lundi 28 mars 2016

Où l'on reparle des frontières...

La série d'attentats islamistes en Europe occidentale renforce le parti du combat de tranchée. Quoi de plus naturel pour attraper les Freux d'Allah que de remettre partout les barrières douanières laissant ensuite à chaque pays la responsabilité de la chasse sur son territoire. C'est tellement évident que pointe au fond du cortex reptilien du Néanderthal Nouveau le doute métaphysique : Et si c'était trop simple ? Une fois les frontières blindées et le Mur de l'Atlantique relevé - comment, par qui et à quel prix? - nous nous sentirons à nouveau chez nous. Sauf que...



On apprenait jadis au collège que le territoire métropolitain faisait 550.000 km², soit mille kilomètres en hauteur, de Dunkerque à Tamanra au Perthus et autant de Brest à Strasbourg. Ce grand pays est troué partout de nids à rats* où s'avère gésir la menace la plus menaçante, auquel cas il ne faudra pas attendre longtemps pour que le principe de l'infranchissable relève aussi les octrois des villes et barrent les routes de postes de gendarmerie cantonale, et ailleurs de portiques capables de faire un fond d'œil des conducteurs à transmettre en temps réel au commandement central de la Vallstasi, enfoui dans les carrières de gypse de Taverny (Val d'Oise). C'est une amélioration sensible du dispositif de coercition que connut la France occupée par nos cousins germains.

(*) M. le Ministre de la Ville en compte une centaine en métropole.


Des voix s'élèvent du camp de la frilosité pacifiste pour annoncer un coût économique sensible pour la France et ses voisins et au-delà. Ce qui tombe mal pour un Etat en faillite incapable d'impulser aucune amélioration mais ayant tout fait pour gélifier l'emploi chez nous quand il croît partout ailleurs. Se sont penchés sur le problème le Commissariat français à la stratégie, mieux connu à l'enseigne de France Stratégie, et la Fondation allemande Bertelsmann qu'on ne présente plus.

France Stratégie chiffre à dix milliards d'euros par an (source FS) l'abandon du dispositif Schengen. La généralisation des contrôles permanents serait équivalente à une taxe de 3% sur le commerce entre les pays de la zone Schengen, qui diminuerait structurellement de 10 à 20%.
La Fondation Bertelsmann (épaulée par l'Institut Prognos) voit grand. Son travail couvre 42 pays qui représentent 90% du commerce mondial. On y apprend que le rétablissement des contrôles au sein de l'espace de libre circulation Schengen entraînerait dans l'Union européenne un surcoût des échanges commerciaux situé entre 470 et 1400 milliards d'euros en dix ans selon l'hypothèse dérivée (Source FB). La France en serait pour 80-244 Mds€ et l'Allemagne pour 77-237 Mds€ selon l'hypothèse dérivée. Mais c'est la Grande Bretagne qui douillerait le plus avec une fourchette de 87-264 Mds€ sans prendre en compte le Brexit. Tous les autres pays seraient touchés jusqu'aux Etats-Unis et en Chine.

On savait l'Union européenne première zone économique mondiale mais sans doute pas à ce point ! Le Big Bizness va-t-il laisser faire ? Inutile d'envisager une quelconque opposition musclée des miquets que nous nous sommes choisi comme gouvernants. Les "gros cigares" ne se laisseront pas impressionner par qui vous savez, sauf à laisser les démagogues s'agiter dans les lucarnes bleues, la main sur le cœur et le menton haut. Alors quoi ?


La menace est l'espèce humaine, pas les bocaux de Nutella

La libre circulation des marchandises doit être maintenue le plus possible afin de préserver nos atouts : import-export, investissements industriels et logistiques, agriculture commerciale sont les atouts européens. Notre compétitivité internationale n'est pas un slogan, elle induit l'emploi et par ricochet le financement de nos modèles sociaux ; elle est donc primordiale pour tous ceux qui n'émargent pas au payroll public. Dans le mensuel NPI, Nathaly Stey nous précise que les contrôles aux frontières intérieures de l'UE, en diminuant la fiabilité des délais de livraison, mettrait à mal les schémas de production décentralisée faisant appel à des produits semi-manufacturés en provenance de plusieurs pays européens. A terme, une telle évolution aurait des conséquences sur l'accueil d'investissements sur le territoire européen. L'abandon de Schengen aurait surtout un effet très lourd sur les travailleurs frontaliers (source NPI).

La logique voudrait donc que l'on sépare les flux - le fer d'un côté, le steak de l'autre - et que l'on privilégie pour y atteindre le fret massifié et le report modal. C'est bien la route ouverte à tout le monde qui crée le problème "Schengen". Deux vecteurs hors-route sont convoqués à cette spécialisation, la voie d'eau et la voie ferrée. Par chance elles participent à l'équation environnementale. Favoriser le report modal consiste à mettre côte-à-côte le navire de haute mer, la barge fluviale et le train-bloc au détriment du camionnage qui atomise le transport et suscite les contrôles (comme à Calais). L'Europe occidentale a tout le savoir-faire nécessaire pour améliorer son report modal et elle peut investir dans la séparation des flux routiers en approche des frontières si on en reste au schéma de frontières intérieures blindées. Les passagers seront, eux, bombardés de rayons dans les gares, aérogares, et postes douaniers jusqu'à la généralisation de la biométrie partout. Nous vivrons alors une époque formidable de flicage global comme ne pouvaient l'imaginer les polices communistes dans leurs rêves les plus fous. Non ? Alors quoi ?


Passer à l'offensive serait plus économique et moins liberticide

Effectivement, on pourrait moins se défendre et attaquer plus. En commençant par chez nous ! Quand un gouvernement, normalement monté, décidera-t-il de purger les "quartiers" de leur armement ? On sait faire parce que l'histoire nous a montré comment faire. On sait aussi spécialiser la procédure aux populations intéressées. Expliquer cela dans ce blogue contreviendrait aux lois, mais...

