Cercle vicieux, débat cornecul des yakafokons aux cafétérias de Matignon, Beauvau et Bourbon réunies. Deux choses à dire quand même, après celle-ci ; ceux qui ont connu l'époque des blousons noirs sont moins dépaysés que les plus jeunes : ...
L'insécurité en cité est sous-tendue par une haine avérée à l'endroit de la police nationale. Aucun projet préventif ne tiendra si cette insécurité n'est pas réparée, quoiqu'il en coûte. C'est le B.A. BA du développement en zone défavorisée du Tiers-monde ; cela s'applique chez nous. Si nous commencions par le classique couvre-feu ?
La deuxième chose est plus simple mais contrevient à la politique des communicants du pouvoir qui doivent s'exprimer sur tout, informer démocratiquement l'opinion et gérer l'émotion publique à leur avantage. Au plus court, un slogan : "La fermes, M. le Préfet, Mme le Procureur !"
En cas d'émeutes, toute expression des autorités alimente les rumeurs de manipulation de la vérité, et ajoute du charbon en chaudière. De même la compassion préalable du ministre en charge est ressentie comme une hypocrisie, donc inutile. En outre les déclarations préfectorales labellisent les évènements et suscitent la compétition.
Les autorités ne doivent pas communiquer sauf à donner des instructions précises aux populations pour faciliter le rétablissement de l'ordre, et y réussir, par tout moyen même létal ! Pourquoi ne pas faire venir en consultants quelques hauts gradés de la police chinoise ?
Pour le reste il faut du temps.
La République n'a pas le temps, ou en prend trop.
Le plan Borloo de 2003, une copie mal assimilée du modèle danois, ensablé dans les chicayas politico-administratifs, commence tout juste à s'ébranler, par les destructions préalables de l'immobilier criminogène.
Chaque gouvernement, chaque ministre de la Ville qui passe, veulent imprimer leur marque et désorganisent les effets (toujours tardifs et décalés) de leurs prédécesseurs. Mme Fadela Amara arrive avec le sien. Il y a un faisceau de mesures à prendre en même temps sur un axe fixé dans les domaines foncier, répressif, éducatif, économique, que nous ne détaillerons pas ici car chacun les connaît par coeur.
40000 voitures brûlées par an en métropole signent l'échec de toute politique de la Ville jusqu'ici. Et quand le maire de Goussainville affirme que ces émeutes sont "un phénomène local même si certains aimeraient étendre les violences ; des véhicules brûlés sur Goussainville, il y en a une petite dizaine chaque semaine (sic), et les médias ne s'en saisissent pas", on mesure les ravages de l'infection jusque chez les édiles. On s'habitue, c'est tout. Pourtant il serait de simple bon sens d'arrêter ces distractions si on faisait payer le prix des véhicules aux incendiaires, à défaut de numéraire, par une durée de travaux forcés calculée au Smic, gîte et couvert déduits. Il y a des choux à ramasser aux îles Kerguelen.
C'est une affaire sur vingt ans que de resocialiser les cités. En accompagnement d'un programme pluriennal, il faut le même Premier ministre, sinon le même ministre de la Ville sur la durée du parcours, et sans doute aussi le même chef de la Police. Il y a des compétences autour qui ne demandent qu'à s'impliquer. Je pense à Roland Castro qui a une véritable obsession de réussir cette réhabilitation des espaces et des gens. Mais il n'est pas le seul. Le défi est attrayant pour tous les architectes-sociologues du monde entier. Mais autant sinon plus que des moyens budgétaires, il faut du temps !
Hélas la nomenklatura politique est captivée par sa quête inlassable des honneurs balisés, et prisonnière de schémas scolaires appris sur les bancs de l'ENA, incapable d'innovation par elle-même. L'imagination au pouvoir de 1968 est resté un slogan mort ; par contre sous les pavés, la plage reprend du service.
J'apprends que la réponse socialiste à la menace actuelle d'émeutes généralisées se concentre sur les mesures à prendre dans le cadre du vote du budget de l'Etat le dimanche 9 décembre prochain (JP Huchon, Sarcelles, 27.11.07). De vrais canards mécaniques qu'on remonte chaque jour à la clé.
D'autres pensent aboutir à LA solution par les élections municipales de ... 2008. Le cautère électoral du suffrage universel par la démocratie hospitalière ! Comme en Afghanistan ? Quand serons-nous sérieux ?
"Le temps du dialogue, de l'analyse et de la compassion est terminé" nous dit le maire de Clichy-sous-bois; "Nous voulons de l'action !". Il sera déçu.
Le régime républicain fonctionne en 3D. Seule la monarchie avance sur la quatrième dimension.
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Le pouvoir actuel - et non la république en elle-même - ne sont pas , ne sont plus d'ailleurs même s'il le voulait, en état de modifier le cours dernièrement désastreux des choses.
RépondreSupprimerIl aura, au regard de l'Histoire, vu tristement ceux qui ont toujours fait de la lutte contre le "désordre" leur fond de commerce, le soutenir et l'élire contre toute raison.
Alors, une monarchie, tant qu'elle n'aura pas rompu avec ses vieux critères, aboyeurs supplétifs du Système, rengaineurs de toujours les mêmes postures au-delà de toute sassiété, et alibis actifs de tous les crimes qu'ils dénoncent, je n'en veux pas.
La Cour des comptes a rendu public hier son rapport sur la politique de la ville, où elle analyse les «mauvais résultats» des différents dispositifs mis en place cette dernière décennie, marquée par un tournant majeur : la mise en place du Plan national de rénovation urbaine (PNRU) en 2003, sous l’impulsion de Jean-Louis Borloo. (Plus...)
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