jeudi 21 janvier 2010

Et les shadoks pompaient...

epee excaliburLes meilleures disputes de Royal-Artillerie ont eu lieu avec les ultrabrites de la Légitimité dont l'impatience se résume à maintenir La Loi en attendant¹ que la Providence favorise des circonstances que l'on ne saurait soupçonner. Le temps ne fait rien à l'affaire. Garder La Loi intacte et la passer aux générations montantes pour qu'elles capitalisent l'espérance : le salut est au bout. S'ajoute à la pureté d'intention un confort intellectuel inégalable. Prions !
Si l'on est convaincu de la supériorité en bien des domaines de la monarchie successible du modèle français, l'autre voie d'accès au bonheur civil est de favoriser par soi-même les circonstances d'une instauration/restauration monarchique sans attendre les caprices du Ciel, par tous moyens à combiner, organiser, soutenir et financer. A plusieurs c'est plus efficace. On monte donc le parti du roi, et en avant, sus aux moulins !

conspirateur cartoonA la première occasion, le prochain 1958, ou 1940, bon tant pis, 1870, 1848, 1830, non ? 1792 alors... on saute dessus, on encaisse l'aubaine et on restaure le trône sans attendre l'autel. Ni vu ni connu. Hélas, je nous sais d'aucun bord en capacité d'encaisser, n'ayant ni le feldmarschall, ni le prince d'assaut qu'il faudrait au moment. A défaut de pouvoir surprendre la gueuse au tournant de l'histoire, nous serions mieux aviser de profiter de l'effet de levier d'un opinion conquise à nos idées, sans bien sûr s'interdire le "coup" du un pour mille et placer à la barbe des indécis le diamant de la monarchie ab solu. Nous n'avons pas non plus un Frédéric II en attente, bien qu'il soit le modèle idoine pour reconstruire le royaume. Que des princes de beau temps ! Quoi de neuf sinon ?

Cette Sixième République dont on parle beaucoup à mesure que l'on découvre les inconvénients du quinquennat et son corollaire, la captation des pouvoirs entre quelques mains habiles à manipuler les médias, pourrait bien être la fracture institutionnelle pour une première monarchie constitutionnelle revenue. Exit la vulgarité de Division 2 au faîte de la Nation. On relève la France en commençant par en-haut. On applique le modèle des monarchies du Nord¹, on récure la constitution pour revenir à ses fondamentaux de 1958 sans la bouleverser - j'en laisse l'organisation des détails à votre imagination - et le peuple est content d'avoir enfin comme beaucoup de ses voisins, sa famille royale avec les potins, les couffins, les belles images de chevaux et carosses, et la Garde qui veille endimanchée aux grilles des Tuileries remontées. Pétaing, la classe !

J'en vois au fond qui se trémoussent pour contester déjà. J'ai les noms ! A quoi auront servi cent ans d'Action française, nos morts, nos académiciens, six tonnes d'archives doctrinales numérisées, et tous ces cortèges, ces prières, ces chants d'espérance derrière nos drapeaux cousus main ? Pour un roi constitutionnel qui ne gouvernerait pas ? Fichtre ! Foutre !

shadok marinA ceux-là je dirais que le projet en cours est inabouti, intrinsèquement inaboutissable ! Sinon nous ne serions pas cinquante, au plus cent, dans nos rassemblements. Prenez le possible qu'on vous offre, ne répétez pas l'erreur du comte de Chambord, incapable de régner sur Terre, contentez-vous de saisir l'opportunité, les plats ne repassent pas souvent dans l'histoire.
La cohésion nationale revenue, l'image représentative du pays rehaussée, le repère immobile dans une mer démontée - on va vers des collisions continentales graves -, des conseils avisés et des remontrances désintéressés au chef du gouvernement démocratique donnés régulièrement par une autorité morale non contestée, l'aimantation de l'affection de tous sur le même axe, tout cela mériterait que l'on mette le mouchoir de Cholet sur la doctrine impeccable qui tient debout toute seule, au point de rester tout à fait seule !
Sans abandonner l'idée bien sûr de faire plus et mieux à la prochaine occasion, quel grand pas de franchi serait-il d'installer à Paris ou à Bourges "le monarque du Nord" !

La condition sine qua non gît dans l'Opinion. S'il n'est pas démontré qu'une restauration monarchique, même soft, puisse se faire avec le peuple, il est à peu près sûr qu'elle ne pourra pas se faire contre lui. Si ce que je dis est vrai, la priorité de toute action politique, de toute propagande est de réacclimater le roi en France.
Que le "peuple" en ait envie, ce serait merveilleux. Qu'il laisse faire, pas mal non plus.

C'est un travail complexe et cher à mettre en oeuvre, mais, vu la popularité de la cible, il peut être complètement dissocié de la maintenance académique du projet capétien dans des enceintes choisies et rares. Il faut sortir des cénacles (y compris de la rue qui est l'anti-cénacle aussi stérile que le cénacle). Il faut quitter l'entre-soi. Le "peuple" doit être évalué dans toutes ses composantes ; le pays réel obtenu alors doit être jaugé, les modèles de propagande adaptés au résultat. Souvenons-nous qu'un sondage BVA pour l'Alliance Royale paru dans France Soir (8 mars 2007) donnait 17% de royalistes dans le corps électoral. On imagine bien que 16,95% pensaient à un roi constitutionnel du type qu'il croise dans les pages du gotha, et pas à Louis XI !

blason assisesEst-ce que les Assises, dont on ne sait si elles se tiendront en 2010 ou plus tard, dégageront l'avenir pour un projet crédible ? Détermineront-elles les champs de propagande et identifieront-elles voies et moyens, cibles et adversaires, avantages et dangers, pour que commence enfin la guerre d'opinion ?
Est-ce que les princes qui voudront rejoindre seront conscients qu'ils évoluent sur un marché d'images et d'information/investigation ouverte. A eux revient l'exemple devant l'Opinion ; à eux de cesser le jeu des faux-semblants et parfois délaisser l'amour du toc ; à eux d'affronter les faiseurs d'opinion en connaissant leur sujet.
A nous d'avoir les idées claires sur la queue de trajectoire choisie ensemble, et de donner à nos prochains l'exemple et l'explication attendue. Veillons à édulcorer les caricatures contreproductives en ne mélangeant pas nos valeurs personnelles et celles de l'institution. Ne préemptons pas les valeurs du roi à notre modeste niveau. Il verra tout ça au moment. Contentons-nous de propager le palpable, le populaire, le facile.

