Moyens nécessaires aux missions des armées françaises ? Allons-y !
On ne peut pas mettre de côté plus longtemps la question budgétaire et l'état calamiteux des finances de l'Etat. L'impéritie des gouvernements depuis vingt ans nous prive de nous distraire dans tous les types de missions à la portée d'une puissance moyenne qui se veut encore grande. La tendance serait donc de privilégier une bonne qualité dans tous les compartiments accessibles plutôt que de l'effectif (un fonctionnaire coûte deux millions d'euros de sa titularisation à sa mort), en réservant les techniques de pointe aux domaines d'excellence de notre industrie. Nous en avons trois indiscutablement, l'aéronautique, l'artillerie et les missiles. Nous sommes à niveau dans la construction navale, mais très concurrencés. Nous sommes moyens dans les chars et les véhicules où nous passons des marchés dans un cadre plus large de coopération-corruption.
De ce qui précède on peut tirer que ce sont les armées de l'air et de mer qui en l'état des crédits disponibles, seraient (relativement) privilégiées, et l'armée de terre réduite à proportion. Ce qui amoindrit la capacité de "gendarmerie coloniale" que nous offrons à l'Occident, de même que celle de supplétifs du Pentagone comme nous le reprochait le ministre-déserteur Chevènement. Et tout compte fait, cette révision incontournable permettrait de remettre les pendules africaines à l'heure : faites ce que vous voulez mais ne comptez pas sur le RPIMa pour vous arracher aux sables mouvants vers lesquels vous vous précipiterez.
Notre domaine d'outremer restant conséquent et la sûreté des couloirs d'énergie exigeant d'en assurer physiquement la libre pratique, nous devons maintenir des unités d'intervention adaptées, pugnaces et équipées de moyens permanents. Les régiments parachutistes, la Légion étrangère et un corps de commandos spécialisés répondent à tous les cas de figure. Les économies vont porter sur les unités de mêlée qui pourraient être reformées un jour lointain si une menace continentale se précisait de nouveau. Sont visés, essentiellement l'avant blindé, l'infanterie non spécialisée, les unités de chasseurs mécanisées et des unités de service et d'appui mal adaptées. Révisons en chemin nos structures de commandement qui s'empilent et se contredisent pour n'être à la fin que des niches à officiers généraux. Un état-major par arme et un état-major de campagne éphémère formé à chaque opération, seront bien suffisants et raccourciront le fil hiérarchique.
Pour ce qui est de notre contribution continentale à l'Alliance, outre la couverture aérienne que nous évoquons plus loin, nous pourrions y affecter deux corps de chasseurs alpins qui ne dépareraient pas une Armée alpine européenne avec les Italiens et les Autrichiens - il faut penser au futur Camp des Saints (joke!)-, une division complète d'artillerie lourde à base du système Caesar (en photo), et deux divisions blindées de choc qui devraient servir de show-room permanent de notre savoir-faire si nous parvenons un jour à entrer dans les prix du marché. Ce coeur d'alliance français devrait être irréprochable. En attendant, méditons la maxime : "le seul blindage qui soit capable de résister à la matière, c'est la pensée" (Nikos Lygeros), et cessons de croire que trop fort n'a jamais manqué.
N'entrons pas dans le piège du choix unité par unité. Prises ainsi, chacune s'avère toujours indispensable, spécifique, exactement au bon endroit ; à tout le moins pour fournir un espace de carrière aux militaires. Disons que les contraintes budgétaires et la participation du ministère de la Défense à la réduction de la dette publique qui n'est pas supportable bien longtemps, devraient réduire l'Armée de Terre d'un bon quart.
Il nous reste les privilégiés (comme toujours).
Puissance, allonge, compacité (budgétaire) sont les trois paramètres d'évaluation.
Armée de mer
Au delà de son propre domaine maritime, la France n'a plus vocation à régner sur les mers du globe. L'empire c'est fini ! Nous avons besoin d'être en position de supériorité ponctuelle sur deux théâtres d'opérations extérieures à la fois. La dispersion de nos possessions nous offre des points d'appui logistique précieux. Il faut s'en servir. Compte tenu d'un dispositif de "bases", il n'est pas nécessaire de mouvoir une escadre du modèle porte-avions+escorte. On peut poser la question de savoir où et quand le Charles-De-Gaulle a été décisif dans ou en périphérie d'un conflit ; ils sont pourtant nombreux. Par contre on sait ce que coûtent l'amortissement et l'entretien d'une pareille escadre ; sans parler du rapport prix-dommage si on met deux Exocet sur l'épure ! Un bateau d'orgueil construit sur vingt ans et stratégiquement pataud.
L'avenir est aux frégates modernes puissamment armées et aux avisos de stationnement outremer. Deux porte-hélicoptères donneraient la base d'assaut. Il n'est pas interdit de penser à une mutualisation de certains moyens avec l'Amirauté. Après tout nous avons défilé à Portsmouth pour l'anniversaire de Trafalgar ; on avait loupé Aboukir !
Armée de l'air
C'est le domaine français par excellence du combat de l'Alliance. Par sa géographie, l'Europe a besoin de la France pour sa défense aérienne et surveiller ses approches maritimes. L'armée de l'air française étant au coeur du dispositif ouest-européen, elle doit être un modèle efficace et intimidant. On peut se demander s'il est vraiment utile de maintenir pour les quinze ans qui viennent des chasseurs-bombardiers dotés de l'arme atomique tactique. La dissuasion nucléaire se suffit de sous-marins stratégiques, voire de missiles intercontinentaux.
Il vaudrait mieux mettre les crédits sur des avions polyvalents de la qualité du Rafale, et revendre nos modèles anciens à la Bolivie ; sans parler de se défaire des modèles d'appui-sol diurne que sont les Jaguar qui impressionnent au Sahel mais nous ont ridiculisés lors de la première guerre du Golfe puisqu'on ne pouvait les enrôler dans l'ordre du jour avant d'avoir la météo.
Reste à assurer la projection de nos unités par des moyens de transport adaptées. Airbus y travaille. La Marine semble dotée.
Pour l'instant la démarche apparente des gouvernements Chirac successifs a été de couvrir tous les domaines théoriquement accessibles par la France (mère des arts, des armes et des lois), pour au final délayer la puissance annoncée à proportion du support budgétaire possible. C'est stupide, on obtient un corps creux que l'on n'ose exposer. Il faut s'en tenir à l'essentiel, accepter notre réduction à proportion de notre part dans le PIB mondial, viser l'excellence et la prouver dans des opérations précises et peu nombreuses où nous nous engagerons, pour l'art militaire, pas pour le maintien de l'ordre. Cessons cela !
En quoi un régime monarchique pourrait-il assainir notre situation militaire et donner des axes d'effort déclarés sur lesquels nos amis et alliés pourraient compter dessus ? C'est ce que nous essaierons d'approcher dans un troisième et dernier volet.
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