Nos sociétés humaines sont complexes, incertaines et fragiles à force de sophistication. Avant de les faire évoluer vers la recherche du Temps perdu mythique ou du Bien Commun, si vous préférez, il convient de les connaître à fond pour les régler dans leur propre réalité. Cette mise en ordre du Réel ne passe que par l'Information, à son tour extraite du système observé par une dépense d'énergie. Pour les royalistes maurrassiens c'est l'effort de l'empirisme organisateur ; des trois mots c'est "effort" qui est un peu déficient.
Au début de l'observation, tout système humain est en incertitude ; c'est son état le plus probable, au sens mathématique. Le nier conduit à plaquer sur une réalité complexe voire inorganisée, une grille d'analyse préfabriquée et polyvalente destinée souvent à simplifier le travail d'explication. C'est une erreur grossière dans la démarche de connaissance puisqu'à partir d'elle et de toutes celles qui sont menées au-delà d'elle, se construisent des réalités artificielles qui vont s'emboîter à leur tour dans des constructions plus vastes et tout aussi "fabriquées". On aboutit in fine à une idéologie déconnectée du monde vivant, tendue vers une utopie par définition hors de portée. Des Etats un moment puissants ont été construits ainsi.
...
Il m'arrive quelquefois de me disputer sur des forums contre les réalités rêvées par certains, engoncés dans des schémas parfois simples que l'on superpose les uns aux autres pour donner une consistance à l'ensemble décrit. Le "rêve" le plus fréquent est celui de la re-christianisation de l'Europe au motif que le siècle sera religieux à peine de disparaître, selon un opiomane fameux, le plus fou celui de l'avènement divin d'un roi de vitrail. Je ne souscris à l'un et à l'autre que lorsque j'ai le cafard. Mais comme il se passe toujours quelque chose dans la galaxie royaliste, il est vite chassé. La dernière distraction nous arrive de la Réunion où l'arrière-petit-fils aîné prétendu et caché du défunt comte de Paris s'aligne au sweepstake des prétendants, en concurrence directe des lignées illégitimes de Busset et Bhopal. Zap !
Comprendre un système humain (ou autre) c'est donc extraire de l'information utile pour révéler ses principes d'organisation ou d'inorganisation. L'information n'est acquise qu'au prix d'une énergie. Une énergie noble activée depuis un système lui-même extérieur au système observé et dirigée vers lui. Cette énergie est qualifiée de noble parce qu'exceptionnelle. L'information qui accroît la mise en ordre des choses en le révélant, est exceptionnelle en ceci même qu'elle arrache momentanément le système à l'entropie par l'ordre, état précaire lui-même exceptionnel. On constate tous les jours à quel point l'information, la vraie, celle de valeur, est un état exceptionnel que tout concourt à combattre, à disjoindre, à atténuer par le vacarme du désordre.
En revanche tout ce qui est capté sans énergie c'est du bruit. Il est souvent prépondérant. Pis encore, l'information qu'un système fournirait spontanément vers l'extérieur ne peut être acquise qu'au prix d'une fraction d'énergie noble perdue au dépens du système ; et pour les philosophes j'ajouterais que l'entropie universelle ou vulgarité des états aurait alors augmenté. Quel est le désordre ?
C'est le "bruit" émis en continu par le système, le buzz médiatique des vanités de ce monde, le foisonnement de la médiocratie, l'abêtissement par le racolage de chaînes télévisées comme TF1 qui ne connaissent aucun cran trop bas sur la crémaillère mercantile. Le "bruit" de multiple origine qui désorganise et limite la qualité de l'information, est la manifestation la plus sensible du désordre, qui donc correspond à des niveaux croissants d'entropie vers l'état le plus vulgaire. La cacophonie d'un concert de klaxons régi par les réactions aléatoires de conducteurs irrités est un phénomène physique hostile à l'information, comme le bruit photonique des grandes agglomérations amoindrit la qualité des observations au télescope.
L'art du journaliste consiste justement à contourner ce "bruit", à contenir et effacer de son travail les agents physiques destructeurs de l'information, et tous les faux-semblants.
Pas si simple.
Deux autres choses tant qu'à y être. Transport et temps de l'information.
