le mettrait sûrement sous la vieille pierre, se dit-il, et il sortit sans un mot, comme pour ne pas déranger, Jésus était très occupé aujourd'hui.






lundi 6 juin 2016

Sacrés Rosbifs !

Le choix de Royal-Artillerie pour cette 72è commémoration du Débarquement est britannique. Dommage qu'à la précédente ils n'aient pas fait Verdun mais "que" la Somme, nous aurions eu autre chose que les sanies de Volker Schlöndorff subies le 29 mai dernier sous le regard chassieux d'une Europe fatiguée.
Montez le son.




Mais les cousins d'Amérique vinrent aussi mourir chez nous. Alors When Johnny comes marching home depuis West Point sera également apprécié :



MERCI !

samedi 4 juin 2016

Tian An Men 1989

Quand est passé le char sur ses chenilles... il ne reste plus aucune humanité. Il faut garder en mémoire le dernier massacre communiste de masse pour bien appréhender l'état d'esprit de ceux qui ont toujours raison quoiqu'il arrive. Aucun prix n'est trop cher pour maintenir le parti vivant. Les justifications des actes les plus abominables sont en rayon, à défaut, on fabrique l'histoire ! La démarche impérialiste du président Xi Jinping - il revient sur les marches de l'Empire des Grands Tsings dans le projet China Dream - était considérée comme une diplomatie musclée visant à jauger en continu la détermination de l'Administration Obama. Mais la dispute s'est terriblement aggravée en Mer de Chine méridionale et orientale, levant contre l'épure hégémonique de Pékin tous les pays de la région sauf les deux Corées. Ce serait vraiment pas de chance qu'il n'y ait pas un regrettable incident sur cette mer transformée par la Chine en zone de conflits. Leurs explications sont prêtes, tous les autres ont déjà tort !

Souvenons-nous de Tian An Men 1989

À Paris, le 34 mai 2016



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