samedi 25 juin 2011

Si j'étais Président...

...de la République, comme le chantait Gérard Lenormand (clic), je détruirais aussitôt la procédure m'ayant porté à la fonction : cette élection suprême au suffrage universel, la guerre de tous contre tous vers l'Apothéose du Nombre.
Si tous les gens précipités dans cette affaire obtiennent leurs cinq-cent parrainages, aucun des candidats ne fera plus de 15% des votants (quid de la proportion d'inscrits sans même parler de celle des citoyens aptes). Le grapillage de voix du premier tour laisse ses chances à tout le monde d'accéder au second tour de la farce, dès lors que le candidat se sera construit une certaine notoriété télévisuelle avant le coup d'envoi. Mais les licteurs du pouvoir comme le radiophoneur Apathie s'en sont émus jusqu'à demander qu'on passe vite à deux mille parrains (bien chapitrés) obligatoires, afin de sauver à l'antenne les grands candidats adoubés par la presse et la nomenklatura qui la finance.
Afin que nul n'ignore, voici de gauche à droite la farandole des présidentiables les plus sûrs à ce jour (un seul par parti) :
Nathalie Arthaud (LO), Gérard Schivardi (POI), Philippe Poutou¹ (NPA), Jean-Luc Mélenchon (PCPG), Nicolas Hulot (EELV+), Patrick Lozès (CRAN), François Hollande (PS+), Jean-Marc Governatori (AEI), Yves Piétrasanta (GE), Jean-Pierre Chevènement (MRC), Jean-Louis Borloo (A+), François Bayrou (Modem), Christine Boutin (PCD), Nicolas Sarkozy (UMP), Dominique de Villepin (RS), Nicolas Dupont-Aignan (DLR), Frédéric Nihous (CPNT) et Marine Le Pen (FN)... (il y en aura d'autres). Voir les sigles en pied de post(2). Les sigles affublés d'un signe + désignent les partis en train de se disputer sur l'heureux élu à concourir. Le plus sûr est d'avoir son propre parti individuel et portatif comme Dupont-Aignan, Boutin, Villepin..
Je voterai Nihous car c'est le moins menteur. C'est un jeu. Sans conséquences ! Nous l'allons montrer.

Si le titulaire du CDD élyséen a plus de pouvoirs que Louis XIV, l'Etat qu'il entend commander n'est plus que l'ombre d'un Etat. Alors, comme le job est pour dix ans, avec un plébiscite à mi-mandat qu'il faut assurément gagner, le "roi du moment", à défaut d'Etat, doit faire le plus de bruit médiatique possible pour qu'on le dise actif et soucieux du bien commun. A la fin, on se retourne, il ne s'est rien passé de fondamental, le pays est toujours sur une pente déclinante. Le plus dur n'est pas de faire semblant de gouverner - il faut être bon comédien pour faire un bon candidat - mais d'arranger les chiffres qui ont la fâcheuse réputation d'être désobéissants (ou têtus). On se paie de petites gloires ; grâce à l'effort soutenu du ministre tartempion et aux contrôles renforcées par des inspecteurs à plein temps des populations indolentes non importées, le chômage a reculé d'un quart de poil de point ! Vous vous rendez compte, chère médème, tous ces enculés de gueux qui bronzaient au RSA sur notre ISF ?
Et c'est sans compter la croissance d'un agrégat aussi fumeux que le PIB. Parce qu'elle est le recours ultime à effacer les mensonges, au moindre positif minuscule de croissance, le ministre du budget renverse la tête en arrière et de sa voix de baryton nous arrache à l'ornière. Gag ! Avec le mode de calcul (clic) accepté par l'OCDE et le FMI, le PIB le plus croissant de l'an prochain sera celui du Japon dévasté par la Nature. La remise en cause de ce calcul fiscaliste par le Bonheur National Brut inventé par le roi du Bouthan et développé par Stitglitz, n'a pas abouti (clic ici), tant ce concept bidon du PIB est enraciné chez les bureaux d'enfumage au point de parler de "croissance négative". Et l'on critique les écoliers du CM2 !

Quelles que soient les frasques, l'agitation ou les compétences du "roi de comédie" qui passe depuis trente ans sous les ors élyséens, le plus beau et le plus riche pays d'Europe - pour la faire modeste - a accumulé deux trillions de dette publique pour tenir son rang et soutenir le niveau de vie extravagant de sa population. Il lui en coûte 50 milliards d'intérêts chaque année. On va au ravin direct car la compétition mondiale des économies nous prive de bénéfices, seuls à même de renflouer les caisses. Nous ne revenons pas aujourd'hui sur nos trois déficits, mais chacun comprend qu'on ne puisse tirer du sang des pierres. Si vous ne gagnez rien nulle part - c'est ça les trois déficits - vous finissez au guichet de surendettement, le FMI, même si des esprits forts comme Henri Emmanuelli croyaient vous impressionner en expliquant que les Etats étaient différents des particuliers car ils ne pouvaient faire faillite. Tiens donc, c'était mieux avant ! L'Etat hellène qui convoque les contribuables européens à se subroger aux contribuables grecs qui ne veulent pas payer d'impôts, ne serait pas en faillite ? Quid du Portugal et de l'Irlande ? Que va-t-il se passer en Islande ? Bien sûr que si, les Etats peuvent faire faillite.

Pour en revenir à la fonction présidentielle, le locataire du Faubourg Saint-Honoré peut multiplier les lois par centaines pour coller à l'actualité ou aux sondages, abolir ensuite les mêmes par décret à la poursuite des mêmes courbes, au bout du maelstrom législatif, il n'en résulte rien pour le bien durable du pays. Ce sont les fondamentaux qu'il faut revoir et le pôvre si fier de sa grand-croix et de sa décapotable est incapable de les modifier dès lors que la somme des défauts dénoncés assure sa propre position. Si le coq est sur le fumier, le président a son emblème.
L'injustice sociale est à son comble alors que la providence sociale tourne à plein régime avec un énorme déficit de la Sécurité sociale normalisé à vingt milliards d'euros ; ce qui veut dire qu'on a tout faux !
Le régime est clientéliste de par sa logique perverse. Dans cette guerre de tous contre tous, il faut en enrôler beaucoup pour enlever la tranchée à la fin. Donc réserver le sort de leurs avantages propres et en concéder de nouveaux.

Nous sommes en train de mourir de la démocratie d'étage supérieur. Ce blogue depuis six ans fait campagne pour retirer l'essentiel de l'Etat et son haut commandement au jeu de massacre démagogique. La liste que nous avons donnée plus haut est celle de gens médiocres, parfois vaniteux, voire fondés de pouvoirs des puissances économiques, qui se veulent adroits, rusés, résilients, pour parvenir à obtenir leur paragraphe dans la Wikipedia ! En application de la première constitution républicaine, l'emploi est ouvert à n'importe qui. On le voit bien !

Au roi, et vite !



