samedi 30 juin 2007

Délocalisations

Les délocalisations sauvages qui font la une de la presse populaire ne sont que l'arbre et caetera … L'Europe occidentale se vide littéralement de son industrie au rythme des délocalisations "soft" ou sauvages, et surtout par le moindre investissement dans le secteur secondaire, coupable de tous les maux économiques et syndicaux, à entendre les yuppies de la finance internationale. Un simple clic sur le pavé numérique de leurs claviers, ils disposent de nos destins !

L'émoi est grand dans le milieu royaliste de voir se déchirer le tissu économique national surtout dans sa trame traditionnelle. Mais il ne sert pas à grand chose tant que nous ne nous serons pas impliqué dans la régulation du libre-échange. En effet, la compétition commerciale planétaire est un fait acquis, un avantage acquis diraient certains pays émergents qui lui doivent de s'être arrachés en deux générations à leur crasse séculaire.

Il ne fut dit nulle part que cette compétition, favorisée par les pays de l'OCDE qui, ne l'oublions pas, ont toujours eu un certain ascendant dans les décisions économiques mondiales, devait détruire nos industries dans une sorte de mutation historique imparable vers le tout-tertiaire. Et pourtant nous devons être lucides, bien des usines qui tournent encore dans des pays de tradition industrielle comme la France, ou la Grande Bretagne en pire, sont des usines d'assemblage de composants produits ailleurs.
C'est la bancassurance qui désormais tire le char ! Malheur aux médiocres et aux gens ordinaires qui autrefois gagnaient leur pain dans des spécialités ordinaires et salissantes ne convoquant jamais leur intellect. On va les garder comme consommateurs assistés pour faire tourner la roue des échanges.

Que notre mode économique change, qu'importe, s'il préserve une équité élémentaire. Nous en sommes très loin. Deux points :

(1) Il n'est nul besoin de se lancer dans les calculs complexes pour comprendre que l'enrichissement des uns ne doit pas progresser au détriment des autres qui s'appauvrissent dans une équation à somme nulle. Il faut revoir l'équation.

(2) Nous, occidentaux, devons aussi intégrer le facteur temps dans nos analyses et accepter que notre prospérité ait été acquise sur des positions très discutables, à la fois par l'exploitation systématique d'un Tiers-Monde impotent, et aussi par une mise en coupe réglée de l'environnement de notre planète. Ils ont beau jeu les Indiens, les Chinois, de nous dire "vous avez salopé la planète avec votre révolution industrielle échevelée et vous voulez nous appliquer "votre" variable d'ajustement climatique au motif du réchauffement global, au moment où nous réussissons la nôtre".

L'analyse du point (1) conduit inexorablement, plus ou moins vite, vers la question de la juste rémunération du capital. C'est un chapitre peu exploré actuellement de la physique sociale sauf en milieu universitaire de diffusion restreinte. On peut simplifier en posant une question : "Comment répartir les résultats de production d'une activité humaine entre les commanditaires, les commandités, la force de production et le bassin social environnant".

La loi capitaliste exige que le commanditaire, l'actionnaire, soit le premier servi, sans limite d'aucune sorte sauf à tuer la poule aux œufs d'or, et encore !
L'usage a laissé ouverte la rémunération du commandité, le directeur général, sans freins ni limites non plus. Et dans des pays comme la France où le vivier des chefs est alimenté surtout par des héritiers ou des hauts fonctionnaires sans goût exagéré du risque, leur impéritie éventuelle, ayant pu conduire à des difficultés graves de l'entreprise voire à sa banqueroute, ne freine en rien leur gloutonnerie. Aux Etats-Unis des patrons dorment en prison pour ce motif, en France aucun, ce serait indécent !
Qui se soucie de la force de production ? L'ouvrier est l'ennemi car il a tous les défauts des hommes et "mauvais esprit". Vive les robots ou ceux qui veulent le devenir !
Quant au bassin social, c'est l'affaire des politiques que l'on subventionne largement pour que la question se résolve en dehors de l'entreprise par le miracle de la solidarité répartitive du vulgum pecus contribuable !

Sans aller jusqu'à un pacte d'acteurs économiques aux relents marxistes, la moralisation est nécessaire. Comme la comptabilité éthique, elle viendra certainement du monde anglo-saxon beaucoup moins coincé que le monde latin quand il s'agit de s'asseoir sur des principes véreux quoique universels. Pragmatisme quand tu nous tiens !

Le point (2) est plus grave. Il s'agit de se répartir les ressources du monde. Et là c'est bien une équation à somme nulle. La régulation du marché par la variable des prix est insuffisante dès lors que les "nécessiteux" captent des fonds énormes sur les flux du commerce mondial, sommes leur permettant d'accéder aux matières indispensables sans considérations de prix. D'ailleurs, même le prix politique à payer (cf. la Chine au Soudan) ne les freine pas.

Ces hausses mécaniques impactent lourdement sur nos économies en renchérissant nos productions, mais sont de nul effet sur le partage global. Il faudrait trois planètes Terre pour que les empires émergeant atteignent notre niveau de vie moyen. Inutile pour nous en sortir de compter sur leur implosion, causée par les décalages sociaux et financiers de leur développement rapide. Il pourrait s'agir plutôt d'explosions qui ne nous laisseraient pas indemnes.

A moins de gérer la planète dans une sorte de conférence mondiale permanente, je ne vois pas comment dérailler le train fou de la course aux ressources. Le seul problème est que dans le tour de table les Occidentaux doivent "donner" pour rééquilibrer les chances de tous ! Pas d'argent pour cette fois, mais donner de leur niveau de vie et terminer leurs gaspillages, donc donner du "confort". Relents d'entropie ?
Il y a plusieurs formes possibles de ce "bureau mondial" qui existent déjà. Contentons-nous de les mettre à l'heure plutôt que d'en surajouter un nouveau.

