maître Renard par l'odeur alléché
Qui a écrit en 1999 :
Alors que les gouvernements socialistes dominent l'Europe, leur idéologie est en fait à bout de souffle.
On n'a pas encore tiré toutes les conséquences de la chute des socialismes soviétiques et jamais les droits de l'individu n'ont fait l'objet d'une telle exigence.
La vocation de la droite devient alors évidente.
Elle n'est pas seulement ce qui s'oppose à la gauche, elle a ses propres fondements idéologiques, sa vision de l'histoire, sa conception de l'avenir, son idée de l'homme et de la société.
Elle seule perçoit toute la logique de la mondialisation qui ne peut être que compétitive donc libérale.
La droite, au fond, parle de l'individu quand la gauche parle du collectif. Or, l'histoire n'est-elle pas le fruit de la longue émergence des droits de l'individu, par rapport aux exigences du collectif ?
Me Patrick Devedjian, alors député de Sceaux. Débarqué récemment, il tente de regagner le bord de la mare du microcosme sur le radeau de ses certitudes et nous convoque pour sa future élection dans la treizième des Hauts de Seine sarkoziens.
Si ce n’est déjà plus langue de bois, c’est quand même la langue de cuir !
En 1999, au moment du constat, le Mur était tombé depuis dix ans. Notre cher maître a pour le moins du retard à l’allumage en 1999. Ou est-ce la magie du chiffre plein qui l’a inspiré.
Pour ce qui concerne les socialismes soviétiques, j’invite Me Devedjian à méditer l’exclamation de Vaclal Havel, nouveau président de Tchécoslovaquie, à son retour de Paris où il avait été invité officiellement par François Mitterrand :
« Je croyais avoir œuvré à la disparition de l’Union soviétique ; je n’ai "eu" que l’union ; la république française est le légataire soviétique universel. »
Il suffit d’ailleurs de courir un peu le vaste monde pour s’en rendre compte. Notre exception politique est une source de dérision. Elle plombe sérieusement notre exception culturelle et notre combat pour la francophonie.
A ce constat, notre jeune et beau député d’arguer que la « vocation de la droite devient alors évidente ». Et d’entrer dans le chapitre des évidences et portes enfoncées grandes ouvertes.
Six ans plus tard que ses prophéties, dont cinq passés devant les écrans de la Chiraquie Bleu Horizon, qu’en est-il ? L’Etat a pris du poids tellement que nous risquons d’en crever. Dette trillionnaire, déficits abyssaux, prébendes inextinguibles, l’énergie de la nation captée par une caste privilégiée qui commande à tout et représente un quart déjà de la population en âge de s’activer. Bonne définition d’un état soviétique avec politburo, nomenklatura, magasins en accès restreints, privilèges attachés à la fonction. Plus le réquisitoire du procès de prévarication des partis de gouvernement qui tombe aujourd'hui, désastreux pour le régime, aux dires de l'avocat général lui-même.
La République est au ruisseau.
Dans les brumes de son rêve éveillé, Me Devedjian perçoit « la logique de la mondialisation » comme la victoire des individualités libérées. Qu’il oppose au collectivisme. Sans nous dire que cette incongruité idéologique mal digérée par les « individus » appelés « hommes », a disparu partout, sauf de France, Chine, Corée du Nord, Cuba, Vietnam et Laos ! Les exigences du « collectif », cher maître, votre premier grand ministre nommé à la barre du tout nouveau Titanic, vient de les recevoir des syndicats qui le somment ! Ou le sonnent !
Qui est sur la passerelle ?
Qui est au chadburn ?
Les mêmes, moins Patrick Devedjian, François Fillon et Michel Barnier et quelques tirailleurs de moindre importance. Le premier paye-t’il son affrontement à l’Industrie contre Thierry Breton, le Bob Marley de France Télécom, auquel il reprochait de bloquer par tous moyens directs et indirects la libéralisation des télécommunications au détriment des intérêts des consommateurs ? Celui-ci fut par la suite adoubé grand Argentier sans le sou, et depuis le portique de Bercy, lui gardait une dent. Il a obtenu la tête de l’avocat qui à son grand péril développait aussi les thèses libératrices d’un autre avocat pas mieux vu au Château, Sarkozy.
Mais Devedjian a certainement commis l’irréparable quand il a proposé de scraper les vestiges archéologiques du plan quinquennal gaullien au motif de libérer les initiatives en réduisant les frais. C’était trop pour la coterie chiraquienne qui marche sur les mains depuis si longtemps pour faire croire à l’exaltation par leur soin de l’héritage sacré. Imaginer pouvoir délocaliser la Datar en Corée du Nord était le dernier outrage.
Une demi-heure avant lecture sur le perron de l’Elysée de la composition du nouveau gouvernement de Chirac II – ça fait un peu mérovingien -, Me Devedjian était informé de son éviction.
Bien qu’il ait pu mesurer au quotidien l’ossification de l’Etat et l’ingratitude des patrons de son bord, il reprend aujourd'hui du service dans la famille comme conseiller politique à l’UMP. Doit-on penser à voir les reclassements rapides des exclus dans des postes de responsabilité du grand parti de droite, que l’on se range en bataille pour des échéances qui se rapprochent et pourraient même être accélérées au moindre refus d’obstacle de l’actuel Premier ? Il n’y a aucun doute. Fillon l’a déclaré immédiatement ; il ouvre les hostilités contre toute velléité de candidature au troisième mandat du patriarche. Devedjian va y aider. Barnier ne sert à rien.
Ainsi quand la France est engagée dans un déclin, inexorable jusqu’à plus ample démontré, ceux qui estiment tenir les solutions, les remèdes, s’enferrent dans un système partisan ranci qui s’il permet d’obtenir des majorités parlementaires par manipulation des règles électorales, aboutit surtout à doter le corps législatif d’effectifs pléthoriques, chers et sans pouvoirs réels. L’image de l’Assemblée nationale désavouée par la nation comme jamais un parlement ne le fut en France, votant quasiment les « pleins pouvoirs » à Galouzeau De Villepin qui gouvernera – qu’il le dit - par oukases, nous rappelle de bien tristes moments où une république battue à plates coutures par son impéritie, sa concussion, ses trahisons, appelait au secours un vieillard aux cent médailles qui n’avait que sa canne pour protéger le pays !
Le régime perverti aussi loin que sait le faire une république latino-américaine, ne mérite pas qu’on s’attarde à sa réforme. L'Etat va déchirer le pays pour lui survivre.
Il a échoué en 1940 coulant alors toutes les démocraties continentales européennes, il récidive au civil cette fois en 2005, emportant dans son naufrage bien des espérances européennes.
Vous vous attardez, cher maître. Il faut plus.
Ou bien convenez que c’est strictement affaire personnelle, à 61 ans.
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