Note (1): un poutou c'est un baiser en pays d'Oc
Note (2): signification des sigles :
Lutte Ouvrière (trotskystes)
Parti Ouvrier Indépendant (lambertistes)
Nouveau Parti Anticapitaliste (communistes révolutionnaires)
Parti Communiste Parti de Gauche (communistes opportunistes)
Europe Ecologie Les Verts (écologistes socialistes européistes et scandinaves)
Conseil Représentatif des Associations Noires (communautaristes blacks)
Parti Socialiste (socialistes aisés)
Alliance Ecologiste Indépendante (parti portable)
Génération Ecologie (écologistes du plateau de Midori)
Mouvement Républicain & Citoyen (parti individuel au lion de Belfort)
L'Alliance (l'intérieur du radis valoisien, défenseur des vins & spiritueux)
MOuvement des DEMocrates (parti individuel béarnais)
Parti Chrétien Démocrate (parti individuel versaillais)
Union pour la Majorité Présidentielle (sortants syndiqués)
République Solidaire (parti individuel bonapartiste permanenté)
Debout La République (parti individuel du gendre parfait)
Chasse Pêche Nature et Tradition (comme ils le disent)
Front National (parti pour les Nuls de la droite facile à comprendre)

jeudi 23 juin 2011

Régions vs. nations

Cet article est paru dans le trimestriel monarchiste La Toile, numéro 10, publié au mois de mars 2011. Il entre en archive RA. Ce numéro de La Toile est un dossier sur la réforme territoriale aperçue à travers les élections cantonales. Nous approchons maintenant des élections sénatoriales qui pourraient voir un renversement de majorité à la Haute Assemblée. La Gauche étant majoritairement fédéraliste, les régions sortiront-elles renforcées du scrutin au point de contester, non pas les nations dont elles sont l'empreinte territorialisée, mais les Etats qui les gèrent, ou bien tout cela participe-t-il d'une évolution inéluctable ? Ce n'est pas aussi tranché. Réponse après le 25 septembre. Pour le moment les collèges électoraux sont en formation, comme celui de Parentis ici. En attendant voici le billet de La Toile n°10.

Quand la Hanse allemande, qui était une CEE avant l'heure, le céda aux Etats-nations à la paix de Westphalie (1648), les peuples européens apprirent vite ce que signifiaient les points-tirets que les experts d'alors avaient tracés sur des cartes de papier. Dans leurs frontières négociées au mètre près, les Etats devenaient des enjeux parfaitement concrets, parfaitement pesés, parfaitement négociables.
Les nations immanentes demeuraient, comparses des fois, éparses aussi, et le mouvement se fit vers l'adéquation suprême d'un état pour toute sa nation.
C'est l'irrédentisme, l'Europe faillit en crever.

1648-1948 : au Congrès de La Haye, Winston Churchill annulait trois cents ans de malheurs en appelant à l'union du continent dans ce qui allait devenir le Conseil de l'Europe. On allait retricoter Westphalie en sublimant les intérêts nationaux résiduels dans le mercantilisme d'une union de libre-échange chapeautée d'un codex moral sensé régler les poussées nationales. C'est la démocratie chrétienne qui prit l'affaire en main et construisit les communautés européennes. Les Etats étaient dès lors visés. Avec la CECA(1) on remontait les hanses, ils firent semblant de ne pas le voir.

Les décideurs économiques privés, qui doivent anticiper plus loin que les Etats pour survivre, ciblent les complémentarités transnationales en créant dans les régions périmétriques des convergences indéliables assez fortes. Le grignotage des Etats par les instances supranationales fait émerger mécaniquement les régions subalternes qui s'agrègent parfois en puissante communauté d'intérêts capable de dicter sa loi aux cabinets ministériels, relégués au rôle de facilitateurs dans l'exploration des jungles réglementaires locales. Le grand bassin drainant du Rhin en est l'exemple-type.
Les Etats n'ont que deux solutions. Soit ils se cabrent et reculent pied à pied en bon ordre comme une armée disciplinée, mais ils reculent – c'est le cas de la France qui continue à faire illusion chez elle -, soit ils accompagnent leurs pôles économiques majeurs de toutes les mesures fiscales et sociales propices à un développement réussi, attendant de l'enrichissement futur de la nation leur propre consolidation, c'est le cas de l'Allemagne et des pays du Nord. Les succès économiques germaniques sont en partie dûs aux réformes en profondeur de la société allemande menées à bien par le chancelier Schröder sur demande du patronat.

La conquête du land de Bade-Wurtemberg par Die Grünen de Cohn-Bendit va influencer fortement l'Alsace mitoyenne où Europe-Ecologie-Les-Verts du même Cohn-Bendit a fait des scores enviables aux cantonales. Très influencés par leur cousin germain, les Alsaciens doivent résoudre plusieurs questions d'environnement à commencer par l'arrêt d'exploitation de la vieille centrale nucléaire de Fessenheim.La question induit de trouver des réponses valides à deux questions : quid des 700 emplois directs (plus autant d'indirects) sur l'agglomération de Mulhouse, et où retrouver les 16 millions d'euros de taxes annuelles que M. Proglio paie aux Alsaciens ?
L'autre défi est l'agriculture intensive invasive et la concurrence de plus en plus forte de l'agriculture organique allemande. Le fleuve n'est pas une frontière mais l'aorte unique des deux régions, et le parti écologiste affiche clairement que "l’Alsace s’épanouira par une nouvelle coopération rhénane". Traiter la salubrité des eaux, la qualité de l'air, la sécurité de la batellerie, voire la pression cynégétique chacun dans son coin, est absurde. Aussi les structures de coopération se multiplient-elles et l'autonomie badoise déteint sur sa soeur occidentale.

L'Europe des nations a toutes ses chances car les nations sont éternelles. L'Europe des Etats, c'est moins sûr. Le temps de la Hanse est revenu, qui fait du commerce des choses le seul moteur des ambitions humaines, laissant à chacun le choix de s'enrichir l'esprit sans subir la dictée étatique. Les régions mitoyennes ont vocation à s'entendre par leur simple proximité de vue. C'est une tendance lourde que démontre l'Europe rhénane. Les Etats impotents, archaïques ou surdimensionnés sont destinés à s'effondrer sous leur propre poids. Si l'ambition des régions est de singer les Etats qu'elles auront surmontés, elles en partageront ultérieurement le destin

Note (1): La Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier (les six pays fondateurs de l'Europe institutionnelle) donnait l'autonomie à l'économie transversale pour surmonter à l'avenir les dérives agressives des Etats. Pendant 50 ans, la Haute Autorité de tutelle régla ses marchés par un réseau de guichets normalisés indépendants, au seul bénéfice des acteurs économiques du secteur.


Conclusion (version RA)

L'économique prime tout. L'histoire du monde peut s'expliquer par l'économique, les décisions politiques qui prennent toute la lumière des annales sont dans l'immense majorité des cas, soit les "encaissements" d'une situation favorable, soit les réactions de sauvegarde en face d'un péril économique. Même les guerres de libération napoléoniennes qui pourraient apparaître gratuites, ont des causes et des dérives économiques. L'Union européenne est une union mercantile et cette puissance ne se discute pas, elle se mesure. L'Union européenne ne sera jamais une fédération politique pour la simple raison que les nations la composant, représentées ou pas par des Etats, ne se la laisseront pas imposer. Il faut dire que les représentants de cette fédération actuellement en fonction ne risquent pas de mobiliser les fédéralistes autour d'un dessein purement utopique, tant leur "caractère" est ectoplasmique. Les régions vont certainement coopérer plus étroitement, surtout par dessus les frontières et les barrières linguistiques, mais les nations marcheront toujours vers l'histoire.

samedi 18 juin 2011

Constitutionnels en diable

Aujourd'hui les Français commémorent le jour du Recours. Le Dix-huit juin est peut-être la manifestation monarchique exemplaire puisqu'il érige en ultima ratio la force de conviction d'un homme seul et condamne les désordres nés de l'effondrement provoqué par le parlementarisme.

Après avoir dit à Libération qu'il restaurerait la royauté sans la monarchie, le prince Jean a redressé la barre du vaisseau d'Orléans en affirmant au mois d'avril à l'Ecole supérieure de commerce de Pau sa préférence pour une monarchie constitutionnelle (clic) ; confirmant, s'il en était besoin, la monarchie parlementaire décrite dans l'ouvrage politique de référence, Un Prince Français (Pygmalion, 2009).
Son cousin franco-espagnol, le prince Louis, est sur la même ligne depuis son entretien de New York avec un journaliste de Paris-Match dépêché pour avoir un article sur les jumeaux royaux (clac). Sa monarchie est du modèle qu'il connaît, celui de la restauration espagnole.
Donc, nos princes les plus en vue, et déclarés pour préempter le trône¹ sont de futurs monarques du Nord, si l'on veut bien classer le Royaume d'Espagne dans cette géographie politique. Ni l'un ni l'autre ne tire à boulets rouges sur les républicains. L'un se raccroche à la ligne rouge de son grand-père, le défunt comte de Paris, l'autre pense les convaincre des bienfaits du principe royal tel qu'il a sauvé l'Espagne, mais adapté à la situation française.
Alors quoi ?