Du travail ! Dans une nouvelle voie ! Un but à atteindre pour tous ! Des progrès mesurables ! Un gestion par objectifs de nos structures ! Et la récompense promise à la fin.

Vienne le roi, la reine et le petit dauphin* !


Note (1): Lire le bref testament des Amis de Guy Augé
Note (2): Sur les monarchies du nord c'est par ici
Si ce prince devait gouverner ce serait par là

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*Lundi matin, le roi, sa femme et le pti'prince...

Bastiat, Hayek et les autres

globe anarchieDans nos voeux du premier de l'an, nous avions promis d'expliquer notre option libérale en économie. Le temps presse, la clôture approche. Voici la contribution de ce blogue au débat.
Si l'ADN anarchiste du Cévenol prédispose au libéralisme, il faut un peu organiser l'espace autour de lui pour assouvir complètement sa liberté. C'est le rôle de l'Etat (au sens large) qui s'arroge le développement et l'entretien de tout ce que le particulier, seul ou groupé, ne peut faire de lui-même. L'empilage des groupes d'intérêts individuels et leur interactivité repoussent sans cesse le périmètre utile de l'Etat, en théorie. La résilience des structures étatiques qui procurent des avantages évidents à leurs serviteurs, combat ce rétrécissement du domaine "public". La meilleure défense étant l'attaque : l'Etat enfle de lui-même.

Vue de la planète Mars, la Terre apparaît pourtant très mal gérée, bien que le logiciel dominant pour ne pas dire exclusif soit celui où l'Etat s'implique dans les affaires économiques et sociales, toujours et de plus en plus loin dans le détail ! A force d'organiser les sociétés humaines, un tiers des hommes mangent pas ou mal, deux tiers sont pauvres, un petit sixième a les dents du fond qui baignent, et personne n'ose prédire d'autre issue que catastrophique. Les habitudes sont tenaces et le modèle n'est pas remis en cause, simplement on le considère perfectible. La faim du sahélien est perfectible.
Dogons, corvée de bois
Mais on ne peut être "libertarien" uniquement contre l'Etat. Attention, il est des postières girondes qui pourraient vous faire apostasier, sans parler des airatéputes aux yeux félins et des polissonnes de l'Opéra. Non ! On est (naît) libertarien parce qu'on croit en l'homme. Pas le bon sauvage, pas le ravi de la crêche, ni le curé d'Ars, mais parce que l'on croit en l'entreprise humaine, cette impatience de faire, cette mégalomanie intrinsèque à l'espèce, cette vanité à marquer le bref instant de son passage en ce bas-monde, cette revendication à la dignité dans l'indépendance. Lâchez la bride à l'homme, il réussira. Si ce n'est lui, ce sera son frère, son fils, sa nièce, quelqu'un.

consommateurs addictésPour l'en empêcher, il faut le "châtrer" et le distraire par la sur-consommation. C'est le programme du socialisme actuel, mais c'est aussi le programme de tout Etat qui sort de ses gonds institutionnels et se mêle d'économie politique.
Regardez la renaissance de l'empire chinois. Elle est fondée exclusivement sur l'homme, le Han, le sel de la Terre et fils du Ciel. Le vieux Deng - pas un tendre, qui a lâché les chars sur les étudiants de Pékin - a retourné dans tous les sens le futur de la Chine populaire pour se convaincre qu'elle n'en avait aucun. Pourtant ce peuple trimillénaire avait tout réussi dans le passé et ses gènes étaient toujours là, cachés, brimés, latents. Que risquait-il à 76 ans, le hakka rieur ? Qu'on le pende par les c... sur la place du marché ? Elles ne l'auraient pas soutenu ! Organiser le peuple était une imbécillité dès que la Révolution était terminée; il fallait débonder les initiatives individuelles, toutes les initiatives individuelles du champ économique, proclamer l'enrichissement des coeurs vaillants, et pour pallier la révolte de la nomenklatura, lui offrir de montrer l'exemple en préemptant des terres à bâtir, en l'impliquant dans le développement économique à base d'implants étrangers, en lançant des banques d'affaires non plombées par les conglomérats anciens, in fine lui laisser acheter ces fameuses "benzies" qui la faisaient tant baver, et envoyer les gosses poursuivre leurs études aux Etats-Unis !
milliardaire chinoiseLe Han qui compte en dormant, qui joue en bourse comme nous au tric-trac, a fait le reste. Les usines "dérèglementées" ont surgi comme des champignons. Il fallait à tout prix être plus riche que son voisin, accumuler les appartements, les objets rares, les putes russes, et lui montrer que sa maîtresse officielle était plus belle que la sienne. En trente ans (30 ans !), comme une Atlantide à rebours, de l'océan de misère chinois est sorti un empire d'une force telle qu'on ne parle plus que de G2 dans les affaires du vaste monde. La première équipe de secouristes débarquée en Haïti avant-hier est chinoise !

Notre problème à nous Français, qui avons moins souffert du communisme que les Chinois, est que notre socialisme est beaucoup plus sophistiqué et que son lait est sucré au départ pour bien addicter le nouveau-né citoyen. Aucune contrainte ici. Pas de commune populaire obligatoire, pas d'ouvriérisme obligé, pas de petit foulard rouge à l'école. L'opium édulcoré, la canada dry de la schnouf dogmatique. On vaseline le peuple.
Il n'est que de voir la succession de revendications puériles ou carrément stupides qui passent sur nos écrans. Au moindre pet de travers, à moi l'Etat ! Les aiguilleurs du ciel travaillent-ils quatre-vingt-quatre jours par an que c'est déjà trop, vu la souffrance dans les tours de contrôle. Les conducteurs du RER A conduisent-ils trois heures et demi par jour avec six semaines de congés et la retraite à 55 ans que c'est "l'exploitation de l'homme par l''homme".
boeufReste-t-il des gènes de conquête dans la population des veaux ? C'est tout le débat économique, dans un pays plombé par un modèle social somptuaire, obsolète, ridicule, par des prétentions extravagantes à régenter les autres plutôt que nous-mêmes ; et par une dette inadmissible sur un territoire béni des dieux, le plus beau du monde (et j'en ai vus !). Il faut détruire d'urgence "l'organisation" de nos moeurs économiques, euthanasier les syndicats incapables de recouvrer des cotisations, débander les services centraux extérieurs au domaine régalien, et foutre tout ce beau monde à la mise en valeur des Kerguelen ! Lancer la souscription nationale pour les "Exodus".

