On parle ces jours-ci d'une force d'interposition musclée entre Israël et le Sud Liban, ce qui indiquerait une préférence pour un groupement OTAN, plutôt qu'une ou deux divisions onusiennes formées de bric et de broc ou de biélorusses.
Le groupement OTAN serait - sous toute réserve - constitué par la Grande Bretagne, la France, l'Allemagne, la Turquie et l'Italie. Si l'on excepte cette dernière, on retrouvera tous les acteurs du dépeçage de l'Empire ottoman.
D'où ils nous observent François Georges-Picot et sir Mark Sykes doivent parler du bon vieux temps et de l'impéritie de leurs successeurs, incapables en quatrevingt-dix ans tout juste, de stabiliser une région qu'ils avaient dominée complètement.
Ce 16 mai 1916 à Londres, les provinces arabes de l'empire vermoulu sont découpées discrètement en cinq zones avec beaucoup de présomption. Du nord au sud, on trouve une zone française exclusive formée du Liban d'aujourd'hui, de la côte syrienne au nord et de la Cilicie turque ou sandjak d'Alexandrette. Une langue territoriale s'étire vers l'est sur le pays kurde. A l'évidence, ni Sykes ni Picot n'étaient allés voir sur place. Ce pays kurde sera investi plus tard par le Lawrence d'Arabie français que fut Pierre Rondot, le père du maître-espion qui a défrayé la chronique politique dans l'affaire Clearstream.
Au-dessous d'elle la Haute Mésopotamie est partagée entre une Zone arabe A sous influence française comportant le nord de la Syrie et le vilayet de Mossoul; et une Zone arabe B sous influence anglaise, comprenant le sud de la Syrie, et la grande Palestine (Cis et Transjordanie).
Les Anglais prennent sous leur administration directe la Basse Mésopotamie avec le futur Koweït, et toute la Côte des Pirates qui le prolonge le long du Golfe persique jusqu'à Oman.
Reste sans doute un désaccord sur la côte palestinienne (zone brune de la carte) puisque elle tombe sous administration internationale, preuve d'appétits inassouvis. Peut-être commençait-on à parler d'un point d'ancrage au retour de la Diaspora juive, ou d'un cheminement ferroviaire entre le Levant et l'Egypte par l'ancienne Philistie. Les villes dominantes alors sont Saint-Jean-d'Acre, Haïfa et Jérusalem.
Les effets de l'accord Sykes-Picot se sont éteints successivement comme suit :
Le vilayet de Mossoul rendu aux Turcs par le traité de Lausanne fut confisqué par l'Angleterre qui l'incorpora à l'Irak. La France fut chassée de Cilicie par délibération du parlement local d'Alexandrette en 1939. Le mandat français sur la Syrie imposé par la force aux Arabes qui, libérés des Ottomans n'entendaient passer sous le joug français, débouchera sur l'indépendance effective du pays en 1946, divisé de part et d'autre de l'Anti-Liban au profit des Chrétiens. Les Syriens nous en gardent une dent jusqu'à maintenant.
La Palestine sous contrôle anglais où se développera le Foyer Juif de lord Balfour, sera évacuée en novembre 1947 après avoir connu de grandes émeutes anti-juives en 1920, 1929, 1935 et 1939. La guerre judéo-arabe de 1948 et le partage qui s'ensuivra, présideront à la situation inextricable que l'on connaît aujourd'hui, qui ne se règlera que par un chacun chez soi, bien que réputé incompatible avec les valeurs onusiennes d'universalité en toutes choses, sinon par un grand malheur dont nous avons régulièrement un avant-goût, au principe que tout finit par s'arranger, même mal.
Pour faire savant, disons que les Britanniques fondèrent entretemps sur leur zone B deux royaumes tenus par la même maison hachémite. Seul a survécu le royaume bédouin de Jordanie qui est devenu majoritairement palestinien. La reine est d'ailleurs palestinienne. L'Irak a quitté l'influence anglaise en 1958, après le coup d'état républicain de Kassem pour se rapprocher de la France et de l'URSS. Les émirats de la Côte des Pirates ont été lâchés par Londres plus tardivement, entre 1968 et 1971.
Quand on regarde la situation de la région en 2006, on peut dire que l'Occident aurait mieux fait de s'abstenir au sortir de la Première Guerre mondiale quoiqu'il ait pu advenir de l'Empire ottoman, rongé de l'intérieur et incapable de se maintenir sur ses possessions historiques. La civilisation arabe était suffisamment riche et ancienne pour qu'elle trouve seule ses équilibres entre divers intérêts même antagonistes et laisse dans le flou - comme elle sait si bien le faire - les recoins ingérables de sa planète verte. Malheureusement pour cette région, on y découvrit du pétrole ; presque partout sauf sous la Terre Promise, Dieu est un farceur. Le Moyen Orient changea de maîtres.
Les maîtres habitaient loin et les peuples arabes ne les intéressaient pas. Paradoxalement, la plupart des magnats pétroliers lancèrent des fondations charitables dans leurs pays d'origine, au même moment qu'ils suscitaient des tyrans pour mieux tenir leurs concessions ; et de l'or noir extrait firent des gratte-ciels ! On peut superposer à ce paradoxe l'image des Twin Towers ardentes du Onze Septembre.
Quatreving-dix ans après la bataille des Dardanelles, on va supplier les Turcs de venir patrouiller la montagne libanaise pour mettre au pas les Shias qui à leur époque n'auraient pas osé lever les yeux, mais qui sont devenus maintenant de vaillants martyrs de la Résistance arabe !
Rendre les Turcs indispensables n'est-ce pas faire l'erreur en sens inverse ? Ils représentent déjà le mâle dominant de la région et depuis l'effondrement de l'Irak baassiste leurs ambitions sont affichées. Pourquoi ne pas leur rendre aussi le vilayet de Mossoul confisqué injustement malgré les accords de Lausanne de 1923 ? Cela ferait un morceau de moins à recoudre en Irak ! On pourrait aussi les laisser se rapprocher du Kurdistan irakien qu'ils ont déjà investi économiquement, et qui défiant les lois de la géographie, regarde vers l'Anatolie occidentale, les Echelles et par-delà vers l'Europe.
Ne resterait que la basse Mésopotamie à partager entre Sunnites et Chiites irakiens. Facile, chacun ses puits. Et les boys qui commencent à péter les plombs rentreraient enfin au Kansas !
Est-ce dans le plan de Condoleezza Rice pour faire du neuf ?
Dans la foulée, on reprend nos Juifs à qui on offrira la verte Carinthie qui regorge d'eau, leur retirant ce faisant tout motif hydraulique d'expansion chez leurs voisins.
On me dit dans l'oreillette qu'il y a déjà du monde en Carinthie, un demi-million de chapeaux verts et culottes en peau, et que c'est l'horrible Jörg Haider qui préside. Ca tombe bien, ça fait déjà dix fois moins que les Palestiniens, et les Juifs ont l'habitude de s'installer chez les autres. Et de plus le vilain Haider sera bien puni de ses rotomontades !
Mettez sur cale les Exodus !
AlstOm !
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