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vendredi 28 janvier 2022

Le cancer sahélien

Le fondamentalisme musulman est une menace sur notre civilisation gréco-romaine en ce qu'il exalte une barbarie mentale et morale fondée sur l'observance minutieuse de rites surannés et de superstitions dont l'Occident s'est défait à la Renaissance, même si des métastases ont couru jusqu'à la fin du XIXè siècle. Nous sommes au XXIème ! Mais dans le cas qui nous occupe aujourd'hui, ce fondamentalisme musulman n'est que la tunique de Nessus dont se sont emparé des groupes ethniques sahéliens méprisés, les laissés pour compte dans la Grande Corruption de l'Indépendance africaine. Incorporant des combattants revenus du Djihad afghan et syrien, ces groupes sont devenus terroristes et narco-trafiquants, pour à la fin se noyer - mais ce n'est pas encore la fin - dans le sirop onusien de l'aide humanitaire permanente. Les "fiers" combattants du Prophète iront à la soupe internationale avec leur petite gamelle et leur petit bidon d'eau. Ceux d'entre eux qui l'auront refusé méditeront sur la supercherie des soixante-douze vierges, six pieds sous terre. Ceci pour dire que la cause des maux sahéliens est à traiter "en même temps" que ses effets, si l'on veut bien terminer l'affaire pendant la présente décennie.

fillette nomade du Niger

La réorganisation des Etats et la pacification des rivalités ethniques présupposent la collaboration des gouvernements et de leur administration afin de redessiner l'épure héritée de l'empire, usée jusqu'à la trame. Ce qui implique de faire droit aux légitimes revendications des peuples délaissés, pour faire simple, équilibrer droits et devoirs de chaque tribu et placer l'Etat au dessus de la grille ethnique (le plus dur). Sans aller plus loin, on a compris que ce n'était plus possible au Mali et au Burkina Faso, ni en Centrafrique d'ailleurs. Combien de temps, dès lors, entendons-nous braver la raison en demeurant en pays hostile, au motif de plus en plus faisandé de protéger la métropole et nos voisins des menées terroristes ? Aucune des agences fondamentalistes au Sahel ne promeut la conquête de l'Europe, nous disent les savants. M. Macron et ses minions croient-ils tenir longtemps la frontière française sur le fleuve Niger ? Pas besoin de sortir de Saint-Cyr pour comprendre que tant Barkhane que Takouba ne font qu'éroder la force de nuisance des groupes djihadistes africains sans l'anéantir, la remonte nécessaire à combler l'attrition que nous générons étant inépuisable.

Il y a deux pays du Sahel qui méritent notre appui dans la pacification de leur espace, la Mauritanie et le Niger. Le Tchad peut s'en sortir seul avec un peu d'appui aérien comme on le fit contre le colonel Khadafi. La Mauritanie développe au quotidien un modèle assez fin de gestion de son territoire et des peuples qui y broutent, en propageant par des imams une pratique déradicalisée de la religion et en patrouillant inlassablement les espaces reculés du pays. Le Niger, l'autre république des sables, joue le jeu de l'internationalisation du conflit et coopère avec les Français et avec les Américains. Nous pouvons réorienter notre appui sur ces deux pays et laisser l'ONU jouer avec les juntes noires et les stocks de riz. De toute façon qui est en danger par la subversion islamiste du Mali ? L'Algérie. Il serait temps qu'elle se sorte les doigts et prenne sa part du problème. Ras le bol de leur tirer les marrons du feu !

Info : les forces spéciales danoises, venues remplacer les forces spéciales suédoises remontées sur la Baltique orientale (Gotland etc.), ont refait le sac et rentrent au Danemark sur demande de la junte de Bamako. Sortons du schmilblick sahélien et laissons les Russes se faire tuer à leur tour. Musclons nos bases de Dakar et de Niamey (ou N'Djaména), apportons aux pays combattants la surveillance aérienne et l'appui-feu par voie aérienne ou artillerie Caesar. Et basta ya !

