lundi 30 avril 2018

Vive les étrangers !


Camerone, c'était il y a 155 ans
Cent quarante-six nationalités,
solidaires dans l'épreuve,
un exemple d'intégration !

dimanche 29 avril 2018

Et si Edwy avait raison ?



Dans le débat à trois "contre" Macron, le journaliste militant Edwy Plenel que l'on ne présente plus, contestait la légitimité du président élu sur le faible score obtenu au premier tour de l'élection d'avril 2017, où celui-ci n'avait recueilli que les suffrages de 18% des électeurs inscrits, le second tour ne comptant pas puisqu'il affrontait la candidate d'extrême droite (ndlr : comme Chirac en 2002 qui était parti d'un socle de premier tour à 14%/inscrits).

Dans un article publié dans Telos, Gérard Grunberg doute que Plenel ait accepté le régime de démocratie libérale, lui préférant le modèle trotskiste où la loi du Nombre est totalement appliquée ! Car c'est du fondement même de la démocratie qu'il s'agit. Ses défenseurs amalgament toujours démocratie et libertés alors que la démocratie est un régime politique, le pire à l'exclusion de tout autre, aurait dit Winston Churchill. C'est aussi un régime à options selon le degré de maturité de l'électorat que l'on cherche par tous moyens à contourner. Mais sur le fond, c'est bien le Nombre qui compte !

Les démocraties illibérales et certaines dictatures cachées derrière des élections à un tour-un candidat que Plenel a connu, ont de fait une totale légitimité par le Nombre obtenu de force. Mais les démocraties libérales de M. Grunberg sont capables d'obtenir cette légitimité du Nombre à travers le lavage de cerveau du corps électoral par le Quatrième pouvoir quand la classe politique et ses patrons parviennent à l'absorber. On ne peut que féliciter les médiats de presse qui parviennent à diffuser hors de l'orbite officielle et Mediapart en fait partie.

Churchill avait-il raison ? A voir l'état du monde, ce n'est pas si sûr, les démocraties libérales sont à la remorque, et quand l'une parvient à infléchir la marche à la falaise, c'est qu'elle a triché avec la procédure comme Donald Trump que Cambridge Analytica a fait gagner contre la totalisation favorable à Hillary Clinton, en retournant 70000 voix dans deux Etats décisifs. Mais le candidat de Cambridge était quand même meilleur que l'autre.

Voici donc l'article de Gérard Grunberg (sous licence Creative Commons) :

Gérard Grunberg
Edwy Plenel a toujours détesté la démocratie libérale. Il a toujours été un révolutionnaire trotskiste. Cette haine de la démocratie libérale, il nous en a donné récemment, face au président de la République, une nouvelle illustration en niant la légitimité démocratique qu’elle donne aux élus de la nation. Emmanuel Macron ne disposerait pas d’une telle légitimité pour appliquer son programme compte tenu des conditions dans lesquelles il a été élu. Ce n’est pas la première fois que l’extrême-gauche développe ce type d’arguments.

Rappelons-les. D’abord Plenel ne prend en compte que les résultats aux inscrits et non aux suffrages exprimés. Certes, les deux types de calculs ont leur intérêt, mais, dans les démocraties libérales, le candidat élu est celui qui a eu le plus de voix. C’est sur cette règle simple que repose sa légitimité. Le mode de calcul choisi par Plenel lui permet de cumuler les abstentionnistes avec les voix des autres candidats et de diminuer ainsi le score du candidat élu afin de montrer qu’il n’est pas en réalité majoritaire et qu’il n’a donc pas une pleine légitimité. Mais il aura beau nous répéter qu’il a toujours calculé les résultats électoraux de cette manière, cela ne changera rien aux règles en vigueur dans notre république pour désigner nos gouvernants.

Plenel nous explique ainsi que Macron n’a obtenu au premier tour que 18% des inscrits. On pourra lui répondre qu’il n’en est pas moins arrivé en tête et qu’il a ainsi été qualifié pour le second tour. Or, lors de ce second tour, il a obtenu les deux tiers des suffrages exprimés. Entre les deux tours, le nombre de ses voix est passé de 8,6 à 20,7 millions. En outre, la participation a été importante, les deux tiers des électeurs ayant voté. Certes, calculé sur les inscrits, le score d’Emmanuel Macron est de 44%. Rappelons cependant que lors de la première élection présidentielle, en 1965, le général de Gaulle avait été élu avec la même proportion d’électeurs inscrits.

De toutes manières, à l’inverse de la lettre et de l’esprit des institutions, ce n’est pas selon Plenel le second tour de scrutin qui est décisif pour asseoir la légitimité du nouveau président. Selon un raisonnement particulièrement spécieux il explique que la victoire au second tour n’a pas de réelle signification dans la mesure où, par un pur accident, Macron était opposé à une candidate d’extrême-droite. Dans ces conditions cette victoire facile ne donnait pas de légitimité au nouveau président pour appliquer son programme car les électeurs – 20 millions rappelons-le – avaient voté davantage contre Le Pen que pour lui. On pourra lui répondre que le fait qu’ils se soient déplacés pour voter Macron plutôt que s’abstenir signifiait que leur proximité à ce dernier était plus grande que leur proximité à sa concurrente. Mais son raisonnement permet à Plenel de considérer que ce second tour ne compte pas véritablement. D’où son choix de ne retenir que le premier tour et son résultat sur les inscrits – les fameux 18% – pour évaluer la légitimité véritable du président élu. Un tel score ne lui donne pas, selon Plenel, une légitimité suffisante pour appliquer son programme. On pourrait objecter au fondateur de Mediapart, en nous situant de son propre point de vue, qu’un récent sondage de l’IFOP pour Paris-Match, Sud Radio et CNEWS (Le regard des Français sur la première année d’Emmanuel Macron à l’Elysée) du 18 avril montre que si l’on refaisait aujourd’hui l’élection présidentielle de 2017 (en remplaçant Fillon par Wauquiez) le score au premier tour de Macron sur les inscrits serait de 27% au lieu des 18% de l’an dernier. Mais il est à parier qu’une telle progression, bien que significative, ne serait pas encore suffisante à ses yeux. Il se garde bien cependant de nous dire à partir de quel score le président élu disposerait d’une réelle légitimité.

Lorsqu’Emmanuel Macron lui a fait justement remarquer qu’il avait obtenu aux élections législatives de juin une majorité absolue avec son allié le Modem qui confirmait la légitimité obtenue par son élection, Plenel, jamais à court d’argument, en a sorti un de derrière les fagots : victoire normale car le président élu « rafle la mise aux élections législatives ». Oubliant qu’en 1988, François Mitterrand, largement réélu, n’avait pas disposé, lors des législatives qui eurent lieu dans la foulée de l’élection présidentielle, d’une telle majorité, ce qui compliqua fortement l’action de Michel Rocard et de ses successeurs à Matignon. Quoi qu’en dise Plenel, il s’est bien agi en 2017 d’un second verdict du suffrage universel qui confirmait le premier et donnait au nouveau président les moyens politiques d’agir et la légitimité pour appliquer son programme.