Aucun des camps orléaniste et légitimiste qui ont décidé de les servir (ou de s'en servir) ne promeut la monarchie parlementaire. Les deux chapelles maurrassiennes réconciliées (enfin !) sont antiparlementaristes et hostiles à la démocratie d'étage national ; les deux groupes légitimistes, pas moins. Le camp ultra est au seuil de l'utopie théocratique du modèle persan, le camp du prince est plus conciliant mais ne promeut jamais la monarchie parlementaire. Seul le parti oecuménique de l'Alliance Royale, qui ne désigne aucun "héritier" à la charge suprême, est carrément constitutionnaliste quand il expose sa plateforme politique, un travail totalement construit dans son déroulé (cloc).

Le hiatus est gênant quand on lit la presse monarchiste française qui est en faute de carres permanente par rapport à l'incarnation de ses espérances. Rédigeant pour l'Action française 2000, j'ai plus que d'autres la tentation d'analyser au fond cette distance, dans ce cas précis, entre le prince Jean et l'expression actuelle du mouvement maurrassien. Dans le numéro en kiosque depuis jeudi dernier (n°2819), Guy Menuisier en page 2 sous-entend que les malheurs des PIGS tiennent d'abord à l'ordinaire du jeu démocratique qui a abandonné les règles prudentielles de gouvernance pour débonder les caisses sociales.
Certes on ne peut reprocher aux Portugais de n'avoir rien fait pour leur développement, le pays est un réservoir historique d'émigration que les gouvernements ont tenté de freiner par des implantations industrielles subventionnées par l'Europe et par une production agricole et viticole de qualité distribuées sur le marché commun. Mais cela ne suffit pas à "vivre à l'européenne". Plus grave est le cas de la Grèce indolente qui a 350 milliards d'euros de dette gagée sur rien du tout, sauf le soleil. Pour mesurer le trou abyssal, rappelons que la France a grosso modo deux trillions de dette - j'allais dire seulement - gagés sur une véritable économie industrielle, agricole et viticole, même si cette économie souffre beaucoup aujourd'hui et si la dette devient insupportable.
C'est bien sous cet angle du rétablissement d'une gouvernance responsable que nos princes, ayant reçu une formation bancaire de haut niveau, peuvent approcher la question, pas sur les vices de la démocratie. Pourquoi ? Parce qu'ils se sont abonnés au possible !
Peut-être que la NAr a une longueur d'onde en harmonique avec le concept constitutionnel des princes. D'ailleurs dans le même numéro de l'AF2000, quand François Marcilhac reprend en page 3 la maxime de Boutang (ou de La Tour du Pin), le droit du prince naît du besoin du peuple, il doit bien reconnaître lui-aussi que ce besoin doit s'exprimer et être porté au pied de l'exécutif par des représentants mandatés. L'art du reste est comme pour la guerre, tout d'exécution.

Les monarchies du Nord sont elles-aussi menacées par l'ordinaire du jeu démocratique mais elles ont leur pointe de pyramide, leur clef de voûte qui tient l'ouvrage, alors que les républiques voisines (sauf la Suisse) voient le civisme et le patriotisme monter et passer le toit troué de l'édifice comme la fumée de la yourte mongole.
Le possible est donc bien un roi dans son domaine régalien, présidant au destin de la nation au fur et à mesure de l'alternance des politiques publiques que le peuple est libre de choisir par la détestable loi du Nombre. Mais Churchill l'adouba au motif du régime le moins pire. Faut-il encore que dans ce régime du moins pire la représentation démocratique corresponde au pays réel, ce qui est loin d'être le cas en France où l'escroquerie est flagrante comme le montrent en détail et en couleur les graphiques parus ici chez François Desouche.
Que faire de plus ?

Notre action la plus rémunératrice en termes de propagation de nos idées est de graver précisément dans l'Opinion les limites de ce domaine régalien, jusqu'à proposer d'arracher à la Dispute parlementaire les pouvoirs ainsi désignés² pour mettre l'essentiel de notre Etat en sûreté. Que les parlementaires dès lors parlementent si ça les amuse, mais sans plus faire courir le risque de thrombose au coeur battant du pays. Ce qui, avec notre dette colossale que personne ne veut sérieusement réduire, se profile à l'horizon 2012-2013. Nous sommes un pays gaulois et le vacarme des tribuns est inévitable comme la pluie des prébendes, mais le peuple n'est pas dupe, à voir son désintérêt croissant des fêtes électorales et de son théâtre. Il approcherait de sa maturité que je n'en serais pas surpris.

Note (1): si l'on accorde à Henri (VII) d'Orléans une retraite méritée, dans une lune de miel qui n'en finit pas.
Note (2): les quatre pouvoirs hors la monnaie sont la justice, la police, la diplomatie et la guerre.
PS : le titre est une provocation gratuite vis à vis des royalistes du goupillon.

Echouage du QE2

Ce billet a paru dans l'Action Française 2000 du 16 juin 2011, sans les notes. Il ne s'agit pas du Queen Elizabeth 2, rassurez-vous ! Le billet entre dans les archives de Royal-Artillerie.
Le Trésor américain sera-t-il en défaut avant le Trésor grec ? Vingt-cinq milliards de coupons d'obligations lui seront présentés au 15 août mais le blocage de l'endettement public par la majorité républicaine au Congrès annonce le défaut. Ce défaut, même de quelques jours ou quelques heures, dégraderait durablement la notation du pays bénéficiant actuellement du "triple A", comme l'anticipait Standard & Poor's dès le 18 avril. Fitch Ratings et Moody's le menacent d'un humiliant «B» comme ils en donnent aux gitans sud-européens. Tout déclassement renchérit mécaniquement le prix de l'argent emprunté sur les marchés et creuse le déficit. Mais il est possible de se passer des marchés en empruntant la voie dite non conventionnelle¹ du Quantitative Easing (QE) ou assouplissement quantitatif des règles de prudence.
Pour comprendre, revenons à la "crise des subprimes".

Lors de la découverte des hypothèques pourries de 2008 accumulées par la politique d'argent facile d'Alan Greenspan, les actifs des banques qui en comptaient beaucoup, émiettées dans une multitude de titres, furent subitement dégradées à tel point que tout l'interbancaire faillit geler comme le Saint-Laurent en hiver. Aucune banque ne faisait plus dès lors confiance à sa voisine, la craignant aussi chargée qu'elle-même. L'économie commençait à se gripper tel un moteur sans huile. Tout s’arrêterait et les caisses vides des entreprises jetteraient à la rue les employés par dizaines de millions.
Ben Bernanke², président de la Réserve Fédérale des États-Unis (FED) vit arriver le krach. Pour prévenir la congélation, en bon keynésien, il noya les banques de liquidités prêtées par la FED à un taux proche de zéro. Ce fut le QE-1. Mais le moteur de la consommation tournait quand même au ralenti parce que les Américains qui achètent tout à crédit en étaient privés par leur banque méfiante ; et la croissance ne repartit pas franchement ; or c’est l’éponge des erreurs. En relais du QE1, Obama fit donc injecter massivement de l’argent public sur crédits budgétaires en creusant les déficits déjà énormes, à peu d’effet au résultat, car le malade ne réagit pas à la perfusion. En novembre 2010, Bernanke décida de prendre des bons du Trésor tirés sur du vent pour couvrir ses propres émissions de liquidités. C’est le QE-2. Ce dispositif inflationniste extrêmement inflammable qui a vu la FED préempter 75% des émissions du Trésor, se termine au 30 juin prochain. Ils n’oseront pas le QE-3. Donc retour aux crédits budgétaires ? Non ! C’est là le hic.