Priorité au renseignement : le renseignement offensif doit être ciblé par économie des moyens et commandé par des gens intelligents et non par des courtisans. Les résultats doivent être traités à part selon des procédures légales adaptées, supervisées par des parquets spécialisés. Ces résultats doivent être mis hors d'état de nuire et leur environnement neutralisé pour de bon tout en préservant les ratières utiles. Autant dire que le cadre légal pourrait mieux faire. Mais ceci serait un chapitre supplémentaire qui nous départirait de notre sérénité proverbiale.


En conclusion, pour mettre efficacement nos concitoyens en sûreté, nous avons le choix entre le flicage global qui a la faveur des esprits simples et l'attaque frontale de la menace. Pourrons-nous attendre treize mois ? Peut-être !

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lundi 21 mars 2016

Ces Algériens qui nous aimaient

Jeune royaliste, j'ai eu le privilège de serrer la main du Bachagha Boualem aux Baux de Provence, et en ces temps d'outrances médiatiques poussant à commémorer l'infâme, je fais mon billet hebdomadaire sur ces Algériens de souche qui étaient fiers d'être Français malgré le désastre de juin 40 et la liquéfaction de l'empire intenable. Mais ils avaient confiance en nous puisque l'Algérie n'était pas une colonie quelconque mais une province française constituée de trois départements maritimes et des Territoires du Sud, le Sahara.
Se laissèrent-ils abuser ? Sans doute par une foi aveugle en la République, un manque de perspective, associé à la trahison inattendue du plus grand général qu'ils avaient jamais vu en Algérie - Charles De Gaulle mesurait deux mètres.

C'est à Saint-Hippolyte du Fort en Cévennes que le jeune Saïd sortit à 13 ans du circuit scolaire commun pour entrer à l'Ecole des enfants de troupe. Appartenant à l'infanterie, comme celle de Montreuil-sur-Mer où il finira ce cycle en 1924, Saïd s'engagera au 1er Tirailleurs caserné à Blida. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le 1er RTA intégrera la 3è Division d'Infanterie Algérienne du général Juin qui se couvrira de gloire en Italie aux combats du Garigliano. Cette manœuvre osée à travers les escarpements infranchissables des Appenins fit sauter le verrou de Monte Cassino en le contournant par le Nord. Saïd Boualem survivra aux engagements meurtriers des tirailleurs dans les Vosges. Il quittera l'armée après vingt ans et plus de service actif, monté du rang jusqu'au grade de capitaine.

Le reste de son histoire et pendant les évènements d'Algérie est relaté sur cet excellent site : Le Bachagha Boualem. Il administrera un douar de montagne de 33000 hectares dans l'Ouarsenis, n'acceptera jamais la politique algérienne des gaullistes qui dissoudront en 1960 son Front Algérie Française, fort d'un million d'Algériens pro-français à contre-courant du sens de l'histoire. Après avoir perdu son frère, un fils et son beau-frère, assassinés tous les trois, il entrera en France métropolitaine le 18 mai 1962 au sein de la grande vague des rapatriés, avec quelques-uns de ses harkis qu'on lui permit d'emmener, quelques-uns qui ne subirent pas les tueries de Lamartine relatées ici (âmes sensibles s'abstenir). Merci M. Hollande d'avoir pensé à eux !



Ayant fait mon service militaire en compagnie d'anciens du 7è RTA, j'ai eu le temps d'écouter les récits de campagne de ces unités algériennes qui étaient considérées comme la crème de l'armée régulière, les tirailleurs manœuvraient en cravate et ne roulaient pas en marchant comme les parachutistes. Le 7 comme les autres avait dérivé une harka. Ma section disciplinaire était souvent affublée de ce nom, craché comme une insulte, mais on ne commande pas à des taulards comme à des gars de bonne famille. Sur le sort des supplétifs indigènes je n'ai jamais rien entendu dire parmi mes camarades, ce qui me fit comprendre plus tard le niveau d'horreur atteint par la vengeance des nouveaux maîtres. On sut bien après l'indépendance que beaucoup avaient été bouillis vivants. On sut aussi que toute leur famille et leurs descendants furent proscrits. On comprit mais un peu tard que ces damnés, barrés de tout emploi, avaient pris le maquis pour le compte du GIA et se vengeaient à leur tour. La clique au pouvoir à Alger ne sut jamais gouverner intelligemment, ça continue, la lecture des journaux algériens en ligne comme ChoufChouf ou Liberté (mais il y en a d'autres) révèle que des émeutes éclatent ci et là chaque semaine.

Et dans ces circonstances d'incurie d'un bord à l'autre de la Mer Méditerranée, M. le Président éphémère de la République française va faire une télé en extérieur pour meubler l'ennui de sa gouvernance un 19 mars, jour anniversaire des Accords d'Evian ! On n'avait pas fait pire, mais le plan "communication" de M. Gantzer exigeait sans doute l'ostention de Saint Flanby devant la foule officielle des otaries socialistes dans une semaine creuse. Connards !


Le 1er Tirailleurs a été recréé en 1994 à Epinal grâce à Philippe Séguin. C'est un régiment d’infanterie blindé appartenant à la 1re Brigade mécanisée de Châlons-sur-Marne. En attendant le conflit de haute intensité auquel il est préparé dans une guerre continentale, il est engagé en opération extérieure depuis 2002, partout, de l'Afghanistan à la Côte d'Ivoire. Son insigne de béret est le croissant de lune hilal, sa pucelle dit en arabe « Premier toujours premier ». D'où il nous observe, le Bachagha Boualem est heureux de voir perpétuer l'esprit tirailleur* dans une unité française au contact. Il est enterré dans la Crau à Mas-Thibert depuis le 8 février 1982. Il est Grand Officier de la Légion d'Honneur.