Plus sérieusement, vous irez sur les sites libertariens suivants qui développent le vrai "libéralisme économique" avec plus de pédagogie que je ne saurai le faire.

D'abord à tout Français tout honneur, le site de François Rideau, Bastiat.org. Frédéric Bastiat (1801-1850) est un économiste landais très connu au Nouveau Monde, région insatiable de recherches et développements. Son oeuvre est pleine et le site indiqué vous y conduit partout. Comptez une petite semaine. Si vous sortez dîner en ville déjà demain soir contentez-vous des Harmonies économiques qui sont en ligne. Vous dénoterez brillamment, les temps étant aujourd'hui au gaullisme de gauche revenu !

dessin ChappatteAprès lui, vous pouvez passer par l'Ecole autrichienne d'économie (Menger, Von Böhm-Bawerk, Von Mises, Hayek et Rothbard) en traversant par exemple le site du Québécois Libre. Tous condamnent l'intervention de l'Etat en économie et sont mal vus des fonctionnaires qui régentent le général et le menu dans nos sociétés policées et nous enfument quand leur modèle implose. Le krach de la Lehman Brothers est typique de la malfaisance de l'interventionisme, mais on l'a habillé de "finance sauvage" pour ne pas avouer que les indiens de Wall Street ne savaient danser autour du feu que si l'Etat garantissait le bois de chauffage. Ils continuent de plus belle, sans que le doute effleure quiconque que l'Etat remontera les ruines qu'ils laisseront.
En passant, si l'Islande avait confié sa circulation monétaire sous "contrat de monnaie" à une banque familiale privée, les Islandais ne seraient pas dans le marasme actuel. Les plombs auraient sauté, préservant l'essentiel.

Salma HayekJe termine sur l'approche anarchiste de Friedrich Hayek de "L'Ordre Spontané" que rapporte la wikipedia : il s'oppose aux intellectuels « constructivistes » qui établissent des « projets de société » dont il dénonce le « scientisme ». Dans une perspective épistémologique, il s'attache à montrer que nul ne peut appréhender le monde dans sa complexité, y compris les gouvernants. Tout projet de société collectiviste, toute tentative de gestion rationnelle et globale de la société ne tient nécessairement pas compte de l'autonomie des personnes et de l'imprévisibilité de leurs actes, et est vouée à l'échec. Par « constructivistes », Hayek désigne principalement les socialistes mais également les « conservateurs » qui entendent modeler la société conformément à leur idéal.

On pourra compléter avec profit (je n'ai pas peur de le dire) par un billet de Royal-Artillerie, Europe, que faire de la démocratie et par l'article de l'AF2000 du 3 septembre 2009, Cerises pour les nuls.

L'anarchie plus Un, disait Maurras.
Ce soir, je suis hayékien.
Salut.


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mercredi 20 janvier 2010

Archivons !

le lis brodé de RA avec étaminesLe blogue monarchiste offensif(?) Royal-Artillerie fait sa transmutation en blog d'archives. Après cinq ans de clavier et huit cents billets, le piéton du roi est quasiment à sec. La perception immédiate de son environnement lui indique que la cause qu'il défend, depuis bien plus longtemps que ce blogue, n'a pas avancé d'un mètre. Il n'est donc pas bon dans cette propagande et en tire la conclusion pour lui-même qu'il impose aux autres sans trop prendre de gants, je l'avoue, dans le ton habituel du support : il rend le paquetage.

JullianDepuis mes premières journées royalistes aux Baux, à La Malène, à Buzeins et ...ailleurs, il y a cinquante ans, j'ai trouvé puis retrouvé un "parti du roi" dans les mêmes prédispositions d'esprit et les mêmes ressources d'effectifs et la même impécuniosité qu'aujourd'hui. Après bien des remises en cause, des idées géniales, des déchirements, des "schismes", il est devenu patent que le "mouvement" n'a aucun leader au niveau de l'enjeu ; ce qui laisse courir ci et là les adjudants majors ou les mages, mais de général, point !
Quant aux princes... ils nous craignent autant qu'ils nous "aiment". Les préventions d'Henri d'Orléans contre les royalistes (chez Thierry Ardisson) en disent long sur leur confort bourgeois. A quoi bon s'obstiner ? Le rêve passe de toute façon et le spectacle de la farandole des fantômes suffit à la plupart. On peut les comprendre puisqu'après tout, ils sont ceux-là indemnes de toute responsabilité dans la disparition du royaume de France, il y a cent quatre-vingt ans !

Jean d'OrléansLe prince Jean propose ses idées politiques à la France et il en fait courageusement la promotion dans tous les Landerneau de la république. A compter d'aujourd'hui il se donne dix ans pour choisir son destin. Il en aura cinquante-cinq, la force de l'âge. Souhaitons-lui le meilleur.
Je n'attendrai pas l'embellie promise du côté du mouvement, car le parti du roi est littéralement plombé par les hypothèques du passé d'un côté, et par le désordre dialectique dans un discours généralement obsolète de l'autre, à tel point que les chevaux-légers de la Cause, les quelques médiatisants qui se "compromettent" devant le "vrai pays réel", en font cinq fois plus en cinq minutes que tous les précités en chapelles et ce blogue avec. Le prince pourrait en tenir compte.

SchtroumpfsJe remercie les mille lecteurs hebdomadaires (visiteurs uniques absolus moyenne¹ selon Google Analytics), qui ont pris la peine de me suivre dans cette exploration d'une propagande différente, et qui en de trop rares fois ont contesté mes perceptions hétérodoxes. Hélas cette audience moyenne fut pratiquement atteinte dès la fin de la première année d'édition et ne s'est jamais vraiment accrue par la suite, sauf lors de disputes internes au mouvement, qui ont fait du racolage jusqu'à 1300 lecteurs hebdo.
Des propositions faites et expliquées en détail ici, aucune n'a percuté ; ce qui ne me vexe pas. Mais aucune alternative n'a vu le jour non plus pour les ensevelir dans l'indifférence, ce qui est désolant, au vu de la déréliction ambiante. Même les bons sondages sur la perception du roi par les Français sont restés inexploités. Pour faire court, il ne se passe rien en lices.

