Les Français comprendront-ils enfin que leur système électoral, même ramené à son extrême simplicité - oui ou non - est vicieux dès lors que l'analyse du choix est complexe, puisque la tentation est grande pour les politiciens de capitaliser sur leur bonne ou mauvaise mine plutôt que sur la mise au clair d'un dispositif abscons, par nature impossible à mettre à plat.
Le bureau de vote d'Alfred Bramtot, 1891
Nous reproduisons la partie la plus intéressante d'un article de Georges Rousseau publié par la Restauration Nationale de Hilaire de Cremier et nous la titrons:
La Sphère démocratique
"Nous autres, royalistes d’Action Française, ne sommes pas des ennemis de la démocratie par idéologie et encore moins au nom dont ne sait trop quelle nostalgie fascisante : nous sommes pour la démocratie quand elle fonctionne et contre ce système quand il ne marche pas. Or, l’observation révèle que la démocratie ne peut fonctionner convenablement que lorsque les électeurs d’une communauté donnée connaissent suffisamment bien les problèmes qui se posent à cette communauté et peuvent donc porter un jugement valable sur ces problèmes. En pratique, ces conditions sont surtout remplies au niveau de la commune. Ceci est particulièrement vrai lorsque la commune est de petite dimension, mais cela s ‘applique aussi lorsqu’une commune est grande car elle alors scindée en arrondissements, de sorte que les problèmes restent à taille humaine. Il en est de même au niveau des cantons, qui recoupent souvent nos anciens « pays », et des arrondissements, collectivités locales qui regroupent deux ou trois cantons : si les problèmes qui se posent à ces collectivités particulières sont plus compliqués que ceux qui se posent à une commune, ils restent cependant à la portée de la compréhension des électeurs, qui en outre connaissent souvent personnellement leurs représentants aux conseils de ces communautés.
Au delà de ce cercle vertueux, la démocratie cesse d’en être une. Elle se transforme alors en oligarchie, système dans lequel le pouvoir est accaparé par un petit groupe d’hommes. Il n’y aurait que demi-mal si ceux-ci étaient réellement des personnalités reconnues au titre de leurs compétences et des services qu’ils ont rendus à cette collectivité. Hélas, le système électif aux plus hauts niveaux de l’Etat vicie tout : soucieux de la réussite de leur carrière personnelle, beaucoup de représentants des départements et des régions, de députés et de sénateurs, et les présidents de la République eux-mêmes, deviennent les otages des partis et de leurs idéologies respectives. Au lieu d’être d’authentiques représentants de la population, défendant ses besoins réels et ses intérêts matériels et moraux, ils deviennent alors des apparatchiks, rabâchant sur ordre des slogans idéologiques.
Le summum de l’escroquerie démocratique est atteint lors des référendums, car en général les questions posées dans ces consultations dépassent largement la compréhension de la plupart des électeurs. Nous en voyons un exemple éclatant sous nos yeux ; c’est celui du référendum qui va se dérouler dans les jours qui viennent : on a envoyé à chacun de nous une brochure de 191 pages contenant les 448 articles du «Traité établissant une constitution pour l’Europe » et les protocoles et annexes. Combien d’électeurs ont-ils compris le sens de ces textes touffus, ce qui d’ailleurs demanderait la connaissance des traités précédents ? Poser la question, c’est y répondre…"
G.Rousseau, RN, 6 mai 2005
Royal Artillerie ajoute un commentaire conclusif pour boucler la boucle, enfin, y tendre.
Dans le périmètre de conscience du citoyen, la démocratie politique est le meilleur système de choix. Sans peut-être aller jusqu'à la démocratie directe permanente qui trop souvent avantage les échauffements populistes, le dépositaire du pouvoir local peut décider de consulter le peuple par référendum, autant que ce dernier peut également prendre l'initiative d'exprimer collectivement son choix. Le référendum n'est pas intrinsèquement une escroquerie. A l'inverse, la procédure peut représenter le meilleur "lave-mains" politique pour trancher une alternative inextricable. A ne pas négliger !
Par contre la campagne référendaire en cours menée tambours battants par la nomenklatura républicaine* laisse pointer de sous les casquettes démocratiques les longues oreilles du mépris bourgeois à l'encontre du corps électoral universel, traité à longueur de colonnes comme un benêt incapable d'embrasser la synthèse de ce formidable ouvrage qu'est le traité constitutionnel de Valéry Giscard d'Estaing. Les arguments, de chaque bord d'ailleurs, sont putassiers et destinés ouvertement au veau national.
Hier une nouvelle marche a été descendue par le pouvoir central qui est passé de la crise politique éventuelle en cas de victoire du non, au chaos économique annoncé. Il leur reste une bonne semaine pour trouver l'argument massue qui captera ces deux pour cent d'indécis qui ne cessent de sauter la barrière de majorité. Pourquoi ne pas noyer carrément Pasqua dans le pétrole saddamite et Villiers ou Chevènement dans une sale histoire.
Mais vous n'y pensez pas, chère médème !
Deux articles ont paru dans Steppique Hebdo autour de la consultation en cours, Si Vis Pacem et De l'Autisme en Politique.
Note (*) : Oui, république et démocratie sont deux soeurs mais il arrivent parfois qu'elles se crêpent le chignon.
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