"Tout désespoir en politique est une sottise absolue" (Ch.Maurras, L'avenir de l'intelligence). Combien de fois ai-je entendu cette maxime consolatrice du maître ? Trop de fois ! Là est toute ma perplexité devant le nombre d'impasses politiques constatées, qui ont été ignorées des conservateurs du capitulaire royaliste au motif de "l'espoir règlementaire". Trop de fois les interrogations des militants ou des sympathisants ont été reçues par le feu de salve des slogans du prêt-à-porter monarchiste que constitue l'oeuvre politique et polémique de Charles Maurras, et ignorées.
L'histoire du mouvement royaliste depuis la dernière guerre ressemble dans son volet "propagande" à la course du bel athlète sur un tapis roulant de gymnase. Il sue, la serviette roulée autour du cou, et le compteur abat les kilomètres, mais rapporté au droit de la fenêtre du monde extérieur il n'a pas progressé d'un mètre. Cinquante-cinq ans après la disparition de Maurras, la cause monarchiste n'a pas avancé d'un pouce en dépit de la qualité indéniable des "actionnaires" qui se succèdent dans ce qu'on peut bien appeler une fondation à succursales multiples.
La monarchie n'existe dans aucun programme politique visible sur la place publique, même si le mythe de l'homme fort ou providentiel qui lui est étranger, continue de fédérer une large tranche de l'électorat, jusqu'à porter M. Sarkozy au pouvoir. Pourquoi ?
La question s'adresse plutôt au médecin-légiste qu'au piéton blogueur. Le royalisme d'action bouge-t-il encore ?
Toute action politique, si elle ne vise pas à la perpétuation de positions rémunératrices ou de prébendes publiques, a une cible ultime, acceptée par tous ceux qui s'y engagent. Je différencie l'action de la philosophie politique qui peut la sous-tendre. Cette cible est affichée ou pas.
L'Alliance Royale par exemple, seul parti royaliste déclaré, veut faire amender par référendum la constitution de la Cinquième république pour pérenniser dans sa fonction suprême une famille princière. Sa démarche emprunte dès lors les voies démocratiques et l'obligent à se mêler au système qu'elle combat à son niveau supérieur. Ces voies exigent de fortes bases militantes ; elles restent à conquérir.
L'Action française, mouvement centenaire déjà, privilégie quant à lui l'irruption. Sans connaître en détails la démarche retenue, elle compte sans doute beaucoup sur une réactivité pragmatique fondée sur une vitesse d'analyse ultra-rapide d'un cercle le plus large possible de décideurs et de penseurs. L'Ecole de pensée forme-t-elle à cette réactivité ? Sans doute. Il n'est dès lors que d'attendre une fracture dans la continuité de l'Etat pour placer le coin au bon endroit avant que ne se referme la blessure, et dévier ainsi le long fleuve tranquille de l'Histoire.
Le problème n'est pas tant d'identifier la fracture au bon moment que de maintenir éveillée l'attention des militants qui doivent espérer ce jour sans savoir s'il adviendra. Et l'usure mentale s'installe vite quand on se livre à une rétrospective sur les fractures passées. 1940, 1945, 1958, 1968, aucune fois ne fut trouvée l'ouverture de la porte. La seule suggestion d'un retour de la monarchie fut émise par Charles De Gaulle en vue des élections de 1965, pour revenir sur sa réflexion dès que s'ouvrirent les hostilités électorales.
Aucune autre chapelle royaliste que les deux précitées n'envisage un combat politique plus loin qu'un débat d'idées en cénacle restreint, mais toujours de haute qualité. Les commémorations sont nombreuses et tout à fait discrètes, réunissant les mêmes et quelques autres qui ont le plaisir de se retrouver ainsi régulièrement. Il est loin le "politique d'abord" ! Alors quoi ?
Il faudrait s'enfoncer dans le crâne que l'exercice de la démocratie est comme l'ADN de nos sociétés occidentales. On peut combattre ses méfaits comme on extirperait les gènes dangereux de l'hélice, voire discuter des étages d'application, mais la nier politiquement conduit à l'impasse pour moi mythique de "l'irruption". En feignant de croire d'ailleurs que le nouveau régime surprenant sera exempté de l'adoubement démocratique sous une forme (congrès) ou une autre (plébiscite)!
