... puis le 19è, le 20è et ainsi de suite jusqu'au cinquante-et-unième puisqu'il nous est dit par les sondages que dix-sept Français sur cent étaient cet hiver favorables à la monarchie.
L'AF2000 a publié un dossier très complet sur la supériorité de la monarchie, dans son numéro du mois d'août. Ceux qui n'ont pu le prendre en kiosque peuvent accéder au dossier sur le blog royaliste de JP Chauvin, en 4 billets, mais c'est un acte militant d'acheter le journal. Voici les liens :
I.- Les arguments historiques ne suffisent pas
II.- Long terme, naissance, monarchie
III.- Monarchie et intégration politique
IV.- Le roi n'est pas un homme seul
On peut en dégager les axes de propagande suivants, même s'ils ne sont pas développés de cette façon par l'auteur du dossier :
- "Demain le roi !" plutôt "qu'avant-hier les 40 rois", sans pour autant les oublier.
- Démonter le formatage républicain, la matrice, sans tomber non plus dans l’occultisme ou le complot des Illuminatis.
- Avantages du temps long. L'heure est au développement durable.
- Réintégrer le citoyen en politique en utilisant la formule monarchiste pour obtenir le seul vrai précipité de Nation qui dure.
- Dissocier l'affect populaire à l'endroit du prince de l'auto-conscience exprimée par un peuple fédéré.
- Préférer la famille éduquée en continu dans ses fonctions arbitrales et de représentation à la "famille Colgate" parvenue au faîte du pouvoir pour un éphémère feu de paille médiatique.
- User de l'avantage procuré sur la scène internationale par un monarque pérennisé.
Chateaubriand écrivit en 1816 un plaidoyer pour la monarchie constitutionnelle (De la monarchie selon la charte) dont nous extrayons le paragraphe détaillant la charge et la fonction du monarque britannique, chez qui il avait vécu sept ans. C'est une lecture des droits concédés par le Bill of Rights de 1689, qui déborde un peu la coutume établie aujourd'hui mais le principe demeure :
Le roi dans cette monarchie est plus absolu que ses ancêtres ne l'ont jamais été, plus puissant que le sultan à Constantinople, plus maître que Louis XIV à Versailles. Il ne doit compte de sa volonté et de ses actions qu'à Dieu. Il est le chef ou l'évêque extérieur de l'Eglise gallicane. Il est le père de toutes les familles particulières, en les rattachant à lui par l'instruction publique. Seul il rejette ou sanctionne la loi : toute loi émane donc de lui ; il est donc souverain législateur. Il s'élève même au-dessus de la loi, car lui seul peut faire grâce et parler plus haut que la loi. Seul il nomme et déplace les ministres à volonté, sans opposition, sans contrôle : toute l'administration découle donc de lui ; il en est donc le chef suprême. L'armée ne marche que par ses ordres. Seul il fait la paix et la guerre. Ainsi, le premier dans l'ordre religieux, moral et politique, il tient dans sa main les moeurs, les lois, l'administration, l'armée, la paix et la guerre. S'il retire cette main royale, tout s'arrête. S'il l'étend, tout marche. Il est si bien tout par lui-même, qu'ôtez le roi, il n'y a plus rien.
C'est presque une anticipation du président omniprésent de la Vè République (humour)! Malgré cela notre offre politique est excentrique (et pourquoi pas la reine des gitans, s'écriait Pompidou à l'annonce du parrainage gaullien au bénéfice du prince d'Orléans). Cette offre est très décalée du mainstream qui utilise aujourd'hui la notation républicaine comme un rempart moral contre l'incivisme et la corruption, alors même que la fracture politique essentielle en démocratie mine la société et interdit le consensus souhaitable. Face à cette concurrence qui prend de l'ampleur à mesure que les problèmes sociétaux appellent plus largement l'Etat à responsabilité jusqu'à le dévoyer de son propre projet, les militants royalistes devraient disposer du minimum vital pour fonder leur plan dialectique. Certes ils s'appuient sur une doctrine de physique sociale développée par l'Action Française avant-guerre, mais qui a subi l'usure des ans et surtout l'outrage de fréquentations réprouvées. Ce qui manque aujourd'hui c'est : un prince, un schéma institutionnel.
