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L'heure n'est plus à personne.
Cachés derrière là présidence vibrionnante de M. Sarkozy, les ministres rivalisent d'imagination pour exister quand même, en sautant dans les avions au premier mort, et leurs services au point fixe ajustent les compromis, les reculades, les empaquetages attrayants pour masquer la perpétuation de la politique chiraquienne du "chien crevé au fil de l'eau". On a juste accéléré le courant. Qu'on ne se méprenne pas, le chien n'est pas celui qu'on croit - je crois même qu'il fait sincèrement son possible pour arracher le pays à son destin de m... -, le chien crevé c'est la nation française.
Elle s'est habituée à tous les crachats, repentirs, lâchetés. On siffle la marseillaise lors du dernier France-Maroc au stade de France, et pendant toute la partie, on hue les joueurs non musulmans, il ne se passe rien. La chose est prise sur le mode badin. N'aggravons pas notre cas surtout !
Des jeunes de banlieues endossant l'uniforme des racailles après dix heures, comme d'autres se recoiffent pour aller au cinéma, attaquent la police urbaine puis incendient les voitures de leurs voisins avant de saccager la bibliothèque du quartier. Il ne se passe rien. Sauf quelques ecchymoses au policiers plantés là comme le dimècre à faire front ! C'est quoi cette mode de la ligne impassible à recevoir des cailloux ? Qui commande ? La carrière !
Oui, M. Fromentoux, "ces populations, par l'école, par les médias, par le spectacle même de la rue, voient le plus souvent la France comme un pays apostat, qui ne montre nulle fierté de son passé, qui même se repent d'avoir été l'un des flambeaux de la civilisation, un pays, en somme, qui n'a rien de grand à transmettre". Ce pays pathétique est hélas bien réel !
Vous vous insurgez contre les égoïsmes catégoriels qui font marcher les gens pendant huit jours ; j'en étais : deux trains seulement le matin bondés vers St Lazare puis 47 minutes à pied d'un pas de chasseur jusqu'à mon travail. Finalement j'ai augmenté ma ration d'azoté ! Mais nulle part ai-je ouï la révolte gronder. Quelques incivilités bien mineures comme de traverser les voies quand les quais étaient bourrés. Sinon pas de mouvements de colère, même au bout de huit jours !!! Quai n°1 j'ai poussé un matin (avec précautions) une escouade de nervis de Sud-rail, plantés là à narguer l'usager en peine. Les structures révolutionnaires qui instrumentalisent les syndicats FO et SUD-rail ont parfaitement noté que le Veau national était mûr pour un hypothétique Grand Soir. Il restera planqué chez lui à suivre les "évènements" à la télé. Le pire qu'on puisse lui faire serait de couper les faisceaux et qu'il doive fouiller son placard à la recherche d'un transistor ! En appeler ces temps-ci à la Nation est vain. Faites passer.
Vous en venez aux universités. Ce qui distingue nos universités du reste du monde est le mode d'accès. Oui, "entrer en fac ne se mérite pas, c'est un droit", acquis avec le baccalauréat.
Changez cela et elles disparaîtront rapidement dans le moule mondial de la marchandisation du savoir et de la sélection, par le fric ou par la bien-pensance (système des bourses à la tête du client). Ce sera pour le coup la meilleure façon de les "mondialiser". Bien sûr que les trotskards qui bloquent les facs ne le font que pour défier le pouvoir, mais ils mettent un coin dans la porte arrière d'accès du Marché. Ce Marché a déjà pénétré les Grande Ecoles qui pour certaines reviennent hors de prix aux parents d'élèves, pire encore à considérer le fameux rapport qualité-prix : M. Raffarin - l'étalon-or de l'insuffisant-suffisant, n'est-il pas SupdeCo ? Mais le Marché sait y faire, il tient le levier du recrutement, et donc "achète" les consciences fragiles de nos étudiants avec la carotte de l'emploi. L'état pitoyable des universités françaises ne justifie pas qu'on les vende en kit. Le niveau pitoyable des bacheliers obtenant la franchise d'accès ne justifie pas non plus qu'on installe une sélection par l'argent. Il faut agir sur les causes en amont, à commencer par un baccalauréat plus difficile.
Je ne crois pas que la libéralisation de structures corporatistes comme les universités permette d'accéder à l'excellence ex-machina sans le nerf des subventions privées et intéressées. Le risque de construction de fromages républicains est grand, on l'a vu des régions à mesure que progressait la décentralisation. Hors des facultés en piteux état et déconnectées, et des grandes écoles survendues, la troisième possibilité pour les jeunes, en attendant que l'on revienne aux fondamentaux de l'enseignement supérieur, est d'aller voir ailleurs ; ce que beaucoup font de plus en plus, par diverses vois directes ou chemins de traverses astucieuses. Bossez vos langues, jeunes lecteurs !