Bon courage aux revenants dans l'exploration des huit cents archives. Le squelette du blogue a été modifié pour en simplifier la consultation, mais on pourrait encore l'améliorer, ce que je ferai à l'occasion.

Vive le roi, quand même !



Catoneo
le vingt janvier deux mille dix,
piéton de soixante-cinq ans ce matin



un borsalino

Note (1): le chiffre de lecteurs sensibilisés par nos billets serait plus élevé que mille car il y a eu un renouvellement régulier du lectorat difficile à analyser. Le fonds de commerce stable (en termes d'IP) serait de 600 assidus.

lundi 18 janvier 2010

Messe pour le Roi mort


blason du mémorial de France




Sous la protection de Monseigneur le Duc d'Anjou, le Mémorial de France invite tous les royalistes à se joindre à S.A.R. le prince Charles-Emmanuel de Bourbon-Parme pour prier en la Basilique de Saint-Denys le jeudi 21 janvier 2010 à midi.

Messe de Requiem pour le repos de l'âme du Roi Louis XVI
célébrée par le RP Argouac'h
dans le rit extraordinaire


Quelques images d'une cérémonie passée :


assistance
autel
nef
deuil

Nous joindrons cette année dans nos prières aux mânes du roi mort le malheureux peuple d'Haïti et toute la francophonie qui souffre.


S'y rendre :
Métro ligne 13 bleue, station Basilique-St-Denis
Bus 239 et 153 depuis la Porte de La Chapelle (Zone 3)
Tram T1 venant de Noisy-le-Sec
Pas de parking dédié à la basilique (zone 9-3)

Conseil : Arriver avant l'heure pour obtenir une place assise.

Liens utiles :
Mémorial de France
Autres messes de l'Association Louis XVI



lis blancs
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dimanche 17 janvier 2010

150 ans de Patagonie (1860-2010)

Rama IX de ThaïlandeIl est deux royaumes au monde que je ne me lasse pas d'observer tant ils résument la force d'aimantation de la monarchie : le royaume de Thaïlande et le royaume de Patagonie. Le premier assemble une mosaïque d'ethnies dispersées sur un territoire malcommode et gouverné en sous-main par les Chinois d'outremer (parfaitement siamoisés).
Ce pays est traversé d'orages politiques fréquents et reste malgré tout debout. Il fut le seul état asiatique à ne pas souffrir la colonisation européenne, et à l'époque, menaça en permanence l'Indochine française sans que nous ne puissions le mettre au pas. Le roi est un phare qui luit au milieu du désordre. Le contester sur place vous transforme en charpie. Royal-Artillerie fit en son temps un billet intitulé "Cours de coup" qui met en scène le palais dans la tempête.

Par le roi, l'Etat demeure, la Nation continue

Mais le plus affolant est le royaume en parenthèses de Patagonie.
C'est un royaume virtuel en fonctionnement, qui en a tous les attributs, et dont le ciment est totalement affectif. Il fête cette année le cent cinquantième anniversaire de sa fondation par Orélie-Antoine Premier.

Antoine TounensLe samedi 18 septembre 2010, derrière le Consul Général de Patagonie, Jean Raspail, et le vice-consul chancelier, François Trulli, se rassemblera à Tourtoirac (Dordogne) le gotha du royaume - des Patagons du monde entier - pour un dépôt de gerbe à 17 heures précises sur la tombe du roi. La cérémonie sera suivie d'un vin d'honneur. La logistique restera dans l'esprit patagon, individuelle et portative.
Les vice-consuls sont invités par le consul général à hisser les couleurs au siège de leur vice-consulat et à organiser une rencontre avec la presse locale et les autorités municipales et préfectorales. Une réception officielle est en préparation le dimanche soir 19 septembre à Paris. Y verra-t-on le nonce apostolique ? Peut-être pas, mais nos princes seraient bien avisés de s'y rendre pour en prendre de la graine.

Ce royaume présenté dans un billet précédent, que l'on peut découvrir à travers son roi, son site et son forum, édite un annuaire général et diplomatique à couper le souffle, puisqu'il ne fait pas moins de seize pages A4 imprimées serré, liste en lignes ! Il est inséré dans le Moniteur de Port-Tounens (140p. en quadrichromie, 25€).

armes du roiComme on s'en doute, les corps constitués sont d'abord militaires¹ puisque le royaume attaque régulièrement (pour de vrai) les possessions anglaises en rétorsion de la capture des Malouines, ce en dépit d'un ultimatum à évacuer, adressé en bonne et due forme le 1er juin 1984 par la chancellerie de Paris au gouvernement de Sa Gracieuse Majesté, dont on croit qu'elle se serait torché. Il attaque aussi tout territoire vacant s'il est maritime ou désolé, afin d'y planter sa bannière, marquant une prise de possession éternelle et virtuelle². La guerre anglaise n'empêche pas que le premier attaché naval soit le contre-amiral Templeton'Cotill de l'Amirauté, qui se met chaque fois en disponibilité les jours de conquête. So british ! Le commandement passe alors au contre-amiral d'Hérouville et à son état-major particulièrement relevé, puisqu'on y croise des généraux trois-étoiles, des capitaines de vaisseau, de corvette, des colonels, chef d'escadrons et autres capitaines de toutes armes pourvu qu'elles soient d'assaut. Les Corps de volontaires disposent aussi d'un service de santé et d'aumôniers car la proximité du Ciel est recherchée en toutes affaires. A tel point que les morts fonctionnent parfaitement. Feu le général Armijon commande en second le 1er Royal Etranger, Vladimir Volkoff s'acquitte avec brio de son rôle de consultant pour les affaires serbes et russes.

