Il se passe toujours quelque chose aux Galeries Royalistes. Il serait mieux qu'on le sache. Après avoir éreinté les pontes du communautarisme catholique, la 23è livraison des EPEES porte le fer au flanc du souverainisme sous un titre anodin " Le (bon) sens caché du scrutin présidentiel". Jusqu'à la garde cloué au mur. C'est Jean-Baptiste Barthélémy qui s'y colle. Penser à nettoyer la lame souillée avant de débrocher !
Pour une fois que je croise dans le mouvement un rédacteur de talent dont je comprends les idées européennes jusqu'à le précéder dans ma lecture, je ne vais pas bouder mon plaisir et participer derechef à la propagation de la foi en évitant de réécrire l'article qui n'a besoin de personne pour tenir droit.
Il ne s'agit que d'acter le décès politique des deux thuriféraires-en-chef de la Nation absolue et portative que sont l'animateur vendéen du Puy du Fou et le cyclope de Saint-Cloud. J'avais prévenu l'entourage du premier que le tintamarre islamophobe occultait tout le reste du programme, très inégal en qualité d'analyse d'ailleurs, et que la catégorisation voire la stigmatisation qu'opèrerait les médias qui vont au plus facile, le disqualifierait dans une course à large spectre comme la campagne présidentielle. Il me fut dit que le programme était formidable, pensé au bord du zinc, proche des gens. Et j'ajoutais in petto, marqué du plus parfait mépris du citoyen. La raclée d'avril ne modifia en rien la trajectoire à se douter qu'on avait pris des assurances en haut lieu pour un billet-retour de Canossa. Effectivement les législatives furent engagées par Guillaume Peltier sur le même argumentaire réducteur, à la limite débile, prouvant qu'il n'y avait ni chef ni cerveau au MPF ! Le souverainisme cathochic se prit donc une veste !
Du côté de Saint-Cloud c'est quand même plus grave. A partir de l'heureuse surprise du 21 avril 2002, le vieux chef ne fit rien de plus que de cultiver une image arrondie aux angles afin de répéter cet éphémère succès en avril 2007. Pour quoi faire ne fut jamais la question. Les nationalistes addictés au Front débitaient des âneries comme "déstabiliser le système", ou forcer les idées frontistes dans les programmes de gouvernement, sans aller au bout de la question : que change-t-il d'être battu au second tour 30-à-70 au lieu de 20-à-80 ? On est de toute façon battu. Et qu'est donc cette analyse politique assurant d'une prise en compte par les finalistes des idées (peut-être) ou des mesures professées par le Front national ? Les suggestions électorales deviendraient-elles des promesses, puis des projets de loi ? Le gouvernement de François Fillon va nous prouver le contraire, tout simplement parce que le Front n'est pas entré au gouvernement, bête comme chou.
Mais qu'importe, l'action politique des dernières cinq années ne visait qu'à maintenir la firme en état de rapporter, et accessoirement d'établir la fille du menhir aux manettes. Ils avaient oublié qu'ils étaient subventionnés par le Système honni. Le pillage des voix par le vainqueur aux législatives les a mis en faillite. Le "politique" de la bande est le polytechnicien félon, le seul qui ne se serait pas endormi sur des lauriers en plastique, mais ils ne l'aiment pas au Paquebot !
Les démagogues disparus dans les vécés de la démocratie, que reste-t-il du concept ? Le fumet d'une escroquerie. Se lèvent ci et là des souverainistes arguant de l'imprescriptibilité du refus référendaire, le peuple ayant dit non à l'Europe en mai 2005 ! Que le bloc majoritaire d'alors fut fait de bric et de broc et que le succès soit à porter au mérite du leader socialiste qui avait senti avant tout le monde le zéphyr de l'antichiraquisme primaire, ne les freine pas. Le "55" est sacré puisque le souverain a parlé ! S'engouffrent dans cette impasse des gens par ailleurs fréquentables comme Paul-Marie Couteaux ou Nicolas Dupont-Aignan.
