Cherchant à définir les ressorts de la politique trépidante actuelle, bien m'en pris de lire les explications de Philippe Grasset sur la NIE-2007* publiée par la communauté américaine de renseignement, qui coupe l'herbe sous le pied des bellicistes de l'équipe Cheney, sans doute par vengeance tardive pour la manipulation fameuse des armes irakiennes de destruction massive. Ce qui a conduit au désastre que nous savons. Pour les ermites, il s'agit d'infirmer au moment l'imminence de la menace atomique iranienne, ce qui par ricochet liquéfie l'alliance de croisade avec Israël. Nous en resterons là sur un sujet qui mérite un long développement.
(nota : * NIE = National Intelligence Estimate)
En effet Ph. Grasset démonte bien le "coup d'état" réussi par les Services comme une barre de fer jetée dans les engrenages du rythme de gouvernement plus que dans son fonctionnement qui reste intact. Ils sont aussi doués que le FSB. Mais laissons le parler :
[extrait] Il est plus important que tout que la NIE 2007 ait été publiée quand elle a l’a été, dans les circonstances où elle l’a été, au moment où elle l’a été. Nous ne vivons pas une époque de politique mais une époque de rythme déterminant la seule “politique” possible ou faisant fonction, – car il ne s’agit pas d’une politique mais d’une dynamique née d’une mécanique. Cette dynamique est entretenue, contrecarrée ou freinée, c’est selon, par la communication. Le problème n’est pas de faire changer la politique puisqu’il ne s’agit que d’un rythme, mais de briser ce rythme. La NIE 2007 a fait à cet égard un travail formidable parce qu’elle a été perçue comme telle, comme une information, c’est-à-dire un acte de communication qui brise le rythme. Littéralement, elle leur a coupé le souffle. Elle a obtenu ce résultat étonnant de mettre les néo-conservateurs et compagnie pour la première fois sur la défensive. Les voilà obligés de passer de la vitupération, qui est le véritable aliment du rythme mécaniste, à l’argumentation qui est l’aliment d’une politique et où ils apparaissent pauvres d’esprit et faibles de conviction parce que la politique n’a jamais été leur propos.
Il est inutile aujourd’hui de s’attacher aux buts d’une politique qui n’existe pas, aux complots d’acteurs qui sont des publicitaires faisant de la communication pour entretenir et alimenter le rythme. On est conduit à constater qu’une seule chose est possible pour ceux qui veulent, pour des raisons diverses qui sont un autre problème que celui considéré ici, freiner ou changer la course et le rythme du système. Il faut tenter de gripper la mécanique. Il faut agir sur la perception, de la même façon que les publicistes poussant à la mécanique du système utilisèrent pour préparer l’attaque contre l’Irak, qui est l’influence de la perception; que l’argument soit faux ou vrai n’a plus de réelle importance, que le fait soit réel ou fabriqué non plus, parce que nous n’intervenons pas par rapport à la réalité mais par rapport à la perception. Il s’agit de la technique du feu qui avance (la mécanique du système) et du “contre-feu” qui bloque l’avance du feu.
Jusqu’ici, l’esprit que nous savons nécessairement sommaire, celui de la communication, disait: “les Iraniens ont la bombe, essayez de nous prouver le contraire nous vous écoutons”; vitupération contre argumentation, l’affaire était entendue. Aujourd’hui, depuis NIE 2007, nous sommes passés à une affirmation tout aussi sommaire, en employant une méthode tout aussi sommaire : “les Iraniens n’ont pas la bombe, essayez de nous prouver le contraire nous vous écoutons”; vitupération contre argumentation… Tout cela doit être compris quelle que soit la réalité de la situation nucléaire de l’Iran.
Le problème est que nous utilisons notre intelligence pour juger du fond des choses (de la “politique”, en un mot). Il n’y a rien qui soit sensible à l’intelligence dans cette politique puisqu’il n’y a point de politique mais un système mécaniste. Pour le cas précis qui nous importe, nous devons utiliser notre intelligence à tenter de comprendre et débrouiller les mécanismes de ce rythme mécaniste qui, depuis 9/11, nous emporte. Il n’est absolument pas sûr que les “putschistes” aient compris quoi que ce soit dans ce sens, mais là n’est pas l’important. Ils connaissent le fonctionnement du système. Ils ont réussi à réunir tous les éléments nécessaires pour changer la perception mécanique de la chose. Ils ont installé une situation paradoxale où tout ce qui faisait la force dynamique du système pourrait être utilisé contre les buts initiaux et aveugles du système.[fin de l'extrait] Full size ici.
