lundi 30 janvier 2017

J'ai appelé mon chien Té

Té comme Donald T.
S'il se passe quelque chose d'intéressant aujourd'hui ce n'est pas l'élection du quatrième battu de l'élection présidentielle française - qui peut trouver un quelconque intérêt à pareil scrutin ? - mais bien la réinitialisation du nouvel ordre mondial par un directeur de casino américain. Au delà des insultes faciles à l'endroit de qui parle couramment le "beauflangue", il convient de s'interroger sur le précipité des fantasmes républicains dans une parfaite unité de lieu et de temps. "Nous payons pour tout le monde, et nos alliés comme nos adversaires en profitent pour nous tailler des croupières". Le message agglomère le Mexique, la vieille Europe, la Chine, le Japon et les monarchies pétrolières.
Avant de proposer une analyse pour vous distraire des commentaires électoraux de la presse, faisons la liste des possessions trumpiennes de par le monde dont on peut penser qu'il connaît au moins les aéroports, ce qui est déjà un progrès sur Hollande : outre la commande offshore de nombreux objets dérivés pour revendre sur ses sites immobiliers (comme le font tous les autres), Donald Trump a investi gros dans les pays suivants, essentiellement pour des "tours" et des "resorts" ; d'ouest en est : Panama, République dominicaine, Bermudes, Saint-Martin, Argentine, Uruguay, Brésil, Irlande, Ecosse, Turquie, Arabie séoudite, Azerbaïdjan, Emirats, Qatar, Inde, Hong Kong, Indonésie, Philippines, Corée du Sud. Donc nous n'avons pas affaire à un énarque qui au plus loin de sa vie privée est allé à La Mamounia de Marrakech tripoter le service d'étage.

Ce qui nous intéresse ici est l'impact de l'élection du Beauf magnifique sur la vieille Europe et sa capacité à pousser la Chine à la guerre. Ne cherchons pas, c'est le Spiegel qui en parle le mieux et d'abondance dans un article-fleuve auquel on accède en cliquant sur son titre : Donald Trump and the NWO.

Menacer l'économie allemande comme le fait ouvertement Mr. Trump revient à menacer toute l'Europe (occidentale et orientale) tant nos économies sont imbriquées. Ses menaces sont-elles exécutables ? Oui, jusqu'à quinze pour cent de droits de douane augmentés sur les produits de son choix. Mais ce que nous devons craindre le plus est la délocalisation massive des chaînes de production européennes qui travaillent ici pour les Etats-Unis. Outre le chômage induit mécaniquement, c'est la perte de beaucoup de valeur ajoutée, et l'accroissement des déficits commerciaux qu'il faut attendre dans des pays complètement plombés comme la France. Mais les pays vertueux du Nord souffriront tous autant !

Une Trump Tower en construction à Manille

La deuxième menace surenchérit sur les conséquences de la première : c'est la renégociation du fardeau de la défense atlantique. L'Amérique est lassée de payer autant pour que les Européens garantissent à leurs nationaux des prestations sociales jugées extravagantes par les Américains. Quelle que soit l'issue de la dispute et même jusqu'à la rupture, le premier effet sera le réarmement européen et donc l'assèchement rapide des dernières capacités budgétaires nationales chez des pays déjà frappés par l'ostracisme commercial américain. Le premier poste touché sera - puisque nous n'avons pas fait de réformes - les prestations sociales justement (retraites, allocations) et les traitements d'une fonction publique endettée. Se rassurer en proclamant une défense européenne intégrée est illusoire, elle naîtra un jour peut-être mais dans longtemps, quand la Russie ne sera plus perçue comme une menace imminente par les pays d'Europe orientale. Aucun pays de l'Est n'échangera la protection atlantique pour une protection européenne, même la Pologne ! Mais on peut réunir conférences sur conférences pour agiter le tapis vert. Sans illusions, l'Allemagne réarme sérieusement et la France va s'y mettre aussi après l'élection présidentielle en empruntant. Malgré sa russophobie, la Grande Bretagne est déjà considérée comme "neutre" voire une force d'appoint en Mer du Nord, si elle n'est pas pentagonisée par le deal May-Trump de vendredi dernier.

Reste la question du pétard chinois ! Donald Trump a débranché le Traité Trans-Pacifique* mardi dernier dans son combat pour la relocalisation des fabrications. Il ferme la porte du marché américain à presque tous les pays non-communistes (Vietnam excepté) de l'Asie du Sud-Est. Il ne faut pas être grand clerc pour anticiper que ces pays très dynamiques qui avaient besoin de la profondeur du marché américain puissent le remplacer par... le marché chinois. Et les déclarations du président Xi Jinping à Davos cadrent parfaitement avec ce renversement d'alliance, d'autant qu'il peut apporter dans la corbeille sa nouvelle Route de la Soie. Mais cela ne déclenchera pas de guerre ouverte, aucun protagoniste ne se laissant tenter.

The 45th POTUS
On n'en peut dire autant de l'intervention défensive américaine dans les eaux de la Mer de Chine méridionale ! On sait la revendication chinoise exagérée mais elle fait partie du bréviaire. Bloquer l'accès des atolls en construction aux convois de bateaux chinois ne peut que finir en torpillage et contre-torpillage. Il faut espérer que le président Duterte persiste dans ses insultes à l'endroit de l'Oncle Sam afin de dégoûter Mr. Trump de le soutenir ! Une guerre, même contenue à la zone, effondrerait le commerce mondial et disperserait partout une crise sans précédent, d'abord économique puis sociale. On aimerait connaître les réflexions du Pentagone sur la mise en œuvre des tocades du nouveau Commander In Chief. Celles des alliés asiatiques tels que le Japon et la Corée sont connues : pas de guerre ! On continue un confinement souple de l'imperium chinois.

Au spectacle du monde qui s'annonce l'Europe est absente. Aparté : entre deux messes, trois galettes et les vœux de circonstances, on n'a pas entendu nos princes sur ces sujets stratégiques aussi importants. Il est probable que si tout allait mal, les institutions européennes disparaîtraient des enceintes décisionnelles, ce qui - dit en passant - ne rehausserait pas d'autant les nations qui leur survivraient mais nous ouvrirait une fenêtre d'opportunités à saisir. Le choc de la désintégration européenne signerait notre déclassement mondial mais créerait en revanche un espoir de renaissance en plus petit, plus maniable, plus gérable, nous serions sans doute moins riches et plus heureux.
Qu'en pensent les précités ?