Questions sur le fond

Ici apparaît le désaccord de fond entre nous et le toujours-trotskiste Plenel. Dans un véritable système de démocratie pluraliste, avec des élections libres et non faussées, un candidat ne peut généralement pas, lors d’un premier tour et même d’un second tour, rassembler une majorité absolue des électeurs inscrits. Dans ces conditions, dans l’optique plénélienne, aucun élu ne disposera jamais, sauf rarissimes exceptions, d’une réelle légitimité pour appliquer son programme. Seules les démocraties illibérales permettent d’atteindre de tels scores. Plenel devrait donc dire clairement qu’il rejette le système politique des démocraties libérales au motif que ce type de régime ne donne jamais pleine légitimité aux élus. Mais alors quel type de régime politique donnerait selon lui aux gouvernants cette légitimité que les démocraties libérales ne peuvent leur accorder ?

Cette question, Emmanuel Macron n’a pas pu lui poser le 15 avril bien que Plenel ait insisté sur l’égalité de statut des trois personnages assis autour de la table. Non ! Le président n’était pas à égalité avec les deux compères. Non pas seulement du fait du ridicule et orgueilleux refus de Plenel de considérer que le président de la République n’était pas tout à fait un Français comme les autres, mais surtout parce qu’Emmanuel Macron ne pouvait se battre avec eux à armes égales. En particulier, alors que Plenel, adoptant la posture d’un homme politique et non pas d’un journaliste, accusant plutôt qu’interrogeant, mettant le président en demeure, à coup d’injonctions, de répondre à ses accusations plutôt qu’à ses questions, le traitant comme un suspect plutôt que comme l’élu des Français, se comportant avec lui comme un véritable opposant politique, le président ne pouvait l’attaquer comme tel puisqu’il se présentait comme un journaliste. Il ne pouvait donc pas lui poser la question centrale qu’il aurait pu lui poser dans le cadre d’un véritable débat politique : par quels moyens et procédures, dans le régime politique qu’il souhaite voir s’instaurer à la place de notre régime politique, une force politique pourrait acquérir la pleine et entière légitimité lui permettant d’appliquer son programme. Une révolution populaire ? Et ensuite ? Quel type de pouvoir ? Nous aurions pu alors comparer les différents régimes politiques qui existent dans le monde et le type de légitimité populaire qui est celle de leurs dirigeants.

Emmanuel Macron porte une part de responsabilité dans cette affaire car il n’a pas précisément mesuré cette inégalité réelle entre les trois protagonistes de l’émission. Une inégalité en sa défaveur clairement assumée par Plenel qui a élégamment défini cette émission comme « un entretien d’évaluation un an après le contrat d’embauche ». Plenel se donnait ainsi le droit de décider si ce « contrat » serait ou non renouvelé, incarnant ainsi à lui seul la véritable légitimité populaire. Mais à quel titre ? Celui de son appartenance au courant historique trotskiste qu’il n’a cessé de revendiquer ? « Le trotskisme comme expérience et comme héritage fait à jamais partie de mon identité, non pas comme un programme ou un projet, mais comme un état d’esprit », déclarait-il en 2001. C’est alors la conception de la légitimité politique produite par cet « état d’esprit » qu’il faudrait que Plenel nous expose un jour clairement (article publié par Gérard GRUNBERG sur Telos le 23/4/2018 (clic).

Si la légalité du résultat des élections présidentielles n'est pas en cause, la légitimité des "vainqueurs" est au moins douteuse, ce qui pourrait les brider dans leurs tentatives de réforme des codes sociaux. Dans le cas d'Emmanuel Macron, la légitimité à réformer est toute entière contenue dans le programme de campagne électorale à l'issue duquel il a été légalement élu. Remettre en cause les nombres ne modifiera ni sa perception ni sa trajectoire personnelle. Tout ceci n'est que pure spéculation dans un pays où tout l'État est à refaire, mais ça fait un billet de plus sur Royal-Artillerie !


lundi 23 avril 2018

Macron en Amérique

Emmanuel Macron et son épouse seront chez George Washington ce lundi soir 23 avril pour répondre à l'invitation de Donald Trump. Le programme est serré, comme Macron les aime, et vous pouvez le consulter ici.

Courtoisie de Paris-Match
La presse américaine cherche à comprendre la relation amicale entre les deux hommes que tout oppose. L'article de Lauren Collin dans The Newyorker (clac) résume assez bien ce paradoxe que seul un pragmatisme poussée aux limites du raisonnable peut expliquer du côté français. Il faut maintenant faire un peu de géostratégie pour éclairer notre relation aux Etats-Unis.

Comme le dit Hubert Védrine souvent, la France est plus grande dans les yeux étrangers qu'elle ne toise dans les yeux des Français. Mais elle a aussi ses limites dans ses capacités militaires qui renforcent ou diminuent ses propositions et tantôt ses menaces. Par son histoire, la France est un des pays emblématiques de l'Occident avec la Grande Bretagne et les Etats-Unis. A ce titre, elle participe donc de sa décadence depuis le reflux des anciens empires, reflux définitivement terminé par la résurrection du plus vieil empire du monde, la Chine.

La Chine est le panda de quatre cent livres dans un coin de la pièce des négociations internationales, partie prenante ou pas. Tout se décide en fonction d'elle, rarement avec elle, souvent contre elle. Sauf accident social ou financier toujours possible, la taille de l'ours à l'horizon de vingt ans a de quoi faire peur. En face d'elle, l'Europe est devenu le "pays des vieux". Jadis primordial dans les sciences pures et appliquées, mère des guerres et des lois, elle est surpassée dans tous les compartiments du jeu mondial sauf... dans les parfums, la bière, l'aviation civile, les paquebots de luxe, les satellites, les missiles et les canots Riva. Prenons quelques exemples de ces dépassements en côte : le rail à grande vitesse est désormais chinois ou japonais, le moteur essence haute compression est japonais, la robotique est japonaise, le développement informatique est américain, la sidérurgie est chinoise ou coréenne, les armes d'ultra-pointe sont américaines. L'Asie du Sud-Est et orientale n'ont plus besoin des produits ou savoir-faire européens dans des pans entiers de l'économie qui vont du BTP, à l'automobile, du traitement des eaux aux énergies durables, de la construction navale aux nouvelles techniques de communication, sans parler de ce qui fut longtemps un fleuron européen : les universités. Les leurs ont dépassé les universités britanniques et allemandes. Seul bémol, la caporalisation des études supérieures en Asie bride la créativité alors que le désordre européen la stimule.


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Certes l'Europe ne disparaît pas, mais elle n'impressionne plus le reste du monde. Elle est perçue d'abord comme une destination de voyages inoubliables et un centre de production de biens sophistiqués typés "Europe" mais pas nécessairement vendables partout. Même aux Etats-Unis, qui furent longtemps friands de qualité européenne, on n'attend rien de l'Europe actuelle sauf du vin. Aussi Macron aura bien du mal à convaincre Trump de le suivre en quelque domaine que ce soit, car si l'Europe pèse peu dans l'esprit du mogul newyorkais, la France n'est qu'une partie de ce "peu". La relation Europe-USA dans l'univers mental de Trump est avant tout commerciale sinon uniquement. Il regarde les tableaux (d'une seule page) fournis par le Département du Commerce et surligne les postes où l'Amérique perd. Par camaraderie, les autres questions soulevées par le président français seront écoutées poliment et renvoyées aux experts. Reste la stratégie :

Les nœuds gordiens sont l'accord nucléaire iranien qui menace Israël et la mise en tension russe qui défie le Pentagone. Le reste ne concerne pas la France dans l'esprit des conseillers de Trump. Sur ces deux points, les présidents se sont mis d'accord pour saigner le poulet et effrayer le singe qui observe dans l'arbre ; et le poulet c'est le régime assadien qui sans doute va dérouiller au maximum quels que soient les ronds de jambe diplomatiques à l'ONU. Le bombardement occidental des installations chimiques supposées n'avait d'autre but que d'annuler le syndrome Obama de surintellectualisation des conflits. L'Occident tape désormais autant qu'il parle. Si Obama avait tapé en 2013, Poutine n'aurait jamais envahi la Crimée. Au fait, où en sont les représailles russes promises par Lavrov ? Les Russes tchatchent et tapent des pieds, pas plus ! L'autre singe est la théocratie obsolète de Téhéran que tous laissent s'épuiser en Syrie et au Yémen en attendant une révolution qui l'abattra. C'est le Levi's 501, le hard rock et le Coca Cola qui ont miné le mur de Berlin. Pareil en Iran.