La vraie crise n'est peut-être pas celle du régime, M. Fromentoux. Le problème est social et donc plus grave : c'est l'affaissement de la Nation dans sa fierté, et dans le champ de la morale publique ! Notre ancien président est inculpé dans les règles communes de la justice, et ses amis politiques de hurler au lèse-majesté, la corruption étant inséparable de la fonction, nous font-ils comprendre.
Finalement les gesticulations des hommes politiques ne s'adressent pas à la Nation qui se liquéfie et ne fera pas un bloc malléable par les professionnels de la chose publique, mais plutôt à leurs mandants et clients catégoriels ; nous sommes parvenus au communautarisme par un autre biais, sauf pour les élus aux scrutins de listes ou indirects, qui finalement n'ont de compte à rendre à quiconque sauf au chef de parti qui les a adoubés. En ce sens on pourrait dire qu'il y a tout de même crise de régime par décomposition de la représentation démocratique à divers niveaux, mais le principe pervers de la démocratie d'étage régalien n'est pas mis en évidence par les actualités. La justice en fait pourtant partie. Mise à portée des mains intéressées de factions idéologiques progressant chacune sur un agenda socio-économique différent, elle aussi s'est liquéfiée.
Dans la situation de décomposition et d'impécuniosité de notre Etat, qui leste une société dérivant sans amers, la question bruyante du traité simplifié que vous évoquez in fine, est un épiphénomène !
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Si aucun remède n'agit c'est sans doute que le malade, la société, a dépassé un point de non-retour dans sa pathologie.
RépondreSupprimerLe modèle français est cancérigène. C'est pour cela qu'il est interdit partout à l'importation.
Après sa maitrise de math, mon fils n'a pas trainé à Paris et est parti travailler à Londres dans une banque.
RépondreSupprimerChangement de planète.
Il ne reviendra pas, sauf pour s'acheter sa maison de campagne en Périgord, dans 10 ans, et cash !
On voit Sarkozy acheter chaque catégorie sociale par des largesses et em même temps le ministre du budget soutenir que le déficit budgétaire se réduit.
RépondreSupprimerVue l'atonie économique, on se demande comment ils font pour sortir ces chiffres merveilleux.
Observez que le ministère prévoit ! Et dans la prévision, les chiffres restent libres d'évolutions ultérieures
RépondreSupprimerSans entrer ici , ni sur les positions d'Action Française, que je n'approuve pas dans son soutien à la réforme des universités ni dans ces mots de M. Fromentoux "l'intérêt national d'abord" -car ce qui est national ne veut plus rien dire, et que si l'on est opposé à l'inverse de "national", il fallait y penser avant - je partage la ligne générale de ce billet, sur la repentance, sur les affaissement divers, sur la nécessité d'opérer en amont de l'université, et, comme vous le dites, sur le bac !
RépondreSupprimerJe ne suis pas un supporter del'ancien président, mais ce ne sont pas les motifs pour lesquels il est entendu qui constituent scandale : ça, c'est le détournement voulu pour ne pas parler de tout ce que vous dénoncez justement. On le condamnera éventuellement pour un vol de bonbons, alors que jamais on n'accusera son régime, qui est encore au pouvoir.
C'est pour cela qu'il fallait barrer la route à tout prix à celui-là : même s'il était sincère, que peut-il ? L'élire revenait à laisser tout le monde en place, tous les réseaux qui ont mis le pays en bas. Voila pourquoi j'ai voté Ségo. Outre d'empêcher celui-là et Les Mêmes de rester en place ( belle rupture ! ) l'arrivée de Ségo aurait permis un ballon d'oxygène pour enrayer partiellement et temporairement la décomposition dont vous parlez, et qui fait l'objet des préoccuppations de la sphère royaliste comme de la sphère droitiste !
Quant à l'économie française, évoquée ici, elle n'est plus en lambeaux, elle est morte. Et en parler, le ressasser pendant vingt ans et au-delà, comme c'est la mode dans ces milieux chaque fois que quelque chose ne va pas, quel en sera le profit ? Il est temps, grand temps d'agir enfin.
Sarkozy a au moins renouvelé le stock politique.
RépondreSupprimerFrançois Fillon, Nathalie Kosciusco-Morizet, Rama Yade, Eric Woerth, Christine Boutin, me font bonne impression.
Mais d'autres beaucoup moins, et Fadela Amara m'est insupportable, même si c'est un gadget.
Nathalie Kosciusco-Morizet me fait aussi bonne impression. Les tout nouveaux, je ne les connais pas.
RépondreSupprimerAmara provient à mon avis, pour son entrée au gouvernement, du soutien d'Hortefeux, qui ne néglige aucun moyen pour se concilier l'électorat des banlieues.