(*) TPP = Etats-Unis, Australie, Canada, Japon, Malaisie, Mexique, Pérou, Vietnam, Chili, Bruneï, Singapour, Nouvelle Zélande. Ce traité n'est pas que douanier, il généralise aussi des normes et conditions de production acceptables partout.
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lundi 23 janvier 2017

Voter ou pas

A l'occasion d'une recension très travaillée du bouquin de Guennaël de Pinieux Voter : piège ou devoir ? (Chiré 2016), Gérard de Villèle achève son analyse par un appel à s'abstenir en ces termes :
«...face aux élections dans le cadre républicain, il n’y a qu’une décision à prendre : grossir le camp des abstentionnistes et le revendiquer à temps et à contre temps, pour tous les scrutins quels qu’ils soient. À force d’être le premier parti de France, l’on finira bien par représenter un chiffre qui rendra inéligible tous les candidats... C’est aussi cela l’Espérance ! mais, il faut figurer sur les listes électorales et s’y inscrire.» (Le Lien légitimiste n°72 - abonnement électronique à 10 euros/an-120 pages).

Dans un autre billet publié par La Couronne.org, Guy Adain de son côté achève son rêve de restauration sur un appel au vote blanc :
« La Démocratie a au moins cet avantage : Le Peuple peut se débarrasser légalement de tous ces importuns, encombrants politiciens qui ne briguent qu’une place au château de l’Élysée ! Un vote blanc, Non à tous, massif, nous libérerait de cette caste de nantis et de leurs sbires. Voilà qui donnerait à réfléchir et préparerait les esprits à l’organisation d’un scrutin plus sérieux.»

Slogan anarchiste
C'est tout le problème ! Combien de déçus, d'écœurés ont caressé l'espoir que les bataillons d'abstentionnistes, blancs ou nuls coucheraient au fossé les bataillons de la Prébende républicaine ! C'est sans compter avec le défaut d'amour-propre des politiciens parvenus aux affaires qui ne seront saisis d'aucun ridicule même si la participation des masses laborieuses et démocratiques descendait à vingt pour cent. Ce cinquième du corps électoral inscrit ferait encore neuf millions de suffrages qui seraient revendiqués comme un sondage géant bien meilleur que le sondage à mille-sur-quotas des instituts éponymes, et plus pervers encore, on proclamerait les résultats obtenus comme l'expression démocratique des seuls véritables citoyens, les abstenants étant voués à la géhenne des factieux, fachistes, sociopathes et autres tordus sans intérêt.

Ce n'est pas en retenant son vote qu'on peut marquer des points ; mais en retenant l'impôt. Raymond Barre , qui avait vécu les années poujadistes comme professeur d'économie politique, avait mesuré les effets de la grève de l'impôt des indépendants en 1953. Elle avait impliqué soixante départements jusqu'à faire redouter une jacquerie fiscale généralisée. L'effet immédiat fut la difficulté rencontrée par les trésoriers-payeurs généraux pour virer les traitements des fonctionnaires de leur département et ceux donc des forces de l'ordre. Il en parlait encore lorsque, maire de Lyon, il dénonçait la politique de pression fiscale du cabinet Jospin en 1997 et 98 et annonçait la révolte. L'alarme conduisit aux allègements fiscaux de 1999 et 2000. Barre savait qu'envoyer la gendarmerie mobile contre l'émeute urbaine ou les manifestations paysannes était assez facile. Mais faire marcher la territoriale pour percevoir de force les contributions directes chez le particulier ou le commerçant de quartier n'était pas imaginable. La Ferme d'antan était terminée.

Certes, on ne peut pas s'insurger sur tout le territoire au jour J, heure H. Il suffit de partir d'un point sensible, comme les Bonnets Rouges bretons le firent contre les portiques d'écotaxe de la péninsule, puis d'étendre l'insurrection en tache d'encre (l'huile est trop lente). La seule parade organisée d'un gouvernement menacé est de décréter préalablement le prélèvement à la source des impôts sur le revenu (CQFD!) et pour le reste, le prélèvement bancaire d'autorité après avoir mis les banques au garde-à-vous. Sauf que les impôts locaux, de plus en plus importants par la défaisance des responsabilités de l'Etat central, échappent à cette forme de séquestre qui ne dit pas son nom, tout comme les taxes à la valeur ajoutée qui, suivant les fluctuations des activités d'assiette, doivent être déclarées mensuellement et réglées à l'initiative des redevables. Le champ libre contient aussi les droits en tout genre perçus tout au long de la vie fiscale du contribuable. Nul doute que la chose soit étudiée de près par l'Administration. Nul doute que la vieille Anarchie s'en soit déjà saisie.

Et justement : selon eux, les limites de l'exercice appartiennent à la forme de l'organisation des luttes. Au chapitre "En Retour" de L'Insurrection qui vient il est dit qu'il n’y a pas à s’engager dans tel ou tel collectif citoyen, dans telle ou telle impasse d’extrême gauche, dans la dernière imposture associative. Toutes les organisations qui prétendent contester l’ordre présent ont elles-mêmes, en plus fantoche, la forme, les mœurs et le langage d’États miniatures. Toutes les velléités de «faire de la politique autrement» n’ont jamais contribué, à ce jour, qu’à l’extension indéfinie des pseudopodes étatiques.

Nous sommes prévenus qu'il va nous falloir inventer un truc, à moins d'aller voter finalement pour le moins mauvais des candidats... ou le moins bon de nos adversaires à la primaire de la Belle Alliance Populaire ! Quel est donc le pire candidat socialiste qui fera le lit de Sens Commun ?


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jeudi 19 janvier 2017

Anniversaire de la mort du Roi

Lorqu'on demande aux Français quel est le dernier roi de France, la réponse est toujours Louis XVI. Sans doute est-ce la tragédie de son destin qui a marqué les esprits populaires, et peut-être un retour d'affection pour un roi que personne n'a jamais imaginé en tyran. C'est le moment de répéter la déclaration d'Emmanuel Macron qui résume bien un sentiment diffus dans l'Opinion française quand elle s'arrache à l'abrutissement réglementaire :

« La démocratie comporte toujours une forme d’incomplétude car elle ne se suffit pas à elle-même. Mais le président dans le cadre de la 5e République ne fait-il pas office de monarque républicain remplaçant la figure paternaliste du roi ? Dans la politique française, cet absent est la figure du roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n'a pas voulu la mort. La Terreur a creusé un vide émotionnel, imaginaire, collectif : le roi n'est plus là ! On a essayé ensuite de réinvestir ce vide, d'y placer d'autres figures : ce sont les moments napoléonien et gaulliste, notamment. Le reste du temps, la démocratie française ne remplit pas l'espace. On le voit bien avec l'interrogation permanente sur la figure présidentielle, qui vaut depuis le départ du général de Gaulle. Après lui, la normalisation de la figure présidentielle a réinstallé un siège vide au cœur de la vie politique. Pourtant, ce qu'on attend du président de la République, c'est qu'il occupe cette fonction. Tout s'est construit sur ce malentendu.»