Avec la fleurdelis de Louis XVI peut-être ? (courtoisie ABC News)

Restent les sujets chics. Du climat, les néo-cons n'ont cure et Trump n'y comprend rien. Les menaces de guerre commerciale par les droits de douane ne sont pas prises au sérieux à la Maison Blanche, d'autant que ses adversaires les plus convaincants sont des universitaires sans pétrole. Trump a décidé d'exiger beaucoup pour une exemption des nouveaux droits comme en fait l'expérience Shinto Abe qui rentre bredouille des Etats-Unis.
Quelle voie reste-t-il à Macron pour rapporter quelque chose à son retour ? Le nihil obstat sur une défense européenne. Bien sûr, les Américains assortiront leur bénédiction probable d'un privilège de fournitures d'armes (comme c'est le cas aujourd'hui) et donneront des apaisements aux anciens pays du bloc soviétique qui sont à fond contre la fermeture du parapluie atomique américain. A ceci près, que la chancelière allemande a parlé ces jours-ci de l'Alliance atlantique comme d'un joyau précieux à soigneusement préserver. Que voulait-elle dire à son visiteur ? Qu'elle était contre un détricotage de l'OTAN ? Si Emmanuel Macron ne rapporte rien de neuf dans la relation transatlantique, il ne rapporte rien du tout. Enfin, au fond ! Car sur la forme, les communiqués ronfleront de bonne humeur et d'avancées "historiques".


vendredi 20 avril 2018

Il y a 150 ans naissait Charles Maurras

Courtoisie des Amis du Chemin de Paradis


Il y a cent cinquante ans aujourd'hui, naissait à Martigues le Rosemary's Baby des ligues morales et juives. Charles Maurras (1868-1952), élève brillant en lettres classiques, allait révolutionner la physique sociale comme il aimait appeler la politique. De son enfance la Wikipedia dit tout. Aussi ferons-nous l'économie de cette évocation en retranscrivant (sans la vingtaine de notes) le premier chapitre de la biographie de l'encyclopédie en ligne (clic pour la lire in extenso) :

En 1868, le 20 avril, naît à Martigues, au n°13 du quai Saint-Sébastien, Charles Marie Photius Maurras, en Provence. Il est le second fils de Jean Aristide Maurras (1811-1874), percepteur, ayant des convictions libérales, et de Marie-Pélagie Garnier (1836-1922), profondément catholique. Ce couple de condition assez modeste se fait apprécier par les aides qu'il prodigue aux plus pauvres. Quelques mois avant la naissance de Charles, ils ont perdu leur premier fils, Romain, âgé de deux ans.
En 1872, la naissance de François Joseph Emile (source) permet d'agrandir la famille. La famille Maurras s'est installée à Martigues au XVIIe siècle ; elle était originaire du pays gavot (Haut Var), au sud de Gréoulx, près de Saint-Julien-le-Montagnier. En 1873, Charles est mis à l'école communale : sa famille est étonnée par sa vivacité, ses dons et sa capacité à réciter l'histoire sainte et l'histoire romaine mais il est réprimandé quand il rapporte du provençal à la maison. Charles Maurras écrira que s'il lui était donné de revivre une période de sa vie, ce serait sa petite enfance. Le 3 janvier 1874, il devient orphelin de père. À six ans, Charles part vivre avec sa mère et son petit frère à Aix-en-Provence. En octobre 1876, Charles entre en classe de huitième au collège catholique, à Aix-en-Provence, rue Lacépède. À la fin de la septième, il obtient onze prix et pendant quatre ans, il remporte le premier prix de latin. En 1879, promu « élève d'honneur », il reçoit le premier prix d'instruction religieuse mais ce n'est pas un élève sage et il a souvent des sautes d'humeur. Malhabile en mathématiques et en anglais, le latin et le grec le ravissent. Au collège, il se lie avec Xavier de Magallon, auquel le lie une passion pour la poésie et Alfred de Musset, puis il s'enthousiasme pour Frédéric Mistral.

À quatorze ans, il est, soudain, atteint de surdité, cela dégrade aussi ses capacités vocales. Désespéré, le jeune Charles voit s'effondrer tous ses projets, dont celui d'entrer à l'École navale comme le père de sa mère. L'abbé Jean-Baptiste Penon, futur évêque de Moulins et premier latiniste et helléniste du diocèse, propose à Mme Maurras d'aider son fils et celui-ci dira que cette offre spontanée fut la grande bénédiction de sa vie. L'abbé Penon donne des cours particuliers au jeune Charles, ce qui lui permet de revenir parfois au collège pour des cours de rhétorique et philosophie. Alors que Maurras est en révolte contre sa surdité, la lecture de Pascal, qu'il assimile au dolorisme, contribue à lui faire perdre la foi. La perte de la foi et sa surdité le désespèrent et le conduisent à une tentative de suicide qui échouera et n'est connue que par des témoignages indirects.

En 1884, il se raccroche progressivement à la vie et est désigné par ses maîtres, avec quelques-uns de ses amis et condisciples, pour donner des conférences organisées au collège du Sacré-Cœur : Charles Maurras y prononce sa première conférence, qui est aussi son premier texte publié, sur saint Thomas d'Aquin étudiant et lecteur de l'Université à Paris. La même année, il est reçu – avec mention – à son premier baccalauréat, en 1884, où il excelle en latin et en grec. Il approfondit alors ses lectures philosophiques, s'intéresse à Hippolyte Taine et Ernest Renan qui, pourtant éloignés des milieux cléricaux, remettent en cause l'héritage révolutionnaire et les vagues d'idéalisme qui ont conduit plusieurs fois la France à la défaite et à la Terreur depuis la Révolution. En 1885, après un échec au second baccalauréat en juillet du fait d'une copie de philosophie jugée trop thomiste, Charles Maurras est admis en novembre de la même année avec la mention Bien : il est reçu premier en sciences et en philosophie. L’abbé Penon incite Charles Maurras à monter à Paris car il souhaite l’introduire dans les revues et journaux qu’il connaît, ce qui amène la famille Maurras à quitter Martigues et à s'installer à Paris le 2 décembre 1885. (source Wikipedia)





Père du "nationalisme intégral" raisonné, l'influence de Charles Maurras sera considérable dans les milieux intellectuels jusque vers les années trente, et le colloque convoqué demain à Marseille par l'Action française (voir l'affiche ci-contre) va dérouler toutes les facettes du personnage. Cette influence sera bridée mais pas éteinte, à travers la condamnation de l'AF par le pape Ratti en 1926, puis le long feu du 6 février 34 et à la fin, par l'enfermement idéologique de Maurras sous le régime de Vichy. Le mouvement royaliste peine encore à se relever de cette période d'entêtement qui n'a pas de plus sérieux motif que celui de la fidélité à son œuvre propre. La terre avait tourné, imperceptiblement pour Maurras, mais de beaucoup pour le reste du monde. L'œuvre de toute une vie ne pouvait être remise en question à l'âge de 75 ans ! D'où bien sûr, la "divine surprise" au lancement de la Révolution Nationale du maréchal Pétain qui reprenait moult mesures de la physique sociale du Martégal.

