La démocratie est une utopie généreuse au départ. Elle s’avère vite inadaptée à l’ « espèce humaine » dès lors que les majorités (toujours relatives de nos jours) exercent leur dictature sur les minorités « vaincues à la loyale ». Cette logique intrinsèque d’affrontement paralyse la Nation quand ce sont des idéologies qui s’opposent, quand ailleurs il ne s'agit que de modes opératoires concurrents. C’est l’excès en tout qui domine ici et empêche le consensus. Les grandes démocraties bipartisanes n’ont pas ce travers de la lutte idéologique « à mort » car leurs nations sont réunies sur l’essentiel.
L’exemple des Etats-Unis explique bien ce consensus national inné qui chez nous fait défaut. Après l’attaque des Twin Towers, l’Amérique est partie en guerre contre l’Irak d’un seul élan à quelques exceptions près, finalement de peu d’importance.
La guerre s’avère être un fiasco en ce sens qu’elle a perdu la paix.
Du même élan, l’Amérique va rapatrier ses boys et en finir avec le mirage irakien. Elle va se recentrer sur ses intérêts primordiaux.
S’il y a des prises de bec au Congrès - de moins en moins aux dernières nouvelles - on n’utilise pas l’arsenal rhétorique de la trahison à l’endroit des Démocrates, ni de l’incompétence présumée du commandant en chef. Non, on fustige la manière dont furent conduites les analyses, et aujourd’hui seulement, le motif qui sous-tendait la guerre préventive : faire naître la démocratie au Moyen Orient. A l’époque tout le monde était pour.
Dans de telles circonstances, il est pour nous ahurissant de voir le président en fonction retarder l’ordre de retraite et, contre l’avis du nouveau Congrès, réinjecter de l’effectif afin de lancer sa bataille d’Alger à Bagdad pour écraser la guérilla la mieux constituée contre le pouvoir régulier. Les rank & file ronchonnent, mais la nation dans son ensemble, même sans enthousiasme, accepte de tenter ce coup de massue, peut-être libérateur du piège.
Imaginons une seconde que nous soyons dans la même situation ?
Mais nous y fûmes justement, en Algérie. Des partis à la Chambre qui s’occupait d’abord de l’ordre de passage au tourniquet du gouvernement, suscitaient en secret des canaux de soutien effectif aux insurgés algériens, faisaient saboter les approvisionnements de l’Intendance, et armaient de la sorte les ennemis de nos jeunes soldats. Qu’en est-il advenu ? Ils sont, quelques années plus tard, tous parvenus au pouvoir, affublés de la décoration morale de « porteur de valises », à la faveur d’une de ces amnisties qui servent de serpillière dans la cellule de dégrisement de la classe politique. D’autant mieux que le pouvoir avait glissé lâchement d’un bord à l’autre pour se mettre dans le Sens de l’Histoire !
Le camp opposé n’avait trouvé, lui, aucune voie de débat ou de négociation dans le régime en place et s’était résolu au putsch militaire (comme en Thaïlande) !
Nous sommes allés direct à l'affrontement, au bord même de la guerre civile, n'eut été le lâche soulagement général. Nous sommes encore à des années-lumière de la vraie démocratie que décidémment nous ne comprendrons jamais. Notre pseudo-démocratie règle ses conflits les armes à la main. Comme des gosses. Singe voit, singe fait ! Et n'y comprend rien, sauf à distribuer des parcelles d'Etat au plus grand nombre. La vente à l'encan : le nombre des représentants élus en tous genres en France forme une classe politique deux fois plus nombreuse que la classe politique américaine, mais inefficace.
Ce régime républicain que l’on dit avoir été inventé par la France du XVIII° est inadapté à son tempérament. On attend sans grand émoi la faillite de la cinquième mouture. Ce régime est immature, et perpétuellement inquiet de se voir débarqué par la coalition éphémère des catégories brimées par la majorité relative de circonstance. On voit bien dans les discours de ses thuriféraires qu'ils défendent en continu la République comme si elle n’était pas acquise, et les mêmes de promouvoir les « droits à » aux dépens des « droits de » afin de rémunérer la clientèle de chacune des catégories la constituant. La République, la République, en sautant comme des cabris pour paraphraser quelqu'un, ce n’est qu’un manteau sur le corps de la France, glorieux rarement, tragique souvent, et passablement mité ces temps-ci.
Qui s’occupe vraiment de notre "république" dans toutes ses catégories sociales et professionnelles ? Ce n’est pas la République, qui s’occupe d’abord de se survivre à elle-même au frais de la Nation. La perversion annoncée par les Antiques du concept généreux de démocratie en démagogie, est achevée chez nous dans la ruine du concept.
Si l’on ne peut revenir complètement sur l’addiction démagogique, il conviendrait d’en chasser les procédures immorales sachant que l’œuvre reste dans la main des hommes, imparfaits. Le modèle qui reste un mythe majeur de l'inconscient collectif français, est réparable s’il est transposé au niveau de la perception citoyenne, au niveau appréhendé facilement par l’électeur. C’est le plus mauvais dit-on à l’exception de tous autres. D'accord ! Il suffit seulement de ne pas se tromper d’étage. Communes, terroirs et provinces peuvent être réglés par la démocratie, populaire et participative au premier échelon. Le système de votation helvétique me sidère chaque fois par son efficacité.
Mais extrayons d’abord la fonction suprême de l'anarchie et de cette course à l’échalote indécente qu’est devenue l’élection présidentielle, où la manipulation médiatique des acteurs est notoire et acceptée par tout le microcosme politique. Les journalistes dirigent déjà le programme des candidats en distribuant ou en refusant bons points et images pieuses. On va les filmer bientôt sous la douche pour un effet de proximité !
Arrêtons de jouer la fonction du chef d'Etat au bonneteau. Sauvons la dignité de l’Etat vis-à-vis de l’extérieur mais aussi vis à vis de sa propre nation.
Au lieu d'un touriste lancé comme un savon, il nous faut un garant des institutions plus qu’un utilisateur d’icelles, il faut un représentant de la France à l’étranger sachant actionner une politique à moyen et long terme. Mais nous avons besoin avant tout d’un secrétaire perpétuel de la Nation, chargé d'exercer des pouvoirs régaliens strictement définis et peu nombreux, un sage précipitant tout le peuple dans la cohésion sur l’essentiel, cet essentiel qui devra d’abord être clairement défini au vu et au su de tous. Et certainement, à voir les tirages de la presse people, retrouverons-nous sur ce chemin une belle famille à aimer, comme l’éprouvent tant de nos voisins qui se supportent parfaitement bien en monarchie.
C'est un combat. Il faut acclimater patiemment dans l’opinion l’idée qu’une porte de sortie du marasme actuel existe qui n’est pas du tout une innovation échevelée, mais un mode de vie en commun qui a fait ses preuves. A la réserve près qu’il sache s’adapter aux défis du monde autour de lui.
Pour sauver notre société, notre république, cessons la République.
Merci à ceux qui y travaillent.
Au roi, et vite !
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