Bon ! Quand vous rajoutez l'annuaire des associations civiles et tout le réseau diplomatique (47 pays), ils sont quatre ou cinq mille. Pour mémoire, le comte et sonneur de Quincerot est légat auprès de l'Ordre souverain de Malte. Pour boucler ce billet, nous signalons à l'attention des touristes que le vice-consul patagon en Thaïlande est M. Yvon Jagues qui réside à Chiang Maï. Il est peu de pays au monde où le Patagon perdu ne puisse atteindre son consulat.

Si je demande ma naturalisation un jour de blues, parmi les cinquante associations patagones ouvertes, je m'inscrirai à l'Institut Royal Patagon pour la conservation du patrimoine historique des îles Wollaston, Hoste, Clarence, Santa Ines et Desolacion. Croisières rafraîchissantes en vue.



Après l'hymne patagon composé par Guillermo Frick pour SM Orélie-Antoine 1er, nous finirons sur l'éditorial de Jean Raspail tiré du XII° Moniteur de Port-Tounens. Pour se le procurer, envoyer un chèque de 25 € chez François Tulli, 20 avenue de Lowendal, 75015 Paris (chèque à l'ordre de François Tulli) :
Raspail par Terpant
Le temps n'a pas d'importance. Ce qui compte, ce sont les parenthèses. Le royaume de Patagonie est un royaume entre parenthèses. Chacun de ses ressortissants les ouvre ou les referme à sa convenance, l'espace d'un instant, d'un jour, d'un regret, d'une révolte, d'un élan de coeur, d'une impulsion, et Dieu sait, par ces années qui courent, que les motifs ne manquent pas ! Voici longtemps, au siècle dernier, ayant demandé à André Frossard, académicien célèbre, éditorialiste de haute volée, vice-consul de Patagonie à Ravenne, pourquoi il avait souhaité devenir sujet de Sa majesté, je l'entendis me répondre, avec son laconisme coutumier : « parce qu'il y a plus de Patagons qu'on ne croit...» Tout était dit. Rien à ajouter.

Dont acte.


Note (1): Dans les années 80, de sérieuses tensions surgirent entre l'EMAT et la chancellerie, quand toute une promo de Saint-Cyr demanda sa naturalisation et qu'un régiment de blindés défila le 14 juillet en arborant les couleurs patagones. C'était l'époque du malaise.
Note (2): Le roi défunt de Patagonie est aussi souverain de Patagonie Septentrionale qui rassemble les possessions des Minquiers, la Nouvelle Dawson de la baie de Rance, les îles Saint-Marcouf, le château de Monteloro en Toscane, la baie d'Armijon à Puerto Eden (Patagonie de la Pluie), Le Mazel en Cévennes, les forts militaires de l'Aussoie en Savoie, un fortin d'Afghanistan, le cratère du Fego au Cap-Vert, la pointe de l'île Espagnola aux Galapagos, le Karakol Peak du Kirghizistan, et "Le Jeu du Roi" continue.

carte du détroit
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vendredi 15 janvier 2010

Royal extrême

affiche FalangeOn ne peut dissimuler que les royalistes aient cultivé dans le passé une certaine proximité avec l'extrême-droite. Sans remonter jusqu'au soutien à la croisade franquiste que dénonçait Georges Bernanos, nous avons jeté des passerelles vers ce bord de l'échiquier politique au moment de l'Algérie française en même temps qu'on attendait Monk (?!). Puis quand nous eûmes enfin "notre" président - il proposera la croix de la Légion d'honneur au comte de Paris qui refusa et la fit donner à sa bonne - nous suivîmes Tixier-Vignancourt chez son héritier, le cyclope républicain qui alors moissonna le blé de l'Observatoire, que nous avions nous-mêmes semé, en obtenant la proportionnelle aux législatives.

Président MitterrandAllez savoir pourquoi le nouveau champion de la "nation française" est allé foutre la tête dans les fours à juifs de Pologne ! Pourquoi est-il allé se pavaner dans les thés dansants de la Waffen-SS en Allemagne ? Qu'avait à faire la France dans ces Courlandes glacées ? Strictement rien de plus que le caprice du satrape. Son républicanisme était dès lors ordinaire et patent.
La décrédibilisation - que solda son meilleur lieutenant, Bruno Mégret, en quittant la Nef des fous¹ avec tous les cadres du parti - entama notre propre crédibilité. Pour moi, Le Pen est un âne du même poil que le colonel de La Rocque. Mais si nous avons pissé ensemble, même sans nous regarder, nous en avons emporté l'odeur.

Aussi les jeunes s'interrogent. Sur le forum de l'Alliance Royale, il en est un qui pose la question habituelle : « Quelle est la différence entre l'Alliance Royale et l'Action Française ? Seriez-vous moins marqués à l'extrême droite ?»

L'Action Française est en train de se défaire des oripeaux du compromis nationaliste qui l'ont plombée à mort, pour penser par elle-même, et dans vingt ans, on ne lui posera plus la question de son "extrémisme" puisqu'elle sera remontée "au-dessus". Bien qu'ils laissent de côté l'AF dans leur propos, les gens de l'Alliance ont donné la bonne réponse pour ce qui les concerne. La voici :

tract AR
Le "moins" n'est pas du tout à sa place. Cela signifierait que l'A.R. est à l'extrème droite tout de même. Est-ce que souhaiter une démocratie de proximité, par et pour le peuple qui pourrait diriger lui même sa vie, et non se laisser diriger, quels que soient ses particularismes régionaux, professionnels, etc... de la même façon que son voisin, ou celui qui vit à des milliers de kilomètres de lui, par des énarques hors des réalités, ou autre politiciens professionnels qui trustent le pouvoir en accusant leurs copains de promo de l'échec de leur politique, et ce à tour de rôle, c'est être d'extrême droite?