Ce décalage horaire fut maintenu après-guerre par les repreneurs du journal d'opinion (retitré Aspects de la France), mais celui qui est considéré comme l'héritier, le normalien Pierre Boutang, s'en défiera et cherchera à remettre la roue en marche en faisant évoluer le concept maurrassien. Sa production littéraire de haut niveau sera augmentée de son journal hebdomadaire La Nation française pendant douze années. Boutang est mort en 1998, l'évolution semble s'être arrêtée avec lui. Depuis cette date, on commémore*, on célèbre, analyse, utilise, voire instrumentalise, mais on ne fait pas fructifier le butin ; il n'y a plus beaucoup de créativité chez les continuateurs de l'Action française, comme si le legs était parfait en soi et inattaquable. Il faut dire que plonger dans l'océan Maurras demande des capacités d'endurance intellectuelle qui peuvent dissuader d'en remettre une couche avant d'avoir touché le fond.

*Après le retrait de Maurras du livre des commémorations nationales pour 2018 par la ministre belge de la Culture, dix des douze membres du Haut comité ad hoc ont démissionné.


Que reste-t-il de Charles Maurras dans l'opinion ?

Si le nom de Maurras n'imprime pas chez les gens de la rue, ses idées perdurent dans la société française, détachées de leur créateur. L'antiparlementarisme d'abord, qui a transformé la procédure référendaire en une menace térébrante de l'Exécutif contre les Chambres ; la souveraineté gauloise récupérée par le Front national dans sa version simplifiée ; une diplomatie autarcique excluant les coopérations durables, la France seule, une utopie qui a du succès chez les eurosceptiques de gauche comme de droite.

Curieusement, la monarchie n'est pas spontanément associée à l'œuvre de Charles Maurras. Est-ce pour cette raison que la maison d'Orléans ne délégua personne à ses obsèques bien que l'Action Française l'ait sortie de l'attique aux fleurs séchées en rationalisant une restauration des rois ? L'ingratitude est la marque des peuples forts, disait une autre Charles ; cela s'applique-t-il aux princes incapables de se rétablir par eux-mêmes ? On ne les entend pas beaucoup en cette année de commémoration de l'œuvre d'un homme qui les a hissés sous les feux de la rampe et a consacré sa vie à leur retour sur le trône de France.

A vouloir pousser la rationalisation d'une restauration pratiquée dans les circonstances du moment en mixant intelligemment contraintes socio-politiques, dépendances et liberté de manœuvre de ce pays, on aboutit à un profil de candidature relativement éloigné de celles proposées (assénées ?) aujourd'hui par les maisons princières. Stop ! diront certains ; on ne rappellera pas le roi avec le meilleur marketing du marché mais avec...

Avec quoi ?

En regardant où pointe l'index de la Providence ? En fouillant dans les lois fondamentales du royaume disparu ? En dénonçant les traités de paix internationaux (guerre de succession d'Espagne, Congrès de Vienne...) ? Ça ne va pas le faire, puisqu'on s'y essaie en vain depuis 170 ans et que la société française le refuse. Après une si longue rupture, il n'y a plus de "légitimité" qui tienne. L'histoire classe les rois de France par race, première race, deuxième race etc. parce que le continuum a chaque fois été rompu, même pour un temps relativement court. Alors cent soixante dix ans ou plus de deux siècles jusqu'à l'Ancien régime font un sacré bail !!!

La monarchie rationnelle tient debout sans prétendants, même si un prince de qualité exceptionnelle aiderait à sa promotion. Elle a besoin d'un monarque (roi ou reine) mais pas de cabris qui sautent en criant : le trône, le trône ! Quand la démonstration sera faite de la pertinence d'un retour à la monarchie au XXI° siècle et qu'elle aura été largement explicitée dans la société, le temps sera venu d'incarner le concept : soit par appel de candidatures devant les Chambres en congrès, par le Sénat seul, soit par un coup d'État de l'aristocratie républicaine menacée, ou par un putsch du 2ème Étranger :)

On me dit dans l'oreillette que les prétendants en cour ne feront pas le poids. Assez d'accord ! Ils ne sortiront pas du hamac de la rente dynastique sans peine et ceux qui misent toutes leurs billes sur eux, les perdront ; deux fois ! Les billes et l'estime des princes, qui leur reprocheront à la fin d'avoir troublé pour rien leur quiétude et leur projet de carrière dans les "honneurs" de la République.
[......]






Charles Maurras fut inhumé dans le caveau de famille à Roquevaire (B.du R.) et son cœur dans le jardin de la maison du Chemin de Paradis à Martigues. Une pensée aujourd'hui pour le repos de son âme agitée :

Donne lui, Seigneur, de reposer en paix dans ce tombeau jusqu’au jour où Tu le réveilleras, pour qu’il voie de ses yeux éblouis la lumière qu'il niait, pour les siècles des siècles. Ainsi soit-il.






Amen !




dimanche 15 avril 2018

Indignations hypocrites

La Russie est entré dans le concert des nations développées, le ridicule n'y tue plus. Après le dernier bombardement allié en Syrie, le président Poutine a stigmatisé les frappes comme « un acte d'agression contre un état souverain engagé dans la lutte contre le terrorisme, en violation des normes et des principes du droit international (sic)». Chacun a pu sourire au souvenir de la capture de la Crimée et de la conquête du Donbass sur l'Ukraine, facilitées par les reculades du président Obama.

Hua Chunying, la langue de bois de rose
Mais c'est de Chine que la réaction la plus perverse provient sur la même affaire syrienne. Si l'usage de la force dans les relations entre Etats est condamnée, les services diplomatiques précisent qu'il s'agit des Etats souverains, reconnus par les Nations Unies et disposant des canaux diplomatiques ouverts pour régler leurs problèmes. La définition exclut donc implicitement Taïwan. Le raidissement idéologique du pouvoir chinois laisse attendre un coup de chasse-mouche du soit-disant président de la République de Chine comme prétexte à l'envahissement de l'île, vitrine dérangeante d'une Chine libre et prospère.

Le règlement pacifique de la question syrienne a été entravé plusieurs fois par le veto de la Chine ou de la Russie au Conseil de Sécurité qui essayait de mettre Bachar el-Assad sous pression pour l'amener à composer à la conférence de Genève.

L'étape décisive à venir est celle de la reconstruction du pays. Certes des escarmouches auront encore lieu dans la zone d'Idleb pour finir les salopards au sarin, mais c'est la reconstruction qui sera le facteur déclenchant de la solution finale. Pour une raison simple : l'argent n'est pas du côté d'Assad et de ses alliés combattants. Le seul pays sympathisant et riche à la fois, la Chine, ne va pas s'engager dans le bordel du Proche-Orient, même si elle est capable de soulager son allié historique, la Perse, pour lui permettre de participer, elle, à la reconstruction contre des conditions améliorées de fourniture d'hydrocarbures. L'argent sonnant et trébuchant est en Occident et dans la péninsule arabique. La Russie n'en a pas, la Turquie ne misera rien sans compensations territoriales renforçant la sécurité de sa frontière arabe et éliminant les factions kurdes. Tous les autres grands pays arabes (Irak, Egypte, Algérie) sont raides !