 


(*) L’esprit tirailleur constitue le ciment qui unit chefs et tirailleurs, anciens chibanis et jeunes boujadis. Cet «esprit tirailleur» repose sur un ensemble de valeurs qui imprègnent profondément le style de commandement et les liens de camaraderie entre turcos : le respect des coutumes d’autrui (la Caïda), la chance que l’on sait provoquer (la Baraka), la justice (la Chraa), l’esprit guerrier et le courage au combat (le Baroud) et sur tout cela, un soupçon de fatalité (le Mektoub ou l’acceptation de ce qui nous dépasse). Les traditions sont vécues à tous les échelons du régiment, puisque chacune des sept compagnies du régiment (et chacune des sections qui les composent) est jumelée avec un ancien régiment de tirailleurs, dont elle perpétue les traditions et entretient les liens avec les amicales d’anciens tirailleurs qui lui sont rattachées. A son arrivée au régiment, chaque tirailleur passe son baptême au cours duquel un jury évalue ses connaissances en matière d’histoire et de traditions, gage d’appropriation de l’esprit tirailleur jusqu’au niveau individuel.
C’est avec fierté que les tirailleurs perpétuent cet héritage, notamment incarné par sa Nouba, formation musicale portant la tenue traditionnelle des tirailleurs, et de son bélier-mascotte Messaoud. Ces traditions rayonnent chaque année avec un éclat particulier à l’occasion de la fête régimentaire du Garigliano
(source : Blog du 1er RTir).

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mardi 15 mars 2016

La diagonale du fou


SU-35

Quelle mouche a piqué le Csar de toutes les Russies avant la chute de Palmyre ? Vladimir Poutine plie les gaules et rentre à la maison. Pour quelles raisons ? Toutes les hypothèses sont sur la table des exégètes payés au mois, mais il en est une que je privilégie : la déception russe devant le peu de combativité de l'infanterie syrienne. Elle n'avance qu'après la vitrification de l'espace par les appui-feu russes. Quasiment réduite à sa composante alaouite, parfois enrôlée de force, elle ne se bat pas, elle occupe le vide créé. On va toucher du doigt la vérité de cette déception demain dans les combats de Palmyre, d'où l'armée syrienne s'était enfuie sans combattre à la simple annonce d'une avancée de l'OEI. Reprendra-t-elle la ville sacrée et s'y maintiendra-t-elle, seule ?

La deuxième raison qui peut avoir irrité Vladimir Poutine est un certain renouveau de l'arrogance de Bachar el-Assad et sa clique, fiers de la progression de leurs armées sur le terrain alors que tout le crédit est à porter aux opérations russes. Les voilà qui déjà nous signalent que le président alaouite sera imbattable en cas d'élection, alors que tous les acteurs de terrain, à la notable exclusion de l'Iran, le souhaiteraient déjà mort pour pouvoir écrire la suite !

La troisième raison est stratégique. la Russie n'a aucun intérêt à se brouiller avec la Turquie même si l'entêtement du Sultan Erdogan est difficile à gérer. La Russie est en délicatesse avec l'Union européenne sur la question ukrainienne, elle doit faire face à l'hostilité ouverte des Pays baltes et de la Pologne qui a conduit les Etats-Unis à renforcer sensiblement le front oriental de l'Alliance atlantique, ses alliés naturels de la CEI ne lui sont d'aucun secours ! Aussi pourquoi se mettre en plus la Turquie à dos ?

S'il fallait rajouter une autre raison, je pencherais pour un souci de détente avec l'Administration Obama qui est la seule clef pour faire baisser les sanctions européennes, les plus génantes. L'économie russe est très mal en point et aucune guerre n'a jamais guéri durablement un pays arrêté sur place, de son propre fait !

L'attitude de la Russie aux négociations syriennes de Genève qui s'ouvrent aujourd'hui, sera très éclairante, n'en doutons pas.

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lundi 14 mars 2016

La Chancelière fait la loi

Angela Merkel ne laisse d'étonner la classe politique européenne dans sa gestion germano-allemande de la crise migratoire du Proche et Moyen Orient. Le deal conclu avec le Premier ministre turc Davutoglu a été mis au point la veille du sommet européen lors d'un dîner de travail à l'ambassade de Turquie à Bruxelles auquel participaient le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, au titre de la présidence semestrielle du Conseil de l'Union, la chancelière allemande et c'est tout ! Ni Donald Tusk, président du Conseil européen, ni Jean-Claude Juncker, président de la Commission, ni Federica Mogherini, chargée des affaires extérieures de l'Union, n'étaient convoqués. Le paquet est arrivé tout ficelé sur le tapis vert de la conférence le lendemain 7 mars. A prendre ou à prendre ! Son contenu n'est pas le sujet du jour (1 asile accordé en Europe pour chaque migrant expulsé en Turquie, 6 milliards d'euros de concours européens à Ankara en plusieurs tranches) mais le diktat prussien, si !

Coup d'Etat, coup fumant ? Un coup pour sûr ! Le deal est dans la droite ligne du pacte d'Ankara négocié un mois avant sur place et personnellement par la chancelière avec le Sultan Erdogan. Sans voiles vaporeux qui masqueraient la diplomatie de Berlin, l'Allemagne a pris la crise migratoire à bras le corps, laissant glapir autour d'elle qui veut glapir. Elle n'en a cure, elle l'a dit, elle n'a pas de plan B ou C, elle gouverne ! Sans attendre l'exégèse des droits de l'homme et du réfugié, les je-veux-tu-veux-pas de son partenaire historique (c'est nous), la peur panique de ses clients orientaux devant les hordes basanées, elle renforce le pan low-cost de son économie, dut-il en cuire d'ailleurs aux Tchèques rétifs qui hébergent encore de l'industrie teutonne.

Aparté : la France est complètement gommée de l'épure. Est-ce une réplique aux déclarations avantageuses de notre Premier ministre qui, menton haut, débinait la politique immigrationniste à Munich ? Peut-être bien, quoique M. Valls compte pour du beurre à la Chancellerie, ce qui reste de l'attelage franco-allemand étant géré à l'Elysée, ils le savent.