Nous vivons aussi en France sur un rythme. La partition est écrite avec des blanches des noires des croches bémols dièses et silences, comme pendant la grève des transports. Que sert-il de critiquer les réalités du programme politique, elles sont emportées dans le maelstrom médiatique et n'intéressent pas longtemps le consommateur d'idées politiques qu'est devenu l'auditeur, même si ces idées ne sont pas du tout gratuites pour lui.
Comme le dit M. Grasset : " Il faut agir sur la perception, de la même façon que les publicistes poussant à la mécanique du système utilisèrent pour préparer l’attaque contre l’Irak, qui est l’influence de la perception; que l’argument soit faux ou vrai n’a plus de réelle importance, que le fait soit réel ou fabriqué non plus, parce que nous n’intervenons pas par rapport à la réalité mais par rapport à la perception".
Deux conclusions peut-être : Le champ politique est celui de la Communication. Se battre ailleurs est fuir la joute. Il faut impérativement se mettre à l'heure de la nouvelle propagande plutôt que de réviser inlassablement nos classiques. ET les chevaliers en lisses ne peuvent être que des professionnels.
Deusio, la trépidance des pouvoirs apparents est dans la nature des relations sociales post-modernes. Sans agitation, pas de révélation, pas de vérité. D'accord, les flèches traversent l'espace médiatique en tous sens ; mais qu'au moins l'arc reste visible et situé parfaitement. Même pas, l'arc court lui-aussi en tous sens à donner le tournis. Il y a overdose. On entend même certains regretter Chirac l'immobile, qui les réjouissait aux Guignols de l'Info à ne rien faire du tout.
Le besoin commence à naître dans l'Opinion d'une référence respectée, fixée sur le temps long, au besoin capable sans délai de donner le cap en cas de crise grave, en cas de guerre ou de calamité nationale tout simplement.Tout ne saurait être laissé entre les mains des "acteurs" de M. Grasset, ou des saltimbanques de mon cirque à trois pistes, et moins encore à notre Monsieur Loyal en frac blanc. Ce référent permanent et sage, qui mesure le temps imperturbablement, c'est simple, c'est un roi.
Si l'article vous a plu ou déplu, vous pouvez aussi le faire suivre à un ami en cliquant sur la petite enveloppe ci-dessous :
Le comité du NON français a ouvert son site internet :
RépondreSupprimerhttp://www.comitedunonfrancais.com
Présentation de l'association, analyses, actualités...
Bonne visite !
PS : vous êtes d'accord avec le comité du NON français : glissez le dans vos liens !
Le Comité est donc celui de M. Baeckeroot qui se présenterait aux municipales de Tourcouing si j'ai compris quelque chose à l'article de la Voix du Nord.
RépondreSupprimerQue vient faire le traité simplifié dans l'affaire reste pour moi un mystère. Mais les voies du Seigneur ... :)
Novopress signale un rapprochement avec M. Dupont-Aignan, qui préfigurerait un ralliement ...
RépondreSupprimerCompliqué, M. Baeckeroot. Cherche-t-il lui-aussi un certain rythme en politique ?
Celui qui m'a formé professait cette vérité décrite par l'agence américaine, autant dire bien avant 2007 : il y a plus de trente ans.
RépondreSupprimerElle est pleinement utilisée aujourd'hui, et ceux qui savent y surfer conduiront partout les décisions de demain.
C'est bien entendu fort triste...
Mais le roi à Soi seul ne le peut rien. Le phénomène ci-dessus décrit dans votre article existe depuis quelques années. Les médias s'en chargeaient. Ce qui flanque maintenant ce tournis, c'est l'augmentation de vitesse bien sûr, de la part des médias, et la contribution starisée des personnages politiques qui jouent désormais un feuilleton réel permanent. Vidant entièrement la substance de l'autorité, et instituant un nouveau brouillard épais, empêchant tout contrôle, entre la population et ceux qui la commandent.