Les Républicains font chanter la présidence en exigeant la réduction des dépenses publiques de 2500 milliards de dollars sur dix ans sans taxation supplémentaire, en contrepartie de leur accord au rehaussement du plafond d’endettement de l’État au-dessus de la limite constitutionnelle³. Les Républicains étant le plus souvent des possédants, il y a peu de chances qu’ils fassent sauter la Banque. C’est plutôt un exercice de lutte gréco-romaine, mais tous les détenteurs de bons du Trésor américain sont aux cent coups, les Chinois les premiers au seuil de la menace à peine voilée, car un mot tabou circule : banqueroute.




Notes
(1) La voie conventionnelle est la manipulation du taux directeur de la banque centrale qui induit le taux d'escompte des effets pris en pension et le taux interbancaire d'échange de liquidités entre banques.
(2) Ben Shalom Bernanke est un monétariste nommé à la tête de la FED par Georges W. Bush en remplacement du gourou Greenspan (In Alan We Trust !). Le poste étant très exposé, Obama n'a trouvé personne pour aller y prendre les coups et a maintenu à la FED le président en fonction.
(3) Ce plafond est de 14,3 trillions de dollars.

jeudi 16 juin 2011

Blogues de jasmin

Ayant une affection gratuite pour la Tunisie qui n'a rien à voir avec ma compatriotitude forcée de la Guêpe de Bizerte, je sillonne depuis les évènements les blogues qui ont fleuri à la Révolution de Jasmin, et qui forment, je crois, la meilleure source de réinformation sur ce pays. Lentement réinsérés par leur classe politique dans le cadre caïdistique des Etats arabes pré-révolutionnaires, les Tunisiens libérés ont détecté la reprise en main du nouvel Etat par les professionnels, seuls capables, laissent-ils croire, de gérer l'héritage laissé par Ubu-Ben-Ali. Ainsi les élections ont-elles été repoussées du 24 juillet au 23 octobre pour organiser "intelligemment" la coalition de gouvernement, ce qui aura au moins le mérite de mieux voir les oreilles du lapin, car il faudra bien éditer des programmes. Je parle bien sûr du lapin létal, gardien du Grail des Monty Python.

Arabasta a écrit sous le signe de l'Anarchie rationaliste un antimanuel de la politique pas piqué des hannetons. Il permet d'abord de mémoriser quelques-uns des caciques inoxydables du nouveau régime et au détour, de nous offrir quelques définitions savoureuses comme celle des islamistes :
Une personne qui prie dans la rue et qui fait de la politique dans les mosquées
Les rieurs resteront le dernier rempart contre la vague fondamentaliste parce qu'il y a de quoi faire avec les barbus du Prophète quand on les connaît bien. Ces chansonniers sont nombreux en Tunisie, même parfois ultra-féroces comme Zizirider. Ils ont le même humour acide que les Cairotes. Les deux révolutions ont semble-il percuté.

Plus sérieux, des blogueurs politiques suivent les méandres du nouveau pouvoir en cherchant à canaliser entre les deux rives de la révolution le flux de la Réforme, sous un torrent d'articles et commentaires sur les réseaux sociaux. Ils avouent y avoir beaucoup de mal comme Lina Ben Mhenni, prof d'anglais ci-dessous, qui diffuse ses idées sur un blogue A Tunisian Girl qui n'est pas girlish du tout. Par les liens de blogue à blogues on découvre vite ce monde où il se passe vraiment quelque chose aujourd'hui et maintenant.

Un même aveuglement les relie tous.
C'est le système démocratique par essence, ce « triomphe du tas » disait Barbey d'Aurevilly, qui va confisquer leurs espoirs de liberté et justice, au nom du politiquement-souhaitable-mais-pas-plus. Prendre la revendication populaire dans tout son désordre et diversité, la mettre en musique sur une portée bien droite, la revendre ainsi au plus nombreux, allier ses résultats à ceux obtenus par ses compères, obtenir légitimement les clés du château, s'y fortifier et relancer l'histoire pour vingt, trente ans, tel est le scénario de la réforme arabe empruntant les codes de la démocratie conquérante. Sauf, sauf...
...si un peuple parvenait de lui-même, car c'est un cadeau qu'aucune Nomenklatura ne fera jamais, à créer une démocratie du type helvétique où ses représentants sont à son service sous contrat mal payé de durée strictement déterminée.
Le site monarchiste du Réveil Tunisien ne va pas jusque là mais le dernier édito de Hasni, A vous de jouer, le fait bien comprendre.
Sa conclusion :
« Nous avons tout à inventer. Les partis politiques, l’opposition, la majorité, le régime politique. Mais aussi les syndicats (au pluriel), l’école, la santé, la culture, la solidarité, la justice. Et encore la place des jeunes dans notre société. Eux qui ont montré l’exemple et qui sont l’immense majorité des citoyens. La place des femmes car on a beau louer le modèle tunisien, en la matière il y a encore du chemin à faire pour l’égalité. J’oublie des centaines et des centaines de chantiers, j’en suis sûr. L’environnement en premier lieu, le pillage des ressources naturelles, le massacre des côtes, l’urbanisation incontrôlée, les usines puantes et polluantes, la gestion des déchets, de l’eau, de la voiture. Non j’arrête là, car ces chantiers, ces centaines de chantiers doivent être mis en œuvre avec le plus grand d’entre eux, le chantier de la démocratie. A vous de jouer.»
(clic vers l'article complet)

Pour le "prestige" de la Nation en pays méditerranéen, pour incarner l'histoire et la justice, il serait bienvenu de remettre les Beys comme le proposait Me Kamel Chaabouni sous Ben Ali, bien avant la chute de la Maison Trabelsi. On voit les effets bénéfiques de l'impulsion royale au Maroc. Le projet de révision de la constitution demandé par le roi est déjà prêt et il sera soumis à référendum dès le mois de juillet. On n'imaginerait jamais pareille vélocité en France.
Deux blogues qui militaient dans notre sens sont inscrits au Roycoland sous le nom de leur rédacteur : Vers un royaume de Carthage et Tunisie démocratique et laïque. On y apprend beaucoup. Me Chaabouni est aujourd'hui très présent dans le débat constitutionnel comme on peut s'en rendre compte dans son projet de constitution, même s'il a rajouté beaucoup de sucre dans le thé à la menthe, avec l'espoir sans doute de "participer" et retourner le régime depuis l'intérieur du cercueil.

On trouve aussi sur le web tunisien des blogues d'archivage, comme Tunisie d'Antan qui est à découvrir dans toute sa richesse sur la période ottomane ; et News of Tomorrow qui nous parle entre autres choses de l'époque des Beys.





A noter que beaucoup de ces blogues sont hébergés chez Blogger (Google) aux Etats-Unis et donc hors d'atteinte.

jeudi 9 juin 2011

Libertés programmables pour 2012

Au motif d'enrichir une « Esquisse d’un programme de droite pour 2012 » parue dans les 4-Vérités¹ du 25 mai 2011 sous la plume de Guillaume de Thieul­loy, le président du Cercle Frédéric Bastiat Patrick de Casanove fait un programme réaliste en trois points et en demande une plus large diffusion, à quoi Royal-Artillerie, bastiatiste de toujours, se prête de bon coeur, mais sans le sur-enrichir pour le garder simple et digeste.

