Guillaume Peltier, cornac du sous-préfet aux champs, Philippe de Villiers, s'est torturé une semaine pour trouver le slogan qui allait percer le mur d'indifférence qui sépare son mentor et client de la Vallée des richesses en perspective printanière.
"Nous, c'est la France des bistros, c'est pas le Paris des bobos",
Guidel en Morbihan a eu la chance d'assister à l'Université d'été du Mouvement Pour la France. Ceux qui pensaient qu'une UDT était l'occasion de ressourcer une doctrine - il y a "université" dans le nom - en seront pour leurs frais. La hauteur de vue la plus élevée, telle qu'elle fut rapportée du moins par les médias français, arrivait à peine au ras du zinc. Faut-il donc beaucoup mépriser le peuple et l'électeur pour racoler avec une entame aussi primaire que celle consistant à opposer la technocratie parisienne au bon sens paysan de nos vieilles provinces. Il ne connaît peut-être ni les uns, ni les autres.
Nous avions besoin peut-être d'un tribun populiste supplémentaire, mais nous n'avons pas trouvé un présidentiable, pas même un primo-ministrable. Un animateur ? Sans doute !
Ceux des royalistes qui caressent le rêve d'un nouveau George Monk devraient prendre un peu de recul pour s'apercevoir que monsieur de Villiers s'est tout à fait perverti dans le jeu parlementariste jusqu'à n'utiliser plus que l'outil le plus immoral de la démocratie, la démagogie, qui reste le vecteur le plus sûr vers les prébendes. Il n'a jamais manifesté aucune équivoque sur sa carrière républicaine.
Citons néanmoins les cinq points de son programme d'été !
En tête, subventionner la France rurale.
Pourquoi lui opposer les apparatchiks ? Ils règnent sur l'Agriculture depuis cinquante ans en protégeant les paysans de toute fiscalité.
Deuxièmement, protéger la famille contre les imitations.
La vraie question reste les allocations familiales dès le premier enfant pour inverser la tendance démographique nationale ; mais où trouver l'argent ? En taxant les bobos ?
Troisièmement, abolir les 35 heures pour pouvoir relever le pouvoir d'achat.
Gagner plus en travaillant plus, pourquoi pas, mais est-ce un programme articulé vers une refonte du Code du Travail ?
Quatrièmement, immigration zéro, assortie d'une politique de co-développement avec l'Afrique.
100% d'accord, mais la France en banqueroute ne parviendra à rien en dehors d'une grosse machine mondiale capable de déclarer la guerre à la misère. Il ne s'agit plus de creuser des puits ou de cimenter des écoles de brousse. On en est aux milliards de dollars maintenant pour faire décoller l'Afrique avant qu'elle n'explose en Europe. Or monsieur de Villiers est réfractaire aux coopérations internationales qu'il ne gouverne pas ! Et il en passera de l'eau avant que la France impécunieuse gouverne qui que ce soit hors de chez elle.
Cinquièmement : "une Europe nouvelle avec les patries plutôt que l'ancienne Europe avec la Turquie".
Les deux questions se posent. Elles sont très importantes. Pourquoi les amalgamer ? Pour faire rire au lieu d'approfondir.
Cinq piliers de campagne électorale estivale c'est maigre. On pourrait lister les questions oubliées par le MPF. Mais sans doute risquent-elles de passer un peu haut par rapport au zinc du bistrot national. Malgré tous ses efforts de provocation médiatique, Philippe de Villiers reste bloqué à deux pour cent des intentions de vote. La preuve que le peuple français n'est pas aussi primaire qu'ils l'ont décidé avec monsieur Peltier.
Ils sont contre l’immigration sauvage, comme nous ; contre les rave parties à drogue, comme nous ; contre les règlements de chasse de Bruxelles, comme nous ; contre la dictature des folles, comme nous ; contre les ligues exogènes, comme nous. Mais ils n'ont pas compris que le peuple attend quelqu'un d'un peu plus "relevé" que soi, d'un peu plus haut dans la sphère de la raison, qui en sait un peu plus que lui dans la sphère de la connaissance, quelque "monsieur Plus" !
Il ne sert à rien de chercher à appâter le peuple en feignant de se mettre à son niveau supposé. C'est compliqué finalement un peuple souverain ! Et ingrat en plus, comme le disait le haut général qui reconnaissait là une marque d'esprit fort.
Notre distingué vicomte a beau aller à la messe en famille avec le loden réglementaire, avoir un timbre de voix perché qui sied à l'aristocratie rurale, laisser transparaître une autorité de chef (féodal) dans son Conseil départemental, cacher au fond de sa serviette de vrai cuir son diplôme technocratique de l'Ecole Nationale d'Administration, n'avoir jamais voulu faire carrière dans la haute administration, avoir réussi dans ses entreprises folkloriques, ce monsieur est un démagogue. Du moins s'il ne l'est foncièrement, a-t-il choisi ce biais pour percer.
Royaliste, sauf à le convertir, passe ton chemin.
dimanche 10 septembre 2006
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