Revenons à nos moutons français. "Refuser les délocalisations" tient de la danse indienne pour la pluie ! Défendre le pré carré français d'abord ? Pourquoi pas ? Sauf qu'on atteint vite aux limites du nationalisme qui, maniant l'alibi des "coopérations multinationales sauvegardant la souveraineté des nations", ferme volontairement l'angle de vue pour se recentrer sur les problèmes "indigènes", problèmes qu'il proclame savoir gérer mieux que tout autre. Hélas, hors du sérail souverainiste, personne ne croit sérieusement qu'une puissance moyenne comme la France ait au bout des dix ans qui viennent le pouvoir à elle seule d'influencer des décisions d'ordre stratégique au niveau de ce "bureau mondial", pas plus qu'elle n'y arrive dans ce qui en tient lieu aujourd'hui.
C'est avec nos voisins qu'il faut agir en ordre concerté comme une main dont tous les doigts ont leur mobilité propre mais qui puissent se fermer ensemble pour former un poing quand nous nous adressons à "l'extérieur". C'est un des buts du traité simplifié, parmi d'autres moins avouables peut-être.

Disons quand même que les cris d'orfraie des champions du NON référendaire au succès de M. Sarkozy, sont recevables, s'ils n'émanent pas de royalistes, la sacralisation du suffrage universel au niveau géostratégique leur étant interdite. A ce niveau d'inconscience politique un vrai royaliste reçoit les résultats électoraux comme une indications des opinions du moment face à une question qui n'est pas toujours celle posée officiellement. Il ne peut en tirer argument pour valider ses thèses. Il prend note c'est tout.

Plusieurs fois déjà j'ai soutenu l'argument que le nationalisme était du lest dans la quête monarchiste alors que le patriotisme lui est indispensable. Je connais ma patrie, je l'aime, la touche, la parcours, la hume, la protège ; je doute de la réalité de ma nation qui me semble être réduite aujourd'hui à un mot.

Le chauvin (ou nationaliste défensif) est l'adversaire du conjoncturiste et du stratège qui fouilleront les choses jusqu'à proclamer les vraies réalités. Ces constatations indispensables - sur notre taille réelle par exemple - trouveraient du poids si elles étaient faites par des autorités indiscutées, et pour chez nous, par les princes, polynationaux d'héritage !

Aujourd'hui le problème, s'il est posé à toute la Terre et non plus seulement à la France, résulte quelque part de l'avidité de la bourgeoisie, qui tient dans ses rets les marchés sur lesquels elle entend agir en toute impunité. On est au-delà de la "liberté" d'entreprendre, et quasiment au seuil de l'extraterritorialité. Le pouvoir économique a quitté le champ politique qui le bridait. Il ne s'agit que de l'y faire revenir de force, par une coopération globale.

Les royalistes avanceraient leurs pions s'ils se rangeaient en ordre de bataille dans cette guerre institutionnelle mondiale qui s'annonce, et se creusaient les méninges pour proposer leurs inédits. On ne peut pas être toujours dans le camp des laissés-pour-compte de la modélisation de notre futur ! Le roi sait voir à travers l'ombre portée du monde. Au roi vite !


Ce billet fait suite au drame récent de St Hippolyte du Fort où l’usine de chaussures Jallatte, seule industrie encore debout, est en cours de délocalisation.
Une page web de la mairie cigaloise fait une excellente et rapide présentation de cette petite ville cévenole, même si je conteste la responsabilité des Wisigoths (c’est pour rire !).
En remontant la vallée du Vidourle on atteint un col où se niche le village du capitaine Marchand (Fachoda), Saint Roman de Codières, d’où la vue est panoramique jusqu’aux contreforts du Larzac. En redescendant du col au couchant, on arrive chez moi ! C’est un coin attachant où je n’ai su m’attacher, faute d’industrie résistante.

mercredi 27 juin 2007

Connaissez-vous "Cité" ?

logo Revue Cité
Cité, revue de la Nouvelle Citoyenneté
Premier numéro : octobre 1982
Revue trimestrielle créée à l’initiative des Clubs Nouvelle Citoyenneté qui réunissaient alors des membres du Mouvement Jobert, des militants de la Nouvelle Action royaliste et des petits groupes se réclamant du gaullisme de gauche.

Yvan Aumont nous fait une courte présentation de cette autre revue royaliste.

Cité. Le titre de notre revue dit bien qu'elle invite ses lecteurs à se poser les questions qui touchent au présent et à l'avenir de notre pays.

Il exprime aussi le souci commun de ses rédacteurs, qui est de proposer une réflexion d'ensemble, par delà les camps idéologiques et politiques, par delà les corporatismes et les égoïsmes partisans qui prétendent imposer leur vues partielles et partiales à l'ensemble de la communauté.

Cité est donc une revue de libre recherche sur la politique, l'économie, la culture dans la société d'aujourd'hui, ébranlée par ses divisions, menacée dans son existence par un impérialisme multiforme, étouffée par la logique froide du capitalisme et de la bureaucratie.

Cité est aussi le résultat d'un effort collectif. Proche de l’Institut de formation civique et de coopération européenne (IFCCE)*, la revue publie les actes des sessions qu’organise l’IFCCE, institut qui s'efforce de poser les conditions d'une reconquête de leurs pouvoirs par les citoyens, de fixer les étapes possibles d'une telle transformation en profondeur vers une société où chacun aurait la plus grande liberté possible de gestion de ses propres affaires.

Cité est aussi une revue de libre débat, ouverte aux représentants de toutes les familles intellectuelles de notre pays, de toutes ses réalités politiques, dans la mesure où elles recherchent comme nous les conditions du changement social.