Bruno Roger-Petit que l'on ne savait pas porté sur les choses de Cour nous confie qu'après sa déclaration de candidature, de retour vers Paris, Emmanuel Macron a fait une halte là où les pierres parlent. Loin des caméras et des micros, le néo-candidat à l’élection présidentielle s’est arrêté en la Basilique de Saint-Denis, tombeau des Rois de France. Seul en son destin face aux Transis. Qu’est-il venu chercher là, dans ce grand silence de marbre où dort l’âme de la France ? Conviction. Onction. Transmission. Inscription. Tout cela à la fois sans doute. Les voies qui mènent aux Forces de l’esprit sont impénétrables. Le geste de Macron rappelle qu’il est deux catégories de candidat à l’élection présidentielle: ceux qui hantent les lieux de mémoire, en quête d’encens, et ceux qui occupent les plateaux de télévision, en perte de sens.

Plus qu'un frémissement...


Le Mémorial de France à Saint-Denys propose
le samedi 21 janvier 2017, à midi
une messe de Requiem
dite en la Basilique en mémoire de Louis XVI
au jour anniversaire de sa décapitation
en exécution de l'ordonnance perpétuelle de Louis XVIII

Saint-Denis est à Paris le choix officiel convenable au-dessus de la nécropole des rois. La Chapelle expiatoire est bien trop exiguë pour offrir le recueillement indispensable à une assistance forcément nombreuse, sinon l'église de Saint-Germain l'Auxerrois dit la messe du Cercle de l'Œillet Blanc en présence du comte de Paris.
[messes en province partout, voir le site dédié en cliquant ici]

Messe à Saint-Denis le 21 janvier 2017



Messe du 21 janvier 2017 à St Germain l'Auxerrois


Pour approfondir le billet récurrent du 21 janvier nous offrons à notre distingué lectorat l'oraison funèbre que l'abbé Beauvais prononça à Saint-Nicolas du Chardonnet il y a huit ans et qui m'avait alors saisi :

Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, ainsi soit-il.

Mes bien chers Frères,

Pourquoi célébrer une messe plus de deux cents ans après la mort du Roi Louis XVI ? Parce que tout vrai Français et tout vrai chrétien comprend qu’une réparation doit être offerte à Dieu pour l’outrage qui lui a été fait en ce jour, et qu’une prière doit Lui être présentée pour qu’Il lui plaise enfin de retirer la France du gouffre où elle s’est jetée en commettant ce régicide. C’est donc un acte expiatoire, en réparation, une prière pour le roi mais aussi pour le salut de la France.

« On voudrait effacer cette page de l’histoire, chasser cette date du souvenir des hommes, faire rentrer dans le néant cette procédure. Mais non ! Le fait est irréparable. Longtemps, chez les autres peuples, la France sera la nation régicide et impie, et jusqu’à l’achèvement de sa destinée, elle portera au front la tache du sang versé sur la place de la Révolution ».

Voilà pourquoi, deux cent seize ans après, le souvenir du roi guillotiné ne s’est pas effacé de la mémoire de certains Français.

On a souvent trouvé sous la plume d’historiens et d’écrivains passionnés un plaisir quelquefois même méchant à exagérer la faiblesse de Louis XVI dans son gouvernement. A quoi nous servirait-il ce soir de parler d’un roi faible ou d’un roi sans caractère, toutes choses qui restent à prouver. Le Pape Pie VI a fait remarquer à ce sujet qu’on a confondu sa mansuétude avec la faiblesse sans savoir que la mansuétude est l’état d’une âme pleine de fermeté que rien ne peut abattre et qui en face des troubles, des insurrections, des fureurs populaires fait dire à Louis XVI cette parole qui l’honore à un si haut degré : «L’homme qui a la conscience pure ne tremble pas ». Livré à la souffrance d’ailleurs, bien loin de témoigner de la faiblesse, il déploya au Temple et à l’échafaud la force, le courage et la grandeur d’âme qui mérita l’adieu du prêtre : « Fils de saint Louis, montez au ciel ».

Qu’importe donc le jugement humain porté sur Louis XVI. Mauvais ou grand roi, bonté et faiblesse du roi ? Ce qui compte c’est l’âme de ce prince profondément désireux de donner le bonheur à son peuple, mais qui rougissait à l’idée d’avoir à le commander et plus encore à le rudoyer parce que son éducation rousseauiste lui avait appris que l’homme était bon par nature. A ses dépens, il fera l’expérience cruelle du contraire. Qui ne pardonnerait à Louis XVI, paralysé dans son action par un choc jusque là inconnu, celui de la monarchie et de la subversion moderne ?

Comme l’écrivit Jean de Viguerie :
« On a beaucoup parlé d’un roi faible, irrésolu, mais on oublie qu’un certain sens de la responsabilité, et un certain souci de la justice étaient son apanage. Que Louis XVI ait semblé parfois lent à se décider ne signifie pourtant pas que le roi fut un homme indécis ou irrésolu. Combien de choix a-t-il fait qui ne furent jamais décidés à la légère. Une partie du public était d’ailleurs moins préoccupée par la faiblesse que par la réputation de dureté du jeune roi.
Sans être un homme autoritaire, le roi avait conscience de sa dignité de souverain parce qu’il se faisait une très haute idée de sa dynastie et de la place du monarque qu’il regardait comme celle d’un intercesseur entre les hommes et le divin ».

Daudet écrivit dans Les lys sanglants :
« Il était loin d’être le « gros Louis » que disaient les révolutionnaires. Il concevait raisonnablement, mais il y avait en lui un goût du ralenti qu’il essayait en vain de surmonter. Enfin il ne voulait pas croire à l’infamie de la nature humaine, quand une mauvaise politique et l’irréligion ont lâché la bride à ses pires instincts ».

Quel étonnant mélange que Louis XVI ! On isole trop systématiquement 1793 de 1789. Or, cet inexpiable forfait de 93, remonte à la guerre faite par ces philosophes des ténèbres un siècle durant, à tout ce qui fut religion et morale. Voir dans le mouvement de 89 une simple insurrection de l’opinion publique contre des abus intolérables n’est franchement pas honnête, ni sérieux. Ce n’était pas à certains excès - toujours possibles quant il s’agit des hommes - mais à l’autorité dans ce qu’elle avait de plus inviolable et de plus sacré que les fauteurs du mouvement de 89 voulaient porter le coup mortel. C’était bien à l’assaut du trône et de l’autel, que sur l’ordre des société secrètes marchaient les principaux coryphées des idées nouvelles.