[Notre "démocratie" c'est :]
- Un Individu, qui vote pour des élus communaux, pour le quotidien de très grande proximité.
- Un Individu qui vote pour des gens le représentant REELLEMENT, (ouvrier, mère de famille, etc... le corporatisme en clair), pour constituer un parlement régional ayant un VRAI pouvoir d'orientation de la vie au sein de sa région indépendamment d'un pouvoir centralisateur, et non la parodie actuelle de régions asphyxiées, si elles ont le malheur d'appartenir à l'opposition.
- Des parlementaires régionaux qui élisent les membres d'un Conseil supérieur, mais là encore bien plus représentatif que ce rassemblement d'avocats, de médecins et d'énarques auquel nous assistons...
- Et enfin, le Roi en ses conseils, incarnation de la France et de SES peuples avec leurs si belles diversités, et non un président de parti en face de Français tellement lissés qu'ils n'en ont plus de saveur, de beauté !

logo JR
A l'heure de tous ces beaux discours sur la mixité, mais aussi sur l'identité nationale, preuve de la schizophrénie républicaine qui ne sait plus à quelle branche se raccrocher, le Roi est la seule solution.
Seul un Roi, détaché du tiraillement électoraliste, attaché à l'histoire de la France, et "jaloux" de la France comme de sa propre vie, car il devra la donner "la plus belle possible" à ses descendants, saura unir LES peuples de France !

Il n'y a pas d'extrême droite possible dans le royalisme, car si dans la République on voit l'immigré différent, c'est qu'il ressort du lot, du troupeau des moutons créé par deux cents ans de Jacobinisme, par deux cents ans durant lesquels la République n'a eu de cesse de créer un modèle unique, juste utile pour consommer et travailler, à la gloire de l'argent et de ceux qui en profitent. Comme par hasard, ceux qui dirigent !

Dans une France Royale, l'immigré, si tant est qu'il se décide pour la France, sera alors choisi par la France, parce que chaque région, chaque individu retrouvera la fierté de ses différences, POUR la France et PAR le Roi, TRAIT D'UNION de TOUS les peuples.
Il n'aura plus besoin de se créer une espèce de culture nostalgique de ses racines, puisqu'il pourra s'identifier à une culture locale réelle, et non à l'espèce "d'a-culture" généralisée actuelle, où la seule gloire est de ne ressembler à personne et surtout pas à soi-même, mais au final à tout le monde ! Un monde aseptisé!
drapeau fleurdelisé de leopardsNe croyez pas que je sois à la masse (quoique, un peu sans doute), je sais bien que cela ne prendra pas deux ans, il y a plusieurs générations de retard, de désinformation et de lavage de cerveau à rattraper, mais :

Le ROI, c'est LA LIBERTE !!!


Après, bien sûr qu'il y a des extrémistes dans tous les mouvements politiques, mais, à l'inverse d'un président CHEF DE PARTI, et donc obligé de SUIVRE ses partisans pour garder son travail (sans responsabilité d'ailleurs, puisque même avec un bilan calamiteux, pour peu qu'il ait été un minimum honnête, un président s'en ira à la fin de son/ses mandats avec une jolie retraite à vie, sans comptes à rendre) ; le Roi, lui, a les coudés franches pour décider du cap à suivre pour le pays, en bon PERE DE FAMILLE , en fonction de ce qui est bon pour l'ensemble de la Nation dans le long terme, et pas seulement pour ses "électeurs" immédiats.

Ce qui simplement veut dire que le Roi est le Roi, il n'est pas ce que sont les royalistes !

Le Roi en place, ce ne seront pas les royalistes qui décideront de la vie et du quotidien, mais les Peuples, peu importe leurs origines, leurs couleurs, leurs croyances, du moment qu'ils se reconnaissent dans le Roi, et donc dans la France !

Pour la France et Le Roi !


Signé : Quentin


toile de maître, le roi boit

Pas mal ! C'est enlevé, ça vient du coeur. Extrême-droite ?
C'est où la Droite déjà ?


Note (1): ... dit le Paquebot.

Une faute d'orthographe, de grammaire, une erreur à signaler ? Contactez le piéton du roi à l'adresse donnée en bas de page et proposez votre correction en indiquant le titre ou l'url du billet incriminé. Si l'article vous a plu ou déplu, vous pouvez le faire suivre à un ami en cliquant sur la petite enveloppe ci-dessous :

jeudi 14 janvier 2010

1793 en Cévennes

médaille L16 et MACe dimanche qui vient nous marcherons pour le roi. Le roi Louis XVI fut un roi bon et bien plus instruit que les princes de son temps, mais dont on ne trempa pas le caractère comme il convenait à un futur roi de France.
Or l'un des atouts de la monarchie successible est de "préparer" très tôt et à fond le successeur pour qu'il fasse l'écart. Qu'on ne l'oublie pas...

La République fut accouchée dans le sang des innocents - on ne le dira jamais assez - même si le roi fut imprudent autant qu'irrésolu dans son face-à-face avec elle. Son procès fut le prototype des procès politiques modernes, il ne m'intéresse en rien d'en publier les minutes¹ puisque le roi était condamné à mort d'avance par les députés les plus menaçants de la Convention, qui "terrorisaient" ceux des autres les moins résistants. On saluera en passant le courage des trois avocats et en particulier celui de Lamoignon de Malesherbes, qui firent leur possible au milieu du lynchage, et on ne s'attardera pas sur l'impiété meurtrière du duc d'Orléans qui déconsidéra sa famille à jamais dans la fonction. Qu'il ait payé de sa vie l'imbécillité de sa longue conspiration ne le rachète pas sur Terre. Au Ciel ce peut être différent.
tract
Que se passait-il en baronnie d'Hierle² à ce moment-là ?
Sumène avait une mauvaise réputation révolutionnaire même si son curé constitutionnel était à la pointe de l'innovation, à telle enseigne que sur ses conseils le Procureur de la Commune cherchait à débusquer les sympathisants de Chassier qui levait, disait-on, une armée royaliste en Lozère tout proche. Au moindre soupçon ou sans aucun soupçon fondé, on emprisonnait les gens en vue pour faire un exemple, ce qui n'altérait en rien l'humeur frondeuse du populaire qui chantait des chansons inconstitutionnelles interdites et abominables dans les cabarets, jusqu'à s'y battre comme des chiffonniers et, saouls comme des cochons, se mettre à parler français. La Grande panique de Danton débarqua en baronnie d'Hierle le 16 juillet 1792 comme partout. Les brigands signalés sur le territoire déclenchèrent la levée de la Garde nationale qui fut postée dans tous les quartiers pour repousser ces ennemis imaginaires. On paya les gardes en assignats car le numéraire manquait, sur les vingt mille livres de "billets de confiance" que la commune avait émises, ce qui atténua légèrement l'enthousiasme des forces de l'ordre. Survint alors le Dix Août.