L'information créée se transporte pour se transformer en propagande, sinon l'exercice est solitaire et stérile : une information morte, révélée un jour futur peut-être par l'archéologie. Nous avons déjà évoqué les vecteurs multiples de cette information. Il y a la presse d'imprimerie, la presse électronique, les faisceaux de blogues, les conférences, séminaires et universités d'été. Nous n'y reviendrons pas aujourd'hui parce qu'une amélioration sensible de cette propagande a eu lieu récemment par la diffusion de journaux électroniques bien faits (L'ASC, Insurrection) et la montée en qualité des blogues royalistes militants. Il y a encore du chemin avant le Nirvana, mais la pente grimpe vers demain ! C'est l'essentiel.
Outre l'énergie nécessaire à sa création et à son transport, l'information consomme du temps. On arrive ici au concept de puissance appliquée qui se définit depuis toujours comme l'énergie consommée pendant l'unité de temps. Certes quand l'information repose, morte, au fronton d'un édifice ou sur les rayons d'une bibliothèque, la puissance nécessaire à sa révélation semble nulle, quoique l'immobilité de cette information y applique la loi de la détérioration de toute chose sur une période donnée. L'en préserver demandera une certaine puissance, peu d'énergie sur une très longue période. Mais quand l'information est vivante, elle circule au prix d'un certain écoulement du temps.
Aussi sans entrer dans la programmatique politique et pour ceux qui ne veulent pas "mourir royalistes mais sujets", il faut tenir compte de cette fuite, et dans l'exercice de la propagande se fixer des objectifs datés. C'est ici que le concept de l'accession d'aubaine est contre-performant car l'aubaine n'étant ni sûre ni prévisible, la propagande qui l'entoure ne subit aucun stress et finit en eau tiède. A quoi bon dès lors dépenser une énergie noble pour révéler une information structurante d'ordre, la porter par les meilleurs vecteurs, pour l'exposer sans intention de s'en servir un jour donné. Malgré l'effort méritoire la démarche est passive, on charge la mangeoire et on recharge à mesure que se consomme le foin. Jusqu'à quand ?
En résumé, l'énergie employée à créer de l'information est une énergie de niveau noble parce que la connaissance qu'elle engendre anoblit le système qu'elle structure, et freine l'entropie universelle, cet affaissement global vers la vulgarité. Investissons dans cette énergie mais allons jusqu'au bout de l'épure en mesurant son efficacité, les yeux grand ouverts.
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Aux manants, aux chouans, à leur prince, bonne année ! Le Roycoland bruisse de souhaits plus irréalisables les uns que les autres et part...
Suggérez-vous des mandats limités à la tête des partis royalistes ?
RépondreSupprimerPour l'instant c'est le maréchalat à vie ... Nous voilà !
C'est effectivement un gage de maintien du niveau qualitatif exigé. Toutes les sociétés modernes s'organisent autour des résulats obtenus.
RépondreSupprimerDans ces propos se trouven donc incluse la nécessité d'un roi apte à occuper pleinement la fonction de chef de l'état, ce que certains jugent purement accessoire, parmi les royalistes, ce qui est un comble !
RépondreSupprimerSurtout quand le royalisme présent tend à répandre l'idée d'une fonction suprême correctement investie...
L'affirmation de ces royalistes, que les qualités supérieures ne sont pas utiles au roi, pour cause que c'est le principe de la continuité qui fonde la valeur de ce système, ressemble elle-aussi à ce que vous appelez le rêve du roi de vitrail.
Pourquoi toujours couper, amputer de quelque chose ? Pourquoi monnayer, avant même qu'il ait une chance de s'installer, un système qui, censé être meilleur que ceux qui se prétendent aujourd'hui les meilleurs, doit au contraire s'assurer d'une valeur et d'une compétence imparables ?
je reviens certes toujours au même point : puisque le temps est venu d'ouvrir la réflexion sur la mise en place réelle d'un principe monarchique rêvé depuis longtemps, ne lassons pas les perspectives avant d'avoir commencé, et envisageons tout de suite des formules débarrassées notamment des partis-pris pro-capétiens.
C'est la république qui jusqu'à présent s'est contenté de peu. Il ne s'agit pas de refuser de réussir, il s'agit d'être certain de la faire, en ne négligeant pas l'abandon des systèmes, des références, des dynasties qui ont imperturbablement semé la guigne.
C'est à ce prix que se manifestera le système que j'appelle de mes voeux, à la fois réceptacle et fondement.