Extrait du discours du Latran : ...
« ... s’il existe incontestablement une morale humaine indépendante de la morale religieuse, la République a intérêt à ce qu’il existe aussi une réflexion morale inspirée de convictions religieuses. D’abord parce que la morale laïque risque toujours de s’épuiser ou de se changer en fanatisme quand elle n’est pas adossée à une espérance qui comble l’aspiration à l’infini. Ensuite parce qu’une morale dépourvue de liens avec la transcendance est davantage exposée aux contingences historiques et finalement à la facilité...»
« A terme, le danger est que le critère de l’éthique ne soit plus d’essayer de faire ce que l’on doit faire, mais de faire ce que l’on peut faire. C’est une très grande question. Dans la République laïque, l’homme politique que je suis n’a pas à décider en fonction de considérations religieuses. Mais il importe que sa réflexion et sa conscience soient éclairées notamment par des avis qui font référence à des normes et à des convictions libres des contingences immédiates. »
Finalement tout va bien. M. Sarkozy ouvre un boulevard au roi de France sans le vouloir, quoique ses conseillers soient sans doute moins innocents qu'il n'y paraît. Jusqu'à hier, nous avancions avec d'infinies précautions pour vendre aux sceptiques notre lieutenance du Christ sur terre, l'union sacrée du Ciel et de la glaise à Reims, sans jamais même oser aller jusqu'à ce "droit divin" d'Ancien régime que les instituteurs de la République ne savent que moquer sans vouloir l'expliquer.
Plus souvent, pour envelopper nos prétentions, nous constitutionnalisions (21 lettres!) la fonction royale sur le modèle courant des monarchies du Nord amélioré des pouvoirs étendus que donne au chef d'Etat notre V° République. Et le volet "sacré" comme la loi fondamentale de catholicité étaient mis sous le boisseau de nos précautions, pour ne pas briser l'élan de notre propagande sur le mur de l'ironie des esprits forts qui nous regardaient venir. C'est fini !
Fini les timidités de notaire aux étapes rituelles de la vie, les éternuements de chaisière au passage du saint viatique, les poses managériales Armani & Rayban au parvis des funérailles, et tous les sous-entendus, les connivences, les faux-sourires qui nous protégeaient des foudres de la pensée unique et laïque. Désormais, catholique et français toujours, le roi est beau, preux chevalier et cocardé de blanc. Le vrai ! J'achète les horaires de TGV vers Reims.
Mais le coeur du discours sarkozien qui nous intéresse n'est pas tout entier au Latran. La novation est son acceptation de la supériorité de la "tradition" ; l'homme, nous dit Finkielkraut, n'est pas qu'un individu, mais un héritier et un testateur. Il reçoit l'héritage, l'embellit, le lègue. C'est une rupture franche avec le dogme rousseauiste qui recommence l'homme à chaque naissance pour le "finir" à chaque mort. Ainsi valide-t'on la thèse, notre thèse, du projet continu de l'homme politique qui puise dans son éducation les ressources intellectuelles et morales de son gouvernement patriarcal, pour le transmettre à son héritier sans le rompre. Le mort saisit le vif. C'est nouveau pour beaucoup !
Dès fois je me demande si le déclencheur de ce retour aux racines ne serait pas le démoniaque Da Vinci Code. Fable historique avérée ou histoire fabuleuse enfouie, elle a réchauffé le coeur des Français perdus, et grossi les rangs du camp des saints ; jusqu'à ce qu'il soit devenu trop petit et qu'on en pousse les murs ; à tel point que l'élection dut se jouer à droite pour être gagnée : 53% de suffrages au petit reître ; et que ce sont les prêtres laïques qui forment le projet de se grouper maintenant en camp retranché. Lire les réactions socialistes au discours du Latran est un bonheur rare, ils ont très mal - ma bonne éducation interdit de vous dire où - depuis que l'autorité suprême de la République, un 20 décembre 2007, les a laissés culs nus au milieu de la plaine ventée.