Après la vente des biens du clergé, le pape Pie VI ne put garder le silence :
« L’autorité royale, dira-t-il, a été enlevée au roi très chrétien pour le mettre sous la dépendance de l’Assemblée et l’obliger à sanctionner tous ses décrets. La nation presque entière est séduite par l’apparence d’une vaine liberté, au lieu de reconnaître que le salut de l’Etat repose principalement sur l’autorité de Jésus-Christ, et que l’on n’est heureux selon l’expression de saint Augustin, que quand d’un plein consentement, on obéit aux rois : car ils sont les ministres de Dieu pour le bien, les enfants et les défenseurs de l’Eglise qu’ils doivent aimer comme leur mère, et défendre contre ceux qui l’attaquent ».

Coup bas contre l’autorité qui fit dire à Balzac :
« Le jour où la France trancha la tête à son roi, elle la trancha du même coup à tous les pères de famille ».

Louis XVI sera ainsi le premier souverain à avoir affronté le cataclysme révolutionnaire, sans avoir pu bien comprendre que le désordre était dans les esprits et qu’il ne suffisait pas d’être un roi bon, pour être un bon roi. Ce fut la première rencontre entre l’ordre et la subversion. Comme l’écrivit Maurras : « la psychologie de l’autorité, ses bases les plus générales et les plus profondes se trouvaient rongées, minées, réduites en poussière dans toutes les têtes et dans tous les cœurs de ces singulières générations (celles de la fin du XVIIIe siècle).

Le crime du 21 janvier était en germe dans la séparation de la tête et du corps de la nation. Ne l’oublions pas, la Révolution est d’abord une guerre de religion, la guerre de l’athéisme matérialiste contre l’Eglise romaine à laquelle présida et préluda l’Encyclopédie de Voltaire avec son « Ecrasons l’infâme » de Diderot qui dira « Avec les derniers boyaux des prêtres, nous serrerons le cou du dernier des rois » jointe au naturisme de Jean-Jacques Rousseau, aux débuts de la maçonnerie mondaine et des sociétés de pensée où se croisent et se mêlent toutes les formes de l’antichristianisme et de l’irréligion dans son ensemble. Clubs philosophiques et politiques qui l’emporteront au sein des assemblées et accélèreront le passage de la discussion à l’action, du principe de la souveraineté populaire à la tyrannie des masses et aux horreurs des massacres et de la guillotine.

Pour s’attaquer efficacement à la religion, les révolutionnaires comprirent d’instinct qu’ils devaient s’attaquer aux personnes du roi et de la reine. On ne peut rien contre les idées si on ne s’en prend d’abord aux personnes qui les représentent. De plus le roi s’identifiait avec la patrie, la famille royale avec la famille française ; c’était donc cette patrie, c’était cette famille qu’il fallait égorger, selon le mot célèbre de Danton prononcé au procès de Louis XVI: « Nous ne voulons pas juger le roi, nous voulons le tuer ». A ce procès du roi se donnèrent rendez-vous toutes les calomnies, tous les faux témoignages, tous les mensonges d’une époque barbare et souillée pour terminer en cette exécution monstrueuse de Louis XVI opérée sans aucune espèce de raison, servant seulement de pierre de touche pour la sincérité de la foi républicaine, devenue le nouveau dogme.

La décatholicisation de la France, présentée par Mirabeau comme une condition nécessaire au triomphe des idées nouvelles passait par le régicide. Le trône de Louis XVI dont on avait sapé les bases ne devait plus s’appuyer sur l’autel.

Il n’y a donc aucun doute, la révolution qui fit tomber la tête de Louis XVI a voulu abattre le principe de l’autorité divine. Et c’est bien dans l’esprit de Robespierre qui disait: « Tant qu’il y aura des rois par la grâce de Dieu, la révolution ne sera pas en sûreté ». On voit là que l’essence même de la révolution commencée en 1789 est l’esprit de révolte : il s’agissait de donner à chaque individu une âme d’insurgé, en lutte contre toutes les lois naturelles et divine. Louis XVI a été guillotiné parce qu’il était roi, et roi très chrétien. Les deux ne font qu’un car la Révolution est d’un même mouvement : la haine de Dieu et la haine de l’ordre naturel établi par Dieu dans sa création et révélé aux hommes.

Pour la Révolution, Louis XVI devait mourir parce que sa seule présence, même après avoir été savamment mis hors d’état de gouverner, était un obstacle aux prétentions philosophiques.

Comme l’écrira Léon Daudet: « Ce qu'il reste de cette révolution de 1789, tant célébrée, tant vantée, en prose et en vers, c’est un charnier, c’est un spectacle d’épouvante et de bêtise dont l’humanité offre peu d’exemples ».

Qu’est-ce que le 21 janvier 1793, sinon « le fait de brutes enivrées d’une idéologie libertaire, égalitaire et suicidaire qui prétendaient couper à jamais la France de Dieu lui-même, pour recommencer l’histoire avec les seules forces de la raison humaine ».

« Le mauvais destin servi par la méchanceté humaine, j’ai nommé l’esprit révolutionnaire, va s’acharner sans merci ».

Louis XVI, "Roi martyr », tel est le nom qu’il a gardé comme victime de la Révolution antichrétienne, et tel est le nom que l’histoire lui rendant justice, lui a décerné. Et Louis XVI avait pour ainsi dire consacré d’avance cette appellation de Roi martyr en disant :
« Je suis prêt à m’immoler pour mon peuple. Puisse le sacrifice de ma vie faire le bonheur de la France ».

C’est par les saints et les martyrs que furent appelés alors à donner au monde le témoignage de Notre Seigneur Jésus-Christ que l’on juge la Révolution. C’est à la lumière de leur mort que l’on juge les principes de 1789.

« La religion devait compter cet infortuné monarque au nombre de ses martyrs ». Ainsi s’exprimait le pape Pie VI, ce qui fit dire au cardinal Maury : « Le pape a conçu une idée aussi grande que juste, lorsqu’il a fait entrevoir dans son discours au Consistoire que Louis XVI méritait et qu’il obtiendrait un jour les honneurs de la canonisation. C’est la plus belle réparation que la religion puisse faire à la royauté au moment où les scélérats se sont ligués pour l’avilir, que de transformer ainsi en autel, l’échafaud de Louis XVI ».

En lisant les actes du martyre de Louis XVI, on comprend que la vertu peut faire descendre le ciel sur la terre. On comprend aussi que la perversité humaine peut y faire monter l’enfer, lorsqu’on lit les crimes, les fureurs, les joies hideuses de ses meurtriers.

Nous prions ce soir pour le repos de son âme, certes, sans oublier ce que le pape Pie VI exprima en terminant son éloge funèbre de Louis XVI:
« Nous avons la confiance qu’il a heureusement échangé une couronne royale et des lys qui se seraient bientôt flétris contre cet autre diadème impérissable que les anges ont tissé de lys immortels ».