On feint d'oublier que la relation germano-turque est ancienne et plus solide qu'on ne veut l'accepter ici. C'est le 24 mai 1902 que le Grand Vizir ottoman, Mehmed Said Pascha, reçut l'ordre du Mérite de la Couronne de Prusse. Cette décoration consacrait les efforts de Guillaume II à attirer dans son camp l'Empire ottoman promis au dépeçage par les hyènes anglo-françaises. Ce sera le Bagdadbahn Berlin-Byzance-Bagdad, l'alliance militaire qui sera actionnée lors de la guerre pour les détroits dans la Bataille des Dardannelles (1915), une coopération intense etc... jusqu'à aujourd'hui. Plus de cinq mille entreprises allemandes prospèrent en Turquie et la République fédérale "détient" quatre millions de citoyens turcs sur son sol. De quoi discuter concrètement !




Pourquoi dès lors engager des négociations visqueuses avec vingt-sept partenaires de l'Union puisque le programme allemand est déjà affiché : on prend tout ce qu'il y a de bon dans les colonnes de réfugiés et migrants, on expulse les indésirables quand on a un motif même mince¹, mais il fallait pour cela disposer d'une poubelle : la Turquie veut bien gagner quelques sous. On décourage les autres, les pas qualifiés mais en règle, en les poussant chez les voisins qui ont des systèmes sociaux en capilotade et n'y verront que du feu. Le Pacte de Varsovie Visegrad ayant bloqué ses frontières, on déversera les migrants à recycler sur les plaines du Bénélux et de France ! Le Danemark qui a vu venir le coup a bouclé ses accès, comme ses voisins scandinaves. L'Autriche est du même avis comme sa colonie slovène. De fait l'Allemagne va inonder la rive gauche du Rhin !

Que conclure ?
Que l'Allemagne est gérée.
On peut critiquer la Chancelière de Prusse sur la pertinence de ses décisions solitaires (elle consulte peu en fait au sein de son cabinet) mais nous, Français, ne pouvons qu'être étonnés de voir un chef de gouvernement gouverner. Ici, tout est com, tables rondes ou carrées, bavardages, procès d'intention, hystérie pour des choses minuscules, voyages de la Cour au soleil, célébration des pizzaioli au Palais Bourbon (mdr).

Entre-temps notre cousin germain a terminé l'exercice 2015 sur "une croissance à 1,7%, un chômage au plus bas depuis 24 ans à moins de 5%, une dette publique en chute libre à 71,4% du PIB, un excédent budgétaire de 0,9% du PIB, un excédent commercial record de 248 milliards d'euros, et un record d'exportations à 1196 milliards d'euros" (source Marc Fiorentino).

Alors dites-vous bien qu'en dépit des sourires et des politesses diplomatiques, la Chancellerie du Reich nous conchie !

Et il ne nous reste qu'à la boucler, hélas. Serons-nous critiques qu'au prochain conseil européen ils étaleront à plaisir notre gouvernance gélatineuse, notre incurable gabegie, notre impuissance à la tarir, le risque que nous représentons pour l'Europe sérieuse !

Trois quart de siècle plus tard, nous sommes toujours des Französisch Schweinen ! Rien compris, rien appris !


(1) D'après l'ambassadeur d'Allemagne à Paris ce matin sur Europe 1, le taux de rebut est actuellement de 50%.


Chancelière Merkel au mausolée d'Atatürk à Ankara


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Reprendre le pouvoir, de Gabriel Privat

Dans la 65ème livraison du Lien légitimiste (sept-oct. 2015), Gabriel Privat avait déployé son talent pour nous transporter du royaume de l'impossible - celui d'une restauration monarchique ex machina - au royaume des bonnes volontés de progrès, vers la reconstruction d'un environnement favorable au retour du roi. En voici le texte, accompagné de quelques notes critiques du Piéton s'il y a lieu...


Un constat de désastre


Les défenseurs du roi ne manquent pas dans le pays de France. Deux sondages réalisés à vingt ans de distance, l'un en 1987 par IPSOS pour le journal Le Point et l'autre en 2007 par BVA, à la demande de l'Alliance royale pour le journal France-Dimanche, révélaient que 17 % des Français étaient soit très favorables, soit assez favorables à l'exercice du pouvoir suprême par un roi en France. Un sondage plus récent, de 2014, réalisé par Opinion Way et Sciences-Po révélait que 50 % des Français espéraient l'exercice du pouvoir par un homme fort n'ayant pas à se préoccuper des élections et du parlement, ce qui, cependant, n'est pas tout à fait la description du roi, mais d'un César, institution dictatoriale compatible avec une république. Cependant, 75 % des mêmes sondés n'accordaient plus leur confiance à l’État et à la République. Ce dernier sondage traduit-il un renversement de l'opinion en faveur de la royauté, alternative au régime républicain ? La faiblesse numérique extrême des mouvements royalistes montre le contraire.

Ceux-ci, en nombre pléthorique, en offrent pour tous les goûts, entre différentes fidélités dynastiques, différentes approches politiques, tactiques ou stratégiques, et des sensibilités presque aussi variées qu'il y a de chapelles partisanes dans ces milieux d'autant plus éclatés qu'ils sont peu nombreux. Nous sommes loin du temps d'avant-guerre où Léon Daudet, ténor de l'Action française, réunissait 60 000 auditeurs au stade Charlety. Aujourd'hui, quand une réunion royaliste réunit plus de trente convives, ses organisateurs sont satisfaits. Lorsque la centaine est dépassée, les plus fous espoirs semblent permis…
Ce que cela révèle, outre l'incapacité des mouvements royalistes, pour l'heure, à s'adresser au plus grand nombre, c'est surtout le fossé qui sépare le sentiment traduit par ces sondages et la réalité du choix politique. On peut espérer le retour d'un roi ou en caresser l'idée comme un doux rêve et se faire raison de la présence de la République. De la même manière, on peut soupirer devant un homme fort et retourner voter pour les mêmes aux élections suivantes. Le sentiment n'est pas une action, ni même un engagement, il engendre une sympathie. C'est un premier pas, mais c'est peu.