Libre recherche, réflexion collective, débat ouvert en permanence, ce sont les trois paris que Cité entend gagner, avec le concours de ses lecteurs.

Revue Cité, 17 rue des Petits-Champs, 75001 Paris

(NDLR : * qui rassemblent des intervenants d’assez haut niveau)

La revue est accessible en ligne depuis le site de l'IFCCE :
http://ifcce.site.voila.fr/Cite_accueil.htm


Sommaires des deux derniers numéros :

couve Cité 48No 48

Éditorial par Luc de Goustine

DOSSIER « Pour une VIe République ? »

- Gouvernance et institutions par Arnaud Teyssier

- Réviser la Constitution : pour un chef d’État arbitre, indépendant des partis et des clans, par Denis Cribier

- Une proposition capétienne - pour que vive la Ve République, par Bertrand Fessard de Foucault

- République et Révolution par Philippe Lauria

- Dynamique d’équilibre - La Ve République contre la tentation du populo-parlementarisme, par Thibaud de La Hosseraye

MAGAZINE

- Visa pour l’avenir, par Criton des Alpes.


couce Cité 47No 47

Éditorial par Luc de Goustine

DOSSIER « Mais que fabrique l’État ? »

- Manufacture Nationale, par Anne Cindric.

- Candide blessée ou l’étrange subversion naïve d’un implacable bon sens, par Isabelle Rooryck.

- Entrailles de la force, par Philippe Mahaud.

- « La Manu » par Bertrand Renouvin.

- « Le cran de l’abattu » - extrait par Pierre-Etienne Heymann

MAGAZINE

- Une autre Europe est possible, par Jean-Louis Clergerie.

- City-Zen et Pop’jurys par Criton des Alpes


Chaque numéro à l'unité est vendu 7 euros. On peut payer en ligne ou par chèque au courrier. C’est un peu cher mais quand on aime … il y a aussi les abonnements classiques (voir en bas de ce billet).

Ont écrit dans Cité (au milieu de cent autres qui me pardonnent de les avoir omis) …
… Alexandre ADLER, Pascal BRUCKNER, Roland CASTRO, Paul-Marie COUTEAUX, Jean DANIEL, Philippe DELORME, Marc DESAUBLIAUX, Harlem DÉSIR, Jean-Toussaint DESANTI, Jean-Marie DOMENACH, Georges DUMÉZIL, André FROSSARD, François FURET, Pierre GALLOIS, René GIRARD, Léo HAMON, Vaclav HAVEL, Yann KERGLOFF, Jean-Pierre LE DANTEC, Jacques LE GOFF, Anicet LE PORS, Emmanuel LE ROY LADURIE, Gérard LECLERC, Jean-Marie LUSTIGER, Alexandre MASSONNET, Gabriel MATZNEFF, Edgar MORIN, Michel PINTON, Léon POLIAKOV, Bertrand RENOUVIN, Pierre ROSANVALLON, Axel TISSERAND et Pierre-Paul ZALIO.

Depuis quelques années la revue est dirigée par l’auteur et comédien inspiréLuc de Goustine qui signe les éditoriaux.

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Une Soirée Super Sympa ...

Invitation Fédération Royaliste de Provence

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vendredi 22 juin 2007

Jusqu'où l'Europe

Le comte de Paris a fait une déclaration récente sur l'Europe qui a eu un certain retentissement. Après cette semaine de tous les raccomodages à Bruxelles, est venue l'occasion d'en parler.

Déclaration du 30 mai 2007

Depuis plus de trente ans, je n'ai pas varié dans ma conception de l'Europe. J'ai une vision capétienne pour l'édification et la stabilité de ce continent.

Géographiquement l'Europe s'étend de l'Oural à l'Atlantique. De la mer du Nord à la Méditerranée ainsi qu'à la mer Noire. Au sud de cette ligne nous nous trouvons soit en Asie Mineure, soit en Afrique du Nord. L'union Méditerranéenne fait partie des projets sur lequel je me suis engagé depuis trente ans. Mais si l'Europe et l'union Méditerranéenne se côtoient, elles ne peuvent se confondre.

Politiquement il est nécessaire que chaque nation, au sein de l'Europe puisse développer son identité propre et conserver les attributs essentiels de sa souveraineté, qu'il faudra bien renégocier. Pour ce qui concerne la France, commençons par la langue française qui doit redevenir le langage vernaculaire des instances de Bruxelles et de Strasbourg ainsi qu'il en était convenu par le traité de Rome. Ce devrait être un impératif, un préalable au retour de la France dans la construction de l'Europe.

Ma vision capétienne de l'Europe s'oppose également aux concepts d'une politique impérialiste telle que la pratiquait le Saint Empire Romain Germanique qui privilégiait l'union économique et douanière. Souvenez-vous du ZOLVEREIN de Bismark et de ses conséquences désastreuses. Toute compétition économique se convertit tôt ou tard en guerre économique puis en véritable conflit. Tandis que les Capétiens, mes ancêtres ont toujours tenté de privilégier la culture, l'art, les sciences comme ciment entre les peuples, mais également comme moyen d'échange pacifique entre les nations.

L'Europe a eu de la chance d'être née et d'avoir été forgée dans un même creuset, notre civilisation Chrétienne. Affirmer sa vérité avec force pour ne pas vouloir l'imposer aux autres exige une sérieuse mise à jour des axes fondamentaux de notre propre religion. Si nos racines spirituelles sont communes avec les religions juives et islamiques, les axes de leurs développements sont différents et cette différence touche notre identité culturelle, spirituelle et vitale, fondements de notre identité sociale et politique.

Ne l'oublions jamais.

Paris le 30 mai 2007
Henri
Comte de Paris, Duc de France


Cette déclaration est une mise au point sur des axes connus. Terre chrétienne, souverainetés, francophonie, compartimentage des économies protégées, libre-échange culturel. Nous nous limiterons aujourd'hui au périmètre.

