vendredi 8 février 2008

Réflexions post-mortem...

grille du coq de l'ElyséeA l’heure de la mise sous presse, le Sénat a voté le projet de loi autorisant la ratification par la France du Traité de Lisbonne*. Tandis que certains souverainistes tentent dans un ultime soubresaut médiatique de faire parler d’eux en déposant symboliquement ça et là des gerbes, qui pour le fameux NON, qui pour que la France repose en paix…
La France est encore bien vivante puisqu’elle est encore capable de signer son acte de décès elle-même ! tout bien réfléchi ce serait plutôt le « souverainisme » qui en a pris un coup…
Portés aux nues par un NON qu’ils croyaient leur, les souverainistes ont appris à leurs dépens que l’on ne fait pas de la politique sur des résultats, aussi inespérés soient-ils, qui datent de deux ans. En effet des fameux 55% du Non au referendum sur la constitution européenne, il ne semble rester que peau de chagrin… Mais pourquoi ?

Où sont-ils ces patriotes qui avaient enfin décidés de prendre leur pays à bras le corps ? Et bien ils sont là, ils n’ont pas bougé et pour s’occuper de leur pays ils ont « veauté » en mai dernier à 53.06 % pour M Sarkozy, thuriféraire du Oui s’il en est. Pour savoir où sont passés les 55% de nonistes, je serais tenté de les soustraire aux 53.06 % du score présidentiel. Ainsi nous obtiendrions un optimiste 1.94 %, chiffre qui semble plutôt bien correspondre au panel d’opposants échaudés que nous avons pu voir aux grilles de Versailles… Tout un symbole…
Selon les chiffres qui nous ont été transmis dans la journée (7 février ndlr), le projet de loi a été approuvé par 336 voix contre 52 voix (410 votants pour 557 élus ce qui signifie que 147 étaient absents).
Ce qui frappe de prime abord c’est l’écrasante majorité de députés à avoir voté « pour », et en second lieu, quoiqu’ils passeraient presque pour inaperçus, les 147 absents dont on ne saura au final jamais s’ils ont eu raison ou tort… Et enfin et même surtout, les misérables 52 voix « contre » ce projet… La question qui se pose est comment, comment d’un score exprimant tant d’espoir il y encore deux ans pour les « eurosceptiques », comment ont-ils pu en arriver à une telle déroute !?
La réponse malheureusement apparaît comme étant limpide. C’est un métier que de s’accaparer les suffrages des électeurs, et de métiers nos souverainistes en culotte courte en ont bien moins que d’espoirs et maintenant de désillusion… La démocratie française est un régime de partis et non d’opinion, ainsi il aurait fallu faire le spectre du « non » en 2005. En effet, si aujourd’hui nous faisons le détail de ceux qui ont votés contre le projet de loi, nous avons 3 contre à l’UMP, 25 au PS et le restant, une vingtaine, pour le groupe communiste et les non-inscrits. N’y aurait-il pas fallu voir dans les résultats de 2005 le même ensemble hétéroclite (toutes proportions gardées) ? Indubitablement.
Quand les partis mêmes, sont divisés sur la question, comment alors oser croire que les suffrages exprimés seraient un bloc ? C’est une grave faute de stratégie que de se fier à la productivité de l’effet de masse, car l’effet passé, chacun retourne chez soi. Vraisemblablement c’est ce qui a dû se passer. C’était un leurre de croire à l’union, véritable piège démocratique.

serment du Jeu de Paume
Alors l’on harangue la souveraineté bafouée du peuple, le kidnapping de la démocratie ! Mais quelle souveraineté peut s’exprimer dans la masse ? Combien d’opinions, d’avis, de nuances renferme-t-elle seulement ? Quot capita, tot sensus** disaient les anciens romains. La loi du nombre ne respecte pas les individualités, ne considère pas la personne comme un « sujet ». Il n’y a donc pas de souveraineté possible sans souverain.
Dès lors, avec tant d’entités différentes, trouver un projet commun était chimérique, les compromissions auraient fini par dénaturer toute identité, toute singularité. Par conséquent, le Non ne pouvait aboutir à rien d’autre qu’à un statu quo. Et celui-ci n’aura pas survécu au changement de gouvernement, au changement à la tête de l’état.
Car c’est bien une « tête » qu’il faut, une tête suffisamment bien faite pour garder la conséquence de son projet, pour maintenir le cap, pour unir et rassembler en une destination commune, qui sera celle d’une nation, car s’il est une chose qui se vérifie en politique, c’est qu’on ne peut y arriver par quatre chemins… Mais seulement par la voix royale.