On peut certes discuter à l'envi de l'infériorité philosophique de la démocratie, de ses dérives génétiques, de ses fourvoiements coupables, voire lui préférer son avatar ultime, la lotocratie grecque. Mais politiquement c'est vain et temps perdu. Il n'y a plus d'autre voie que démocratique. Donc il faut ensemencer le jardin avec de vraies idées susceptibles de se répandre, nos vraies idées au fond.
Les tentatives assez fréquentes d'accès au marché politique sous la bannière du roi ont chaque fois surpris par l'empathie de l'opinion, même si elle confond souvent le monarque et cet homme providentiel qui va tout résoudre par son charisme. Parmi les dernières, celles de M. Chauvin dans une partielle des Hauts de Seine et de M. Adeline en campagne nationale ont fait entendre un écho intéressé provenant de l'électorat, surtout et c'est l'important, quand on déroule le dispositif institutionnel. L'Etat cher et poussif actuel y aide beaucoup. Sa banqueroute annoncée aussi.
L'écho par contre peut fortement diminuer quand on se place sur le terrain des valeurs qui, par essence, ne découlent pas exactement des institutions. Je pense à notre registre traditionnel qui défend la patrie, la vie, la famille, l'artisanat, à la manière de Goscinny et Uderzo. Sur ce terrain des valeurs françaises il y a du monde, le meilleur et le pire, et le message monarchiste s'estompe dans ce brouhaha. C'est pourquoi je privilégie la propagande sur les institutions, fondée sur un argumentaire bien construit et relativement facile à défendre pour un royaliste formé. Pérennisation et indépendance des pouvoirs régaliens, incarnation de la continuité de la Nation, arbitrage, décentralisation poussée, etc.
Dans ce combat il faut se défaire de vieux concepts contre-productifs qui ne veulent d'ailleurs plus rien dire, comme l'antiparlementarisme - le parlement, comme son nom l'indique, est le lave-vaisselle des sociétés occidentales dont on ne se passera plus -, a fortiori la monarchie absolue de droit divin qui est un diamant si beau qu'il en est devenu invendable !
Ensemençons le jardin démocratique de la réforme institutionnelle jusqu'à devenir aussi les champions de la démocratie directe et des scrutins proportionnels, à tous les étages de l'Etat qui ne disposent pas des pouvoirs régaliens.
C'est une forme de troc entre le principe monarchique et une démocratie adulte !
A vouloir cela nous retrouverons l'espoir.
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Je citerai Jean Bodin, c’est une manie…
RépondreSupprimerLivre quatrième ;
…… « Et tout ainsi que ceux là qui sont malades d’une furie qui les fait danser et sauter sans cesse, ne peuvent être guéris, si le musicien n’accorde son violon à leur mode, pour les attirer à la sienne, et appesantir peu à peu la cadence, jusqu’à ce qu’ils soient cois et rassis ; (de même) faut-il que le sage magistrat voyant le peuple forcené, se lâche aller premièrement à leur appétit, afin que peu à peu il puisse les attirer à la raison car, de résister à une multitude irritée, n’est autre chose que s’opposer à un torrent précipité des hauts lieux… »
Certes, ces valeurs que vous évoquez, quelle que soit leur justesse dans un autre temps, n'intéressent plus les Français et les raisons en sont évidentes.
RépondreSupprimerVotre magistrale analyse, y compris dans la solution qu'elle entr'ouvre et qui vous est chère, appartient à l'ordre des constats. Si le royalisme veut bien se hisser à en accepter la lumière, il sortira vainqueur d'une longue inertie.
Le choix de privilégier le domaine institutionnel appartient à la nature même de la conception royaliste.
Observant l'état des choses, dans la société d'aujourd'hui, je ne puis qu'acquiescer au raisonnement qui est le vôtre, car si je n'y adhère pas, sa logique n'en est pas moins évidente.