Mais depuis quand les contempteurs de la démocratie comme peuvent l'être les "contre-révolutionnaires" que nous sommes, fondent-ils leur argumentaire sur la sacralisation du suffrage universel ? Le dénombrement démocratique est-il garant de raison, de bons sens, de bien commun ? Ca peut arriver, mais en l'espèce tous les experts s'étaient accordés pour ne tirer aucune décision de ce résultat surprenant, sauf celle d'attendre "que ça se tasse". Le 22 avril 2007 les "55" se sont fortement tassés puisque les trois premiers choisis par le souverain peuple, ardents europhiles, ont totalisé 75% des suffrages exprimés ! Il faut descendre jusqu'à la 6è place pour totaliser 16% d'europhobes, et encore en comptant les 4% de la LCR ! Le souverainisme est tombé malade de son leadership, ou de l'absence de leadership. La collusion des "55" n'a pas été transformé en cohésion, parce que les chefs de file autoproclamés de ce mouvement d'opinion n'étaient tout simplement pas au niveau de compétence exigé pour le faire. Le "droite la plus bête du monde" ça vient aussi de quelque part.
L'Opinion fut méjugée sur ce résultat surprise. Elle avait reproché aux élites de trancher les questions européennes sans presque jamais poser la question de la pertinence de l'Europe, sur l'intensité de coercition, fédération, confédération, mais il n'y avait pas rejet d'une organisation structurée du continent. Il ne faut pas sous-estimer non plus qu'en 2005 chacun avait senti les réticences de Chirac à venir au référendum simplement parce qu'il était défié par Tony Blair qui avait annoncé le sien ; l'électorat lui fit payer cette réserve mentale, énième tricherie. J-B. Barthélémy nous dit que " les électeurs [qui ont voté "européiste" le 22 avril 2007] ne sont pas pour autant des eurolâtres béats. Ils sont seulement convaincus qu'une approche réaliste et pragmatique de la question européenne s'impose, une approche qui condamne aussi bien l'euroscepticisme vindicatif que l'européisme naïf." Il a raison, l'électorat est au milieu du gué et cherche une pratique, en reconnaissant que l'oeuvre est considérable et ne saurait être détruite. Et puis l'Europe c'est aussi pour beaucoup la paix !
Soyons donc "euréalistes" et quittons les oripeaux du souverainisme obtus en pleine décomposition. Inutile de vouloir assécher la Manche pour refaire le royaume d'Arthur Pendragon ! C'est dans l'Europe institutionnelle que notre souveraineté doit être soigneusement incrustée, en articulant à notre façon les quatre pouvoirs régaliens, afin de prévenir que retenus en des mains impuissantes, ils ne s'affadissent. Défions-nous des coopérations à la carte qui sont le cache-misère de notre manque d'idées stratégiques, passons au menu !
Nous sommes déterminants dans les domaines militaire, diplomatique, agricole et aéronautique. Sachons jouer nos atouts. Il serait temps pour les Royalistes de laisser la montre de gousset dans le tiroir aux souvenirs et de passer à la montre à quartz. Ce qui nous économiserait ces éternels gémissements sur la cuistrerie politique des édiles et la dureté du monde globalisé. Cherchons, analysons, innovons, l'avenir est à l'intelligence ! S'il est des écoles de pensée dans le mouvement, qu'elles phosphorent donc sur le futur possible !
Post-scriptum à l'intention du lectorat primo-infecté :
Les domaines de prépondérance sont partagés ainsi :
- Diplomatie : il y a deux politiques étrangères en Europe excédant l'espace continental : celle du Royaume-Uni et celle de la France, celle-ci n°1 en termes de présence sur zone d'effort.
- Forces armées : deux pays peuvent se projeter sur des théâtres d'opérations extérieurs, la France (n°1) et le Royaume Uni. S'y ajoutent le corps blindé allemand et les flottes navales italiennes, hollandaises et danoises ; quelques infos ici.
- Agriculture : France n°1, Espagne et sur un second rang, Hollande et Danemark.
- Aéronautique : France n°1 (Airbus, Snecma), Royaume Uni (RR) et Allemagne.
- Aérospatiale : France leader d'Arianespace
Deux domaines régaliens français ne sont pas prépondérants :
- Justice : notre tradition médiévale de la question et de l'aveu est mal perçue à l'étranger, et les frasques impunies de notre personnel politique font rire.
- Sûreté : le rapport "effectifs pléthorique / crimes et délits traités" ne plaide pas en faveur du modèle français de sécurité qui pâti aussi de la proximité d'un modèle social épouvantable.
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