C'est M. de Casanove qui parle :
Je voudrais développer l’un des trois axes de l’auteur : la rupture avec l’esprit de 68 et de 81.
Il faut rendre aux Français leur autonomie matérielle, réduire les prélèvements obligatoires et la dépense publique. Le programme qui en découle est clair et efficace. Il comprend seulement trois points. Il s’adresse à tous les Français, quelles que soient leur situation sociale, leurs croyances, leur couleur, leurs préférences, leurs talents. Il ne prend pas aux uns pour acheter les voix des autres. Il rend, à tous, ce qui leur appartient.

Premier point : restituer aux Français l’intégralité de leurs revenus
Pour un salarié, cela s’appelle le salaire complet. C’est le salaire net, plus les charges dites « patronales » et les charges dites « salariales ». Dans les faits, ces charges sont prélevées sur le travailleur.
Si chacun dispose de la totalité de ses ressources, il peut choisir, pour son assurance-maladie et sa retraite, entre des prestataires mis en concurrence. Il peut ainsi s’assurer mieux et à meilleur compte.

Deuxième point : restituer aux Français la libre disposition de la propriété foncière et immobilière 
Les règlements d’urbanisme draconiens engendrent la pénurie de logements et la hausse des prix. Les plus modestes ont des difficultés à se loger et cette difficulté touche désormais les classes moyennes. Avec le libre usage de la propriété foncière, chacun fait ce qu’il veut avec ce qu’il a, aux conditions de ne pas nuire aux voisins et de supporter tous les frais.

Troisième point : appliquer la « flat tax »
Il n’y a plus de niche, d’exemption, de cas particulier… Les impôts et taxes indirects n’ont plus de raison d’être. Les Français paient les produits et services à leur véritable valeur. De toute façon, quel que soit le prélèvement considéré, il est toujours au final, payé par l’individu. Les impôts sur les entreprises ne sont pas payés par l’entreprise, mais par le consommateur.


La conséquence de ce programme est la réhabilitation de la responsabilité. 
L’État ne se mêle plus de la vie privée des gens, la famille est la base de la société, la responsabilité sur les enfants est rendue aux parents. L’aide aux plus démunis et aux personnes en difficultés redevient de la responsabilité de chacun, ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être. Les secours publics ne s’adressent qu’aux accidentés de la vie qui ne peuvent trouver suffisamment d’aide de la part de leur entourage.

La libre circulation des personnes et des biens prend le pas sur « l’immigration », parce que la responsabilité personnelle de subvenir à ses besoins s’adresse à tous et remplace l’assistance automatique.

Dans ce schéma, la Nation (ndb: je dirais plutôt l'Etat) se maintient dans ses fonctions régaliennes, garantit la sécurité, assure la justice et veille au respect des contrats.
Si toutes les forces du pays, toute l’attention de nos gouvernants étaient concentrées sur ces missions-là, nul doute qu’elles seraient bien mieux accomplies qu’aujourd’hui. Lorsque la sécurité intérieure n’est plus assurée, les atteintes aux biens et aux personnes se multiplient, les forces de police et de gendarmerie étant utilisées ailleurs. Lorsque la justice est lente et inefficace, elle s’épuise à poursuivre une multitude de pseudo-délits. Lorsque l’armée est sous-équipée, elle a de plus en plus de mal à assurer sa mission de défense du pays.

Ne nous faisons pas d’illusions. Il ne suffira pas d’exprimer ces vérités pour qu’elles se matérialisent. Déjà, en 1850, Frédéric Bastiat déplorait :

« La spoliation légale peut s’exercer d’une multitude infinie de manières ; de là une multitude infinie de plans d’organisation : tarifs, protection, primes, subventions, encouragements, impôt progressif, instruction gratuite, Droit au travail, Droit au profit, Droit au salaire, Droit à l’assistance, Droit aux instruments de travail, gratuité du crédit, etc. Et c’est l’ensemble de tous ces plans, en ce qu’ils ont de commun, la spoliation légale, qui prend le nom de Socialisme » (op. La Loi).

Aucun des candidats actuels à la présidence ne s’évade de ce socialisme. Raison de plus pour faire un battage maximum autour du projet proposé par les « 4 Vérités ». À défaut de faire jaillir un homme nouveau, peut-être pousserons-nous un des candidats actuels à mettre fin à la spoliation légale et à rétablir la loi dans son rôle…




Postscriptum du Piéton du roi : Nous voyons parfaitement bien qui devrait commander à cet Etat concentré et durci, exerçant toutes ses fonctions typiquement régaliennes et s'y limitant. La réponse est dans l'épithète.

Note (1): Les 4 Vérités est un hebdo web et papier de la droite libérale (cf. www.les4verites.com)

lundi 6 juin 2011

Frontières de 1967

En cet anniversaire du Débarquement de Normandie, nous avons choisi de faire deux articles un peu guerriers, l'un sur la guerre au sol en Libye (clic), l'autre, celui-ci, sur ces fameuses frontières israélo-palestiniennes de 1967 invoquées par le président Obama devant Benyamin Netanyahou à Washington.
Que ces frontières puissent être une base de traçage des frontières du nouvel Etat palestinien en gestation, nul n'en disconvient, mais que les belligérants de jadis (les Palestiniens en tant que tels n'en furent pas) y reviennent alors qu'elles furent par elles-mêmes source de conflit majeur, est ... stupide. En fait c'est du Golan et de Jérusalem-est dont on parle. Pourtant, c'est à quoi s'accroche d'une certaine façon l'Autorité de Ramallah, dans un posture qui frise le caprice, même fondée en droit sur la résolution 242 des Nations Unies.
Par contre, chacun admet la loi de bon sens du chacun chez soi derrière des frontières sûres et reconnues. Las ! Pas si "bon sens" que ça, puisque d'expérience aucune frontière de Palestine ne peut protéger chacun chez soi, sauf à vouloir déplacer toutes les colonies juives dans le nouvel Etat israélien et donc annuler des décennies de sionisme conquérant.

Pourquoi les frontières de 1967 ne peuvent être qu'un base de départ pour l'épure ?

Les territoires occupés ont été acquis d'une guerre préventive qu'Israël, cerné de toutes parts, a dû lancer pour survivre. Remettons les choses en perspective :
Au printemps de 1967 quatre acteurs régionaux ont envie d'en découdre. Nasser l'Egyptien qui veut forger sa légende, Hafez el-Assad pragmatique et dangereux, Levi Eshkol l'ukrainien qui travaille à la survie d'Israël avec le général borgne Moshe Dayan, et le roi Hussein de Jordanie qui gère les restes du partage de 1948 dans l'ombre du grand frère égyptien qui en joue.
La guerre du Canal ayant été perdue en 1956, les deux puissances arabes du nord et du sud, épaulées par l'Union soviétique, pourrissent la vie du jeune état d'Israël, la Syrie cherchant à lui couper l'eau du lac de Tibériade et l'Egypte tenant le golfe d'Aqaba qui communique avec la Mer Rouge par le détroit de Tiran. L'ONU fait tampon au Sinaï par des Casques bleus.
Les choses n'en peuvent rester là.
Les armées d'encerclement rééquipées à neuf par les Soviétiques, grossissent à vue d'oeil, Léonid Brejnev pousse à la roue en désinformant les états-majors arabes sur les risques encourus et les Etats-Unis sont loin, empêtrés au Vietnam. Lyndon Jonhson n'est pas intéressé par le Proche Orient mais demande à Kossyguine de calmer son obligé égyptien, ce qu'il fera. Dès que Nasser fait évacuer les casques bleus du Sinaï (le secrétaire général U Thant se couche) et ferme le détroit de Tiran pour mettre le port d'Eilat sous blocus, la guerre est sûre. Pour cette fois, il a les moyens techniques de la gagner, apparemment. Israël peut-il attendre d'être attaqué des trois côtés pour être dans son bon droit ? Evidemment non puisqu'il est sous la menace d'être coupé en deux, son territoire ne faisant que douze kilomètres de largeur entre la Cisjordanie et la mer à hauteur de Herzlyya. La Rue arabe est tout conquise à l'idée de foutre enfin les Juifs à la mer. On mobilise en Algérie, en Irak et au Soudan.