plaine du Niger

Reste les gens. Les Français d'âge avancé gardent une affection particulière pour les peuples du Sahel, et se sentent mieux à l'aise en leur compagnie qu'en celle des Balkaniques, des Hongrois ou des Russes par exemple. Il y a la communauté de langue et d'esprit - l'agence de coopération francophone naquit à Niamey en 1970 et ses fondateurs étaient Senghor (Sénégal), Bourguiba (Tunisie), Diori (Niger) et Sihanouk (Cambodge); un système d'enseignement similaire et des cursus universitaires accomplis chez nous ; une histoire commune et deux guerres mondiales traversées ensemble. Ça compte. La jeunesse s'en tient à la langue commune. Mais l'intérêt que nous leur portons ne peut justifier un corps expéditionnaire permanent sur quarante degrés de longitude. Les agitateurs de l'opinion contre la France coloniale, sur lesquels s'appuient les juntes militaires, signent le motif de notre retrait, s'ils ne sont pas combattus fermement par les administrations locales. Inch Allah pour la suite ! On regardera la guerre des couleurs sur France24 et sur Al-Jézira, qui ne sera pas pire que ne le fut celle du Soudan, quelques deux millions de morts plus tard. Les juntes militaires planquées derrière un bouclier Wagner à Bamako ou à Ouagadougou pensent-elles y survivre ? Incinération !

samedi 12 juin 2021

De Barkhane à Takouba, la peau des chagrins

Le nouveau format sahélien de guerre aux djihadistes et autres séditieux était dans les tuyaux depuis trois ans, plus précisément quand l'état-major a proposé à l'Elysée de monter une force spéciale multinationale qu'on appelerait "Takouba" (du nom de la rapière traditionnelle des Touaregs, en photo ci-dessous). Le double putsch de Bamako n'a fait que hâter cette transformation, ajoutant au risque inhérent à l'OPEX le syndrome du piège à con.

épée des touaregs

Pour mettre les choses au clair, il ne s'agit rien moins que d'imiter le format américain en Afghanistan, en espérant déboucher sur autre chose que la négociation avec les djihadistes du califat saharien. En abrégé, faire occuper le terrain par l'armée nationale repassée à l'instruction, lui fournir la logistique et l'appuyer par des moyens sol-air efficaces, la renseigner par une surveillance aérienne sophistiquée, mener des coups de main pour neutraliser les chefs djihadistes, si possible en réunion ; le but ultime étant de sécuriser l'espace, le ré-administrer et en transférer la responsabilité aux autorités locales ("secure, build, transfer" : VP Joe Biden à Kaboul, vice-président d'Obama).

Le problème est que dans cette description, deux points apparaissent très faibles : "l'armée nationale" et les "autorités locales". Est-il besoin d'épiloguer ? Ce billet serait-il une commande du Figaro que nous remplirions les deux colonnes assignées, mais n'étant qu'une réflexion gratuite, nous irons à l'essentiel, sans préjuger d'être contredit par des experts comme Wassim Nasr ou Bernard Lugan... Des sites spécialisés comme celui du colonel Goya vont étancher votre soif de détails. Pour notre part, nous allumons la lampe sur quelques aspects moins traités.

Si nous réduisons l'empreinte au sol de notre intervention, un seul pays semble en mesure de tenir le choc, la Mauritanie. Les autorités de Nouakchott n'ont pas attendu M. Hollande pour se protéger du terrorisme islamiste en actionnant des moyens certes mesurés mais déployés intelligemment tant au front qu'à l'intérieur. Reprenant la stratégie des compagnies sahariennes, leurs commandos de chasse, connaissant évidemment les tribus nomades, parcourent le territoire à la recherche de cibles qu'ils éteignent. Surveillance aérienne et appui-feu sont disponibles. Des équipes chocs (Ops) font des raids sur les réunions d'islamistes en zone frontalière. A l'intérieur, les oulémas assurent un travail de rééducation des masses aux valeurs intrinsèques de l'Islam, afin de contenir voire d'annihiler la propagande populiste des "émirs" djihadistes (détails). Des cinq pays de la coalition, la Mauritanie est le seul vraiment gouverné, depuis qu'Idriss Déby est mort au Tchad.

Le Tchad est (était) le point d'appui de la France au Sahel. Le Tchadiens se battent sur deux fronts, le Lac et le Tibesti infesté de groupes armés en Libye. Le pays est en proie à des rivalités ethniques anciennes qui font et défont entre elles des coalitions éphémères. La succession d'Idriss Déby risque de dégarnir le front anti-djihadistes si chacun veut soutenir ses prétentions à N'Djaména l'arme à la main. La tentation des groupes djihadistes de surinfecter la plaie en progressant vers N'Djamena est grande, mais les oblige à se découvrir. L'état-major de Barkhane est dans la capitale tchadienne ! Le sac de nœuds !