Ce sentiment (ndlr: de sympathie monarchiste) est-il fiable lui-même ? Il est raisonnable de penser que oui. En effet, la question posée en 1987 et en 2007 repose sur un attachement de fond, tout à fait indépendant des querelles conjoncturelles ou politiques du moment. On peut, par conjoncture, haïr un gouvernement ou homme, même haïr un régime. Mais on ne fait pas le choix d'une institution aussi différente de celle actuellement en place, par conjoncture. Le sentiment royaliste est donc tout à fait structurel. En outre, la stabilité de la réponse à vingt ans d'écart, alors que les sondés ne sont certainement pas les mêmes et que la France, en vingt ans, a changé, permet d'accorder crédit à la solidité de ce sentiment. Sa répercussion étrange dans le sondage, lui très conjoncturel, mais à effet démultiplicateur, de 2014, confirmé par un sondage en ligne du Parisien, certes moins fiable puisque réalisé de manière spontanée et donc sans méthode statistique, mais toujours intéressant à prendre, qui en août 2014 révélait également que 52 % des sondés souhaitaient la présence d'une famille royale en France, sa répercussion donc, montre que ce sentiment est fiable et pourrait croître dans les années à venir si les cadres du régime en place venaient à continuer, comme on peut le craindre, leur politique désastreuse de gribouille.
Les récentes déclarations d'Emmanuel Macron, ministre de l'économie, au journal L'1, en faveur d'un régime mixte mêlant démocratie et royauté, ainsi que les propos de salon que l'on entend ici ou là en faveur d'un roi, montrent la ténacité de cet attachement, comme un soupir nostalgique du temps heureux, non seulement dans les couches populaires mais aussi dans l'élite sociale.

NDLR : Le Piéton du roi se fierait moins aux sondages que l'auteur qui ne se risque heureusement pas dans l'arithmétique des possibles. L'enquête d'opinions de SYLM de 2009 (clic) préparant aux Premières Assises Royalistes (manifestation avortée) indiquait d'une part que les monarchistes français venaient de tous les horizons politiques et classes sociales et d'autre part, qu'ils ne se maintenaient pas dans les chapelles royalistes dès qu'ils entraient dans la vie professionnelle, les devinant comme de simples "rétroviseurs". Sur la base du nombre de réponses et sur d'autres coups de sonde, on estimait le nombre de royalistes engagés (au moins une cotisation ou un abonnement) à quatre mille en France.

Alors pourquoi ce sentiment ne se traduit-il pas en action ou en choix politique de la part des Français ? Penchons-nous sur la nature du pouvoir royal pour avoir un élément de réponse :
Le roi est dynaste, c'est à dire qu'il exerce un pouvoir essentiellement familial. Il est l'héritier d'une famille et il transmettra à son tour la couronne à son héritier. Il n'est qu'un maillon de la chaîne, il ne s'appartient pas. Le souverain est un cas unique, il est le seul homme qui ne s'appartienne absolument pas. Un religieux prononçant des vœux perpétuels, ou un fiancé acceptant de recevoir sa fiancée pour épouse et étant reçu par elle, font le choix de ne plus s'appartenir dans l'avenir, mais c'est une décision libre, même si elle est sans retour. De la même manière, dans la plupart des cas, si une fois parent on l'est pour toujours sans retour possible, ce choix a été librement opéré au préalable avant de désirer avoir un enfant. Un homme qui engage sa parole d'honneur fait aussi un choix avant de s'abandonner. Un héritier peut toujours renoncer à son héritage. Un testateur pour toujours exclure une partie de sa succession de ses héritiers. Le roi est le seul personnage qui, à aucun moment de sa vie, n'a pu opérer le choix libre d'accéder à la couronne. Il est le seul véritable prisonnier de France, prisonnier du service de l’État, garant obligatoire de l'unité nationale, ainsi que toute sa famille. Il est la seule victime nécessaire au maintien de l'institution, c'est une sorte de sacrifié, à ceci près que le seul véritable sacrifié de l'histoire de l'humanité, Jésus Christ, a également librement consenti à la Croix, ce qui n'est pas le cas du roi, victime infiniment moins noble bien sûr, mais également infiniment moins libre.

Dans une société où l'institution familiale est fortement installée, reconnue par tous comme utile, assise sur le mariage légitime et perpétuel, où les parents assument leurs devoirs sans sourciller et où les enfants respectent ces hiérarchies d'une institution d'amour, il est déjà difficile d'accepter une telle folie politique que cette royauté dynastique. On comprend bien que dans une société où la famille a éclaté, où plus de la moitié des enfants naissent hors mariage, où les solidarités inter-générationnelles sont amoindries, où un couple marié sur deux divorce, où en somme la famille devient à la fois une sorte d'Eden rêvé et une réalité contractuelle morne, le roi n'est plus du tout une réalité politique concevable.

En plus d'être familiale, l'institution royale est fortement patrimoniale, mais d'un patrimoine spécial. Le roi est le maître légitime de son royaume, le maître légitime de la France, mais il n'en est que l'usufruitier. Sa possession morale du pays, qui n'est nullement matérielle, hormis sur ses biens propres, est partiellement impuissante, puisque le seul acte de volonté que puisse accomplir le souverain est de toujours chercher à préserver, voire accroître, ce bien, en vue de le léguer tel quel à son successeur. Cette patrimonialisation spécifique du territoire national est la garantie de son intégrité en royauté, contre les démantèlements, les guerres civiles, les sécessions. Mais c'est une notion toute familiale de la propriété, assez proche de celle pratiquée dans l'antiquité grecque archaïque, que l'on retrouve sous une forme très atténuée dans le régime de l'usufruit en indivision et dans les Sociétés civiles immobilières (SCI).