Le stade à partir duquel je m'en détache est assez difficile à localiser. Si l'on repousse la tentation habituelle des royalistes de mépriser les voies qu'ils combattent, il est clair que leur implication dans le système actuel doit venir corroborer, pour la démontrer, la supériorité du système qu'ils défendent, ainsi que que la voie que vous préconisez.
Donc, examiné, comme un ensemble logique, j'acquiesce à ce raisonnement, pour lui-même mais il n'est pas la voie que j'emprunterai, tout en souhaitant qu'elle soit développée, car elle est absolument utile, et car elle conviendra à la plupart des royalistes traditionnels.
Mon objection à suivre ce système survient dès lors qu'il s'agirait de taire, au profit d'une évolution future, la formule idéale qui reste le but final de la plupat de royalistes - et qui n'est pas le mien non plus - la monarchie absolue, ou la monarchie de droit divin, ou celle mêlant l'une et l'autre.
Ce n'est pas l'aspect progressif, que je repousse : c'est la perte définitive du sens, qu'entraînerait l'assimilation entre le système actuel, du point de vue institutionnel, avec la formule obtenue par sa rectification répartissant autrement les compétences.
Sur cette seule question, les royalistes traditionnels ne manqueront pas d'objections : d'abord leur refus d'une monarchie constitutionnelle et leur choix pour une monarchie institutionnelle.
J'approfondirai cela une autre fois, ici ou ailleurs !
Votre commentaire dont je me flatte, en appelle un autre.
RépondreSupprimerLa queue de trajectoire - nous sommes sur un blogue d'artillerie - est-elle la monarchie absolue de droit divin, ou celle-ci n'est-elle qu'un moyen d'atteindre le but ultime qui est le bonheur de la fraction d'humanité placée sous sa souveraineté ?
Est-il utile de livrer dès le commencement le moyen aux disputes publiques, sachant que l'absolutisme ex abrupto est vu comme le SIDA de la gouvernance des peuples ? Et quand bien même soyons pratiques, qui trouverions-nous dans le milieu royaliste pour aller prêcher par les rues et marchés ou dans des meetings politiques la nécessité du retour à la monarchie absolue.
Elle nous sera donnée de surcroît !
Reste le but ultime.
Le croyant, s'il n'est pas d'une religion de la prédestination, déroule sa vie selon les préceptes révélés afin d'avancer au plus loin sa position future dans les hautes sphères éternelles. Le régime politique terrestre doit créer les voies et incitations idoines pour qu'il y parvienne. Le droit divin du régime y va beaucoup aider.
L'incroyant recherche, sa vie durant, l'harmonie entre lui-même et son environnement, le progrès dans la Connaissance, le meilleur établissement social de sa progéniture. Il faudra lui démontrer que la monarchie institutionnelle favorise plus que tout autre régime cet accomplissement. Et le leitmotiv fondamental est le foisonnement le plus large des libertés dans le respect du Bien Commun.
Pas facile certes, mais les chapelles forment à cette dialectique. Elles devraient peut-être se contenter de ce rôle d'Ecole des Cadres, et se retirer du champ militant où elles ne percent pas !
Permettez-moi d’encombrer votre blog de quelques réflexions.
RépondreSupprimerEn bref, les royalistes ont une (ou des) philosophie(s) du pouvoir politique et des idées politiques, qui convergent au moins sur l’essentiel, la nécessité d’une monarchie. Quant à la forme de ce régime monarchique et à la manière de l’instaurer, leurs idées divergent.
Ils défendent, par ailleurs, des valeurs, religieuses, métaphysique et philosophiques plus générales qu’ils ne paraissent pas tous découpler de leur philosophie politique et qui ne convergent pas toutes, quant elles ne s’opposent pas…
Ils exposent, en gros, deux stratégies politiques d’instauration de la monarchie:
- la voie démocratique (par la création d’un parti politique)
- ou l’irruption, à un moment donné, sur la scène politique, à l’issue d’une crise et appuyé par un mouvement politique (mais cela suppose encore, comme vous le dites, sa ratification par un congrès ou un plébiscite et faut-il être prêt…)
Je pense, comme vous, que l’on ne peut plus faire l’impasse du cursus honorum de la voie démocratique.