Puisque Monseigneur nous parle dès l'abord d'édifier, nous devons comprendre que nous ne pouvons nous contenter de la juxtaposition des nations parfaitement indépendantes - qui ne le sont plus -, mais que celles-ci doivent concourir à la stabilité du continent. La coordination des actions ne devant se fonder que sur la convergence des intérêts voire leur proximité, le débat sur quelque chose de commun et permanent entre nous tous n'est pas interdit. A tout le moins un conseil de famille.

C'est la définition de l'arrière-ban de la famille qui pose problème. Comme M. le président de la République, Monseigneur exclut l'Asie Mineure de notre géographie. C'est faire moindre cas des sources héllenistiques de notre civilisation comme du premier ancrage de la chrétienté dont il reste de nombreuses communautés jusqu'en Mésopotamie, communautés très menacées actuellement. Plus au nord, pousser l'Europe jusqu'aux Monts Oural est peut-être extravagant, même si l'effet rhétorique est assuré depuis les déclarations mythomaniaques du général De Gaulle. Les arguments abondent pour ou contre la Russie et la Turquie. Ce sont les nécessités lourdes de la géostratégie qui finiront par trancher notre indécision quand notre influence aura diminuée au pantographe du monde nouveau.

Europe physique
Jusqu'où l'Europe ? Pourquoi ne pas essayer de définir "notre" Europe en suivant le cheminement naturel des géographes qui distribuent l'espace en fonction des bassins drainants ? Sont dès lors en Europe tous les territoires arrosés par les fleuves qui naissent en son coeur. Et surprise tout s'éclaire à la lecture d'une carte de géographie physique. Si les Balkans y sont bien grâce au Danube, la Russie n'y est pas, non plus que la Turquie à l'exception de la Thrace, ni les pays caucasiens. On pourrait se défaire aussi de Chypre qui est très à l'est de Constantinople ! On voit aussi que la question est réglée pour la Biélorussie, l'Ukraine orientale (celle qui pose problème) et ces malheureux pays baltes. Et que Finlande et Suède sont des intrus ! Malgré ces déceptions, le continent coordonné devient cohérent !
L'angle géographique ne semble tout de même pas le bon pour certains pays très européens comme la Suède, voire la Norvège d'où provint le papa de Guillaume le Bâtard conquérant ! Sans parler des Iles britanniques qui font partie de notre chair !

L'angle historique est-il meilleur ? Nous sommes quelque chose entre le roi Arthur et Alexandre le Grand en longitude, et en latitude nous montons de saint Augustin jusqu'à Charles XII. Finalement il n'y a pas de limites que l'on ne puisse discuter ! Bien leur en aurait pris aux pères fondateurs de la Communauté de marquer le territoire de leurs ambitions européennes en nous transmettant le code source. Peut-on le remplacer par l'empreinte religieuse ?

Commençons par la strate celtique. Ben oui ! Si l'on arrête l'empreinte quand la transhumance est stabilisée, on couvre la moitié de l'Europe occidentale, des finisterres du couchant aux Alpes balkaniques. Les Celtes ont en orange comme le MoDem de Bayrou.
Celtes

Deux masses nous observent, les Nordmans et les Germains. Si l'on agrège tout ça, l'empreinte formée indique comme limite orientale le 20° méridien qui descend de Stockholm à Corfou.
Vient la strate romaine qui nous montre aussitôt que M. Sarkozy a la vista impériale puisqu'on y voit son Union méditerranéenne de Gibraltar à l'Euphrate. Elle englobe les trois pays latins. Nous faisons partie de facto de l'Union méditerranéenne !
Rome
La carte des Barbares puis venus est intéressante (merci Hong Kong university) car on y découvre qu'ils n'ont eu de cesse de s'établir dans notre Europe des Douze.
400
De là à dire que Bougres et Ogres sont des vestiges de la Grande Invasion qui devraient rester au-delà des limes ... !

Nous arrivons à la chrétienté revendiquée par le prince et les pontifes !
Le mouvement chrétien fut universel - on trouve même des Nestoriens en Chine intérieure - , et heureusement que nous avons l'Océan atlantique à l'ouest pour border notre épure. Mais où s'arrêter à l'est ? La Russie est chrétienne jusqu'au Kamchaka, et le Caucase jusqu'en Arménie. Les racines en sont au Proche Orient.
Dire comme le prince que l'Europe est terre chrétienne est agréable à entendre mais faut-il encore indiquer la période. La vague de la nouvelle religion a couvert d'autres religions, son reflux actuel laisse à découvert une terre arable pour des philosophies nouvelles, de pacotille parfois, mais proliférantes.

La stabilisation continentale du Congrès de Vienne de 1815 à l'apogée de l'Occident, donne une carte qui en vaut une autre, puisque c'est celle de la paix. Elle durera 50 ans jusqu'à ce qu'un Poméranien ne décide de faire de son roi l'empereur de cette belle Europe. La région allait être mise à feu et à sang pour 80 ans par l'imperialisme prussien, avec des soubresauts tardifs jusque à la dernière guerre yougoslave. La voici, cette carte, c'était l'époque des moutons bien gardés. No comments.
1815
Reste la "vision capétienne".
Je croyais que le projet de l'ancienne monarchie était de tenir, sur les bases du Serment de Strabourg, de la mer au Rhin, en se désintéressant de l'Empire s'il se contenait outre-Rhin. Le roi de France, quel qu'il fût, n'eut de cesse de contenir et de faire reculer les "débordements" bourguignons et lorrains en deça du fleuve et se désintéressa du destin de l'Empire sur son territoire d'Europe centrale. François Ier dédaigna les dangers courus par la chrétienté lors du siège de Vienne par les Turcs de Soliman en 1529 ; Louis XIV ne fit rien pour la bataille de Vienne en 1683 contre les mêmes. Nos guerres étaient d'abord en Flandre et Hollande, zones d'influence naturelle française ! Nous aurions dû nous en contenter et ne pas dépasser Anvers.