Pour répondre et illustrer ces questions, d’un point de vue somme toute singulier, le blogue des piétons du Roi vous propose ce texte de huit ans d'âge, quoique son actualité ne soit plus à démontrer et dans lequel l’auteur dépeint les stratégies nationalistes sous le prisme d’un royalisme sans concession !


COMPROMIS NATIONALISTE ?

« L’union fait la force. L’adage est bien connu. Aussi, nombreux sont ceux qui appellent de leurs vœux un compromis nationaliste, rassemblant les souverainistes républicains et les royalistes. Le cumul des hommes permettrait une dynamique et une efficacité supérieures.
Ce calcul quantitatif a malheureusement des effets pervers et enferme ses tenants dans le piège décrit par Yves-Marie Adeline. La volonté d’union à tout prix est un réflexe démocratique. Le pouvoir appartient aux plus nombreux. La priorité absolue des républicains est d’avoir beaucoup d’argent, de militants, d’hommes. Il faut rassembler, rassembler et encore rassembler. La doctrine doit être ambiguë, reposer sur des principes flous afin d’éviter les discordes et les schismes. L’élection appelle le rassemblement. Lorsque le rassemblement le plus large permet d’accéder, tant bien que mal, au pouvoir, les dirigeants restent prisonniers de cette assemblée hétéroclite. Il faut continuer encore et toujours à négocier, et cette négociation démocratique se fait mécaniquement vers la gauche.
La Droite s’inscrit dans cette logique quantitative de rassemblement, qui l’enferre dans le piège de la Gauche. Les souverainistes appartiennent à cette vielle tradition de l’échec systématique. Mais non, nous crieront-ils, indignés : nous irons jusqu’au bout. Et pourtant ils ont déjà abandonné l’essentiel au nom du rassemblement et de la quantité : ils veulent la souveraineté mais sans souverain. Ils se disent souverainistes mais laissent la tête du roi dans les mains assassines de la Gauche triomphante.
Les « souverainistes » sans souverain nous tendent la main. Certains se laissent et se laisseront tentés. Ils se retrouveront alors prisonniers avec la droite piégée, dans un train en partance vers la Gauche et la République. Le royaliste séduit ne tardera pas à être enfermé dans des négociations perpétuelles, condamné à ne partager avec ses compagnons de voyage qu’un ras-le-bol de café de commerce, loin de toute doctrine cohérente. Le compromis nationaliste ne serait que la première compromission d’une longue série. Ce piège, il ne pourra s’en libérer que par la formule magique : « je me suis trompé. »
Il ne peut y avoir de souveraineté sans souverain. Ceux qui abandonnent déjà le souverain de chair et de sang et le principe de légitimité pour une « souveraineté » républicaine toute en théorie feront encore bien d’autres abandons plus tard. Les « souverainistes » sans souverains ont déjà capitulé l’essentiel. Les capitulards sont des prostitués du royalisme, ils n’ont encore rien fait qu’ils veulent déjà s’arrêter pour négocier.
La politique ne se résume pas à cette logique quantitative du rassemblement à tout prix. Une alternative est possible : la logique qualitative. Lorsque la doctrine politique est cohérente, un noyau dur de quelques hommes déterminés se constitue. Au lieu de négocier à perte de vue pour rassembler des masse inutiles, ils attirent naturellement à eux d’autres hommes de volonté. Alors seulement le monde des possibles s’ouvrent. Il faut pour cela ne jamais négocier la colonne vertébrale de la doctrine dans des auberges espagnoles populeuses. Il nous faut bien rassembler, nous rétorquera-t-on. Si ce rassemblement se fait en dépit de la doctrine, préparons-nous aux schismes à répétition et aux capitulations successives de la Droite piégée à laquelle nous appartiendrons alors. Si ce rassemblement se fait au service d’une doctrine cohérente et non négociable , avec des hommes qui n’ont pas besoin d’être séduits pour agir, alors tout nous sera possible.»