On y verra plus clair dans leurs intentions en clôture de la réunion de la Ligue arabe convoquée à Dammam (Arabie séoudite) aujourd'hui pour son 29ème Sommet.


Mais à s'occuper des autres, il faut aussi parler de nous. Si la France veut revenir à la table du règlement de la question syrienne comme au temps de Sykes et Picot, il va falloir blinder à la hauteur de nos présomptions de grandeur. Et là, ce n'est pas gagné en l'état de nos finances, sauf à discuter avec les Rothschild ! Finalement, c'est encore une histoire de fric à la fin.


Postscriptum :
*16 avril 2018 : La Russie et la Syrie ont refusé l'accès de la mission OIAC à Douma (Ghouta orientale), zone contaminée par une ou des bombes chimiques, au motif de sécurisation des axes routiers.
*17 avril 2018 : Les traces d'arme chimique disparaissent rapidement et ce mardi 17 avril la mission est toujours bloquée hors-zone (source).
Après le véto russe au Conseil de Sécurité sur l'enquête ONU, il n'est besoin de rien d'autre pour légitimer les représailles occidentales, les compères russe et syrien se comportent exactement comme s'ils étaient à l'origine de la bombe chimique.

samedi 14 avril 2018

Ça phosphore dur au Kremlin !

Destroyer USS Porter en action

Cent missiles ont frappé cette nuit la filière de production de précurseurs* chimiques syriens. L'attaque a duré une heure et n'a (ou n'aurait) pas impacté de populations civiles selon les gouvernements alliés. Cette riposte promise par les Etats-Unis et la France au bombardement de Douma (Ghouta orientale) à la chlorine, a finalement été livrée dans la zone tenue par les forces du président Assad, sans engager les troupes amies provenant du Hezbollah, d'Iran et de Russie. La DCA syrienne aurait abattu un nombre indéterminé de missiles, peut-être aucun.

* En chimie, un précurseur est un composé participant à une réaction qui produit un ou plusieurs autres composés (wiki). Les engrais font de bons précurseurs, comme chez AZF à Toulouse en 2001.

A compter de ce matin, le théâtre de la Réprobation a levé son rideau et ces messieurs représentant la Russie à l'ONU de dénoncer l'insulte faite au Csar, celui qui avait garanti l'exportation après séquestre de toute la production chimique syrienne. Les mêmes ont torpillé auparavant une commission d'enquête de l'ONU sur l'origine des tirs, en même temps que l'OIAC (Organisation pour l'Interdiction des Armes Chimiques de La Haye) partait en Syrie analyser le produit et ses composants pour permettre à l'ONU de remonter aux fabricants primaires. En coupant l'herbe sous les pieds de l'ONU, la Russie pensait protéger qui ?

Cette pitrerie russe a joué en faveur de la riposte puisque les Français par leur propre renseignement et les Américains par d'autres voies avaient déjà établi avec quasi-certitude l'origine, n'attendant qu'un nihil obstat de la communauté internationale. Dans son ensemble, celle-ci approuve explicitement (comme la Turquie) ou consent sans mots dire. L'Allemagne dont l'industrie chimique a pourvu toutes les dictatures arabes des bases élémentaires, apporte son soutien verbal sans participation comme d'habitude, à la demande des concessionnaires Mercedes au Moyen-Orient. Le reste du monde ne compte pas en cette affaire, pas même la Russie qui est maintenant enferrée plus profondément en Syrie que ne l'était l'Union soviétique en Afghanistan.
Pour ce qui concerne les deux autres amis de Bachar el-Assad, on a bien compris qu'ils étaient laissés au traitement exclusif d'Israel qui a obtenu la libre pratique sur toute sa zone d'intérêts. L'Iran et le Hezbollah, malgré leurs rodomontades, commencent à être dissociés de la solution finale qui viendra bien un jour, par les effets d'un combat d'usure mené par Tsahal pour anéantir leur établissement en Syrie. L'Etat juif n'a pas le choix, son éradication étant toujours au programme de la République islamique d'Iran et de sa milice libanaise du Hezb.

La grande affaire ce matin est dans la nature des représailles russes. La paire de claques à Bachar el-Assad est aussi une gifle à Vladimir Poutine, mais l'état-major a déjà précisé que le corps expéditionnaire russe n'avait été ni prévenu, ni visé, ni touché et n'avait donc déclenché aucune contre-mesure à l'attaque aérienne des alliés occidentaux. Ceci tranche avec la rhétorique guerrière de l'ambassadeur russe à Washington et du porte-parole de Lavrov à Moscou. Mais c'est Poutine et nul autre qui doit décider du risque à prendre. On sait qu'il est plutôt prudent quand ça chauffe. A preuve, il va au Conseil de Sécurité**.
Il n'a pas réagi quand les F-16 turcs ont descendu un Soukhoï-24 au-dessus des troupes turques en 2015 ni même quand de faux mercenaires russes (Groupe Wagner) ont été tués par les avions de la Coalition. On notera que depuis le déploiement d'une brigade OTAN équipée de neuf dans les Pays baltes, le bruit a sérieusement diminué parmi les minorités russes qui comptaient sur une opération à l'ukrainienne pour se rétablir dans la situation de pouvoir antérieure à l'effondrement de l'URSS.

** PS : Le Conseil de Sécurité réuni à 11h de New-York aujourd'hui a rejeté la résolution russe condamnant les alliés occidentaux. Seules la Chine et la Bolivie ont suivi.


Sauf guerre atomique, impensable pour les beaux yeux de Bachar el-Assad, la Russie d'aujourd'hui ne peut mettre en ligne dans la durée des forces conventionnelles menaçant sérieusement l'OTAN. Reste donc à trouver à Moscou les bons éléments de langage pour sortir de l'engrenage des déclarations stériles. Ces éléments vont surprendre les idiots utiles français qui se répandent sur les plateaux pour annoncer la fin du monde. C'est plus compliqué qu'ils ne pourront jamais le comprendre.



Frégate française multi-mission Languedoc

jeudi 12 avril 2018

Quel jeu du pape en Chine ?

La diplomatie du Vatican fut toujours réputée pour la qualité du renseignement collecté, jusqu'à aujourd'hui. Quelle mouche a piqué le pape François pour lui faire croire qu'il pourrait négocier avec le ministère des cultes de Pékin (SARA) une normalisation de l'église clandestine chinoise ? Jamais le pouvoir chinois n'admettra l'allégeance d'une partie de sa population à Rome, le Saint-Siège étant considéré comme une puissance étrangère. à tous points de vue.

La reprise en main idéologique de la société de consommation chinoise par le président, à vie désormais, coupe à angle droit les vapeurs de libéralisation soufflée par les émissaires pontificaux qui échangeraient une communisation du rite romain contre la libre pratique surveillée de ses prêtres et évêques œuvrant aujourd'hui dans la discrétion (parce qu'on ne peut parler de "clandestinité" en Chine).

Peut-être le pape argentin s'inspire-t-il du concordat napoléonien en faisant prier les fidèles du dimanche pour le président Xi et le Parti ? Les positions qu'il a prises publiquement dans d'autres domaines, comme les migrations, laissent penser qu'il ne doute de rien dans une démarche caritative d'une niaiserie rare. Comment peut-il imaginer que le Parti communiste chinois soit disposé à entendre ses arguments de justice, paix et charité alors que ces valeurs sont justement remises sur étagère dans la configuration de reconquête des esprits et des territoires ?