Ce qui fait un parti politique (même si fondamentalement un parti royaliste risque de ne pas ressembler exactement aux autres, puisque son but ultime n’est pas la prise du pouvoir, mais sa translation et la réforme des institutions…), c’est :
- un accord ou un socle commun sur les buts essentiels et l’adhésion à ceux-ci,
- son organisation;
- son implantation,
- le nombre de ses adhérents (même si celui-ci n’est pas en rapport direct avec son électorat),
- sa mouvance (c’est important : 5 % potentiels de l’électorat),
- son électorat (17 % potentiels en incluant la mouvance)
- et ses alliés … …
En démocratie nous subissons la loi du nombre….
Hormis les efforts encore embryonnaires de l’alliance royale nous n’avons, en France, que des mouvements et pas de parti politique.
Au-delà, et parfois formée par ces mouvements, il existe, un peu partout en France, une mouvance royaliste plus ou moins discrète, et puis un électorat potentiel révélé par sondage…
L’on ne peut nier l’influence, en bien ou en mal, des mouvements. Ils concourent à perpétrer le message - c’est très important - mais quelque fois aussi à le déformer et à mettre le royalisme dans une position décalée…
Alors notamment qu’ils ne découplent pas les valeurs qu’ils portent - sans pour autant remettre en cause celles-ci - de leur philosophie politique et encore moins de leur stratégie politique… d’autre part, ils n’ont pas tous une stratégie politique claire ou lisible...
Les valeurs qu’ils défendent paraissent primer … c’est fort bien, mais en politique, sauf à ce que ces valeurs se répandent tout d’un coup comme un raz de marée, ce qui peut parfois arriver…, c’est cependant souvent le meilleur moyen pour jouer le rôle de martyr ou de simple survivance historique.
Sauf à inventer autre chose, on ne peut, si l’on adopte la voie démocratique, et pour l’instant nous n’en voyons pas d’autre, ne s’abstenir que difficilement de commencer par le début du cursus honorum.
Avoir des conseillers municipaux se réclamant du parti, ou bien sympathisant avec celui-ci sans s’en réclamer directement, afin de constituer un socle d’élus locaux (et d’électeurs locaux), puis des conseillers généraux et des conseillers régionaux, enfin des députés, ce qui permettrait, hormis appel à des personnalités sympathisantes, d’avoir la chance d’obtenir des ministres, membres du parti ou entrant dans la mouvance de celui-ci ou alliés, donc l’expérience du pouvoir…
Seuls les grands partis, déjà constitués et implantés, sont à même de parachuter un député, car ils ont déjà un électorat acquis.
C’est un long travail qui peut prendre, en étant optimiste, 10 à 20 ans pour en récolter les premiers fruits, en prévoyant peut-être des accélérations brutales, auxquelles l’organisation doit pouvoir faire face.
Le système de représentation à la proportionnelle nous y aiderait beaucoup….
Mais surtout, comme vous le dites, il faut se recentrer sur le message de la réforme institutionnelle. Il faut aussi, cela paraît impératif, se déconnecter des « concepts contre-productifs » et du terrain des valeurs, qui « par essence ne découlent pas exactement des institutions », c’est à dire du « registre traditionnel » afin que le message institutionnel apparaisse clairement.
Ce qui ne signifie pas, à mon avis, qu’il faille nier les valeurs auxquelles tout un chacun est attaché, c’est à chacun son droit de les défendre, mais comprendre que le champ de bataille actuellement ne se trouve pas sur ce terrain et ne pas, non plus, se tromper de guerre..
Il faut rester cependant attentif au fait, qu’il se produit parfois lentement des changements de valeurs qui peuvent alors peser de tout leurs poids, mais ce n’est pas le même genre de bataille.