Reste une dernière clef géographique que j'ai trouvée dans l'Atlas historique de Ramsay Muir : La distribution de l'index céphalique et de la pigmentation dermique en Europe. Les brachycéphales sont majoritaires et les dolicocéphales marquent l'avancée des armées du Prophète. On me dit dans l'oreillette de laisser tomber que ce n'est plus à la mode ! OK !
Soyons pratiques et, comme les musiciens, restons en là !

mercredi 20 juin 2007

Chaâlis avec Lys de France

ruines de l'abbaye de Chaalis
Lys de France
communique

Notre sortie annuelle nous conduira sur les routes du Pays de France et du Valois. C'est de cette terre de France que la monarchie a su forger son identité alors que le royaume était réduit à des territoires épars. Mais, l'union du trône et de l'autel, du temporel et du spirituel, sera l'essence de notre monarchie et de son rayonnement.

A Chaâlis, la merveilleuse chapelle Sainte-Marie, récemment restaurée, nous fera réfléchir sur la signification de la beauté et du sens à donner à la vie. Ces artistes avaient la volonté de ne pas déplaire au Bon Dieu en donnant le meilleur d'eux-mêmes pour Sa gloire et Sa majesté.
Aujourd'hui, la déchristianisation de notre société entraîne des comportements égoïstes ou libéraux, Dieu ne s'inscrit plus que dans le décorum des fêtes privées (ex : mariage) ou à l'occasion d'un drame national. La réalité est brutale. Monde & Vie et l'Homme Nouveau se font les échos de toutes ces églises qui sont détruites par les collectivités locales. C'est la suite logique de notre société matérialiste et mondaine.

Tout ce qui ne rapporte pas à l'économie est considéré comme une charge. C'est ainsi qu'on supprime le caractère férié du lundi de Pentecôte, qu'on "réforme" la fonction publique, qu'on détruit les églises et les enfants à naître qui s'ils naissaient, seraient alors des "charges de famille", et demain, selon le voeu ouvertement exprimé par le candidat Sarközy, de "mourir dans la dignité" alors qu'en réalité un vieillard est aussi une charge pour les finances publiques, c'est-à-dire pour les électeurs-contribuables.

A Senlis, nous visiterons la collégiale royale Saint Frambourg. Nous la devons à la reine Adélaïde, épouse de Hugues Capet qui avait une certaine dévotion pour l'ermite du Bas-Maine (Mayenne). On venait prier devant les reliques des saints du Maine mais aussi devant celles de la Passion. Au côté du roi, la reine exerçait pleinement sa fonction complémentaire. En construisant un édifice religieux, elle contribuait à l'avancée de la civilisation. La Lettre Royale (réservée aux adhérents) relate l'avénement de la monarchie capétienne à Senlis et la vie de saint Fraimbault, celui qui inspira le légendaire Lancelot.

L'esprit amical et culturel de cette journée catholique et royale sera propice à l'annonce officielle du lieu où se tiendra le samedi 15 décembre la Saint-Nicolas 2007. Bien entendu, à l'occasion de la publication de la prochaine Lettre Royale, les adhérents des Lys de France disposeront d'informations complémentaires.

Royalement vôtre.

Nicolas CHOTARD
Président


L'abbaye royale de Chaâlis ?
avec http://www.chaalis.fr/ bien sûr !

Au coeur de la forêt d'Ermenonville, sur la route menant à Senlis, s'élèvent les restes de l'ancienne abbaye cistercienne de Chaâlis. D'abord abbaye bénédictine fondée au début du XIIème siècle par le sire de Mello à son retour de croisade, elle est rattachée ensuite à l'ordre de Citeaux et devient fille de Pontigny.

Le roi Louis VI le Gros choisit Chaâlis pour en faire une abbaye royale dédiée à l'âme de son cousin Charles le Bon, assassiné à Bruges. Si le comte de Flandres, Charles le Bon a été assassiné en 1127, ce n'est qu'en 1136, que le Roi de France Louis VI fonda définitivement le monastère cistercien de Chaâlis en l'honneur de son cousin et compagnon d'armes.

En 1202, l'église abbatiale était en construction et sa dédicace fut faite en 1219 par le frère Guérin, évêque de Senlis et "chancelier" de Philippe Auguste. Les travaux semblent donc avoir été très rapides.

Longue de 90 mètres, l'église abbatiale était probablement précédée d'un porche (comme celui de Pontigny, l'abbaye-mère). Elle présentait une longue nef flanquée de deux bas côtés et d'un large transept de 46 mètres avec croisillons semi-circulaires sur lesquels s'ouvraient des chapelles édifiées sur un plan polygonal assez exceptionnel. La nef était très bien éclairée par des fenêtres probablement bifores. Elle était couverte de voûtes sexpartites.

Dans un deuxième cloître avait été édifiée la chapelle Ste Marie ou chapelle abbatiale (1245-1255) dont l'architecture n'est pas sans rappeler celle de la Sainte-Chapelle.

C'est au milieu du XIVème siècle que l'abbaye connut son apogée. Avec le Concordat de 1516, l'abbaye tombait en commende et les abbés commendataires, comme le cardinal Hippolyte II d' Este, faisaient bénéficier l'abbaye de leur goût pour les arts. Son neveu, Louis d'Este, fit venir le Tasse à Chaâlis. Le poète y séjourna pendant l'hiver 1571-1572. L'illustre famille de Ferrare confia à Primatice, le soin d'orner l'intérieur de la chapelle de fresques .