A la question "qui", nous voilà partir dans des considérations vaseuses avec ou sans-Utrecht (imaginez la perplexité de votre interlocuteur), à la question "comment", nous répondons "euh ... ça dépend" ! Les évocations que j'ai eu le loisir de mener pendant ces vacances avec des non-initiés autour du projet monarchique, ont toutes conduit rapidement à la question : "Qui sera en charge ?". Yves-Marie Adeline en campagne présidentielle avait été confronté à cette question récurrente et sa pirouette sur l'abondance du choix était un point faible de son argumentaire car l'esquive était visible et confirmait la gêne. Le délit d'imprécision lui valut la torpille du prince d'Orléans qui en pleine campagne de parrainages donna le sien publiquement à monsieur Sarkozy.
Question cruelle pour nous autres : Sont-ils, nos princes, spectateurs amusés de notre propagande littéraire et militante, assurés d'attraper au vol la couronne qui sera lancée comme un frisbee ? L'état de décrépitude des vecteurs de communication laisse croire tout au moins qu'ils n'ont aucun souci de convaincre et qu'ils sont peut-être les premiers providentialistes du mouvement. En réaction à cette imprécision institutionnelle, nous passons nos humeurs en nous abandonnant à cette querelle dynastique qui finira par nous couler aux yeux du peuple ; vous savez le peuple ? Celui du besoin duquel naît le droit du prince, même muet. La dispute des princes me fait parfois penser aux deux lettrés du Jiangsu évoqués par Chateaubriand.
"Il y a dans le Kiang-Nan, province la plus polie de la Chine, un usage : deux mandarins ont une affaire à traiter ensemble ; le mandarin qui a reçu le premier la visite de l'autre mandarin ne manque pas par politesse de l'accompagner jusque chez lui ; celui-ci à son tour, par politesse, se croit obligé de retourner à la maison de son hôte, lequel sait trop bien vivre pour laisser aller seul son honorable voisin, lequel connaît trop bien ses devoirs pour ne pas reconduire encore un personnage si important, lequel ... Quelquefois les deux mandarins meurent dans ce combat de bienséance, et l'affaire avec eux. (Chateaubriand, opus cité).
L'accessoire (la bienséance) a pris le pas sur le principal (l'affaire débattue) pour l'occulter complètement jusqu'à la fin ultime des égarés, sauf que la courtoisie est absente de "notre" dispute dynastique. Je comprends les survivantistes qui n'ont pas à subir ces imprécations auxquelles s'abandonne la base dans le silence complice de l'encadrement.
A voir la véhémence de cette lutte parmi les partisans de chacun, véhémence opposable au vide programmatique dans lequel elle résonne, on peut légitimement s'inquiéter de la conversion prochaine de la France au royalisme. Et nous chevaliers, artilleurs, manants ou simples piétons du roi de nous battre en aveugle, pour la promotion de principes politiques assez datés dans un schéma institutionnel imprécis, le tout dans l'ignorance des convictions princières. Lourd !
Paul Turbier disait un jour que "le seul travail qui devrait nous occuper de chaque matin à chaque soir est la visibilité du principe royal. Je ne suis même pas sûr que l'incarnation du principe soit, dans les temps que nous vivons, indispensable sauf, ce qui n'est pas le cas, si cette incarnation rendrait évident et clair le principe lui-même."
C'est toujours vrai, sauf que la visibilité en question mérite aussi, à défaut d'incarnation évidente, une concrétisation schématique. Sinon nous parlons dans le vide, et quand nous-mêmes comprenons bien l'articulation des principes convergents de la royauté, il faut avoir la modestie de se douter que nous ne sommes pas suivis par les tiers au Projet, parce qu'à l'excentricité de nos propositions, nous surajoutons la géométrie variable des sous-ensembles flous d'application.
Cette période estivale succède à un intense bouillonnement institutionnel porté par le débat présidentiel quinquennal. C'est l'occasion de réfléchir à l'édification d'une monarchie moderne, c'est-à-dire acceptable par les non-initiés. Il faudrait donc s'inquiéter d'un schéma institutionnel clair et approuvé ! Pour ma part et nombreux sont ceux qui me le reprochent, j'ai le sentiment maintes fois exposé dans ces colonnes, qu'un monarchie constitutionnelle à la scandinave n'a que des avantages pour revenir au royaume. A charge ensuite aux titulaires de prouver que le projet est améliorable pour le bien commun de tous, à commencer par le plus moyen des Français moyens, et pour le plus grand profit de la Nation en tant qu'entité fédératrice.