Cathédrale de l'Immaculée-Conception à Pékin

Si on apprend aujourd'hui aux écoliers que le céleste empire fut ruiné par les derniers empereurs mandchous, on leur dit aussi que les missions chrétiennes furent imposées aux Chinois en même temps que l'opium à l'époque des traités inégaux. Par endroit, les communautés chrétiennes sont maintenant harcelées pour leur foi en Jésus "qui n'existe pas" et qui ne les sauvera ni de la maladie ni de la pauvreté, alors que le grand Président Xi en est, lui, capable. On assiste à un retour du maoïsme qui ne supportera pas une idéologie concurrente en dépit des articles de la Constitution qui encadrent la liberté de culte. Voir pour s'en convaincre l'éradication complète des Falun Gong et surtout les méthodes employées, décalquées de celles retenues pour la Révolution culturelle de 1966.

Les catholiques chinois, tant de l'église patriotique que de l'église cachée, n'ont qu'un désir, celui de pouvoir prier ensemble le dimanche, recevoir les sacrements et marquer les fêtes importantes du calendrier chrétien. Etant en demande de spiritualité, peu leur chaut finalement que la hiérarchie soit inféodée à Pékin ou à Rome. La démarche du pape s'apparente plus à une poussée d'orgueil qu'à un geste de compassion envers des communautés fragilisées qui savent, elles, ce qu'elles risquent.


Cathédrale Saint-François d'Assise de Xian


Le nonce apostolique réside à Taïpei. Le plus sûr dénouement des efforts vaticanesques sera une rupture des relations diplomatiques avec la République de Chine, le déplacement de la nonciature à Pékin, et le flicage général de toute la hiérarchie catholique révélée par l'éventuel accord. Mais sur le papier, le pape aura "sauvé" l'église clandestine chinoise et si ça foire, Sa Sainteté priera !

En attendant, relisons les circonstances-clés qui gouvernaient les hommes dans la Chine ancienne, elles sont bien éloignées des soucis romains, et pour une fois, je l'envoie en latin si jamais Royal-Artillerie était sur la liste de presse du dicastère de la communication :

Philosophi animus nihil erat cui non attenderet. Is quibus attendebat, gravissima erant tria : primum erat abstinentia ante sacrum, quia est id quo homo cum spiritualibus intelligentiis conversari se parat ; secundum erat bellum, quia est id multorum mors aut vita, regni salus aut deletio a quo pendet ; tertium erat morbus, quia est id corporum nostrorum mors aut vita a quo pendet. (Confucius)


Pélé à Cross Hill dans le Shaanxi


PS : C'est un article de Cyrille Pluyette dans le Figaro du samedi 31 mars qui a mis la puce à l'oreille du Piéton.
Envoyé spécial à Luojiang, il a titré : « Dans le Fujian, les fidèles de Rome se cachent pour prier ».

mardi 10 avril 2018

Des singes et des rois

Une anecdote montée en graines de haine sur le parvis de la cathédrale de Palma de Majorque au sortir de la messe de Pâques m'a rappelé la réflexion d'un conférencier de la Restauration nationale dont j'ai perdu le nom, qui soutenait que les monarques constitutionnels d'aujourd'hui n'ont d'autorité que celle concédée par l'opinion. D'où la mise en scène soignée de leur vie publique et les précautions morales de leur vie privée, quoique il y ait des pertes en ligne à cet égard. Le job est plus difficile aujourd'hui que sous Louis XV...

La famille royale presque au complet (il manquait les infantes de la première génération) assista à la messe pontificale de la résurrection aux îles Baléares. Un peu d'énervement entre la belle-mère et sa bru pour un cliché imprévu a déclenché les hostilités sur les réseaux sociaux espagnols et jusque sur le site français Noblesse & Royautés de Régine Salens (clic). Depuis lors, image oblige, les choses se sont calmées puisque la famille tout sourire est allée avant-hier dimanche réconforter Juan-Carlos à l'hôpital Moraleja pour le remplacement de sa rotule droite.

Sans entrer dans le débat des classes sociales, se pose la question des abdications. Tout simplement. De mémoire, ce sont les souverains néerlandais qui ont inauguré la mise à la retraite d'un monarque vieux au bénéfice d'un jeune successeur, disposant de la santé et d'une meilleure télégénie... C'est peu dire l'embourgeoisement de la fonction qui dévoile surtout que le poste et le business y attaché relèvent plus du management à la Jacques Séguéla que de la transcendance, même si dans les deux cas la Rolex est règlementaire.

Il faut maintenant se mettre à la place des titulaires : plaire ou mourir est l'affaire de tous les instants dès que l'on sort des appartements privés. Autant dire que régner aujourd'hui est sans doute sur terre le dernier job à plein temps de douze ou quatorze heures par jour... sur 365 jours. Une lutte quotidienne contre l'humeur, les humeurs, la méforme, peines et joies contenues sans jamais parler du chagrin. Il faut être chaque jour impeccable, les souverains sont guettés, épiés, vilipendés, applaudis par une foule hystérisée qui a compris son pouvoir. On peut comprendre que les réglages de leur vie familiale soient très fins et que la mise en musique des relations publiques doivent s'apprendre tôt dans une famille royale.

C'est le handicap de Letizia Ortiz, reine consort d'Espagne, d'extraction modeste mais intelligente et courageuse (Wikipedia), à qui le peuple espagnol reproche plus qu'elle n'en doit ! Et ce désamour entretient la guerre à la roture jusque dans notre République. Nous citons ci-dessous l'ire de Charles, thuriféraire quotidien du "dauphin" d'Orléans, dans un commentaire donné chez Régine Salens à propos de l'incident de Palma de Majorque :

Cette épisode navrant à l’intérieur même d’une église le jour de Pâques montre le vrai visage de Letizia, une femme autoritaire, arrogante et pas sympathique pour un sou.
Les gestes déplacés de la bimbo bombardée Reine d’Espagne envers la véritable Souveraine, celle qui incarne toujours la monarchie éternelle aux yeux des Espagnols, sont minables.
Je plains de toute mon cœur l’actuel Roi qui doit supporter au quotidien l’autoritarisme et les vilaines manières d’une épouse obsédée uniquement par sa personne et son image.
Letizia n’intéresse en Espagne que les fans de starlettes qui décortiquent à chacune de ses apparitions ses vêtements, ses chaussures, ses extensions et ses derniers délires chirurgicaux.
Ni les monarchistes ni les républicains n’ont de respect et d’affection pour cette femme auto-centrée sur elle alors que Sophie était respectée par le peuple.
Une monarchie où la Souveraine se comporte d’une si vilaine manière n’a plus lieu d’exister. En épousant Letizia, Felipe a fait une grave erreur, il le sait aujourd’hui mais le mal est fait. (Charles - 5 avril 2018 @ 8h42)

A lire ce texte, on comprend qu'un léger faux-pas (et encore !) va condamner la monarchie espagnole aux yeux des imbéciles, même si les Bourbons d'Espagne sont plus exposés que d'autres familles régnantes par l'histoire. Charles-Quint avait eu maille à partir avec les Espagnols qui le voyait comme un étranger et se soumirent avec beaucoup d'arrière-pensées. C'est depuis le triste règne de Carlos IV (1788-1808) qui prit sa position pour une rente, que les Bourbons d'Espagne rencontrèrent des difficultés similaires au sein de la nation espagnole. Ils proviennent du royaume centralisé de France et furent incités à répliquer le modèle d'origine quand c'était possible. Or, contrairement à la France, le royaume d'Espagne est une fusion de royaumes égaux dont les sujets restent fiers de leur diversité. León, Aragon, Castille, Navarre sont pairs et seules les nécessités les agrégèrent. Reste une zone méridionale apparentée à l'Afrique qui, n'ayant pas les antécédents du nord, finalement sera la plus espagnole de toutes, l'Andalousie. Pour résumer, la monarchie actuelle est fragile par construction, d'autant qu'elle a été donnée ou rendue (comme on veut) à l'Espagne par le dictateur Franco.