« Ils me feront mourir, déclara Louis XVI à son avocat, Monsieur de Malesherbes, mais qu’importe ! Ce sera gagner une cause que de laisser une mémoire intacte et sans tache ».

Louis XVI n’a sauvé ni sa vie, ni son royaume, mais il a sauvé l’honneur de Dieu, l’honneur de la France et son honneur. Il a ajouté à la couronne des rois tous les fleurons les plus glorieux, les plus rares, ceux de la sainteté et du martyre, son échafaud est sa plus grande gloire. Que Louis XVI demeure pour la postérité celui que Léon Daudet appelait « le lys sanglant ineffable offert en holocauste aux furies infernales ».

Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Ainsi soit-il !




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lundi 16 janvier 2017

L'ivresse du RHUM


vignette thomas paine
L'allocation universelle du berceau à la tombe commencera dans la tombe. Pourquoi ? La vieille idée géniale des utopistes du XVIIIè siècle ne marchera pas en France. Pour une seule raison s'il faut n'en garder qu'une : les pouvoirs publics chercheront à améliorer le concept. Or ce concept ne peut fonctionner que dans sa radicalité élémentaire. Tout ou rien, mon cher Watson ! Le conditionner crée des seuils et sauve beaucoup de bureaucrates pour leur contrôle, qui seraient mieux employés à creuser des canaux ou à mettre en valeur les Kerguelen.

Comment ça marche® ?

Chaque habitant recevra du jour de sa venue au monde jusqu'à celui de son incinération dans le système de chauffage urbain (rien ne se perdra) une allocation mensuelle fixe sans condition aucune. Cette générosité nationale remplacera toutes les allocations sociales existantes. Sa généralisation débandera tous les services allocataires existants sauf un que nous appellerons le DRHUM (Département du revenu hexagonal universel minimum).

On voit très bien que sont expulsées du paysage social les allocations familiales de départ, comme le minimum vieillesse à l'arrivée. Si le concept est proche du filet d'assistance juste nécessaire, il ne doit pas être suffisant pour dispenser de gagner des sous afin d'améliorer son sort et d'acheter sa Tesla intérieur semi-cuir. Il doit être couplé à une grille de dispensaires gratuits pour équilibrer les risques sanitaires élémentaires. Ce RHUM ne sera ni imposable ni cotisable seul. Il entrera par contre dans l'assiette fiscale des impôts pour la fraction de revenus excédentaires et sera indirectement soumis à la TVA par la simple consommation de biens et services taxables. Tous revenus excédant le RHUM seront donc imposables et cotisables au premier franc (RHUM compris). Le prix des tentations de la société de consommation ne baissant pas, l'oisiveté sera de mauvais conseil pour qui veut vivre tout simplement, épater la voisine ou se regarder dans la glace chaque matin en se rasant.

Comment sera calculé le RHUM ?

Au ras du minimum de survie de l'individu. Le RSA de base est une bonne indication en y ajoutant l'allocation logement moyenne, soit 535,17€ plus 225€ soit au total : 760 euros/mois. Avec une population estimée à 66.600.000 habitants, les services du RHUM devraient donc servir 607 milliards d'euros chaque année. Sachant que le total des crédits de paiement du budget général de l'Etat français (hors sécurité sociale) sont de 608.384.000.000 euros pour 2016 (dixit Bercy page 5 du pdf), ceci nous oblige à faire l'économie totale de l'Etat ! En voilà une nouvelle qu'elle est bonne.

En résumé et logiquement, toute mise en place du RHUM devra s'accompagner de l'extinction progressive des services au public sur fonds publics de valeur correspondante, à commencer par les services sociaux, les instituts, commissariats, observatoires et autres ligues. Et on dégraissera jusqu'à l'os, l'os étant le domaine régalien stricto sensu. De l'air, que d'air ! Puis les communautés citoyennes s'organiseront, de la commune à la province, l'essentiel étant mis hors de portée des envieux et des habiles par la sacralisation rémoise...

C'est-pas-tout. Ceux qui veulent en parler sérieusement dans les dîners en ville commenceront par étudier la page Wikilibéral dédiée en cliquant [ici] pour armer leur démonstration. Normalement chaque dîner devrait se terminer par des claques. Santé !


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vendredi 13 janvier 2017

Une presse condamnée à la vérification


Quand on pense que des géostratèges pondent des thèses de six cents pages sur l'équilibre impossible du monde et que le blogue du Piéton les ignorent pour écouter Fanny Ardant, on se dit que l'espace-temps s'est considérablement compacté. C'était donc sur Arte-28 minutes - émission intéressante d'Elisabeth Quin quand M. Askolovitch n'y vient pas promener sa judéité affligée - que fut invitée la cinéaste Fanny Ardant pour son film Le Divan de Staline. On ne connaissait pas son coup de revers à la raquette en fonte mais ces messieurs du penser-bien ont empli leur musette, jeu, set et match, en moins de temps qu'il n'en fallut pour envoyer les balles. Que du bonheur et c'est ici (cliquer sur l'image):


Le fond de son argumentaire est l'ancillarité de la presse qu'elle traite de "laquais", avec leur goût de l'alarme ad hitlerum et leurs champions bien propres sous les cheveux. Elle plaide pour des contre-pouvoirs à l'hégémonie. Sans le dire mais elle le sait, elle défend la multipolarité de la puissance. On ne peut qu'applaudir puisque l'impérium non contré n'a bénéficié aux hommes qu'un fois sur terre, une seule, à l'époque de l'Empire romain qui mit en musique la supériorité grecque sur Mare Nostrum. Tout le reste de l'histoire est un long hurlement de terreur dans des guerres de conquête ! Puis la bombe atomique vint ! L'espèce humaine théorisa enfin la menace de la foudre jupitérienne qu'elle inventa pendant les RTT de Vulcain. Chacun désormais se regarde, laissant ci et là quelques attardés s'entretuer, et les boutiques ouvrent chaque matin à 8h30, dimanche compris bientôt !

Cette menace de désintégration du noyau, comme disent les assureurs de la trouille, n'a pas prévenu le grand désordre des esprits libérés qui renaissent quand la gangue officielle commence à se fendiller. Ainsi a-t-on des révélations parmi les vedettes à plateaux qui sans sortir leurs tripes, parlent d'eux-mêmes et non plus selon le programme. Inimaginable, il y a seulement un an. L'effet Trump ? Citons Yves Calvi qui accuse réception en direct de l'enfumage des agences dans l'affaire d'Alep, Bruno Roger-Petit qui distingue le Maréchal auquel François Mitterrand prêta serment de la Collaboration à laquelle il ne participa pas, de Pascal Praud qui sur iTélé laisse percer le bon sens tout court à contre-courant, de Sonia Mabrouk qui se lâche en beauté... Et toutes les chèvres retraitées de la vieille presse parisienne, les Levaï, Elkabbash, Okhrent, Sinclair, Labro et autres fabricants de "valeurs" de nous prévenir que "la parole se libère". Ah bon !