Echaudé par l'ultimatum américano-soviétique de 1956, l'état-major de Tsahal sait qu'il n'aura que peu de temps de guerre ouverte, quelques petits jours, et que le cessez-le-feu imposé par les super-grands risque de stabiliser les fronts sur des positions moins favorables encore que celles résultant du partage de 1948.
Le 5 juin 1967 à 7h45, les escadrilles israéliennes passent par la mer et anéantissent l'armée de l'air égyptienne par surprise en détruisant 300 aéronefs sur 340. Tsahal se retourne immédiatement sur la Syrie et Moshe Dayan s'occupe de Jérusalem-Est, du Jourdain et des photographes. On connaît la suite, le 9 juin, les Arabes ont capitulé et Israël pourra conquérir tous les bassins drainants et capter les nappes phréatiques. Les frontières du 4 juin 1967 (celles d'Obama) n'existent plus. Le maître est celui de l'eau.
Quelques années plus tard, l'Egypte ayant accepté de céder la bande de Gaza (1979) et la Jordanie ayant abandonné officiellement la Cisjordanie (1988), les trois millions et demi d'arabes palestiniens sur place mais hors d'Israël apprirent qu'ils n'habitaient plus chez "personne".
Pourquoi pas dès lors chez eux ?

On se doute bien qu'il ne s'agit pas de faire des points-tirets sur une carte d'Amérique du nord. Le pays est exigu et ses ressources imbriquées. Comme chez tous ses voisins, c'est la question de l'eau qui soulève les mauvaises pensées. L'eau ou la mort. L'eau ou le sable. S'agrège à ces questions pratiques mais fondamentales le contentieux culturel de Jérusalem, capitale mondiale de la haine religieuse.

Que cherche Obama l'Hawaien ? Rien qu'il n'ait déjà trouvé dans son discours du Caire, des applaudissements. Et éviter une grosse dispute lors de la prochaine Assemblée Générale de l'ONU en septembre, qui verra l'adoption d'une loi de création de l'Etat de Palestine, déjà reconnu formellement par 98 pays dont l'Afrique du Sud, le Brésil, la Chine, l'Inde, la Turquie, la Russie, le Vatican, l'Autriche pour en citer quelques-uns parmi les plus significatifs.
Dessiner cet Etat est quasiment impossible parce qu'il dessine l'Autre. Aussi avons-nous choisi - à la place de Barack Obama - de confier l'étude à Hannah Arendt.
Sa proposition était celle d'une société judéo-arabe où la Palestine ne devait être ni un Etat juif ni un Etat arabe mais un Etat binational dans lequel Juifs et Arabes auraient des droits civils, politiques et sociaux égaux, sans distinction entre la majorité et la minorité. Entorse fatidique à la démocratie oppressive des minorités. Les deux peuples devaient jouir tous deux de l’autonomie en ce qui concernait l’administration de leurs affaires intérieures respectives mais être unis par leurs intérêts communs vis à vis de l'extérieur.
L'Etat binational qui collait au projet de l'organisation du Brit Shalom fondé dans les années 20 en opposition au sionisme intégriste masquant le loup colonial sous la laine de l'agneau hébraïque, fut plaidé devant la commission anglo-américaine de 1946 puis à l'ONU l'année suivante ; même si Arendt y décelait les ferments d'une catastrophe à terme par la théorie du paté de cheval à l'alouette. Pourquoi s'y tint-elle malgré tout ?
Très réticente à l'Etat-nation comme on sait, surtout dans les petits modèles, elle fondait sa structure fédérative sur des conseils locaux judéo-arabes, ce qui supposerait que le conflit judéo-arabe soit résolu au niveau le plus élémentaire, qui est aussi le plus important, celui de la proximité et du voisinage (op. Pour sauver le foyer national juif il est encore temps (1948). Seules les relations horizontales pouvaient garantir paix et liberté quand les hiérarchies n'aboutissaient qu'à exprimer et valoriser la notion de souveraineté nationale, déjà désuète à l'époque où les choses essentielles des nations se décidaient en dehors d'elles. Faire cette expérience unique au milieu d'un empire arabe qu'on croyait en formation était pour le moins osé, mais aucune solution n'était et ne demeure facile.

Les constructions intellectuelles d'Hannah Arendt et de ses amis du Brit Shalom n'aboutirent pas pour une première raison qui défie la pertinence philosophique du projet : aucun d'eux ne prit langue avec les Arabes de Palestine pour les convaincre d'adhérer à leurs vues, et sur le terrain, ils ne favorisèrent jamais un projet judéo-arabe comme les Britanniques en dessinaient au moment du Mandat. Je pense à la grande université palestinienne (pour tous et toutes) qui resta dans les cartons parce que combattue par l'université hébraïque de Jérusalem. Pourtant, s'élèvent encore des voix au Proche Orient et en Israël même pour choisir cette voie étroite du consensus judéo-arabe, à préférer à la guerre de cent ans qui va continuer, propulsée par le décalage démographique qui passera le sabot aux Arabes.

« Beaucoup d’occasions pour une amitié judéo-arabe ont déjà été manquées, mais aucun de ces échecs ne peut modifier le fait essentiel, à savoir que l’existence des Juifs en Palestine en dépend. » (op. cité).
Anouar el-Sadate dans une réflexion un peu inattendue mais provoquée par l'échec d'une tentative de récupération du Sinaï par la force, misera sur un projet d'amitié en venant à la Knesset en 1977. Il n'aura que l'oreille des boutiquiers du Likoud retranchés derrière Menachem Begin le cynique. N'entendant pas la voix de la sagesse, ils n'y cherchèrent que leurs avantages, qu'ils obtinrent l'an d'après à Camp David, et Sadate en mourut.
2011 : les mêmes n'ont pas avancé d'un mètre.
Ils comptent !

Si le défaut d'amitié précarise Israël, le principe de souveraineté n'est un idéal de liberté que pour ceux qui ne l’ont jamais connu ; aussi l'Autorité palestinienne y tient-elle tant, qu'elle en pourrait mourir d'exiger l'impossible !

Libye : le temps de l'infanterie

L'OTAN prolonge de trois mois ses opérations libyennes, ce qui veut dire en clair que Kahdafi et son dispositif tribal ont gagné la première manche. A charge de revanche donc !

Le secrétaire général Anders Fogh Rasmussen, le chef du Quai d'Orsay Alain Juppé, le secrétaire d'Etat Hillary Clinton, le ministre des affaires étrangères Franco Frattini, ne cessent de brandir les défections quasi-quotidiennes des ministres, ambassadeurs, officiers de l'Etat libyen comme autant de lézardes annonciatrices de la ruine de l'édifice. Mais une autocratie ne vit pas sur ses ministères. A preuve, les ministres du gouvernement Fillon pourraient s'enfuir aux Kerguelen qu'on n'y verrait aucun changement. On n'arrête pas de pilonner au même endroit, preuve donc qu'on ne peut percer la carapace de l'Immonde !