Eric DEBAVELAERE

[Article paru dans "Le légitimiste" et archivé sur le site de Vexilla Regis]


Notes :
(*) votants 320, exprimés 307 : pour 265 et contre 42
(**) qui signifie mot à mot « autant de têtes, autant d’avis »





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10 commentaires:

  1. Habillés pour l'hiver, vos amis souverainistes peuvent désormais prendre le temps de ... positiver.
    Ouaf !

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  2. La France n'est pas morte jeudi dernier, mais il est certain qu'elle a les mains liées, peut-être pour l'empêcher de continuer les bêtises, comme on le voit aujourd'hui de la prodigalité électoraliste du pouvoir apeuré par les mauvais sondages.
    La souveraineté pour déconner comme bon lui semble à un chef de parti, merci, pas pour moi.

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  3. Sarkozy détricote toutes les réformes d'assainissement promises pour sauver sa popularité.
    Le comité de l'Euro semble avoir perdu confiance et patience.
    Le "jeune" marié va se faire "cadrer" par les pays plus sérieux qui ont besoin d'une monnaie crédible appuyée sur des finances nationales saines, juste avant sa présidence européenne, ce qui va encore nous faire passer pour des sauteurs.
    Pas mieux que Chirac finalement.

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  4. La balance commerciale pélagique de notre pays ne fait que révéler la détresse de la France.
    Les souverainistes qui osent parler d'indépendance devraient regarder à deux fois ce genre de "prouesses" nationales.
    Nous allons bientôt prendre les rênes de l'europe et ce dans un contexte extrêment défavorable aux intérêt français. Perte de crédibilité, scandales à gogos, dette abyssable, balance commerciale digne d'une économie africaine et par dessus tout un chef d'état qui prend le temps de se marier à la mairie pour la "X"ième fois... Président qui à force de s'agiter pour rien sur les moquettes de nos palais est une véritable "batterie 220V" chargée en électricité statique qui agacera à coup sûr nos partenaires zeuropéens...

    D'ici à ce que le comité européen mette le pays sous tutelle... ;-)))

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  5. Balance pélagique due à la raréfaction des morues ... en mer !

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  6. Qui a dit qu'il fallait augmenter les quotas de pêche français ? Sarkozy, futur président de l'Europe.
    On sait que la ressource diminue régulièrement, mais ce type n'a que de la gueule.

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  7. Je trouve la question des quotas de pêche différente puisqu'elle n'est pas équitable. Les espagnols par exemple ont le droit de pêcher sur nos côtes ce que l'on nous interdirait presque... Si les réserves poissonnières sont les mêmes pour tous dans les eaux qui bordent l'europe, pourquoi diable n'y aurait-il pas les même quotas ? Je ne crois pas que les pêcheurs bretons aient tout intérêt à saccager leur gagne pain et nous pouvons nous targuer d'avoir de bons marins qui respectent leur environnement.
    Deux poids deux mesures...

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  8. La géographie du Golfe de Gascogne est trompeuse. Nous estimopns possédertoute l'eau vers l'ouest perpendiculairement à la ligne côtière Charentes-Aquitaine alors que la ligne de partage franco-espagnole est une diagonale plantée à Hendaye et qui va vers l'Irlande.

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  9. Je ne suis pas spécialiste, mais au delà des eaux territoriales (à une portée de boulet de canon 3 miles je crois), il y a la zone d'économie exclusive 200 miles (la ZEE, si le pays la met en place) et ensuite la zone des eaux dites internationales.
    Ainsi la question qui se pose est de savoir si effectivement l'UE s'est créé une ZEE parmi les pays la composent auquel cas, c'est elle qui fixe les quotas sur "ses" eaux et donc si ce sont les mêmes eaux pour les européens (en l'occurrence les espagnols et français) pourquoi n'auraient-ils pas les mêmes quotas ? Ou alors, si l'UE n'a pas de ZEE et laisse les marins libres sur leurs eaux réservées, pourquoi mettrait-elle en place des quotas différents pour chacun ?

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  10. Nota d'après wiki, j'ai une partie de la réponse.
    L'UE a proposé "une stratégie pour le milieu sous-marin" validé par la commission le 17 oct 2007 (donc très récent, quoique le projet daterai de 2002), stratégie qui : introduit le concept d' « eaux européennes » (« eaux situées au-delà de la ligne de base servant pour la mesure de la largeur des eaux territoriales et s'étendant jusqu'aux confins de la zone placée sous la souveraineté ou la juridiction des États membres, y compris le fond et le sous-sol de l'ensemble de ces eaux »).

    Article wiki : "droit de la mer"

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