A peine la puissance stratégique se redistribue-t-elle entre les continents que le consensus du quatrième pouvoir monolithique se brise. C'est là que ça devient intéressant. Ne cherchons pas qui lance les dés, il n'y a pas beaucoup d'acteurs libres de leurs décisions sur la planète. Zéro même si on inventoriait les contraintes internationales. Mais on distingue des intérêts affirmés et non convergents entre les Etats-Unis d'Amérique, la Chine et la Russie. Le reste joue en division II, III et Nationale. La presse va devoir tout de suite se spécialiser dans l'étude approfondie des trois grands précités pour ne pas se louper devant les réseaux sociaux, et ne plus se satisfaire de petites phrases ou d'informations bidonnées par les communicants ayant leur rond de serviette chez le marquis. Vu le niveau général des stagiaires, il va y avoir des morts dans le journalisme.

Tout ceci pour dire que l'apparition du dictateur Poutine et de l'imprécateur Trump au balcon du monde change du tout au tout les méthodes d'information depuis qu'est déclarée la guerre hybride. Hybride ou triple comme on veut : la guerre ouverte ; la cyberguerre ; la guerre de désinformation. Le prêt-à-penser est cuit ! On est entré dans l'ère de l'infusion, du goutte à goutte. Il faut maintenant que ces messieurs de l'intelligence quotidienne décortiquent l'information servie par les canaux de communication pour en extraire une vérité. De puissants moyens numériques l'altèrent ou la fabriquent, et ne survivront dans la presse de demain que les analystes. Fini les atlas géopolitiques, les instituts de pensée formatés, les sondeurs payés au pourcentage ! Comme on le disait au cabinet de Versailles dans les salons de Vergennes :La plus grande erreur dans le maniement des affaires extérieures est de partir inflexiblement de certaines idées fixes qui ont fait leur temps. A chaque époque appartiennent ses difficultés, les caractères, les incidents qui lui sont propres. Tout vient de changer. Réactivité donc ! Instantanéité du doute, gros doute ! Bienvenue aux Anonymous, aux hackers, au mecs qui en ont entre les oreilles, aux geeks acharnés. Les autres feront Le Jeu des Mille Francs à l'Alcazar de Rodez. Terminé les miquets brevetés de l'école de journalisme, on peut fermer ces structures de propagande qui ressemblent de plus en plus à ce que fut l'Ecole des Cadres du parti communiste ! Tout se fait au garage maintenant, comme le rock ! Les madrasas gauchistes vont se vider. Et qu'en est-il des madrasas royalistes ?

Pour répondre présent dans le domaine de l'information criblée, le mouvement royaliste peut balayer devant sa porte avant que d'autres ne le fassent à ses dépens (Acrimed, Mediapart, Le Canard Enchaîné...) et s'entraîner tout de suite à purger ce qu'il diffuse. Voulez-vous des exemples ? Cherchez et vous trouverez. Tout se vérifie, tout se sait.

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dimanche 8 janvier 2017

Vœux du Piéton pour 2017



Avec les rois-mages arrivent les vœux de Royal-Artillerie. L'année qui s'est achevée n'a rien signifié pour la cause monarchiste en France, eu égard à l'ampleur de la crise civilisationnelle que traverse l'Europe et la France surtout qui est en son milieu. Nos princes, toujours aussi réticents à se compromettre dans des actions médiatiques soutenues qui compenseraient l'impossibilité à lever une armée, se cantonnent au service minimum de déclarations morales qui permettent juste de mettre quelques bûches dans l'âtre de leurs fidèles en attendant la suite dont ils seront exclus.

Or la suite peut être terrible si le pays n'est pas réformé en profondeur et rapidement avant que n'éclatent des troubles communautaires et les désordres de la banqueroute. Si c'est d'un changement de paradigme qu'il s'agit, ce serait l'énième occasion de placer le roi en situation. La République en a connu d'autres qui se sont tous soldés par l'échec de la revendication monarchiste, même si le putsch de 1958 prit des couleurs approchantes quand le pouvoir fut remis au général De Gaulle. Les royalistes aujourd'hui ne sont pas prêts pour conquérir l'espace créé par les troubles et répondre immédiatement à la revendication populaire d'un dictateur à la romaine qui cessera la chienlit générale.

Que donc nos princes - et ce sera le vœu du Piéton du roi pour 2017 - poussent les études de leurs enfants, leur donnent l'aisance future d'un vrai métier, les éduquent au quotidien dans l'inventaire de leurs responsabilités historiques et les dévient des tentations mondaines qui pourraient en faire de petites marquises et marquis poudrés sans cervelle. Cela nous rendrait peut-être service dans l'avenir car votre tour à vous, Messeigneurs de la rente dynastique, est passé.

Hors de cause, Royal-Artillerie-Blog adresse ses vœux les plus sincères aux troupes françaises en opérations extérieures, à leurs cadres de terrain, à leurs chefs de corps. Que l'année 2017 voie le commencement du renouvellement des matériels et dotations techniques afin que l'expertise accumulée par nos hommes dans des engagements rapprochés puisse s'exprimer pleinement dans la sécurité de tous. Salut spécial aux Marsouins.


Bonne et heureuse année à mes lecteurs fidèles !


Vive le roi quand même !

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vendredi 6 janvier 2017

Une biblio monarchiste de base


Stéphane Blanchonnet, président du Comité directeur d’Action française, a réuni dans un court article l'amorce d'une bibliothèque royaliste pour un jeune militant. Ce remarquable travail d'analyse est publié dans l'Action Française 2000 parue ce jeudi 5 janvier 2017 ainsi que sur son blogue personnel A-Rebours.
Après avoir consulté l'articulation de la démarche compilatoire, ses raisons et sa conclusion sur A-Rebours.fr (clic), nous invitons le lecteur à revenir vers nous pour profiter de la version 2.0 de cette mini-bibliographie. Tous les bouquins ne sont pas numérisés et gratuits d'accès mais la plupart, si, et l'étudiant reste près de ses sous.