Te Deum par les chœurs de la cathédrale de Riga
Régalez-vous !
Après tous ces temps d'infamie (Childéric III †755), la lignée sacrée peut ressurgir où on ne l'attendait pas et le sceptre davidien reprendre du service. Le voilà qui descend du vitrail de Chartres dans la lumière bleue de Beauce, mon roi, beau comme un Mercure aux pieds ailés, court à Reims, accueilli sous le dais par le pape en personne, depuis que les prélats jureurs ont dû se récuser. Le carrosse préparé au château de Vincennes entre le soir dans Paris par la Porte Dorée, escorté de trois cents gardes françaises sous le commandement de Jack Lang, jusqu'aux Tuileries reconstruites par Delanoë, sous les hourras des touristes et le crépitement des flashes. Un méga feu d'artifice clôture la Nuit Blanche. J'ai bien fait de me lever tôt ce matin, c'est un beau jour pour pleurer.
D'accord, on va vous le refaire plus délayé, plus tard, mais déjà, ça fait du bien en accéléré.
Reste à entendre le discours que M. le président de la République prononcera un jour peut-être Rue Cadet, ou Rue de la Victoire, si l'adoubement de la Calotte ne la lui donne pas... Mais c'est une autre histoire !
Nous terminerons sur cette mise en garde volée à Partisan Blanc qui nous explique par le menu comment régner en France, et pourquoi seulement régner ; sa conclusion :
« ... Ainsi, le futur roi doit renouer avec la tradition indo-européenne, juive et française du roi judiciaire qui règne, mais laisse les ministres gouverner. Même si demain, le roi revient, son pouvoir risque d’être vite contesté en cas de « baisse de la croissance », et donc de chuter. C’est pour cela que le roi doit régner, non pas comme les monarques contemporains, mais comme sous l’ancienne monarchie. Louis XVIII régna, il fut le dernier à mourir roi sur son lit, contrairement à Charles X qui voulait gouverner ... »
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Avec ce type qui parle de religion, nous sommes dans la folie dure, et même par humour je ne rigole pas de cette éventualité d'un boulevard offert à un roi par ce satané Système actuel.
RépondreSupprimerLa singerie est le propre du Malin, et il ne se trouve que trop de béats partisans du pouvoir actuel susceptibles de faire les yeux doux à l'ancienne monarchie, pour que ça puisse donner envie de sourire.
Tout plutôt que cette monarchie-là. Celle qui viendrait par le Système, celle qui lui donnerait raison, qui consacrerait la politique de mort morale qu'il représente - et le type ne sait pas ce que signifie la notion de morale. Ce serait sacrer à Reims Mamon en personne et pour le moins. Et par morale je n'entends pas les conceptions de vie familiale de type Mormon, des Catholiques traditionnels avec en plus leur obsession du dessous de la ceinture, ni tout leur tralala réactionnaire.
Quand les royalistes seront-ils des royalistes de combat, laissant le chapelet aux veuves et aux gens âgés, et empoignant dagues, fourches et massues ?
Ceux qui pour avoir "un roi", sont prêts à accepter le communautarisme, le mensonge institutionnel, l'abolition des cultures, sont-ils royalistes ?
Ils sont d'abord les macaques de l'imbécillité u.m.pesque.
On peut néanmoins préférer un discours qui rejoint celui du saint siège à un autre qui mettrait en incandescence la rupture Etat-Eglise.
RépondreSupprimerIl faut que les mentalités changent pour que le projet royaliste avance ; ces déclarations vont dans le bon sens, même si le dessein présidentiel n'est pas aussi sûrement engagé dans la voie spirituelle qu'il ne l'est sur le boulevard des médias.
Si vous trouvez que son discours rejoint celui du Saint-Siège, je vais au diable, en espérant ne pas vous y trouver.
RépondreSupprimerC'est au même endroit !
RépondreSupprimerCes racines-là ont-elles un rapport avec les pissenlits ?
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