Derrière la rosace actuelle, tout le mur intérieur de la façade reçut une fresque monumentale, représentant l' Annonciation, avec dans un globe céleste, le Père éternel lançant ses anges pour annoncer la nouvelle. Tous les voûtainsfurent peints des figures des Apôtres, des Pères de l'Eglise, des Evangélistes et de nombreux anges portant les instruments de la Passion.

Au début du XVIIIème, les bâtiments périclitèrent mais un nouvel abbé, le Comte de Clermont, décide de rénover la construction. Malheureusement ce fut la faillite, les moines furent dispersés et le domaine vendu comme "biens nationaux".

carte routière vers Senlis
Programme du dimanche 24 juin 2007



  • 10h30 : Messe traditionnelle célébrée dans l’abbaye royale de Chaâlis

  • 12h00 : Repas tiré du sac (un kir royal sera offert)

  • 13h30 : Visite-conférence de la chapelle Sainte Marie sous la conduite du professeur Pierre Vasseur

  • 15h00 : Visite-conférence de la chapelle royale Saint-Frambourg (Senlis) sous la conduite de M. Jean-Paul Menou, vice-Président de la Fondation Cziffra, conservateur général du Patrimoine

  • 16h00 : Visite de la Cathédrale et des vestiges de l'ancien château royal, lieu d'élection de Hugues Capet en 987

  • 17h00 : Rafraîchissement au prieuré Saint-Maurice



  • PAF : 20 € - Adhérent : 18 €

  • Gratuit pour les moins de 16 ans



Hugues Capet élu à Senlis
Lys de France
BP 80 434
75327 Paris Cedex 07
nicolas.chotard@wanadoo.fr

samedi 16 juin 2007

Chrétiens perdus par l'Empire

Gérard Leclerc réclame dans la France Catholique de cette semaine le sursum corda sur la question liturgique que devrait trancher une fois pour toutes le motu proprio du souverain pontife. On sait les réticences de la conférence épiscopale, sans trop les comprendre à l’aune des enjeux qui les dépassent tant ailleurs, non sur le plan relativement subalterne du mode d’adoration le plus adapté à l’envergure théologique de notre temps – que Sa Sainteté soit bénie pour le souci qu’elle met dans ces questions -, mais par les dévastations les plus graves qu’endurent les communautés chrétiennes sur les terres de la Bible, du fait de la fureur animale de sectateurs aveuglés de haine contre le genre humain.

patriarche Emmanuel III DellyC’est dans ce numéro de la France Catholique que l’on déniche un article sur les malheurs des Chrétiens d’Orient. J’allais ajouter, les vrais ! L’article sur la tragédie des Chrétiens d’Irak se consulte en cliquant sur son titre.
Ce sont près d’un demi million de personnes qui ont dû fuir la nouvelle république irakienne, principalement (mais pas seulement) du fait de leur appartenance chrétienne. Les « stratèges » climatisés de Washington étudieraient le regroupement des restes dans la province de Ninive. C’est dans l’air du temps, on sépare tout le monde, sans doute pour que cesse la guerre civile aveugle, afin que se déchaîne la guerre classique, les yeux grand ouverts. Combien de temps tiendrait l’île chrétienne de Ninive dans l’océan de l’Oumma intégriste ? Sans doute au moins jusqu’au terme du second mandat de M. le président GW Bush.

Après moi le Déluge ! Justement, ça s’est déjà passé là ! Tout s’est passé là. Le jardin d’Eden, l’arche de Noé et de Spielberg, le patriarche Abraham, le sacrifice du mouton, la tour de Babel, les chaînes de Babylone, et pas si loin s’est poursuivi le pèlerinage mystique de l’homme vers son seul dieu, les Tables de la Loi, la Terre Promise, les Prophètes, les Rois, jusqu’au saint Sauveur ! Que suivit l’inondation chrétienne de toute l’Asie Mineure avant que de noyer le reste de l’Empire romain !

S’il est une terre d’ancrage biblique et forcément chrétienne c’est bien la Mésopotamie, et l’Asie Mineure (désolé pour les antiturcs) !

La guerre de religions qui détruit le Moyen Orient ne pouvait épargner les communautés chrétiennes d’Irak. Elles n’ont jamais été considérées comme des aliens dans la région, mais parfaitement intégrées au socle civilisateur, jusqu’à ce que les couples dominants-dominés traditionnels explosent dans le reclassement des alliances pour ou contre Israël, pour ou contre les Etats-Unis, pour ou contre Téhéran, pour ou contre Damas. Les Chrétiens furent souvent du bon côté du manche, mais impossible de ne pas choisir.
Les Chrétiens du Liban ont choisi d’abord le parti Baas syrien (fondé par le chrétien Michel Aflaq) quand les phalanges ont appelé Hafez el Assad au secours, après la déroute du général Aoun ; les Chrétiens d’Irak, assyro-chaldéens en majorité, ont choisi le Baas de Saddam Hussein, et s’en trouvèrent récompensés par les hautes fonctions confiées à Tarek Aziz.

Au Liban, les Chrétiens se sont partagés ensuite - un peu comme le font les Corses - au motif d’une illusoire indépendance du pays à leur bénéfice pour les uns, à la préservation de positions acquises avec les Syriens pour les autres, ou pour survivre sur l’estrade politique dans une alliance contre-nature ainsi que l’a contractée Michel Aoun avec le Hezbollah ! Que les communautés chrétiennes trinquent dans une nouvelle période de grande effervescence ne peut surprendre. Au passage, chacun se demande que fait la France dans ce désordre, sauf à être là à temps et à contretemps, comme si elle habitait ce pays depuis toujours et y promenait son chien !