Nous avons d’ailleurs vu avec qu’elle facilité les partis politiques existants savent les récupérer pour leur propre compte …. En les transformant parfois … Et en oubliant naturellement ceux qui les ont portées…
Il vaut mieux, en effet, il paraît même impératif actuellement, comme vous le préconisez, de privilégier la propagande sur les institutions, fondée sur un argumentaire bien construit et relativement facile à défendre pour un royaliste formé. « Pérennisation et indépendance des pouvoirs régaliens, incarnation de la continuité de la Nation, arbitrage, décentralisation » : c’est déjà beaucoup…
La crise des institutions, au fur et à mesure qu’elle deviendra plus sensible au niveau local et que les français prendront conscience de ses conséquences peut nous y aider. Mais, là encore, ce n’est pas gagné d’avance.
Par, ailleurs, comme le fait remarquer Tomas de la Garde, un combat sans valeurs à défendre risque d’être cependant un combat vide de sens.
Il faudrait, parmi les valeurs que nous défendons, sérier celles qui sont fédératrices et liées directement au projet institutionnel. Elles ne manquent pas. Nous pouvons facilement les retrouver dans le principe de justice, la continuité de la nation, le prestige de la France, la perpétuation de notre histoire etc.… Toutes notions a priori abstraites qu’il faut cependant s’efforcer de rendre palpables.
Mais nous pouvons très bien, aussi, les retrouver dans la défense et le développement de nos régions, la préservation de nos conditions de vie et de notre art de vivre, de nos conditions de travail, de l’environnement, de notre patrimoine culturel, dans une manière de gérer localement ou régionalement etc..
A partir de là, nous pouvons construire une critique et des argumentaires nous permettant de nous positionner de façon lisible et réaliste dans les débats du moment, aux différents échelons, locaux, régionaux, nationaux.
Sans oublier que notre position au-dessus des clivages politiques habituels peut devenir une véritable force tranquille - en nous plaçant dans une positon réaliste, voire pragmatique - pour finalement s’avérer, au cas par cas, la plus fédérative et la moins partiale, donc avoir des chances d’être écoutée, parce qu’originale…
N’oublions pas que notre perspective, le point de vue duquel nous analysons la scène politique, notre grille d’analyse, se démarquent des autres et c’est ce regard qui doit compter, par sa « nouveauté », voire sa clarté, dans le discours ambiant.
De ce fait, il faut faire attention de ne pas s’enfermer dans des exigences exacerbées, certes fondamentales pour certains, et s’y arc-bouter, alors qu’elles ne relèvent pas proprement de la réforme des institutions mais du débat sociétal, voire religieux, qui est différent du débat institutionnel.
Il sera répliqué que c’est pourtant ces valeurs mêmes qui fondent et sous-tendent la monarchie…. Mais cela, actuellement, relève plus de la crise de la société… Il faut bien comprendre que le roi ne pourra rien résoudre d’un coup de sceptre magique…
En ce qui concerne la question du droit divin, cette question ne peut, sans manquer de décence, être débattue sur la place publique… sauf à vouloir s’étriper…car de ce côté là les oreilles paraissent bouchées….
Il y a bien quelque essence divine dans la monarchie, mais celle-ci elle doit plutôt s’imposer aux esprits peu à peu, notamment par la majesté et la symbolique, que faire l’objet de joutes oratoires.
Sans doute faut-il continuer de défendre une grande partie de ces valeurs, à condition de pas en faire un sine qua non et de les exagérer… C’est là plutôt affaire de patience et de longue haleine.. de réflexion .. de persuasion… Car c’est un combat à un autre niveau, qui n’est pas un niveau secondaire, mais que l’on ne peut, sans affaiblir cruellement la cause, mettre en exigence première.
Car il nous faut comprendre, que tous les français - quand même les choses peuvent un jour changer, dans une sorte d’accélération de l’histoire appelée par les vœux de leurs tenants - n’y sont pour l’instant pas prêts… tout au moins leur majorité, qu’il faut pourtant gagner… et que ce qu’il en résultera, dans le domaine sociétal ne sera peut-être pas ce que leurs tenants désiraient exactement, même si cela un jour pourrait s’en rapprocher…
Cependant, parmi ces exigences traditionnelles, il est possible de retrouver quelques constantes qui correspondent à des vœux des français … telle une propension récente vers le retour à la famille traditionnelle.. devant les excès et les destructions causées par la famille éclatée, …la lutte contre les méfaits des drogues, le laisser aller d’une société permissive…
Mais attention à faire de ce combat un combat de persuasion plutôt que d’exclusion. Car cela relève plutôt du combat social avant d’être institutionnel…. Laissez à moi revenir les brebis…
Cela pourra, si ces positions n’apparaissent pas au peuple français comme « réactionnaires » (bien que je n’aime pas ce mot.. mais il est dans beaucoup de bouches…), soutenir probablement, de façon diffuse, la cause royale, mais cela ne permettra pas, à partir de celles-ci seules, le changement d’institutions…
Il n’est même pas dit que le changement d’institutions provoquera le retour à ces valeurs… même s’il pourrait changer la perspective à travers laquelle ces valeurs et les problèmes auxquelles nous les opposons, pourraient être abordés.
