lundi 19 mars 2007
Ils seront douze
Ils seront douze, sans nous, le filtre à particules ayant rempli son rôle ! Le Conseil constitutionnel va proclamer la liste des sélectionnés avec gravité, ajoutant l'insulte publique à la forfaiture du dispositif protégeant les partis parlementaires.
A un mois du premier tour hasardons un pronostic : les quatre premiers dans un mouchoir, se partageront 80 pour cent des voix, car nous excluons les scores faramineux à 30% que l'on donne aux deux champions annoncés. Cela n'est jamais arrivé dans ce scrutin.
Les huit autres tenteront de survivre sur les 20 pour cent restant, soit une moyenne de 2 % par tête, si l'on prend en compte une fraction de blancs et nuls à 4%. Ce qui veut dire que la barre fatidique des 5 % ouvrant droit au remboursement des frais de campagne, ne sera pas atteinte facilement.
Si nous postulons que la frontière entre les voix des quatre "ténors" et celles des huit candidats de témoignage ne sera pas franchie parce que les électeurs qui donneront leurs voix aux "petits" le feront par conviction profonde ou par dépit anti-système, nous voyons que le jeu est à somme nulle sur une base de 4 x 20, le peu que l'un prendra, l'autre le perdra !
Est-ce à dire que tout est possible ? Exactement. Et de grands penseurs de la Gauche comptable comme Jean-Luc Mélenchon, anticipent le cauchemar républicain d'un second tour entre Le Pen et Bayrou, ou pire pour lui, un Sarkozy-Bayrou. La Gauche serait rayée des cadres par désintégration du Parti Socialiste qui ne supporterait pas une seconde humiliation terrible, grâce à la gourde épouse du Premier secrétaire !
Il passera beaucoup d'eau sous le Pont Neuf avant que l'on ne devine qui passera, et peut-être même devra-t-on attendre le soir du scrutin. Victoire de la démocratie à la française qui sortira du champ électoral soixante pour cent des suffrages exprimés. Ne poussons pas le calcul en tenant compte de l'effectif en âge de voter, on verse dans le Ridicule. Pourtant cette fois-ci, les observateurs avertis ont reconnu un intérêt certain des Français pour cette présidentielle, même si 61% d'entre eux déclarent ne faire confiance ni à la Droite ni à la Gauche pour relever le pays, et 46% des sondés déclarent n'avoir pas arrêté leur choix. Donc vraiment tout peut arriver.
Qu'en est-il du projet royaliste ? Le candidat s'est bien battu, multipliant les réunions, les tractages, les apparitions dans les médias. La trace laissée sur le blogue d'Yves-Marie Adeline est éloquente. Et pourtant il n'a pas pu franchir le seuil de sélection qui aurait permis de continuer la promotion de l'offre monarchique. Ce qui est d'autant plus dommage que le candidat a fait preuve d'aisance et de réactivité dans ses confrontations médiatiques et qu'il aurait porté brillamment le message royaliste dans la campagne officielle.
Ce barrage est d'autant plus inique que le sondage commandé chez BVA avait détecté qu'un Français sur six était ouvert à une proposition royaliste et qu'un sur cinq pouvait à l'occasion voter royaliste. Le sondage n'a pas dit quelle proposition royaliste, il y en a tant ! Trop !
Qu'importe finalement rancoeurs, aigreurs ou lâche soulagement de certains contempteurs de la méthode Adeline, si l'on est du parti-pris de la voie démocratique il vaut mieux s'essayer à tirer quelques enseignements de cette démarche, presque incongrue dans les milieux royalistes.
Le schéma royaliste peut être entendu par les gens non avertis, à condition qu’il soit clair et a priori jouable sans révolution profonde de notre société. Le promouvoir plus largement exigeait d’accéder à la campagne officielle.
L'avant-tour des parrainages a-t-il été sous-estimé ? Sans doute un peu. Un argumentaire spécifique aux collectivités locales visées n'a pas été développé aussi bien qu'on l'a vu faire du Parti trotskyste des Travailleurs qui affiche son candidat-croupier Schivardi comme le candidat des maires ruraux délaissés par les pouvoirs publics. C’est un tour de force à retenir.
Et justement, les franchises communales, la liberté de premier échelon, la démocratie de proximité, sont aussi des notions royalistes. Nous privilégions les républiques aux étages immédiats tant que la conscience politique du citoyen y trouve son compte. Si la démarche royaliste se saisit des pouvoirs régaliens c’est bien aussi pour dégager l'espace politique au-dessous afin de favoriser l'expression libre démocratique. Les maires auraient-ils été sensibles à cette dévolution d'autorité ? Peut-être !