arbre de la liberté
Les royalistes suménois révoltés par la prise des Tuileries menacèrent le Procureur des pires représailles, qui se réfugia auprès du Conseil municipal pour en obtenir une délibération de "bon patriote digne d'estime". Le procureur muté au Vigan, les révolutionnaires resserrèrent leurs rangs derrière le curé qui dénonçait à tout va, et en dépit du renfort d'agitateurs, échouèrent à prendre la Municipalité au 1er janvier 1793. Le nouveau Maire fut un roturier, traiteur de son métier, le Procureur de la commune était ci-devant seigneur-justicier du Rey, un hameau de la commune sur l'Hérault. Un modéré et un exalté. C'était le traiteur le modéré. Cette Municipalité dura tout le temps de la Terreur, et aussi rude qu'elle ait pu être vis à vis des insoumis, elle épargnera l'échafaud à tous. Le fond cévenol sans doute, ce pays avait beaucoup saigné dans le passé.

caricature de lepeletier de StFLe 21 janvier 1793, le roi fut exécuté à Paris. Il n'y eut aucune célébration publique même si les exaltés demandaient à tremper le mouchoir dans le sang du tyran. Par contre l'assassinat de Lepeletier de St Fargeau dont la nouvelle arriva le lendemain, donna lieu à un grand cortège funèbre derrière une bannière où avaient été inscrites les dernières paroles du premier martyr de la Révolution. Les Annales avouent que le cortège traversa la commune dans un morne silence et que le panégyrique du Procureur ne fut pas applaudi. La "fête" coûta 33 livres et 10 sols au budget. L'étranger se mobilisant dès lors contre nous, on décréta la conscription générale au mois de mars.

Sumène comptait 186 hommes de 18 à 60 ans mobilisables, et la commune devait fournir trente soldats à l'Armée du Var. Les 186 furent réunis le 15 mars pour choisir le mode de désignation, au scrutin ou au sort. Le mode du scrutin fut adopté par 123 voix pour et 63 contre. Le conseil siégea alors pendant quarante jours ! On va voir pourquoi :
Les 123 qui avaient tout compris de la démocratie militaire, votèrent sur les conseils d'un notaire de leurs amis par 123 bulletins uniques désignant pour l'Armée du Var les trente meilleurs "patriotes" ou protestants de la commune. Le scrutin fut cassé par la Municipalité qui exigea que les bulletins soient écrits ou dictés séance tenante sur le bureau de vote. Les 123 apprirent la liste par coeur et le résultat fut le même ! Fureur des patriotes, menaces du Procureur, transport du chef de district à Sumène pour constater le vote. Après une harangue épuisante sous les quolibets, les citoyens trop contents de voir partir à la guerre les perturbateurs ne voulurent bouger d'un pouce. On cassa le vote pour la seconde fois et on décréta le tirage au sort. Restait à parfaire les réquisitions pour équiper la troupe.
assiette 1793Ce ne fut pas triste non plus. Les "colonels" de la Garde nationale rechignant à contribuer furent promus "caporal", on brûla les drapeaux de l'Ancien régime, prit ce que l'on put chez le particulier, et les trente partis à Nîmes, l'ordre vint d'Alès de désarmer les communes de la baronnie dont les citoyens avaient marqué largement leur hostilité aux nouvelles moeurs. La Terreur était en route.

Les registres du temps montrent qu'à partir de ce moment-là les protestants et certains affidés catholiques qui les servaient avaient acquis toutes les premières places. A choisir son camp, les Cévennes, fédéralistes de toujours, avaient pris celui des Girondins. Ça n'était pas le bon ! Les notables de Nîmes, si acharnés contre les Emigrés dont ils convoitaient les "restes", émigrèrent à leur tour, et les vengeances commencèrent à tous les niveaux d'une société en chaos qui mêlait en permanence le ridicule au tragique. Comme partout ailleurs en France. A la réserve près qu'on ne décapita personne en baronnie, une certaine solidarité intime et la crainte d'une vendetta infinie ayant fait reculé les plus excités.
Il est d'autres pays du Midi où l'on se vengea jusque très tard, en Rouergue par exemple, où le procureur Fualdès³ fut saigné comme un porc en pleine ville de Rodez, le 19 mars 1817.

guillotine



Note (1): Procès et mort du roi chez Diagnopsy
Note (2): la baronnie d'Hierle correspond à peu près à l'arrondissement du Vigan (département du Gard)
Note (3): l'affaire d'un emballement médiatique

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mardi 12 janvier 2010

Avis de mutation

Ce blogue est en cours de refonte pour améliorer les accès aux archives.
Pendant quelques jours, les lecteurs subiront des modifications du template qui va passer au modèle Béta Blogger.

Veuillez excuser le désagrément.

L'export, un art plus qu'une science

logo made in chinaLa Chine est devenue le premier exportateur de la planète. On attend qu'elle en devienne à court terme (comme le refroidissement du fût, on ne sait pas combien ça fait) son premier producteur. A partir de là, si aucun accident systémique ne détruit l'Empire du Milieu revenu, bonjour les diplomates aux cols empesés, nous ferons où Zhongnanhaï nous dira de faire !
Cette annonce tombe au milieu d'une série noire de revers industriels français à l'exportation qui laisse croire que les glandeurs de Polytechnique, échappés peut-être de la SNCF, ont repris en main les grandes causes. M. le président de la République peut bien faire des pieds et des mains pour placer nos productions - et nous devrions l'en féliciter plus souvent - si les "états-majors" payés au mois restent dans leur gros sabots du Plan, rien n'aboutira. La liste la plus récente commence à faire peur, surtout que les domaines impliqués sont ceux de notre excellence :