A défaut de quoi ils fourniraient la preuve ... qu'une monarchie active ne relève que de l'utopie intellectuelle - ce qui n'est pas bien grave - et ne revient en fait qu'à pérenniser honneurs et privilèges au bénéfice d'une caste nouvelle qui aurait vaincu la précédente comme il en va à date fixe en République.
La promotion de cette monarchie à la scandinave pivote forcément sur une famille du modèle royal avec le roi, la reine, le dauphin, la dauphine, la reine-mère, la calèche, la garde emplumée et la cour du palais de gravier blanc. La fonction politique proprement dite intéresse moins le "citoyen" qui entend d'ailleurs le rester. Problème : nous n'avons pas à ce jour le modèle incrustable dans l'ektachrome illustrant le principe.
Ne nous décourageons pas et même sourions d'aise, cette monarchie soft plairait déjà à dix-sept pour cent des Français qui n'en connaissent pas d'autre ; cette proportion est stable depuis le premier sondage fait, je crois me souvenir, en 1987. C'est un capital de sympathie à ne pas dilapider. Peu de formations politiques ont obtenu un socle de départ équivalent sans propagande massive, pour ne rien dire du pilonnage de ce nouveau siècle. Comment faire fructifier ce capital ? Quelles sont les voies à emprunter et limites à ne pas franchir ? Les voies ne m'appartiennent pas, mais je distingue bien les limites.
Quand il s'agit de cultiver un jardin politique de cette ampleur, je ne crois pas qu'il soit nécessaire d'embourber le mouvement royaliste dans des combats de société qui fatalement le fractureront. Il n'est pas utile non plus de braquer d'entrée ceux qui nous prêtent une oreille intéressée, par des positions "nationalistes" d'un autre temps, connotées des grands massacres du XXè siècle. Qui donc va donner à tous et chacun de nous le canevas de cette mise en culture pour que le potager ressemble enfin à quelque chose ?
Quand le comte de Paris appela l'an dernier les réflexions de ses partisans et au-delà, dans le but de les synthétiser dans un livre blanc à publier avant la campagne présidentielle, je me suis réjoui du déclic. On irait au fond des choses par la masse des contributions soumises, et la fusion des idées allait enfin nous le donner ce canevas tramé sur les réalités du jour ! Hélas, trois fois hélas, le Livre Blanc n'est pas venu quand la fièvre institutionnelle agitait l'Opinion, occasion privilégiée de placer le projet monarchique en coin dans la dispute républicaine médiatisée. Il n'a toujours pas paru, du moins n'en a-t-on informé ce contributaire-ci. Il n'est pas trop tard cependant, puisque les institutions sont remises officiellement sur le tapis vert par le pouvoir actuel, sauf qu'il ne servira plus d'outil de conquête électorale avant cinq ans.
Il pourrait dans l'intervalle nous servir de "guide-ânes".
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je vous rejoins sur cette présentation, faite par l'AF, sauf pour la quatrième : "le roi n'est pas un homme seul", celle-ci n'étant pas un argument solide.
RépondreSupprimerEt j'acquiesce en partie au développement fait par vous-même, à ceci près que chez moi les concepts de nation, terme évidé de sens, n'apparaissent pas.
C'est dire que sitôt après, ce nb'est plus le cas, dès que je vois apparaître Chateaubriand, dont le nom et l'évocation contrdisent votre volonté affichée d'aller en avant. pour rompre avec l'a priori plus que fondé, du public vis-à-vis du repli passéiste de ces originaux que sont les royalistes et tels qu'ils apparaissent, le premier pli est de conserver pour soi ces références qui renvoient doublement à un passé non seulement passé mais dont les concepts n'existent plus aujourd'hui, mais encore à toute une nostalgie mêlée de vague romantisme, et pour le dire comme je le pense, à la naphtaline.
Où je vous rejoins totalement, c'est à votre constat : " ce qui manque aujourd'hui c'est : un prince, un shéma institutionnel".
Si effectivement, cette évidence plus grande que l'air n'est pas de la part des royalistes une velléité passagère de faire croire qu'ils avancent, avant de retourner fourbir les natures mortes, alors je ne puis que les inviter à bien vouloir ouvrir les yeux sur les jeunes pousses qui tentent de s'élever à leur attention.
