mardi 10 octobre 2006
Invalides, chaise vide
Le 24 septembre 2006 était célébré le 300e anniversaire de la consécration de l’église Saint-Louis des Invalides sous la présidence du chef d'Etat-major de l'Armée de terre, l'office étant célébré par Mgr Le Gal devant une assistance nombreuse et recueillie.
Reportage complet des Manants du Roy en cliquant ici
Chacun a noté l'absence très visible de la Maison de France, malgré invitations relancées comme le souligne Portemont dans son article.
Si quelque chose n'est pas net au royaume de Danemark selon Marcellus, il semblerait que chez son alter ego nec pluribus impar on soit retombé en enfance, à se demander ce qu'en penserait le maître d'oeuvre original s'il nous regardait de là-haut, lui qui est à l'origine de la grande division de sa Maison.
Les relations entre les branches les plus affichées de la dynastie des Bourbon participent du jeu de cache-cache sur le manège enfantin où l'on se dissimule à l'autre dans la diagonale du pilier central. On n'observe que ce qui dépasse devant ou qui traîne derrière sans jamais voir complètement le camarade. L'un s'avance et jette un regard en coin, l'autre recule la tête, on ne lui voit plus que les pieds. Mais tout le monde tourne à la même vitesse !
Personne n'aime faire la liste des gracieusetés échangées au motif qu'elle bénéficie aux adversaires de la Cause. Partisan de Dagobert III, à défaut, de Childéric IV, je m'y autorise en doublant quand même la paire de gants, avec l'espoir secret que le ridicule finira par tuer le procès permanent des uns aux autres.
On peut s'agacer du retour d'affection de l'aîné des Bourbon d'Espagne pour le trône de France quand il se sut défavorisé en Espagne. Mais cet intérêt subit pour des espérances bien plus virtuelles que celles abandonnées au moment, aurait pu être considéré ici avec humour. L'humour est un levier puissant. Au lieu de quoi nous vîmes la branche résidente (d'autres la nomment cadette) courir les "lits de justice" pour s'enregistrer Bourbon, dénier des titres anciens à nul effet, et pour finir, singer les excès des aînés en courant aux ducatures de courtoisie jamais ou déjà portées, puis aux capes des ordres chevaleresques, afin de se faire pièce réciproquement.
Il nous serait utile qu'une petite association du Protocole et des Sceaux se mêle de certaines choses, limite le poids des enjoliveurs, et freine les emportements de nos princes aimés, qui dans le registre "m'as-tu vu" commencent à dériver un peu vers la roture parvenue. Ceci nous éviterait ici les adoubements tchèques de chevaliers de fantaisie d'un Ordre éteint - il suffisait de téléphoner au Vatican pour prévenir les fou-rires - ; là, l'entrée à l'office nuptial du fiancé chamarré comme à Dysneyland, au bras de sa maman dont le sépare sa propre épée. Elémentaire et pourtant le détail est significatif d'une rupture dans l'instruction - ce qui est grave dans le système monarchique ; plus encore, nul dans l'organisation ne lui demanda de permuter. Glissons.
Les royalistes souffrent de cette dispute dynastique quand ils ne s'y épuisent pas. Les branches concurrentes sont de la même grande famille et nous souhaiterions qu'à leur niveau il soit possible de faire mentir l'adage qui veut que l'on ne se chamaille bien que chez soi. Alors messeigneurs, rajoutez, de grâce, un soupçon de modestie à votre naturelle élégance et partagez un instant nos doutes.
L'un "prétend", l'autre "est", un troisième y "pense", un quatrième se "sacrifierait", selon la lecture que chacun soutient des lois fondamentales d'un royaume disparu corps et biens il y a deux siècles. L'histoire ne nous donne aucune indication sur la meilleure façon de réparer une rupture de régime aussi longue, et d'aucuns se disent in petto qu'une dynastie battue trois fois en soixante ans et plus encore si on amalgame toutes ses branches, se grandirait peut-être dans la sérénité de son Aventin. Si ce n'est pas diable possible, embrassons-nous Folleville et gardons le sourire car nous sommes filmés.
Oui, filmés, depuis que des partisans du roi mouillent leur chemise pour remettre le régime monarchique en selle, tout au moins le réacclimater au départ dans l'esprit des gens de ce pays, en attendant de pouvoir le populariser avec les moyens nécessaires.
Que l'attitude de tous, et celle des militants de terrain d'abord, prenne en compte la difficulté de cette démarche de notoriété d'une cause oubliée, perdue, voire incongrue. Ce qui ont la fibre du débat de conviction savent combien il est difficile de discuter sérieusement de royauté dans la France d'aujourd'hui. Or le peuple dont l'attention peut être captée par certaines manifestations, est convoqué à ce débat. En exergue de la couverture des Epées on lit que "Le droit du prince naît du besoin du peuple". Il est permis de penser qu'il soit appelé à méditer cette maxime un jour ou l'autre, si l'aventure d'une accession royale se précisait. Au moins pour le prier de rendre la souveraineté que la Nation lui a confiée plusieurs fois dans l'histoire moderne.
Epargnons ceux qui s'y collent en surveillant l'impact médiatique de notre affichage, nos absences ici, nos présences là, nos déclarations ici, etc.
Nous privilégions l'institution monarchique parce que nous sommes convaincus que ce régime est supérieur à tous autres pour continuer notre Nation dans le peloton de tête des nations tout en préservant le Bien commun. Le prince en est la cheville ouvrière, la clef de voûte, la cerise sur le gâteau, mais tous ses termes présupposent ici l'essieu, là la voûte, ici le gâteau. C'est la pérennisation de l'institution qui compte pour ce pays plus que la perpétuation d'une dynastie. En soi, le prétendant n'est pas une condition préalable ou dirimante, mais le roi si ! Même si l'institution est construite et réglée pour passer en douceur sur les cahots d'un règne "sous la moyenne".
Les qualités propres au souverain faciliteront ou freineront le gouvernement du pays dans les domaines essentiels qui relèveront de sa compétence, et il est à souhaiter que le premier revenu montre des aptitudes à l'excellence pour convaincre et régner naturellement. Mais le principe doit se suffire à lui-même et laisser passer les rois, sinon à quoi bon ?
Cherchons, disent certains, le leader exceptionnel et charismatique qui va arracher le pays au déclin et restons en là ! Gallois, Lauvergeon, Blanc, Royal ?
Nous, nous voulons une monarchie fédérative, populaire et successible qui dure sur son axe.
Le roi sait faire. C'est prouvé ! Mais le principe d'abord !
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