- Quatre réacteurs atomiques perdus par EDF-AREVA-TOTAL-SUEZ-VINCI aux Emirats, au profit de Westinghouse emmené par le chaebol sudcoréen Hyundaï. Vingt milliards de dollars, plouf !
- Programme de transport militaire aérien A400M dont l'Allemagne ne paiera ni les rallonges ni les retards, autant dire qu'il est enterré, la France n'ayant pas les moyens de se substituer au cousin germain. M. Forgeard avait des obsessions boursières à l'époque qui le distrayaient de son commandement. L'Amérique fournira !
- Quatorze satellites Galileo perdus par EADS Toulouse au profit d'une PME anglo-allemande qui les fait à moitié prix. Six cent millions d'euros, plouf ! Sans doute économisent-ils sur les frais d'état-major.
miss Univers 2009- Trente six Rafales brésiliens mis en péril par les chasseurs suédois, moins performants sans doute mais tellement moins chers, et vendus par des commerçants adroits et modestes. Vu le niveau de la menace (Colombie, Argentine) l'armée de l'air brésilienne n'a peut-être pas besoin du top gun, même si deux moteurs sont utiles pour franchir la forêt amazonienne. L'affaire sera-t-elle quand même enlevée sur des motifs politiques, ou corrompra-t-on au bon endroit ? Comme la vente de 390 chars Leclerc aux Emirats, contrat perdant qui a coulé le GIAT de Roanne ? Ou comme les frégates de Taïwan ?
- Chloé Morteau n'a fait que cinquième dauphine à miss Univers 2009 laissant passer la belle venezolana Stefania !!!

Notre commerce extérieur est déficitaire depuis 2004. Ce commerce est une des conditions essentielles à l'arrêt du déclin économique qui, s'il se poursuit, nous fera disparaître un jour des enceintes de pouvoir du globe. Or nous ne sommes pas en prise sur les pays de croissance, sauf dans le traitement de l'eau, et tous efforts de conquête aujourd'hui affrontent déjà les nouvelles productions locales. L'Inde produit sa petite voiture et ses progiciels informatiques, la Chine lance son propre TGV, son propre avion régional, demain matin ses propres centrales nucléaires, etc... et pour le vignoble c'est déjà parti : quatre cent mille hectares¹ sont en production ; la qualité monte, à mesure que passent les oenologues européens. Un milliard de cols sont étiquetés chaque année dont une bonne partie s'exporte en Asie.
(1) raisins de cuve et de table confondus

réacteur EPR
Notre commerce se fait essentiellement avec l'Europe, zone solvable certes, mais qui pâtit d'une atonie sévère de la demande et où le différentiel technologique n'est pas plus grand que l'avantage concurrentiel, pour ainsi dire nul. Que faisons-nous que nos voisins ne savent pas faire, ou ne saurons pas faire à brève échéance ?
A parité d'innovation, nous sommes plombés par un "modèle social" très coûteux pour l'industrie qui la pousse à délocaliser. La Clio part en Turquie ! Mille euros d'écart à l'unité.

Quand on aura fini de tout essayer, la production dirigée, le Plan, le colbertisme, les pôles de recherche, d'excellence , il restera à s'inquiéter des mentalités. Du haut en bas de la pyramide de production. D'individu à individu nous ne craignons personne. Nous aurions même tendance à être foutrement plus intelligents que nos interlocuteurs, jusqu'à pourrir notre génie dans la quête inlassable de la perfection. L'ingénieur français est un évolutif, il améliore sans cesse. A peine livré, le client est toujours sûr de ne pas recevoir le dernier modèle ! Mais c'est en escouade que ça se gâte.
L'esprit gaulois n'est pas fédérateur, pas plus dans l'industrie que chez les royalistes. Il faut à chacun montrer son propre génie et gagner les lauriers pour soi-même. Les émirs d'Abou Dhabi ont vu passer une foule de mecs géniaux qui débarquaient, qui de chez Areva, qui de chez EDF, qui de chez Suez, Vinci (les ponts) et même Total (le seul vraiment connu sur la zone d'effort). Programme de cirque complet, jusqu'à ce que le petit reître sente l'odeur de la sciure et envoie son missi dominici Guéant pour faire moins pagaille auprès des towel heads ! Trop tard.

Au Brésil, la délégation française annonce le contrat de Rafales en faisant comprendre que l'avis des aviateurs brésiliens est une formalité. Ceux-ci se cabrent et font le maximum pour couler le projet sarkozien-louliste. L'arrogance dans le commerce international ... c'est fini depuis les guerres de l'opium au Cathay.

gripen
Quand nous perdons des contrats en Chine par suite des zigzags tibétains de la présidence, nous envoyons une ambassade à Zhongnanhai comme aux temps de la reine douairière Tseu-Hi. C'est aller à Canossa. Tous les Français vivants en Chine le savent, le disent, mais ni le quai d'Orsay, ni le cabinet noir du faubourg Saint-Honoré, ne semblent avoir compris le pas de clerc. On perd des marchés sans plus pouvoir dire quoique ce soit, et les Chinois pouffent. Hi hi hi !

Que faire ? Tout reprendre à zéro. Notre système éducatif secondaire est inadapté au monde d'aujourd'hui - au bout de sept ans, nos enfants ne parlent couramment aucune langue étrangère - et le segment supérieur, dispersé entre deux cultures irréconciliables (l'université et la grande école), fabrique à la fois la compétence, l'arrogance et la puérilité. La destruction de l'industrie asséchera le champ d'opérations des vaillants diplômés et nos petits génies exerceront leur supériorité dans l'économie molle ou virtuelle ; ce qui accélèrera encore plus notre disparition car tous nos concurrents sont mieux organisés socialement que nous dans ces domaines immatériels qui convoquent un plus grand effort personnel. Il n'y a pas de pointeuse pour phosphorer, ni de RTT.
Aux Etats-Unis, un diplôme permet de pénétrer dans une entreprise à un certain étage. Cette indication pour le DRH a une validité de un an, voire deux ; après quoi seuls les résultats comptent. En France, un X-Mines est patron en viager !

calendrier AubadeReste la question du tissu industriel des PME. C'est le seul tissu de régénérescence. Je pense que nous serions bien avisés d'avoir la modestie d'étudier à fond les industries allemande et japonaise et d'en importer l'organisation, sans trop chercher à l'adapter, mais plutôt de forcer chez nous l'adaptation au modèle étranger, en requérant autoritairement toutes les conditions ancillaires qui nous font défaut, à commencer par un système bancaire impliqué et des organisations professionnelles éprouvées. Nous n'avons ni l'un, ni les autres. Nos banquiers ne sont que des "employés" de banque, et nos chambres de commerce ou de métiers de véritables fromages à feignants.

A moins d'un Buonaparte, c'est une affaire à trente ans, ...si on s'y met demain matin.


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