Si donc c'est si compliqué, la moindre des choses serait que le couple royal qui a abdiqué pour déficit du modèle moral convenu, laisse les jeunes s'organiser à leur manière et ne les encombre pas de leur participation, et caprices parfois. On ne reste pas sur scène quand la pièce est finie, surtout quand on ne peut pas applaudir le metteur en scène ni chanter Cara al Sol ! Quoique à défaut, El Novio de la Muerte fasse l'affaire. Pause :



Malaga 2016


La vraie question est de savoir si la fonction est entamée par le marketing. Les monarques constitutionnels incarnent la nationalité, conseillent le gouvernement, arbitrent les crises politiques et pour certains, promulguent les lois. L'effet d'un scandale (il n'y a pas eu de scandale à Palma de Majorque) se mesure à l'aune de l'indulgence dont bénéficie naturellement le titulaire. On a bien vu lors de l'accident mortel de Diana Spencer que le capital de sympathie des Anglais pour la reine Elizabeth II avait fondu parce qu'elle n'avait pas pris en compte l'émotion populaire en laissant flotter haut les couleurs britanniques sur ses palais. Elle dut rapidement amener l'oriflamme et organiser des obsèques royales comme si l'ex-princesse était toujours sur le payroll de la Firme.
En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, elle était devenue une reine hypocrite sans cœur, préservant les égarements extra-conjugaux du prince de Galles condamnés déjà par l'opinion, à un point tel qu'aujourd'hui encore il y a consensus au Royaume-Uni pour passer le sceptre à son petit-fils William au prétexte que Charles sera trop âgé à la mort de la reine, et que sa nouvelle épouse ne convient pas, ayant été la maîtresse du prince marié et co-responsable du désastre Diana Spencer. En fait, ses sujets reprochent à la Reine d'avoir provoqué par son indulgence filiale les frasques amoureuses de Diana qui, dans une famille de riches rastacouères qu'elle n'aurait jamais dû fréquenter, l'ont conduite à la tragédie du tunnel de l'Alma.
En Espagne, l'accident de chasse à l'éléphant du roi Juan-Carlos, ajouté à son vagabondage extra-conjugal (le roi aux 5000 maîtresses, a-t-on écrit), l'ont conduit à l'abdication par retournement de l'opinion. En Suède, Charles XVI Gustave fut un moment en difficulté à cause de sa vie de playboy - il accéda à vingt-sept ans ; il s'est rangé des voitures ensuite mais ses pouvoirs ont été diminués entretemps au Riksdag par manque de sérieux du titulaire !



Quand on milite pour le retour du roi en France, ce n'est pas pour installer le meilleur management possible de l'image royale sur papier glacé. Militer est une démarche rationnelle, construite patiemment, qui promeut les avantages explicites d'un autre régime politique. L'affect populaire qui sous-tend la conversation permanente du monarque et de ses sujets est souvent négligé à ce stade, même si le charisme du champion est mis en avant entre deux démonstrations définitives. Et pourtant c'est un élément essentiel de la restauration du roi parce que la conversion du pays ne pourra éviter le plébiscite, avant ou après. Le fameux sacre de Reims ne pourra se faire sans lui, et même à regret, le roi devra avoir la gueule de l'emploi.

Si nous laissons vieillir tranquillement notre "prince de Galles à nous" au milieu des aquarelles et des ordres de chevalerie recréés, observons que les jeunes prétendants en lice soignent leur image familiale jusqu'à parfois se mettre eux-mêmes en scène, comme le font à Dreux les Vendôme. A cet égard, Anjou est plus économe de relations publiques et protège de près ses trois enfants. Comme la reine Letizia le fait avec ses deux filles !

C‎eci nous éloigne un peu de la lieutenance du Christ sur terre et ses écrouelles, mais sauf désintégration du noyau atomique, c'est un monarque constitutionnel du modèle boréal qui risque un jour de régner en France. Certains en seront dépités, d'autres penseront que c'est un bon début, plus nombreux seront ceux à y voir un achèvement. Alors attention, messires, au déficit d'image et gardez-vous de vos amis !



L'ainat et ses enfants à l'école

lundi 9 avril 2018

La ZAD des chats et des souris

Juste une photo pour illustrer l'évacuation de la "zone à défendre" de Notre-Dame-des-Landes aujourd'hui par la gendarmerie mobile. Pour en savoir plus, il faut se reporter aux commentaires autorisés puisque force restera à la loi comme l'ont dit le premier ministre et son ministre de l'Intérieur. Bien de mes concitoyens aimeraient que l'on mette autant d'énergie à lever les entraves au travail décidées par les syndicats du secteur monopolistique pour la défense d'intérêts catégoriels et privilèges de la soviétisation du pays survenue après la Libération. On peut rêver !




jeudi 5 avril 2018

Où l'on reparle des chemins de fer


Les dernière mises au point du premier ministre Philippe sur la réorganisation de la Société nationale des chemins de fer français signale un certain entêtement à faire porter l'effort sur la partie au détriment du tout. A résumer le projet de diktat, le rail français sera ouvert à la concurrence (il l'est déjà) ; le statut à vapeur cesse pour toute embauche ; la société restera dans le domaine du capitalisme d'Etat ; la nationalisation de la dette sera conditionnée par la refonte de l'organisation actuelle qui la crée. C'est clair et libéral, européen en diable, mais notoirement insuffisant, et c'est l'objet de ce billet.

Nul ne voit le plan d'ensemble des transports en France, plaque-tournante de l'Europe occidentale. A la décharge de ce gouvernement, avouons qu'un Etat impécunieux, endetté jusqu'au cou et soviétisé depuis soixante-dix ans, aurait bien du mal à financer un plan de transports puisqu'il faut semer un peu avant de récolter. Le domaine ressortit à l'écologie et je m'étonnes que le parti Europe-Ecologie-Les Verts n'en ait pas fait un cheval de bataille plus fougueux que la transition énergétique qui, elle, finira par dévoiler la supercherie des éoliennes et des voitures électriques pour serrer sur les conséquences de choix idéologiques mal étudiés. Faisons une pause avec une vidéo de rentabilisation du rail :


Il n'y a que quatre vecteurs de transports, un peu comme les quatre éléments de la cosmogonie chinoise : l'air, l'eau, la route et le rail. Jusqu'ici le libéralisme ambiant a laissé faire les intérêts catégoriels croyant, ce faisant, sacrifier aux rites de l'Ecole autrichienne, alors que les vecteurs n'appartiennent pas aux acteurs de transports. Les compagnies de chemins de fer en faillite ont été nationalisées en 1937 et dix mille kilomètres de voies promis au déferrage : le rail dès lors devint bien national. L'air, n'en parlons pas, les canaux et les ports furent tous construits sur crédits publics et administrés par les services de l'Etat depuis toujours, même avec des délégations d'exploitations aux chambres de commerce et d'industrie qui sous-traitent derrière à des sociétés de compétences. Quant à la route...