Qu'en est-il vraiment est difficile à savoir tant la communication est maîtrisée par tous les protagonistes. Ni trop près, ni trop loin mais mitoyenne se trouve l'Algérie. Qu'y dit-on de l'affaire ? Curieusement pas grand chose alors que les titres sont nombreux contre le régime syrien ; l'autre préoccupation algéroise est l'agitation sociale, le différent avec le Maroc, frontière d'Oujda ouverte ou fermée, Polisario et ONU, etc... on y parle aussi de la reprise de la guerre Nord-Sud au Soudan. Libye ? RAS.
Or chacun sait que les voies de recomplètement des dotations traversent les frontières du Tchad et de l'Algérie saharienne. On fantasme sur des stocks russes ou ukrainiens.
Les plus lucides sont aux pays du Maghreb ceux qui signalent le trafic d'exfiltration d'armes lourdes des dépôts libyens vers les groupes d'AQMi au Sahel. Si AQMi se retrouve doté des mêmes armes que les moudjahidine afghans (et arabes) de jadis, bonjour la sécurité aérienne en approche et au décollage.
On peut dire sans se tromper qu'à l'exception de la Tunisie marquée du sceau du détonateur et qui peut craindre des représailles de dictateurs à la fin maintenus, les pays arabes d'Afrique s'accommodent de la guerre libyenne et de la pénétration de l'OTAN tant qu'elle ne déborde pas physiquement chez eux. Peu de changement dans la politique arabe, le nez sur les chaussures.
L'OTAN aura-t-elle sa revanche ?


Elle engage maintenant les hélicos de combat au sol comme si elle descendait à ras des dispositions d'engagement de la résolution onusienne. On dit qu'une bataille est gagnée ou perdue sur les derniers cinquante mètres, c'est un travail d'infanterie, et comme le débarquement nous est interdit, il faut bien impliquer les autochtones mais en les y préparant convenablement. Ces bandes de joyeux branleurs qui tirent au ciel à tout moment sont inutiles et pèsent sur l'Ordinaire. Jusqu'ici les autochtones s'avèrent incapables de vaincre, et la défection massive des cadres gouvernementaux n'apporte pas grand chose à l'insurrection s'ils se planquent pour la plupart en Italie (clic). On peut aussi mettre en doute leur professionnalisme inversement proportionnel au poids des médailles de poitrine.
Nous avons vécu deux mois de stratégie de l'élastique logistique sans qu'aucun camp ne sache comment résoudre la pénurie de dotations au bout de la corde tendue. Et l'un de reculer vers ses dépôts quand l'autre s'éloignait des siens, pour rejouer plusieurs fois la même pièce inversée. L'armée libyenne est une armée de guérilla de mauvaise qualité, organisée pour des rezzous, pas pour refaire l'Afrikakorps !

Et demain ?
Les belligérants appliquent la lâche maxime maoïste des armées dans le peuple comme le poisson dans l'eau - le terme moderne est "bouclier humain". Même les Tigres ne sauront trier les combattants des civils, et nous, Français, savons que même une infanterie "importée" posée au sol fait ce tri avec beaucoup de difficultés dès lors que les soldats du soir deviennent les paysans du matin. La seule voie d'achèvement de ce conflit atypique est la victoire au sol des gens du cru qui sauront détecter les galons sous le chèche, qu'ils soient insurgés... ou gouvernementaux ! Un peu cynique mais vrai. Pour les contrats à signer avec la nouvelle armée de l'air libyenne, souhaitons celle des premiers. Mais comment l'obtenir ?
En subrogeant un état-major OTAN et une instruction militaire au règlement de combat qui fait terriblement défaut aux unités (de part et d'autre).

Les volontaires benghaziens doivent être incorporés (et soldés) et suivre une instruction accélérée¹ où prévaut la cohésion, la discipline (générale et de feu) et le maniement des armes russes de tous calibres.

On fait vite. L'unité d'instruction est la section à quatre groupes, ultérieurement portée sur véhicules. Tous les groupes sont à sept (1+6) ; trois de choc, un d'appui. La section est à 30 (2+28) à pied. L'unité élémentaire ne se dissocie pas, mais on peut la recomposer en trois groupes de chasse au besoin. Au bout d'une première période d'instruction de neuf semaines de six jours, l'unité est engagée progressivement sur la deuxième ligne de front dans un dispositif de compagnie à 100 (3x30+10).
On pourrait copier le programme des centres d'instruction d'infanterie européens qui marchent. Mais vu l'objectif d'engagement à très court terme, il serait utile, sans négliger les fondamentaux, d'appuyer sur les formations suivantes :
- Cohésion de l'unité de tous les instants
- Maniement des armes en ambiance de stress, discipline de feu
- Entretien de l'armement yeux fermés
- Conditionnement psychique poussé
- Manoeuvre différenciée des groupes (se situer dans un dispositif de combat)
Après l'engagement d'un mois, les jeunes unités seraient rappelées au centre pour un complément d'instruction et une spécialisation de cinq semaines dans un règlement de combat exécuté au sein d'un bataillon. Réengagées cette fois en première ligne, elles combattront deux mois, avant de retourner au centre pour cinq autres semaines.
Ces unités équipées alors des moyens nécessaires d'acquisition de l'information disponible devant eux devraient être commandées par des structures compétentes de niveau compagnie situées en retrait utilisant des "professionnels", eux-mêmes sous les ordres d'un état-major tactique OTAN extérieur.
La dernière période d'instruction viserait à qualifier les unités pour des manoeuvres au niveau brigade et éventuellement recompléter les tableaux. Restera à les aguerrir.

Si l'on veut compter, on formerait des compagnies d'infanterie qui comprennent les ordres au bout de 24 semaines (avec 15 jours de permissions intercalées). Si on commençait à la Pentecôte, le Conseil national de transition² aurait des bataillons professionnalisés vers la fin novembre. Ces gens de Benghazi que l'on dit ne pas être des perdreaux de l'année, pensent-ils qu'ils en auront terminé largement d'ici là ?


La résolution 1973 de l'ONU expire, si l'on peut dire, en septembre prochain. Il y aura beaucoup de morts sur la table ronde du Conseil de sécurité lors des débats si l'affaire n'a pas été conclue par l'OTAN. Si nous coupons tout chemin de retraite au clan Kadahfi, ils perfectionneront l'esquive et l'immersion populaire, et la situation de combat s'éternisera comme en Somalie. Mais s'ils voient la construction d'une armée libyenne "européenne", ils sauront que leurs jours sont réellement comptés car leurs compatriotes ne les traîneront pas en justice. Reste à peser sur leur détermination, mais au moment nous avons échoué.
Après la revanche, la belle ?



Note (1): Table horaire d'une journée au centre d'instruction, comme ça, pour voir.
05:00 Réveil et décrassage
05:30 Toilette, habillement
06:00 Premier repas et perceptions
06:30 Rassemblement
06:35-7:30 Ordre serré
07:40 Présentation à tous du programme de la journée
07:45 Mouvement vers le champ de manoeuvre (ou de tir) et exercice du matin ou tir à la cible
11:00 Collation sur place et repos
12:00 Instruction théorique tactique au tableau ou sur la caisse à sable
13:30 Exercice de l'après-midi mettant en pratique le cours
16:30 Fin de manoeuvre, retour au quartier
17:00 Toilette et rassemblement
17:30 Dîner
18:30 Repos (4j/7) ou prise de tour de garde (3j/7)
21:30 Extinction des feux

Note (2): On peut dire que le CNT a beaucoup glandé jusqu'ici sur la question strictement militaire.

samedi 4 juin 2011

Made in France

Ce texte est le premier jet du billet paru dans le bimensuel L'Action Française 2000 datée du 2 juin 2011. L'article de presse titré La France nouveau label est amputé de 300 signes pour entrer au chausse-pied dans la page 2. Bon pour archive.