En Irak, la question est bien différente. Sans doute par le « Rendez à César … » les Chrétiens furent toujours de loyaux sujets puis citoyens, sans arrière-pensées car, établis là depuis toujours, ils n’avaient aucun agenda politique. C’est ce qui les a enrichis, au point de faire envie aux communautés musulmanes les moins favorisées, les Chiites. Dans leur fureur d’imposer la stricte application des rites – cette religion ne serait-elle finalement qu’un catalogue de rites médiévaux élémentaires ? – ces derniers s’en prirent ainsi aux Chrétiens à double titre, la violation des rites de la charia (alcool, vêture, moeurs) et la loyauté au dictateur déchu qui les avait méprisés et écrasés. Capturer à Ankawa le recteur du Babel College de Bagdad participe quand même d’une volonté manifeste d’éteindre tous les chandeliers, définitivement.

Comme on ne voit pas de quelle façon les communautés chrétiennes fortement minoritaires auraient pu échapper à cette vindicte hystérique, il eut été prudent de la part des Anglo-saxons de peaufiner leurs réflexions dès après la première guerre du Golfe avec en tête ce souci de pérenniser la souche biblique, chose qui devait quand même les intéresser, surtout au moment de l’accession au pouvoir des néo-conservateurs évangéliques !!! Il me revient cette réflexion de la Mère supérieure d’un couvent catholique de Bagdad à qui l’on demandait son sentiment sur l’imminence de la guerre américaine en février 2003, répondre qu’elle redoutait bien plus que les bombes, la rupture des « digues » de Saddam City, le faubourg misérable chiite de la capitale. On sait mieux aujourd’hui de quoi voulait-elle parler.

Aucun compte ne fut tenu au Pentagone de l’exposition hyper dangereuse de ces communautés à la Revanche, puisque celle-ci - la revanche - n’était pas dans les programmes. Ces programmes américains d’après-guerre étaient d’ailleurs vides de toutes analyses. On en a eu la preuve maintes fois et en continu ! Il n’est que de citer les noms des proconsuls de rencontre qui se sont succédés à Bagdad pour écouter les ordres téléphoniques de Washington sans rien comprendre à rien ! Jay Garner, général de l’intendance à la retraite complètement déconnecté de la réalité politique du pays, Paul Bremer, administrateur civil qui géra la situation à la petite semaine par décrets et vetos, liquéfia l’armée nationale, pour terminer dans la fumée d’une gigantesque opération de corruption irakienne sur laquelle il ferma les yeux pour s’acheter des amis, ou la paix (dit-il) !

Ce qui ressort de l’affaire, c’est la médiocrité du haut commandement, et surtout celle du Commander in Chief ! Qu’attendre d’un président incapable de ramasser ses idées à la lecture d’une lettre de plus d’une page ! C’est bien à ce niveau qu’est Le Problème.

Georges W. Bush fut élu (mal élu) sur sa bonne mine et sur la facilité de compréhension de ses thèmes de campagne par l’électorat. Les débuts de son mandat ne révélèrent rien d’extraordinaire sauf à proclamer qu’il était devenu abstinent en lisant la Bible ; jusqu’à ce que les Saoudiens d’al Qaïda percutent les Twin Towers. A partir de là s’est joué un film de guerre, tourné par des faucons mouillés comme les dénonce la Gazette du New Hampshire testant des théories académiques inédites !
Il fut élu pour le second mandat parce qu’on ne change pas de cheval au milieu du gué, en pleine guerre, et aussi parce que son concurrent, WASP bostonien un tantinet méprisant, n’a pas convaincu les classes populaires.

La démocratie américaine qui a souvent produit des présidents d’envergure, a cette fois sorti du chapeau le lapin sot ! Parfaitement instrumentalisé par une coterie avide de pouvoir qui s’essayait au modelage démocratique du monde sur des analyses insuffisantes et des schémas inapplicables hors de la sphère occidentale, le président des Etats-Unis a rejoué la fable de l’Ours et l’Amateur des Jardins de Jean de la Fontaine. Et la lourde pierre a tout fracassé !

Mossoul messe syriaque aout 2005
La question nous est posée du pouvoir régalien.
Si dans un régime présidentiel équilibré comme celui des Etats-Unis l’insuffisance du chef de l’Etat conduit à de pareils désastres, quel serait notre argument pour lui substituer chez nous un chef permanent, souverain successible automatiquement ?

Certes les dommages causés le sont sur les théâtres extérieurs de par la position dominante de l’empire, et n’ont pas touché le pays lui-même ; sauf les familles des soldats morts ! Et sans doute que sur un plan domestique il n’aurait jamais pu continuer pareille aventure, les procédures de destitution l’auraient vite stoppé. Néanmoins il faut réfléchir à cette extravagance : une démocratie parmi les plus abouties, a sorti quelque sorte de tyran niais ! Heureusement qu’il était limité à huit ans !

jeudi 7 juin 2007

L'espoir en politique

lueur d'espoir"Tout désespoir en politique est une sottise absolue" (Ch.Maurras, L'avenir de l'intelligence). Combien de fois ai-je entendu cette maxime consolatrice du maître ? Trop de fois ! Là est toute ma perplexité devant le nombre d'impasses politiques constatées, qui ont été ignorées des conservateurs du capitulaire royaliste au motif de "l'espoir règlementaire". Trop de fois les interrogations des militants ou des sympathisants ont été reçues par le feu de salve des slogans du prêt-à-porter monarchiste que constitue l'oeuvre politique et polémique de Charles Maurras, et ignorées.