Je pense que des valeurs de type sécuritaire (non exclusives des autres) :
- au sens d’abord du sentiment de sécurité psychologique, de fait de la présence d’un arbitre prestigieux doté de son histoire et de pouvoirs régaliens, qui apparaîtrait, en fait comme un protecteur,
- voire de sécurité au sens du maintien de l’ordre par la paix politique que ce système pourrait favoriser
- et de la sécurité civile, du fait de la continuité de l’œuvre,
peuvent figurer dans nos arguments.
Les bons employeurs savent bien, qu’un meilleur climat psychologique favorise la participation dans l’entreprise, et pourquoi pas dans la vie politique et économique, sur le long terme notamment, du fait de la stabilité et de la paix politique créée…bienfaits qui peuvent cependant être remises en cause par d’autres aléas extérieurs sur le court terme…
Enfin, il apparaît qu’une France, qui cessant d’être un trublion velléitaire et donnerait des garanties de stabilité et de pérennité de son système politique, aurait tout à gagner, sur le plan international et sur le plan économique, du changement de régime.
Il faudrait donc :
- considérer comme objectif premier de notre stratégie la réforme institutionnelle.
- Adapter nos arguments pour que le message soit clair,
- Parmi les arguments propres à provoquer le soutien à notre cause, privilégier, tant dans leur contenu, que dans leur forme et leur moyen d’expression, ceux à même de faire comprendre les besoins d’une réforme institutionnelle.
- Ne retenir de nos arguments traditionnels, tout au moins dans le cadre de cette stratégie, que ceux les plus fédérateurs et correspondant aux besoins des français dans leur ensemble et auxquels le changement institutionnel peut apporter une réponse, au moins au plan symbolique..
Ne pas nous départir obligatoirement de nos valeurs, il ne s’agit pas de les renier et de se renier, mais bien comprendre qu’une partie d’entre-elles dépend plus du débat sociétal et qu’elles n’engagent pas d’emblée la démarche institutionnelle.
En ce qui concerne la décentralisation, je serais, pour ma part, plus prudent. Je pense que ce n’est pas la panacée universelle et qu’il faudrait se méfier d’une décentralisation trop poussée, bien qu’une certaine décentralisation soit utile. Je crois que c‘est un autre débat, très complexe d’ailleurs. La détérioration, en France, du fonctionnement des pouvoirs publics à l’échelon régional et de nos institutions régionales, pourtant jeunes, devraient nous interroger, notamment les gouffres financiers que cela souvent recouvre, ainsi que les fiefs constitués… pour ne pas être méchant. Il faudrait plutôt faire preuve dans ce domaine d’innovation ou, peut-être, approfondir la réflexion.
Merci, cher Quidam, de ce développement.
RépondreSupprimerAprès que notre ami Michel Thomas aura fait le sien comme promis, je me propose d'aller à la synthèse dans un nouveau billet à paraître.
je ne suis pas sûr d'avoir été bien compris par l'auteur ci-dessus.
RépondreSupprimerCe que j'appelle la perte du sens n'est pas l'oubli en route, pour cause d'alignement sur la mode par exemple, des valeurs mises en avant par les tenants d'une conception étroite de la tradition, qu'elle soit religieuse ou relative au choix de société, pour la bonne raison que ces valeurs ne sont pas mon combat. Je ne développerai, ni ne justifierai, cela ici.
