Un Français sur cinq se risquerait à voter pour un candidat royaliste et un sur six aimerait que revienne le roi. C'est ce que nous dit un sondage BVA publié par France Soir ce 8 mars.
"Le désespoir en politique est une sottise absolue" nous dit Charles Maurras. Il n'est pas quand même pas sûr qu'un Français sur six fasse son "coming-out" maurrassien cette année.
Ces résultats en recoupent d'autres qui avaient été publiés en leur temps par Point de Vue sur la notoriété de l'idée royaliste. On peut comprendre que devant la médiocrité de la représentation nationale qui s'étale en couche encore plus épaisse pour cette campagne électorale des pères et mères Noël, nos compatriotes aspirent à un modèle plus familial, plus professionnel, plus sélect et finalement plus simple. Il n'en faudrait pas beaucoup pour les convaincre, ces 17 pour cent, qu'il serait à la fois efficace et chic de couronner la Vè République, en confiant à un secrétaire perpétuel de la nation les clés de l'Elysée, et d'y attacher les pouvoirs régaliens détenus dans le fameux "domaine réservé".
Le hic, ce sont les 79% de sondés complètement hostiles. Ceux-là n'admirent pas les carrosses et les enfants endimanchés de la famille royale sur les balcons de fer forgé applaudissant la foule qui les acclame parce que ça coûte, et puis que deviendrait l'égalité sacrée ... ! Il y a parmi eux de vrais républicains, convaincus des vertus du régime, mises à mal par le défaut de vertu de la classe politique qui a préempté le régime, et une masse plus importante de gens intoxiqués par la propagande "droitdel'hommiste" qui fait de tout roi un tyran, et du moindre citoyen un dieu ! Alors roulez bolides, pour le dieu, droit dans le mur !
La démarche de désintoxication entreprise par le parti de l'Alliance Royale et par les chapelles intellectuelles à côté de lui, est la mission par excellence de la génération de royalistes qui entre maintenant dans la vie active. Maintenant, parce qu'il est plus facile de synthétiser la faillite du régime républicain aujourd'hui qu'il y a 25 ans, lorsque la poigne gaulliste empêchait la dérive criminelle des comptes nationaux et des régimes sociaux. Giscard d'Estaing, après deux chocs pétroliers, laissa au pays une dette publique de 589 milliards de francs soit 90 milliards d'euros. Mitterrand et Chirac qui part dimanche, nous laissent une dette de 1200 milliards d'euros !
Les rapports parlementaires, le premier de 1997, dit Marini, est très instructif (cliquez sur son nom pour le lire), nous indiquent que l'endettement a été englouti dans les dépenses courantes et jamais sinon peu dans les investissements. Le dernier rapport, dit Pébereau, confirme le diagnostic cancéreux, en ajoutant qu'il a métastasé partout pour un trillion de plus ! Nos enfants ont chacun vingt mille euros de dette principale à la naissance, plus les engagements pris par leurs parents pour les retraites publiques des forçats de l'Etat.
Ce fort déficit de fonctionnement nous prouve que le système est intrinsèquement pervers dès que la démocratie se putréfie en démagogie. Mais les Grecs de l'antiquité sans connaître Darwin, soutenaient que c'était son évolution naturelle. Chacun sait qu'il est impossible de renverser un processus de putréfaction et pourtant qu'entend-on ces jours-ci sur nos médias !
C'est la contradiction majeure des offres politiques qui courent la campagne électorale. Aucun candidat n'arrive à prendre le mal à la racine car il lui faut au même moment aguicher l'électorat le plus large possible pour devancer son concurrent. Même un Le Pen a reculé sur la Dette. Pourquoi ? L'endettement faramineux de l'Etat a profité à plusieurs strates sociales abonnées aux subsides publics directs et indirects. Il n'y a pas que les assistés professionnels de l'Etat providence. Certains ont épargné les fruits de la Dette, d'autres les ont investis pour établir leurs familles ! D'autres encore les ont expatriés. L'Etat a intoxiqué la Nation.
Quelle méthadone politique pourrait suppléer à cette addiction ? On n'en connaît pas, sauf l'enthousiasme collectif dans un dessein mobilisateur allié à la conviction d'une justice sure. Le chantier est cyclopéen !
Tant mieux !
Ne pourrions-nous articuler un programme de réhabilitation de l'Etat sur deux générations, en pérennisant l'effort sur l'axe choisi par l'instauration d'un pouvoir monarchique adapté à ce Grand Oeuvre ? Il faut vendre ça à nos concitoyens.
Comme nous sommes sûrs du diagnostic et que nous réfléchissons depuis cent ans au moins sur le protocole médical pertinent, notre "secrétaire perpétuel de la Nation" pourrait en deux générations seulement faire la preuve de la supériorité du régime monarchique sur la démocratie de marché-couvert actuelle.
Mais pour réussir, encore faudrait-t-il fermer la porte étanche entre la passerelle de commandement et le pont-promenade des moeurs sociales, sinon certains amalgames avec les porteurs de pancartes de la revanche ruineront le projet avant qu'on ait pu en développer l'argumentaire devant tous.
On y reviendra.
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Cela est joliment dit, et l'analyse est pertinente.
RépondreSupprimerMais le plus dûr reste à venir : il faudra poser des fondements solides, entendus par là comme autrement que le seul constat d'échec des régimes contemporains, pertinent pour qui le veut bien voir et résultat de ce sondage.
Sinon, seule l'enchère de l'aventure, de l'errance, ,et pourquoi pas du chaos, l'emportera.
Il faudra aussi une dynastie solide, et pour l'instant, il faut bien admettre qu'il n'y en a pas.