NDLR : Sur la patrimonialité du roi, relire aussi Democracy : The God That Failed de Hans-Hermann Hoppe. A défaut de l'original, une présentation sur RA : De la supériorité économique de la monarchie

Alors que l'obligation d'égalité entre les héritiers dans un testament (exception faite de la quotité disponible) et les droits de succession ratiboisent à chaque génération les patrimoines constitués, alors que la propriété privée actuelle est souvent personnelle, plus rarement familiale et presque jamais communautaire, on comprend également que cette notion patrimoniale de la royauté la rend excessivement lointaine pour les Français d'aujourd'hui.

Enfin, la royauté, par son essence, est un pouvoir arbitral. Parce que le souverain est à part du remuement de la société politique, seul véritable dynaste, seul pouvoir permanent, seul à n'appartenir à aucun parti parce que ne devant rien à personne si ce n'est son père, il est un arbitre. Cela ne signifie pas que le roi n'a pas de parti pris politique à un moment ou un autre, ni de conviction. Mais par sa position il est le plus naturellement porté à se détacher des groupes de pression et à prendre une vision d'ensemble et de hauteur que nul autre ne peut avoir. Tout homme est amené à cultiver, d'une manière ou d'une autre, une vision partielle, celle de sa famille, de sa région, de ses goûts, de ses appartenances professionnelles, partisanes, intellectuelles ou spirituelles. Ses fonctions ou les groupes qui lui ont permis d'exercer des responsabilités lui donnent une vision partielle, centrée sur des intérêts catégoriels. Le champ de ces intérêts est de plus en plus large au fur et à mesure que l'on gravit les échelons hiérarchiques de la société, mais ils ne sont pas l'intérêt commun. Le chef de l’État élu, lui-même, quoique président aux destinées de tout un pays, reste lié à son parti et aux groupes qui lui ont permis d'accéder au pouvoir. Le roi, seul, par la nature de son pouvoir plus que par sa personne, est en position d'arbitre et donc de pouvoir établir les choix les plus opérants pour le bien commun.

Là encore, le Français d'aujourd'hui reste perplexe devant cet extra-terrestre politique dont il comprend l'utilité, mais qu'il n'arrive pas à saisir.
Pour toutes ces raisons, et bien d'autres encore, plus historiques, liées à l'augmentation du nombre d'années nous séparant de la royauté de jadis, liées au déracinement dans les anciennes provinces, à l'affaiblissement des cadres sociaux traditionnels, notamment dans le monde professionnel, où les syndicats n'ont jamais pu remplacer efficacement les corporations faute de responsabilités sociales suffisantes, la royauté semble pratiquement inconcevable pour les Français qui ne traduisent pas leur attachement en action politique.

Au fur et à mesure que l'évolution de la société française en particulier et du monde occidental en général avance vers la destruction des structures familiales naturelles, des enracinements territoriaux, des corps sociaux constitués en vue d'une société démocratique toujours plus égalitaire et librement individualiste encadrée par des États omnipotents et faussement libéraux, l'instauration d'une royauté dans ses canons traditionnels semble plus lointaine et improbable.
Ces éclairages nous indiquent, plus certainement que tout activisme de l'instant, la voie à suivre pour tâcher de rendre concevable le retour du roi, si nécessaire à la France.

NDLR : Les jurandes et corporations d'antan disparaissent sauf chez les tastevins, mais il en naît de nouvelles, puissantes, ancrées dans l'économie de demain. Je cite la Communauté du Libre et ses nombreuses déclinaisons nationales autour de GNU-Linux, les Anonymous, Greenpeace, les clubs professionnels qui reprennent (sans le savoir) l'utilité des anciennes corporations, les ligues commerciales logistiques comme les conférences maritimes, nouvelles hanses, et au premier niveau, les clubs de motards, à la vie à la mort, les clubs d'automobiles, la centaine de milliers d'associations de la myciculture aux volcans, tout ceci pour ne parler que de ce que je vois de ma fenêtre. L'homme n'a jamais cessé d'être un animal social quoiqu'en aient voulu faire les déconstructeurs de la Révolution et leurs minables émules actuels. Il s'adapte à son environnement, c'est son ADN.

Au courage du possible


Le constat d'éloignement entre le fonctionnement actuel de la société française, par rapport à la possibilité de plus en plus hypothétique d'un roi en France, vu comme une incongruité, tout simplement parce que le corps social n'est plus à même de recevoir une institution familiale, patrimoniale et arbitrale comme la royauté, doit amener les royalistes à repenser leur action politique en vue de réalisations concrètes partielles, immédiatement réalisables et devant mener, pas à pas, vers une restauration royale.

Si le délitement de la famille est une des causes de l'impossibilité du retour du roi pour l'instant, il faut défendre la famille, non pas seulement en maintenant ce qui existe toujours, mais en restaurant, de manière concrète, l'institution dans sa grandeur. Ainsi, des élus ou des responsables de collectivités peuvent agir en promouvant la préparation au mariage civil dans les mairies, mais aussi dans les écoles ou les centres de jeunesse l'éducation sentimentale et sexuelle respectueuse de la dignité des personnes, et responsable devant l'importance de l'enjeu que représente leur union. Les mêmes personnes, mais également tout cadre dirigeant d'entreprise, tout chef de famille, tout journaliste, tout membre d'une institution éducative peut lutter efficacement contre l'hyper-sexualisation et la pornographie afin de rendre leur dignité aux personnes et leur valeur à leurs actes sentimentaux et charnels. Ces diverses mesures peuvent, dans un premier temps, rendre plus de dignité au mariage, lui donner une plus grande robustesse en faisant en sorte que les personnes, si elles ne se marient pas plus, au moins se marient mieux, afin de faire chuter le nombre de divorces. Cette première étape rendrait possible des attaques en règle contre la contractualisation excessive du mariage, qui a conduit du divorce pour faute au divorce sans faute, puis au PACS et maintenant à l'union de personnes de sexe identique. Dans un contrat, tout est possible. Mais le mariage n'est pas un contrat, c'est une institution perpétuelle.
Renforcer le mariage ne serait rien si on ne rendait également leur pouvoir aux parents, en les faisant participer activement à la gestion quotidienne des écoles, en les mêlant aux activités de leurs enfants, en cessant de s'ingérer dans leur autorité, notamment en contestant le droit de correction, permis par le droit et sans cesse diminué par les juges. Là encore, chaque élu, chaque éducateur, chaque avocat ou fonctionnaire de justice peut agir, à sa mesure, pour promouvoir de nouvelles jurisprudences, de nouveaux règlements.