Créées par l'empire romain, continuées par les rois qui les bordèrent de platanes en prévision des motocyclistes du futur, redressées par les Ponts & Chaussées que le monde nous enviait, puis doublées d'autoroutes sur fonds publics ou emprunts d'Etat, elles sont, quelque soit le régime de concession, nationales ! A part, vos ancêtres, aïeux, parents, vous et moi dans la plus complète indifférenciation, elles n'appartiennent à aucun groupe privé.
Tous ce domaine étant public, construit et payé sur fonds publics, il n'y a aucune raison que leur utilisation n'en soit réglée par la puissance publique, libre ensuite à chaque acteur à mieux s'en servir que son concurrent. Ca c'est le vrai libéralisme : sois meilleur !

En résumé, l'utilisation des réseaux de transports ne peut être anarchique comme aujourd'hui, les dommages créés par l'usager étant laissés au tiers propriétaire, nous tous. Nous n'allons pas dérouler ici le programme des transports en France pour les trente années à venir, chacun à sa place, mais j'ai le souvenir d'une conférence d'Alfred Sauvy à Toulouse dans les années 60 où il était question d'organiser déjà le grand bordel du déplacement des gens et des biens.

Quelques pistes quand même pour nourrir les dîners en ville :
*ferroutage obligatoire par la loi au-delà d'une certaine distance de camionnage
*barreaux de transport entre métropoles densifiés et multimodaux
*mise au gabarit international des canaux et création systématique de lignes maritimes de cabotage
*juste-à-temps à combattre (mais comment, c'est un prochain débat)
Et surtout, il faut tout lancer en même temps et ne pas échelonner le programme d'un vecteur après l'autre. Un peu de fermeté sur le blocage éventuel des axes sera également nécessaire, ou du bon usage des bulldozers pour dégager les autoroutes.

Au lieu de quoi le gouvernement de Monsieur Macron s'enferre dans une "politique d'autocars" (autre idée du petit jeu) en pointant du doigt la gestion catastrophique de la SNCF dont le patron ahuri se maintient à poste malgré tout, alors qu'il faut tout prendre en compte. Si l'homme nait bon comme le croyait Rousseau, on peut présumer que les chefs syndicaux d'un QI supérieur à celui de l'ineffable Martinez entreraient de plein pied dans la réorganisation d'ensemble des transports en France parce que l'intérêt général serait prégnant à chaque réunion. Le débat technique pourrait durer deux ans. Et sans aller jusqu'à faire bloc avec l'exécutif, pouvoir et partenaires sociaux montreraient un front soudé à la Commission européenne qui dénoncera vite une napoléonisation des pratiques. Ceux bien sûr qui bloqueraient le débat au bénéfice d'intérêts catégoriels de l'ancien monde seraient livrés à la vindicte populaire comme connards attardés. La liste est prête.


Pour terminer, une carte d'intelligence des autoroutes de la mer :



lundi 2 avril 2018

Deux notes au lundi de Pâques

Pour que Rocket-Man sorte le train blindé et aille à Pékin, il fallait un besoin pressant de soulager les entraves mis par les Chinois à la nucléarisation de la péninsule coréenne. Il n'est pas besoin d'intercepter le trafic télégraphique mais simplement les statistiques disponibles, ce que le Financial Times s'est empressé de faire (c'est l'heure des pros !) aussitôt le tyran revenu sur ses bases :
Au premier bimestre 2018, la Chine n'a exporté que 350 tonnes d'essence en Corée du Nord, soit presque rien comparé au premier semestre 2017 où sont sorties de Chine 81316 tonnes d'essence.
Pour le charbon et l'acier, ce n'est pas meilleur : de décembre à février 2018 rien n'est sorti de Chine (zéro) alors que les exportations au premier semestre 2017 atteignait 51762 tonnes. Pour l'acier on parle de 514 tonnes seulement au premier bimestre 2018 contre 90660 tonnes au premier semestre 2017.

Certes il y a la contrebande. Mais la mise sous séquestre par l'ONU de bateaux nord-coréens, indépendamment du pavillon sous lequel ils naviguent, l'entrave sérieusement : 28 navires sont touchés et 21 compagnies de commerce maritime voient leurs comptes bloqués, et pas des moindres quand on relève dans la liste Huaxin Shipping, Shanghai Dongfeng Shipping et Weihai World Shipping Freight !
A noter également que le traitement de la question nord-coréenne relève de la stratégie d'Etat et qu'il n'en faut pas beaucoup pour charger les contrebandiers d'atteinte à la sûreté nationale, ce qui se traduit en clair par une balle dans la nuque sur la place du marché à 11 heures !

La Chine a sorti les longues queues de billard. Elle montre qu'elle règle à sa guise l'oxygénation du régime de Pyongyang et qu'il ne faut pas trop pousser sur les droits de douanes à l'importation aux Etats-Unis. On est dans le grand jeu. Trump est au pied du mur, sera-t-il de taille ? Quand il hésite sur le traité sud-coréen, ces messieurs de Pékin s'activent dans une juteuse coopération avec le petit tigre dont l'industrie hypertrophiée peut équilibrer les atermoiements de certains pays occidentaux qui cherchent à protéger leurs emplois.




Pâques

La grosse manifestation du désespoir des Gazaouis contre leurs conditions d'existence imposées par le blocus israélien en réponse à la résistance du Hamas s'est soldée par quinze, seize, dix-sept... morts et mille ou quinze cents blessés dans leurs rangs. Les pétochards en frontière protégée ont tiré à balles réelles parce qu'on leur jetait des pierres et des bouteilles d'essence. Il n'en faut pas beaucoup aujourd'hui pour que Tsahal chie au froc. Ce n'est pas cette armée de Marie-Louise fébriles qui gagnera une nouvelle guerre des six-jours. L'infanterie juive a tourné en armée d'occupation et c'est un poison dans lequel elle a perdu son âme parce qu'il est un ferment de haines recuites, réciproques, insolubles.
Les justifications brandies par le gouvernement de Netanyahou, comme quoi leurs soldats ont identifié des activistes palestiniens dans la foule, sont misérables. Ouvrir le feu contre des pierres, pendant le temps de la Pessa'h en plus, il fallait oser... mais c'est à ça qu'on les reconnaît.

Rien n'arrêtera plus la jeunesse palestinienne, surtout celle concentrée dans le camp clos de Gaza. C'est bien plus que leur légitimité que les Juifs israéliens vont perdre, mais le soutien moral du reste du monde. Ils s'en foutent, me dit-on dans l'oreillette. Alors, qu'ils n'attendent pas de pleurs de commisération de l'étranger si ça tourne mal. Il ne reste plus que l'Europe à endosser son soutien sur le souvenir de l'Holocauste, mais jusqu'à quand ? La réprobation de façade des années noires se lézarde, il n'y a plus d'écho européen aux revendications israéliennes sauf dans les communautés juives qui, ce faisant, se marginalisent. Aveugles à ce point, c'est sidérant.

Postscriptum du 6 avril 2018 :
Marche du Retour de ce vendredi à Gaza : 10000 protestataires, 1000 blessés, 7, 8, 9, 10 tués palestiniens (selon le New York Times).


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