Deux commentaires

Deux acteurs militairement puissants rapportés à l'enjeu observent notre enlisement : le Maroc et l'Algérie. Ces pays sont bien plus intéressants pour al Qaïda ou l'Etat islamique que les pays miséreux du Sahel. En plus, ils sont soumis à une fermentation islamique qui déraille le plus souvent vers le salafisme et deviendront des proies toutes désignées, pour peu que le peuple y prenne feu. Or ces deux pays restent sur leur quant-à-soi vis à vis des opérations sahéliennes de contre-terrorisme, se bornant aux commentaires. La dégradation de la situation malienne va-t-elle les réveiller ? Attendent-ils que nous ayons tiré les marrons du feu pour qu'ils les épluchent sans se brûler ? Renâclent-ils à se montrer en notre compagnie pour ne pas réveiller un passé d'étroite collaboration militaire de leurs peuples et du nôtre ? Il semblerait. Ils ne vont pas pouvoir se cacher longtemps derrière une rhétorique à usage interne, sauf à risquer de basculer du côté du mur à l'ombre. Les islamistes sont déjà au gouvernement de Rabat. En Algérie, ils sont à l'affût et organisés pour les élections d'aujourd'hui samedi 12 juin.

La force Takouba qui monte encore en régime avec des renforts locaux, a été constituée de plusieurs nations européennes non impliquées dans la colonisation africaine pour éviter justement le reproche de néo-colonialisme que l'on fait souvent à la France, qui s'ingère à première demande dans les malheurs africains. Quand Barkhane sera retirée du terrain, les opérations spéciales en seront compliquées, plus visibles, avec des risques de bavures épisodiques propres à ce combat furtif, et de la part de certains pays se posera rapidement la question du maintien de leur participation, initialement motivée par l'empathie plus que la sympathie à notre endroit. L'Allemagne qui s'occupe de l'instruction des FAMa ne restera pas non plus après le départ de Merkel, toujours réticente à prendre un risque d'enlisement.

Une conclusion

Si les choses dégénèrent comme elles en prennent le chemin au Mali, au Burkina Faso (et en Centrafrique), M. Macron ou tout autre chef d'Etat français qui lui succèdera pensera au piège rwandais de l'opération Turquoise. Cette fois, nous nous retirerons sur nos bases atlantiques, non, je l'espère, sans avoir appelé l'Algérie et le Maroc à nous succéder dans la "pacification" du Sahel ; s'ils veulent sauver leurs arrières. Ce que nous aurions dû faire bien plus tôt. Quand le président Tebboune prend à témoin ce mois-ci un journaliste d'Al Jazeera sur la circulation d'armes lourdes (deux mortiers de 120 capturés ce jeudi 10 juin à Aguelhok) sous la frontière algérienne sans que quiconque ne s'avise de l'interrompe, jusqu'à lui laisser le sentiment d'un encerclement, on est tenté de lui demander quand se décidera-t-il à intervenir dans sa zone d'intérêt, comme il en avait le projet, dit-il, en Tripolitaine si des mercenaires européens prenaient le pouvoir dans la capitale libyenne. L'Adrar des Ifoghas, c'est aussi en Algérie, non ? et personne ne lui reprochera de déborder un peu quand il prendra les freux en chasse. Pour terminer ce court billet, rappelons qu'en l'affaire, la composante militaire n'est qu'un volet de la lutte contre le djihad islamiste. Il faut aussi apaiser les tensions sociales liées au sous-développement chronique pour tarir le recrutement islamiste, et régler les conflits ethniques bien documentés ; et rien de cela n'est possible en ce domaine avec les gouvernements actuels. Bonne chance, Monsieur Macron.
(billet rédigé le 11 juin 2021)


sous-officier à cheval des compagnies sahariennes prenant ses ordres
- Lieutenant des Spahis lisant ses ordres portés par un adjudant des Chasseurs d'Afrique,
les ordonnances indigènes sont des Spahis, les chevaux, des barbes -

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