La question patrimoniale est sans doute la plus épineuse et la plus ancienne. Evidemment, supprimer les droits de succession mettra tout le monde d'accord chez les particuliers. Qui ne voudrait pas la suppression d'une taxe ? Mais pour l’État ce sera une perte dont le montant actuel se chiffre autour d'une huitaine de milliards d'euros par an. Pourtant, il faudra en passer par cette suppression pour permettre de léguer les patrimoines intacts sans avoir à recourir à tous les montages actuels qui font d'une succession bien ordonnée l'affaire d'une vie, entre donations du vivant et créations de SCI. Outre qu'une telle mesure renforcerait la solidarité inter-générationnelle par la transmission patrimoniale, elle rendrait possible l'enrichissement notable des familles de classe moyenne par la même transmission, consolidant l'épargne de véritables micro-dynasties et asseyant ainsi un peu plus le corps social dans sa dimension familiale et locale.

Le deuxième point patrimonial n'a presque plus fait l'objet de contestation depuis la Révolution, c'est celui de l'égalité entre les héritiers. Il ne s'agit pas de prétendre revenir au droit d'aînesse, qui d'ailleurs était peu répandu, à la vérité, avant 1789, les différentes coutumes étant déjà soucieuses de partages équitables. Mais, comme Charles Maurras l'évoquait déjà dans l'introduction de son Enquête sur la Monarchie, l'instauration d'une authentique liberté testamentaire, au moins pour les biens fonciers, permettrait, pour ceux qui le souhaitent, de concentrer sur une seule tête des biens inscrits dans un territoire ce qui permettrait, outre la perpétuation de l'enrichissement d'une génération sur l'autre, le ré-enracinement des familles dans une terre, dans une petite patrie. Ici encore, tous les élus au parlement, tous les membres de l'ordre des notaires, tous les parents peuvent agir, avec les journalistes et les financiers en faveur de ces mesures patrimoniales.

La liste est longue, encore, de ce que pourraient faire des royalistes engagés dans la cité, chacun à leur niveau. La création de syndicats mixtes, l'actionnariat d'entreprises, la promotion des mutuelles d'entreprise, la mise en action d'un rôle politique local pour des conseils de quartier vraiment représentatifs, la mise en avant du rôle politique du Conseil économique, social et environnemental sont autant de domaines où il est possible d'agir.
En somme, agir concrètement pour le retour du roi commence par ces petites choses qui, pas à pas, rendront la société disponible pour ce retour qui viendra en couronner et en pérenniser les heureuses réformes
.

Evidemment, dire à un homme politique ou à une foule ; « Rétablissons le roi ! » est voué à l'échec en l'état actuel. Mais dire à un homme politique ou à une foule, ou promouvoir dans les milieux politiques l'une ou plusieurs de ces mesures, par des campagnes de presse, du « lobbying », des propositions de loi, des amendements ou des arrêtés lorsqu'on est soi-même élu, national ou local, cela a du sens, et le faire au nom du roi, de manière visible, aura la double vertu de rendre plus crédible les royalistes en leur faisant perdre cette étiquette fausse de doux rêveurs et en montrant à chacun que le roi peut s'incarner dans le concret des existences.

NDLR : Nous avons toujours soutenu sur Royal-Artillerie que la pertinence de la monarchie doit se démontrer avec les arguments du temps présent et futur. Il ne suffit pas d'en exalter les avantages perdus.

Nous occupons tous une fonction sociale, même modeste, nous avons tous des amis ou des parents plus ou moins bien placés, enfin nous connaissons tous un mouvement royaliste prêt à l'action. C'est pourquoi, nous savons ce que nous pouvons faire dès à présent, là où nous sommes.
Les plus jeunes d'entre nous grandiront et prendront leur envol. Puissent-ils se souvenir de cette manière d'agir qui rend chaque instant le roi plus proche et ne se contente pas de l'incantation, mais en prépare le retour par l'exercice de responsabilités publiques et la réforme.

Gabriel Privat


Gabriel Privat écrit pour Le Lien légitimiste, Vexilla Galliae, le Bulletin de l'Alliance royale, la Nouvelle Revue universelle, Liberté politique et le magazine Zélie. Son blogue Wordpress est accessible en cliquant ici.

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lundi 7 mars 2016

Vers l'AMGOT ?