Vous évoquez le Comte de paris torpillant Yves-Marie Adeline, et vous dites ensuite que les princes déclarés - éternels non candidats -n'ont aucun souci de convaincre. Cela est peut-être exact, à ceci près que le Comte de Paris et son fils Jean semblent entretenir néanmoins une activité de façade destinée à les maintenir en orbite médiatique et accessoirement dynastique.
Car c'était à henri de se présenter au scrutin, comme il l'avait annoncé l'an dernier.
Vous parlez de ceux qui s'abandonnent à la querelle dynastique, et ici, je n'acquiesce plus : lorsqu'il vous est proposé de prendre sa résolution à bras-le-corps, il n'y a toujours ici ou là (forums, etc.) que cris ou que détournements pudiques.
Je renouvelle ici ce que j'ai dit ailleurs : ce qui pose difficulté il faudra le résoudre, sinon vouloir construire sur le sable, et j'ai proposé nombreuses fois de le faire.
la "concrétisation schématique", que vous estimez nécessaire pour la visibilité monarchique, s'ordonne en ce moment sous vos yeux.
A ceci près que, si je reconnais la pertinence théorique et intellectuelle de votre proposition, celle d'une installation progressive de la monarchie commençant par l'étape "à la scandinave", elle n'est pas le moyen de résoudre les maux du monde mais de l'y enfoncer, et la cause que je défends et celle de la résolution des maux du monde et non le renvoi ordonné de toute chose au profit d'un idéal, qui s'il ignore ses buts, est vide et ne veut rien dire !
Quant à "prouver ensuite", cela est impossible d'avance, les masses étant hostiles aux réformes comme à l'effort de réflexion, et par ailleurs les pouvoirs contraires étant à la fois les plus forts comme les plus opposés à la formule qui vous comblerait.
Sans vouloir éteindre la ressource des dix-sept pour cent (parfois vingt) de Français sondés, il ne suffira pas de convaincre, pour atteindre le résultat, car l'enjeu ne saurait être de consacrer les systèmes actuellement en place en les décorant d'une "royauté" en carton.
Et c'est là que votre interrogation s'avère indispensable : " Qui donc va donner à tous et à chacun le canevas de cette mise en culture pour que le potager ressemble enfin à quelque chose ?"
J'ai espoir qu'ensemble, bientôt, nous goûtions les légumes.
Cher ami,
RépondreSupprimerMerci de votre commentaire avisé.
Quand vous me dites : "Vous parlez de ceux qui s'abandonnent à la querelle dynastique, et ici, je n'acquiesce plus : lorsqu'il vous est proposé de prendre sa résolution à bras-le-corps, il n'y a toujours ici ou là (forums, etc.) que cris ou que détournements pudiques", je vous ferai observer que Royal-Artillerie s'est mouillé plus qu'à son tour dans ces affaires dynastiques, pour en venir finalement au pronostic suivant :
Les circonstances probables d'une accession à la charge suprême seront si difficiles et la dite-charge si lourde à porter que le tri se fera naturellement entre les prétendants. Celui qui "ira à Reims" sera quasiment un surhomme !
Ceci néanmoins ne résoud pas le trou dans le plan dialectique que je dénonçais. Avez-vous une solution ?
Bien à vous.
C.
J'ai distribué le journal AF au marché. J'ai constaté que les français étaient aculturés par 150 ans de l'école de Jules Ferry.
RépondreSupprimerIl n'a rien d'attendre du peuple, si restauration il y a ca sera par l'élite. Mieux vaut donc former une élite. Le peuple suivra, comme il a toujours fait.
Je vous entends bien Partisan, mais ce peuple moutonnier sera consulté à un moment ou à un autre. Il faut donc acclimater la monarchie dans le jardin des solutions institutionnelles possibles, même si l'on n'attend pas une accession par voie électorale.
RépondreSupprimerLe référentiel monarchique de certains responsables de gauche qui portent au débat la pérennisation de la fonction de chef d'Etat recentrée sur deux pouvoirs régaliens, et qui en contrepartie redonnent au Premier ministre la totalité de ses pouvoirs constitutionnels va dans le bon sens.
Parmi ceux-là j'ai noté, Jack Lang, Guy Carcassonne, Régis Debray.