A contrario l'issue fatale de ces parrainages a été surestimée. Du moins l'indignation légitime du candidat qui peinait à conquérir ses 500 promesses, a-t-elle pris le pas sur le projet politique pendant tout le dernier tiers de sa campagne. L'iniquité du barrage a montré notre sensibilité à l'injustice.
L'histogramme de la notoriété médiatique publié par le site présidentielle.info avait relevé un certain retard à l'allumage de la campagne AR, qui déplaçant dans le temps la pente de progression, n'a pas permis d'atteindre le niveau accessible par l'excellente qualité des arguments. La cause probable tient à la faiblesse des moyens déployés dès le mois de mars 2006, qui n'auraient pas permis de mener campagne à grand train sur douze mois. On le comprend bien.
On comprend moins que les chapelles canal historique ne se soient pas ralliées à une démarche de notoriété de l'offre monarchiste, persistant à dénigrer la voie démocratique d'une restauration alors qu'il ne s'agissait pas de cela mais de simplement réacclimater une monarchie populaire et fédérative dans l'opinion. Des moyens plus importants et des relais auraient bien servi la cause d’Yves-Marie Adeline. Trop d'entre nous sommes restés sur notre quant-à-soi, … l'Aventin de nos succès étant inaccessible par défaut.
Si l'AR entend forcer la porte des campagnes électorales qui suivent la présidentielle, il lui sera sans doute utile de choisir un message plus au cœur de la cible. Les législatives devraient être l'occasion de parfaire la présentation d'une démocratie équitable avec la réforme du Parlement, mais au-delà des institutions, il doit s'agir de programmes de lois et de codes. On entre ici de plein pied à l'étage social de la république, pour accéder à la critique des mœurs. Et c'est tout le danger pour la queue de trajectoire, la restauration, car l'opinion est défavorable à certains combats, légitimes pour nous, minoritaires et intégristes pour elle.
Le porte-voix des programmes politiques est le complexe médiatico-industriel français qui outre le gène de connivence avec les Puissants - ça nous servira un jour peut-être - affiche l'arrogance de la pensée de marché dans le procédé bien connu de désinformation nécessaire à la pérennité du système. Or ce complexe, véritable quatrième pouvoir, a ses clichés, ses connotations, ses interdits. Le message social du royaliste sincère heurte de plein front les tabous médiatiques et les jugements préalables et définitifs des employés des médias.
On ne passe pas ... avec en vrac, la dialectique Provie, le retour du franc, l'abstinence en guise de préservation, l'abolition de l'OMC, la femme confinée au foyer, la messe en latin, l'identité des purs blancs de souche, la virginité des adolescentes, etc.
Mais l'on peut être très bien entendu, en vrac, sur la guerre au sous-développement menée par la Banque Mondiale pour stopper l'émigration africaine, sur la priorité à l'intelligence par un sur-effort de recherche, le danger mortel d'un Iran nucléaire, le réarmement français par des technologies d'hyper-pointe (avec nos amis anglais), pour valoriser notre avance dans l'industrie nucléaire, stigmatiser la morgue israélienne qui paralyse toute solution au Proche-Orient, punir les délocalisateurs sur fonds publics, contenir la logorrhée normative bruxelloise, pousser Arianespace, donner l'avantage à la voie d'eau pour les transports de masse, dire leur fait aux irresponsables palestiniens, favoriser les transports en site propre, naphtaléniser l'UOIF, réformer le scrutin législatif pour aboutir progressivement à la proportionnelle intégrale, etc.
Les "tabous" médiatiques que nous aurons mis de côté malgré les revendications aussi bruyantes qu'inutiles de leurs défenseurs, pourront être bien sûr travaillés au moment voulu quand l'accession sera accomplie.
La communication c'est quand même un métier qui commence par la maxime « on n’attrape pas des mouches avec du vinaigre ».
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RépondreSupprimerVotre style toujours lucide, l'éloquente présentation des deux étages que vous décrivez est certes tentante.
Mais je redoute que les centrales d'intérêt qui commandent le monde actuel ne veillent à récupérer toute transformation - bonne ou mauvaise - inspirée par le Royalisme.
Nous revenons à l'éternel problème : comment changer sans changer tout en changeant ?
S'agit-il de couronner la République, pour copier l'expression d'Alliance Royale : "couronner la France", ou bien de rompre avec ce qui heurte la bonne marche du pays ?
Quoi qu'il en soit, on constate une accélération de la tendance royale, un rassemblement et un renforcement des volontés.
Alors, pourquoi ne pas aller jusqu'au bout ?
pourquoi ne pas poser en même temps, de façon construite, la question dynastique, dans son entier, sans faire comme si les choix qu'elle imposera manifestement, et tôt ou tard, étaient conclus d'avance ?
Comme vous l'avez dit vous-même récemment, "il n'y aura pas d'oral de rattrapage" !
Michel Thomas de La Garde