Nous sommes au bord du précipice dans tous les domaines, comme nous l'étions en 1940 dans le domaine militaire. Mais cette faillite militaire était aussi le symptôme de la faillite politique d'un pays qui n'arrivait pas à se reconstituer après le traumatisme de la Grande Guerre. La France aujourd'hui n'a même pas cette excuse puisque sa dernière grosse secousse globale a été la grande fête de 1968. Chacun sent bien qu'un jour ou l'autre il va y avoir un affrontement dans notre pays et ce ne sera pas simplement pour reprendre un territoire toujours confisqué par les zadistes de Notre-Dame-des-Landes malgré plus de cent cinquante décisions de justice. Il faudra alors choisir entre la casse et la capitulation. Ces perspectives, encore aggravées par les attentats terroristes, ne sont pas réjouissantes et on comprend que la plupart préfère ne pas y penser... (Maître Soulez Larivière pour le Huffington Post en cliquant ici¹)

futur emblème de la République fr.
La République d'Autruche vit ses dernières années. Elle navigue de capitulation en capitulation. A la moindre émeute, elle passe sous la table et négocie, sauf dans la révolte des poussettes de la Manif pour tous où il fut jugé sans danger par le Chef de la Police d'affronter avec toute la brutalité d'usage les familles et les vieux qui étaient venus marcher à Paris contre le pouvoir gay. Mais à Strasbourg contre l'OTAN, à Nantes contre l'aéroport du Grand Ouest, à Sivens contre l'étang, à Rennes contre Vinci et les banques, à Calais contre les No Borders, on enfume juste un peu et finalement on attrape trois boiteux faciles à agripper quand ce n'est pas un général en retraite au porte-voix, paumé au sein d'une manifestation statique à 150 pèlerins.

Comme le suggère Me Soulez Larivière, chacun voit bien que la montée des périls en tout genre va déclencher une réaction populaire à défaut d'intervention définitive de l'Etat. De fait, on va passer de la colère rampante à la colère bruyante puis à l'ouverture du feu. C'est ainsi que meurent les régimes foireux, par les fourches et les faux jadis, par l'artillerie de chasse aujourd'hui. Revenons aux périls :

- le premier est l'affaissement continu de l'école publique. Le seuil que les lycéens doivent franchir entre la sortie du secondaire et l'entrée à l'université ou aux grandes écoles est de plus en plus haut. Les dirigeants se gargarisent d'éléments de langage et de pédagogie tordue sous la direction aujourd'hui d'une jolie moukhère échappée du bled, qui succède à des agrégés sinon de grands professeurs ou chercheurs, parce qu'un prince républicain obsédé de "nouveauté" en a décidé ainsi. Voir ses enfants échouer sur les plages du chômage de masse ne va pas diminuer le ressentiment populaire quand on nous explique qu'il faut les mettre maintenant en formation après qu'ils aient passé une douzaine d'années à l'école !

- le deuxième est la constitution de fiefs communautaires qui prospèrent au vu et au su de l'Etat sans réaction. Des territoires entiers de la république sont stérilisés des valeurs françaises et il n'est pas loin le jour où la règle démocratique les détachera juste avant que les étrangers n'y instaure leur loi. Si les pouvoirs s'en accommoderont probablement, les citoyens cernés ou en bordure pourraient bien se bunkériser et former des chaînes de résistance pour protéger simplement leurs biens et leurs ressources. Tuera-t-on un jour pour son potager ? Il nous faudrait un Jules Moch², nous avons monsieur Cazeneuve et son petit téléphone.

- le troisième est la Dette abyssale de la République dont le service est à la merci d'une remontée des taux internationaux de prise en pension des bons du Trésor. Déjà premier poste budgétaire, ce service augmenté depuis l'étranger peut bouffer littéralement toutes les prestations sociales nécessaires comme les pensions de retraite (voir la Grèce, l'Espagne...). La faillite conduira le pouvoir, confronté à sa propre banqueroute, à séquestrer l'argent des ménages par la confiscation de l'assurance-vie, des livrets, et plus s'il en faut encore. Alors ce sera l'insurrection fiscale que promettait Raymond Barre sans l'avoir connue, et les petits épargnants en colère chercheront à qui la faute.
S'il y a de nombreux motifs d'endettement dont le clientélisme démocratique latin, la faute décisive gît sur les députés qui ont voté les déficits budgétaires demandés par le gouvernement, année après année, pour régler le fonctionnement courant du pays. Dans une démocratie représentative, le souverain maître de la République est le législateur, le parlementaire. Il en a les honneurs... ET les responsabilités. Ceux qui auront tout perdu par leur faute risquent bien de les brancher en nombre !

- le quatrième péril n'en est peut-être pas un s'il finit par consumer le déclin : c'est la perte complète de souveraineté de ce pays. L'affaissement économique et mental de la nation ne peut soutenir longtemps une souveraineté artificielle. La moitié des lois proviennent de Bruxelles et Strasbourg, la grande majorité des normes aussi, la monnaie est partie, nos armées ramenées au format d'un défilé ne sont plus autonomes en logistique et munitions, notre diplomatie est de l'eau tiède faute de gaz sous la marmite, notre économie est impactée en profondeur par les groupes mondiaux qui gèrent à leur profit les marchés de denrées et matières. Et pour couronner le tout, nos avis ne sont écoutés par personne, si encore on prend la peine de mettre l'écouteur de traduction au Forum de Davos quand parle un ministre français.


Cette grande vulnérabilité laisse ouverte la porte d'une intervention extérieure en cas d'évolution politique non souhaitée par les enceintes décisionnaires qui comptent. L'étranger (mais un autre cette fois) viendra faire sa loi chez nous. Nouvel AMGOT³ ? Quelque soit le nom, il s'agira de curatelle internationale. Et il en sera fini du Coq de France.

Alors, saura-t-on rebâtir en neuf sur des bases assainies en tenant compte une bonne fois pour toutes de l'impasse démocratique ?
Je nous le demande.

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Note (1) : le lien en clair sur le Huff est [http://www.huffingtonpost.fr/daniel-soulez-lariviere/crise-pouvoir-greve_b_9374296.html] - Par ailleurs Me Soulez Larivière a sa page dans la Wikipedia, une carrière bien remplie ici.

Note (2) : Jules Moch, ministre à poigne de la Quatrième République ayant réprimé les grandes grèves de 1947 et 1948.

Note (3) : Allied Military Government of Occupied Territories, gouvernement allié des territoires européens libérés de la Seconde Guerre mondiale pour y organiser le retour de la démocratie. Grâce au général De Gaulle la France en réchappa et put ainsi mettre des communistes à de nombreux postes-clés du Gouvernement provisoire et à la tête de grands groupes nationalisés comme les Charbonnages.


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