Un tour au local de la Croix des Petits-Champs (Librairie de Flore) nous semble tout indiqué avant d'acheter un ouvrage papier*. Par ailleurs, il y a d'autres accès à ces textes que ceux que nous avons pris. Le seul site Les Vergers sur la Mer ouvre sur l'océan Maurras pour qui sait naviguer. En fouillant plus profondément l'Internet américain, on peut tout trouver dès lors que le texte a été numérisé, et avec un peu d'adresse, on peut bourrer sa liseuse à peu de frais. Les titres ci-dessous sont mis dans l'ordre de l'article de référence. Merci de votre attention.

La Politique naturelle (CM): Royaliste-Html7

Mes Idées politiques (CM): Vergers-PDF4

Histoire de France (JB): Wikisource-Html5

Histoire de deux peuples (JB): Wikisource-Html6

Vers le roi (LD): Amazon4*

Libéralisme et Liberté (CM): Google_Books-Streaming2

Dictateur et roi (CM): Vergers-PDF2

L'Idée de décentralisation (CM): Vergers-PDF1

L'Avenir de l'intelligence (CM): Vergers-PDF3

La Musique intérieure (CM): Maurras-net-Html2-préface

La Balance intérieure (CM): Maurras-net-Html3-préface

Lettres des jeux olympiques (CM): Maurras-net-Html1

Anthinea (CM): Toronto-Archives-Streaming1

Charles Maurras et l'Action française - une bibliographie (A2B): Leclerc1

Notre avant-guerre (RB): Amazon1*

Mes Arches de Noé (MD): Amazon2*

Les Abeilles de Delphes (PB): Amazon3*


Voilà ! Avec les recommandations de Monsieur Blanchonnet, vous aurez détaché quelques glaçons de l'iceberg Maurras, vous vous approprierez le reste tout au long de votre vie si elle est longue, mais du Maurras, ça imprime facilement dans le cerveau.
Bonne galette, bon courage.




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lundi 2 janvier 2017

Déboisement des impétrants


Ce billet a paru dans Le Lien légitimiste n°72 de novembre-décembre 2016 (p.4 et 5) à la rubrique des 'Libres Propos de Catoneo' sous le titre De l'essartage des lauréats. Il entre en archives Royal-Artillerie à la St Basile, patron des calomniateurs, sous le libellé LLL.

Au grand tournoi de hache franque bien des crânes ont été fendus, dont celui des deux derniers présidents de la République et celui du Gaulliste de référence, ancien premier ministre. A croire que ce régime magique se purgerait des indésirables par lui-même ! De la poussière du champ clos monsieur Fillon a surgi, impeccable, épilé, qui fut désigné champion du Parti de l'Ordre, le dimanche anniversaire de la mort de Clovis. Un destin exceptionnel ! La Droite de gouvernement alignant les bannières de ses différences a rangé son infanterie en cohortes serrées qui regardent amusées la cohue des volailles socialistes tentant d'étouffer leur désordre dans un front de façade qui ne pourra recevoir d'aucune façon l'assaut ! Leur chef a passé Varennes sans encombres. Est-ce fini déjà ? Pratiquement, quoique !
Ce qui était, à l'origine du concept gaullien, la rencontre d'un homme et d'un peuple, a disparu dans la guerre des partis, renouant avec l'ADN gaulois du pays qui abaisse mécaniquement la fonction présidentielle au profit des baronnies subalternes et des chefferies provinciales réduites à leurs guichets achalandés. Le pays est "latin" comme jamais, clientéliste en diable, fait de petits calculs, et si le programme brutal de réformes de monsieur Fillon est jugé par beaucoup indispensable à la survie de notre État-nation, les mêmes en redoutent les incidences personnelles sur eux-mêmes et attendent in petto qu'un troisième tour législatif et un quatrième tour social versent deux fois plus d'eau que de vin dans la jarre ! Le gouvernement botté de monsieur Fillon tiendra-t-il le choc de ses promesses ? Rien n'est moins sûr.

François Fillon
Le champion de la Droite sérieuse est un apparatchik de quarante ans de pratique. Il a commencé sa vie active en 1976 comme assistant parlementaire du député du Maine, Joël Le Theule. Il a occupé tous les postes du microcosme y démontrant une échine souple - contre Maastricht mais pour Lisbonne - jusqu'au dernier emploi qui lui valut le sobriquet de "collaborateur" de la part de son patron. Au jeu des citations, postures et manifestations diverses, on trouve chez lui tout et son contraire et nous ne jouerons pas aujourd’hui, d'autres s'en chargent qui veulent démonter l'armure. Monsieur Fillon est un vrai... politicien, si adroit qu'il ne fait pas politicien. Fils de notaire, bien marié, une seule fois, cinq enfants bien élevés, vie de famille au manoir, il rassure bien au-delà de La Manif Pour Tous. Ce qui devient inquiétant est quand même de l'entendre se revendiquer de Philippe Séguin, un homme politique ayant construit sa légende de bonapartiste dans les combines d'appareil pour finir imprécateur. Même la loi Séguin de 1987, la seule ayant gardé son nom, qui ouvrait l'apprentissage à toutes les filières, n'a pas eu les outils de contrainte nécessaires à son succès - trente ans après nous envions encore l'Allemagne. Archétype de la "machine à perdre", le cacique ténébreux, mais ondulant à ses heures comme devant François Mitterrand lors du fameux débat de la Sorbonne, est parvenu à ruiner le travail de Chirac à Paris jusqu'à perdre la mairie en 2001 après avoir capitulé en rase campagne. C'est Jean-Gilles Malliarakis qui en parle le mieux¹. Premier président de la Cour des Comptes en fin de carrière, agressant de ses remontrances parfois pertinentes les cabinets dépensiers successifs, il a voulu entrer dans l'histoire comme gaulliste social en attaquant toute mesure d'économie sur une fonction publique pléthorique dont il se fit le héraut. Et quand le quotidien de référence de l'opposition publiait ses récriminations avec gourmandise, le journaliste, épris d'équilibre subitement, signalait à côté « qu'en un quart de siècle, les dépenses publiques de personnels, en milliards d'euros constants [avaient] plus que doublé, passant de 140 milliards en 1980, puis 173 milliards d'euros en 1990, et 227 milliards d'euros en 2000 à 288 milliards d'euros en 2007 ». Alors la légende Séguin cacherait-elle un art vérifié du pouvoir de nuisance ? On avait compris qu'il reprochait surtout aux gouvernements visés de ne pas l'avoir retenu comme le premier ministre qu'un fort en thème comme lui à l'évidence méritait d'être. L'intensité de son agitation dans un parcours erratique de trente-sept ans l'y autorisait sans doute, mais pas ses nerfs. Monsieur Fillon a-t-il vu cet échec séguiniste avant de se réclamer de ce grand inutile ? Pourquoi ? Pour faire à son tour patriote-libéral-social ? Et le programme carré qu'il espère forcer à la Chambre pourra-t-il passer sans arrondir les angles ? Le nombre des sceptiques s'accroît ; ils anticipent les amendements qui huileront les commissions parlementaires si tant est que la Chambre nouvelle soit conquise et acquise au président nouveau, l'électorat n'ayant pas peur des cohabitations.