L'histoire du mouvement royaliste depuis la dernière guerre ressemble dans son volet "propagande" à la course du bel athlète sur un tapis roulant de gymnase. Il sue, la serviette roulée autour du cou, et le compteur abat les kilomètres, mais rapporté au droit de la fenêtre du monde extérieur il n'a pas progressé d'un mètre. Cinquante-cinq ans après la disparition de Maurras, la cause monarchiste n'a pas avancé d'un pouce en dépit de la qualité indéniable des "actionnaires" qui se succèdent dans ce qu'on peut bien appeler une fondation à succursales multiples.
La monarchie n'existe dans aucun programme politique visible sur la place publique, même si le mythe de l'homme fort ou providentiel qui lui est étranger, continue de fédérer une large tranche de l'électorat, jusqu'à porter M. Sarkozy au pouvoir. Pourquoi ?

La question s'adresse plutôt au médecin-légiste qu'au piéton blogueur. Le royalisme d'action bouge-t-il encore ?

Toute action politique, si elle ne vise pas à la perpétuation de positions rémunératrices ou de prébendes publiques, a une cible ultime, acceptée par tous ceux qui s'y engagent. Je différencie l'action de la philosophie politique qui peut la sous-tendre. Cette cible est affichée ou pas.

L'Alliance Royale par exemple, seul parti royaliste déclaré, veut faire amender par référendum la constitution de la Cinquième république pour pérenniser dans sa fonction suprême une famille princière. Sa démarche emprunte dès lors les voies démocratiques et l'obligent à se mêler au système qu'elle combat à son niveau supérieur. Ces voies exigent de fortes bases militantes ; elles restent à conquérir.

L'Action française, mouvement centenaire déjà, privilégie quant à lui l'irruption. Sans connaître en détails la démarche retenue, elle compte sans doute beaucoup sur une réactivité pragmatique fondée sur une vitesse d'analyse ultra-rapide d'un cercle le plus large possible de décideurs et de penseurs. L'Ecole de pensée forme-t-elle à cette réactivité ? Sans doute. Il n'est dès lors que d'attendre une fracture dans la continuité de l'Etat pour placer le coin au bon endroit avant que ne se referme la blessure, et dévier ainsi le long fleuve tranquille de l'Histoire.

Le problème n'est pas tant d'identifier la fracture au bon moment que de maintenir éveillée l'attention des militants qui doivent espérer ce jour sans savoir s'il adviendra. Et l'usure mentale s'installe vite quand on se livre à une rétrospective sur les fractures passées. 1940, 1945, 1958, 1968, aucune fois ne fut trouvée l'ouverture de la porte. La seule suggestion d'un retour de la monarchie fut émise par Charles De Gaulle en vue des élections de 1965, pour revenir sur sa réflexion dès que s'ouvrirent les hostilités électorales.

Aucune autre chapelle royaliste que les deux précitées n'envisage un combat politique plus loin qu'un débat d'idées en cénacle restreint, mais toujours de haute qualité. Les commémorations sont nombreuses et tout à fait discrètes, réunissant les mêmes et quelques autres qui ont le plaisir de se retrouver ainsi régulièrement. Il est loin le "politique d'abord" ! Alors quoi ?

Il faudrait s'enfoncer dans le crâne que l'exercice de la démocratie est comme l'ADN de nos sociétés occidentales. On peut combattre ses méfaits comme on extirperait les gènes dangereux de l'hélice, voire discuter des étages d'application, mais la nier politiquement conduit à l'impasse pour moi mythique de "l'irruption". En feignant de croire d'ailleurs que le nouveau régime surprenant sera exempté de l'adoubement démocratique sous une forme (congrès) ou une autre (plébiscite)!
On peut certes discuter à l'envi de l'infériorité philosophique de la démocratie, de ses dérives génétiques, de ses fourvoiements coupables, voire lui préférer son avatar ultime, la lotocratie grecque. Mais politiquement c'est vain et temps perdu. Il n'y a plus d'autre voie que démocratique. Donc il faut ensemencer le jardin avec de vraies idées susceptibles de se répandre, nos vraies idées au fond.

Les tentatives assez fréquentes d'accès au marché politique sous la bannière du roi ont chaque fois surpris par l'empathie de l'opinion, même si elle confond souvent le monarque et cet homme providentiel qui va tout résoudre par son charisme. Parmi les dernières, celles de M. Chauvin dans une partielle des Hauts de Seine et de M. Adeline en campagne nationale ont fait entendre un écho intéressé provenant de l'électorat, surtout et c'est l'important, quand on déroule le dispositif institutionnel. L'Etat cher et poussif actuel y aide beaucoup. Sa banqueroute annoncée aussi.

L'écho par contre peut fortement diminuer quand on se place sur le terrain des valeurs qui, par essence, ne découlent pas exactement des institutions. Je pense à notre registre traditionnel qui défend la patrie, la vie, la famille, l'artisanat, à la manière de Goscinny et Uderzo. Sur ce terrain des valeurs françaises il y a du monde, le meilleur et le pire, et le message monarchiste s'estompe dans ce brouhaha. C'est pourquoi je privilégie la propagande sur les institutions, fondée sur un argumentaire bien construit et relativement facile à défendre pour un royaliste formé. Pérennisation et indépendance des pouvoirs régaliens, incarnation de la continuité de la Nation, arbitrage, décentralisation poussée, etc.

Dans ce combat il faut se défaire de vieux concepts contre-productifs qui ne veulent d'ailleurs plus rien dire, comme l'antiparlementarisme - le parlement, comme son nom l'indique, est le lave-vaisselle des sociétés occidentales dont on ne se passera plus -, a fortiori la monarchie absolue de droit divin qui est un diamant si beau qu'il en est devenu invendable !

Ensemençons le jardin démocratique de la réforme institutionnelle jusqu'à devenir aussi les champions de la démocratie directe et des scrutins proportionnels, à tous les étages de l'Etat qui ne disposent pas des pouvoirs régaliens.
C'est une forme de troc entre le principe monarchique et une démocratie adulte !

A vouloir cela nous retrouverons l'espoir.

espoir

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