Ce que j'appelle perte du sens, serait l'état de conciliation - je pourrais dire de perdition - qui, par une sorte de réconciliation commerciale, liée aux "tags" du moment, ferait s'emboîter comme si de rien n'était, au système actuel une formule, allégée d'abord, de monarchie, avec le vice de confusion morale entre deux principes qui s'opposent, vice renforcé par l'officialisation, le "couronnement" des vices propres au système déjà existant.
La confusion, et même la duperie seraient à leur comble, si un roi se voyait installé par la république, tirant sa compétence du domaine dit "régalien", par elle à lui offert ! Et cela avec le concours des monarchistes les plus attachés aux principes et traditions !
C'est ici que ma conception rejoint ces royalistes : le principe du roi est une affaire sacrée, que ce soit dans ma vision, ou dans celle, que j'estime dépassée et étriquée, qui prévalait avant.
L'autre façon par laquelle je rejoint les royalistes traditionnels est que ces valeurs évoquées en début de message, ces valeurs auxquels ils tiennent et qui constituent une impasse d'objectif pour le royalisme, je ne les combats pas.
Mais je ne les mets pas en avant, non par stratégie de marketting, mais parce qu'elles trouvent leur place de façon naturelle dans un ensemble plus vaste : une conception que je défendrai peut-être un jour...
Je rejoins, avec un "s" !
RépondreSupprimerSans plus attendre, et en laissant si possible de côté la Providence qui semble prolonger ses RTT, sauriez-vous nous dévoiler les circonstances que vous jugez les plus favorables au retour du roi ?
RépondreSupprimerLa Providence joue toujours un rôle, même quand il n'y a pas de roi, et même si on ne la voit pas forcément.
RépondreSupprimerLes circonstances d'un changement de régime peuvent être de deux sortes, avec bien sûr une multitude de versions.
- De grands désordres, faille pouvant surgir aujourd'hui à tout moment, malgré les précautions des gouvernements.
Cette formule suppose la présence ou la participation d'un personnage d'envergure : même si l'hypothèse de "l'homme providentiel", d'après Catoneo, ne correspond pas à la conception royaliste, elle doit être envisagée, pour deux raisons. La première, c'est que le futur roi peut lui-même être celui-là ! La seconde, est que cette solution a existé, et a fonctionné, à de nombreuses reprises à travers l'Histoire. Jeanne d'Arc, peut-être la plus célèbre, n'est pas la seule dans ce cas. Songeons que le Comte de Chambord attendait trouver chez Mac-Mahon "un connétable". Que Franco a servi de trait d'union, et que l'hypothèse de Gaulle-Comte de paris aurait pu se concrétiser. D'ailleurs les personnages providentiels existent aussi en temps monarchique : Churchill fut celui-là, et sans lui, que serait-il advenu de la royauté dans une Angleterre vaincue ?
- La deuxième sorte est la voie que vous préconisez, Catoneo, assortie d'une ou deux circonstances dont la présence enrayerait les réticences que je puis avoir.
l'installation d'un système pérenne doit être voulue, espérée, bien avant un vote en ce sens, massivement et depuis un certain temps - ce qui exclut les ambiguités et les précipations ou exaltations des périodes électorales - par les Français et c'est là qu'interviennent les axes militants que les tenants de la voie politique peuvent mettre en place. Cette acceptation massive pour garantir, bien sûr, la liberté, mais aussi pour que le changement soit une rupture et non un passage de témoin.
Une deuxième condition majeure est de ne pas abandonner, même sous hypothèse de révision ultérieure, le champ politique habituel, celui qui relève de ce que vous placez dans la corbeille du Chef du Gouvernement, à la médiocrité qui existe aujourd'hui.
Autrement dit, l'enjeu de l' installation d'un roi doit aller bien au-delà que créer un état dans l'état, qu'un domaine réservé auquel les ministres habituels n'auraient pas accès, tandis que le monde politique, et celui des grandes centrales d'intérêt continueraient de régaler le monde de leur expertise et de leur bienveillance, dans les domaines concrets de la résolution politique, qui sauf pour quelques poignées de nostalgiques, forment l'enjeu.