L’AOC Made in France, conçue par MM. Antoine Veil du comité stratégique Bolloré et Yves Jégo, vice-président du parti Radical, est pilotée par une association d’entreprises et syndicats professionnels, logée à l’enseigne de Pro France dans la quiétude de l’Assemblée des Chambres Françaises de Commerce et d'Industrie à Paris. Le certificateur est le Bureau Veritas de réputation mondiale. Les coûts sont bridés et les procédures lisibles. Tout va bien. Aussi doit-on s’étonner de la brièveté de la liste¹ des partenaires et acteurs que publie Pro France. La presse économique repasse en boucle quelques marques connues du grand public comme le lunetier Atol, les skis Rossignol ou le carrossier d’électroménager Fagor.
Dans les détails se niche le démon.
Le produit doit être conçu en France et la valeur ajoutée obtenue pour moitié sur le territoire national. Comme il n’existe aucune génération spontanée dans l’industrie (sauf en chimie de l’air peut-être), on comprend déjà que la certification ne peut être sure que si les intrants obéissent eux-mêmes à cette proportion, ce qui est impossible à sourcer sauf enquête très fouillée séparant sur tout le Marché commun origines et provenances, perfectionnement actif d’un composant et ouvraison complémentaire à l’étranger, tous termes de douane bien connus des fabricants.

Si l’AOC Made in France est un succès – il faut bien sûr le souhaiter – s’engouffreront dans la certification les malins après les sincères. Et très vite, car ils n’attendent jamais longtemps, les entrepreneurs étrangers viendront chez nous naturaliser leurs produits. Exemple-type : cinq cents hectares de zone industrielle ont été ouverts aux Chinois à Châteauroux sur l’ancienne base OTAN pour produire du « high tech » céleste made in France ! C’est le contrat passé par la région Centre avec 4000 emplois à la clef (autant qu'en dit la mairie).

On doit comprendre que les entreprises françaises moyennes et petites – c’est la cible – qui produisent réellement en France ont fatalement des coûts de production supérieurs à leurs concurrents. Ce surcoût se répercute sur l’étiquette en magasin. Le nouveau label « Origine France Garantie » effacera-t-il la prime patriotique dans la décision d’achat du consommateur-citoyen ? On sait d’expérience que non, le patriotisme n’est pas si répandu qu’il suffise à vendre, sauf pour des produits très techniques achetés par des connaisseurs impliqués dans la durabilité ou la normalisation. Et que dire quand le produit franco-français sera mis en concurrence avec un produit turc « moitié-français » made in Bangladesh.
Si M. Jégo a retenu la proportion de 50%, et non pas 66 (2/3) voire 75% (3/4), c’est qu’à l’examen, il reste peu d’entreprises françaises produisant sous ces critères. La désindustrialisation du pays est achevée, le label réactivera le commerce intérieur de produits plus ou moins faits ici, et boostera l’exportation d’articles pas encore francisés dans l’esprit du consommateur lointain. Pour réindustrialiser, il faudra innover.


Note (1): Le label a été lancé officiellement au Palais Bourbon le 19 mai par Yves Jégo, dans sa procédure de certification "Bureau Veritas". A la date de rédaction du billet (fin mai), étaient inscrits chez Pro France, neuf entreprises "membre actif", douze entreprises "partenaire" et six syndicats professionnels, ceci après dix-huit mois de préparation. Ce n'est qu'un début, con-ti-nuons-le-com-bat !

Postscriptum : On lira avec intérêt et un peu d'étonnement le billet idéologique d'Alain Madelin sur cette question, où il est dit que tous les rapports convergent pour montrer que les délocalisations sont globalement favorables à la croissance économique et donc à l’emploi, tout comme le progrès technique. Il n’y a pas de différence entre une main d’œuvre chinoise peu chère et un robot industriel ! Où est fabriqué le robot ? (clic).

mercredi 1 juin 2011

La charge contre la Charte de Fontevrault

Alain Texier et Frank Abed
Demain c'est le jour de l'Ascension. Passant par le site de la Charte de Fontevrault, j'y ai croisé son animateur fort marri, peut-être même blessé, de la charge menée contre eux par les gens du Cercle de Baudricourt. La Charte ne leur avait rien fait et c'est peut-être pour cela !

L'attaque est surprenante - elle date en fait d'octobre 2010 - venant du camp légitimiste contre un mouvement de petit calibre certes, mais très connu dans la mouvance royaliste pour diverses bonnes raisons dont l'érudition n'est pas la moindre, sans compter d'indéniables qualités de coeur de ses représentants que je n'ai jamais vus attaquer qui que ce soit de notre bord. Qui plus est, la Charte est notoirement en empathie avec le légitimisme !

Que reprochent les Ultras de Lorraine au fontevrisme ?
De se remettre entre les mains du Créateur pour que s'accomplissent les promesses du pacte entre le roi et le Christ dont il est le lieutenant sur terre. Rien à dire, sauf que la démarche fut provoquée jadis par la Querelle dynastique entre les trois branches de Bourbon revendiquées, connues sous les noms de légitimistes, orléanistes et survivantistes (Cril17 et naundorffistes).
La crispation des royalistes sur leurs convictions est telle qu'il est pensable que la restauration du roi soit minée par ceux qui s'estimeront lésés dans les principes irréfragables qui les ont choisis. D'où l'idée de surmonter la Querelle pour réunir les bonnes volontés à propager l'idée du roi sans définir le prince, sous la condition première de croire en Dieu et de s'en remettre à lui. Un agnostique n'en peut être membre actif.
Pas de quoi incendier le Palais-Bourbon !
Cependant la première manifestation oecuménique publique, la Biennale Blanche de 2009, fut un succès, et l'on en prédit un meilleur score pour l'édition 2011, après le retrait des Assises du royalisme.

On voit bien ce qui gêne les Ultras de Lorraine : il n'y a pas à choisir, il n'y a qu'un prince, révélé par les lois fondamentales du royaume disparu. Choisir c'est trahir. La posture est défendable ; le ton et la morgue exécrables ; qui rappellent les belles heures de la Sainte Inquisition. Ça pue la poix chez Baudricourt. Les exégètes peuvent courir à leur blogue Beaudricourt.Hautetfort.com, ils y liront que « Le providentialisme est vraiment un mal social terrible, on voit rarement des providentialistes dans un groupe de travail si ce n’est pour proclamer un défaitisme perturbateur ». On demande des noms. Qui est venu au Cercle des Ultras'actifs réciter l'Ecclesiaste ? Après quelques gracieusetés comme défaitisme, superstition, orgueil démesuré (sic), nous apprenons qu'ils ont le téléphone. Le "Bon Dieu" leur parle et leur demande... comme à Jeanne d'Arc bien sûr !

Il y a eu des disputes sur Royal-Artillerie avec les Torquemada de pacotille qui ne supportaient pas notre liberté de ton mais surtout de pensée. Se soumettre à leur loi, l'apprendre par cœur, ne pas penser par soi-même (péché d'autonomie), accepter mot à mot la Révélation qu'ils produisent eux-mêmes, un peu dans le style des Témoins de Jéhovah, telle est la Règle de Fer (blanc). Il est inutile de débattre avec eux tant ils sont formatés rigides, mais on peut dire et nous ne nous en privons pas, que leur existence même est le plus parfait remède au retour du roi par quelque voie qu'il accède, au choix ou non de la Providence. Sait-on qu'ils entendent en remontrer au pape et au prince si l'un ou l'autre "dévie" ? Et si d'aventure le Christ de là-haut leur donnait tort, ils passeraient alors à faire battre entre eux les trois principes de la Trinité ; c'est leur job de semer la discorde.

Royal-Artillerie renouvelle l'expression de toute sa sympathie à la Charte de Fontevrault injustement attaquée par les robots. Que Monsieur Texier personnellement trouve ici les encouragements les plus sincères à la préparation de la Biennale Blanche qui se tiendra le samedi 17 septembre 2011 à Paris. On y verra certainement le Cercle de Baudricourt..., à défaut, y croiserons-nous des légitimistes sympas qui ne soient pas des talibans. Ils sont les plus nombreux du parti d'Anjou et les seuls qui aient l'oreille du prince.




PS: les réponses d'Alain Texier à Reny_F de Baudricourt sont par ici.


Les plus consultés sur 12 mois