A preuve de tout cela, il y a deux réformes préalables à la grande Réforme d'un pays failli comme le nôtre qui n'apparaissent pas. Et si ce sont des réformes difficiles², elles sont aussi le passe-fil de toutes les autres, du moins elles en ouvrent le canal.

Marine Le Pen
Il y a d'abord la séparation du Parlement et de l'État. L'État est pris ici dans son acception générale d'administration du territoire et des peuples. En attendant qu'un roi simplifie l'épure constitutionnelle, le parlement est souverain en ce qu'il porte l'expression de la Nation. Il n'est pas logique que le parlement chargé de mettre en œuvre la politique de la Nation, soit envahi par les corps constitués de l'administration publique et ses affidés. Ils ne peuvent légiférer d'un côté et rédiger voire différer sine die les décrets d'application de l'autre. Il y a clairement conflit d'intérêts*. La pénétration de la fonction publique dans les rouages parlementaires est une absurdité dont s'est protégée la Grande Bretagne par exemple. L'inéligibilité des fonctionnaires cesserait leur pression au parlement et permettrait d'ouvrir la voie à la réduction du périmètre de l'État contre laquelle ils se battent becs et ongles. Comparés à nos partenaires de l'OCDE, nous avons 1,6 million de surnuméraires rapportés à la moyenne, et plus encore comparés au cousin germain. Réduisons le périmètre pour réduire les effectifs (et non pas l'inverse). On pourrait le faire en plus ou moins vingt ans au fur et à mesure des départs en retraite.

(*) Le patron, la Nation, est gouverné par ses employés, les fonctionnaires !

Aparté : quand les syndicats de fonctionnaires instrumentalisent le travail pénible des infirmières ou le danger d'exercer celui de policier ou de pompier, il faut répondre que nous n'avons pas cinq millions ciçnq cent mille agents de ces catégories et par contre beaucoup de doublons entre la fonction d'État et la fonction territoriale et aussi du bois mort détaché ci et là.

Emmanuel Macron
La seconde réforme-mère est le sevrage des syndicats professionnels aux financements publics. Les syndicats ouvriers et patronaux ne doivent pouvoir compter que sur les cotisations de leurs adhérents, ce qui forme la première motivation de leurs cadres à défendre leurs intérêts propres. Ceci ne veut pas dire qu'il faille pétrifier leur influence à la masse des cotisations actuelles. Dans la mesure où certains services aujourd'hui "publics" seraient reversés aux partenaires sociaux responsables, la masse d'adhérents augmenterait forcément pour simplement couvrir les besoins de tout un chacun, comme il en va chez nos voisins. Le tarissement des subventions publiques changerait carrément le programme de défense des intérêts catégoriels qui resteraient différents des intérêts généraux que les centrales syndicales disputent aux élus. On passerait du parasitisme au paritarisme vrai. Une bonne coopération serait d'ailleurs utile au point suivant.

Jean-Luc Mélenchon
Devrait intervenir dans la foulée une troisième réforme au titre de la justice sociale. Elle serait comprise par tous jusqu'au hameau le plus reculé dans un pays friand d'égalité : l'euro cotisé pour sa pension future doit avoir la même valeur pour tous. Cette proclamation d'une réelle égalité en droits serait le sceau de justice qui validerait tout le reste du programme. Il s'agirait d'établir une retraite équitable universelle par points. Les régimes de pensions de base publiques et privées devraient être fusionnés pour aboutir à un régime unique. Le système par points permettrait ensuite d'arrêter les régimes spéciaux qui sont une vraie gangrène pour la cohésion nationale tant les disparités sont grandes et les bénéficiaires arrogants. La caisse unique par points supprimerait naturellement de nombreuses caisses complémentaires et de substitution qui vivent dans le déficit perpétuel. Le futur statut de la caisse unique pourrait être apparenté à celui de la Banque de France, protégée comme il faut pour y interdire les doigts crochus de l'État qui viendrait sinon y calmer le prurit de son impéritie, comme il le fait aujourd'hui en pillant la Caisse nationale pour alimenter la ligne budgétaire des pensions de ses fonctionnaires. Il serait possible à tous de cotiser ailleurs pour soi-même mais sans défiscalisation pour ne pas diminuer la ressource des cotisations obligatoires.

Malheureusement, on ne voit pas ces projets dans les cartons de monsieur Fillon, même si dans le microcosme parisien le troisième est évoqué plus fréquemment que les deux autres, parce que des pays modernes utilisent les points à leur entière satisfaction. Seule la bureaucratie tsariste retranchée dans les caisses spéciales y fait obstacle chez nous et quelques idéologues en péril, l'intelligence cédant le pas au goût du pouvoir petit !

Vincent Peillon
Reste tout simplement à monsieur Fillon d'être élu. Élu contre l'État ! Le mal français réside dans l'étatisation à outrance² qui plombe le génie de ce peuple et sa créativité naturelle : le mammouth est devenu un géant et bien malin qui le tuera. Avec cinquante-sept pour cent de captation de la richesse produite, l'État français est devenu invincible ; et si l'on y ajoute les monopoles socialistes stratégiques que sont l'EDF, la SNCF et quelques autres, on voit la République parfaitement installée pour continuer à vampiriser la Nation sur laquelle elle se vautre, énorme. D'ici mai 2017, quatre mois peuvent suffire à l'État pour se sauver de l'amputation en faisant peur à tout le monde. Cela a commencé. L'État dans son ensemble devient dans l'esprit de la Gauche quelque sorte de sécurité sociale globale qui protégerait de tout. Ses fortifications sont en cours de relèvement. On va hisser l'artillerie de rempart.

Saluons pour finir l'intelligence du politburo de Sens Commun qui, pour une fois à droite, monte en croupe du candidat le plus proche de ses idées susceptible de gagner, plutôt que de soutenir son propre candidat forcément relégué à une campagne de témoignage que personne n'entendra. Le grand sweepstake de l'an prochain se courra entre cinq écuries de tailles comparables, comme on pouvait s'y attendre : un centre, flanqué de part et d'autre des deux partis historiques de gouvernement qui chercheront à le phagocyter, et deux extrêmes qui se touchent. Tout le spectre politique est couvert, il n'y a plus de place, sauf pour un messie.

(1) Cf. L'Insolent
(2) Ce sujet avait été traité dans Royal-Artillerie en deux billets du mois de novembre :
- Trois réformes-mères
- La Réforme impossible
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