mercredi 2 avril 2008

Priorité au mental

jeunes grecques en robe plisséeLe Parti communiste chinois rapporte la flamme olympique à Pékin au travers de cérémonies exotiques, assez cocasses dans l'inégalable drapé grec, à cent lieues de l'empreinte des traditions du céleste empire.
Qu'importe ! Le moindre des esprits simples voit une grande distance entre la "gestion" chinoise des traditions morales et religieuses du Haut Pays et l'esprit olympien du serment.
Au fait, ce drapé est un plissé qui se trouve dans la statuaire bouddhique à l'Ouest de l'Himalaya, l'orient extrême d'Alexandre le Macédonien.


Dans le coeur des peuples du monde entier le Tibet a ravi la vedette à son formidable suzerain. Tout ce que fait la Chine ces temps-ci est jugé et dévalorisé par rapport au Tibet. Tant d'efforts pour se faire avoir sur le dernier kilomètre. L'image du Dalaï Lama est surimpressionnée à toute image des Jeux. Monsieur Rogge n'avait pas prévu que son "préféré" se vautrerait si lamentablement au grand dam des sponsors internationaux. Les marchands ont-ils ruiné le temple ? Ce ne serait pas un scoop. Après les prévarications du clan Samaranch et la corruption généralisée du comité international olympique, nous avons aujourd'hui les ondulations du Dr Rogge dont on disait tant de bien. Par opposition à son prédécesseur sans doute, pensait-on qu'il ne pouvait être pire. Le malheureux est aux ordres de Messrs. CocaCola & Consorts qui pourraient avoir plus de poids que MM. Kouchner et Sarkozy pour soulager le peuple tibétain, en sommant Pékin de cesser de jouer avec leurs milliards.

En fait ce sont bien deux concepts de la libéralisation des moeurs qui s'affrontent dans les provinces occidentales chinoises. Là, un dépouillement des contraintes anciennes dont la moindre n'était pas celle d'épargner sou par sou pour se nourrir, mais concurremment avec le désir de rompre aussi avec les superstitions très fortes - la Vieille Chine - et s'enivrer de consommation et de matérialité. Mon empire pour une Volkswagen !
Ici, il s'agit bien avant tout de se "libérer" de l'ignorance, et de tous les maux qu'elle engendre. On comprendra qu'il ne s'agit pas que d'alphabétisation, mais surtout de l'appréhension savante du "monde réel et caché" par la méditation et l'apprentissage des techniques de raisonnement.
Il y a entre les deux une différence de strate spirituelle qui ne pourra être comblée que par l'élévation de l'âme chinoise à ce jour complètement capturée par la civilisation mercantile. Il y a des signes encourageants.

le 14 DLLe principe axial du bouddhisme est la notion d'interdépendance de tous les êtres sensibles en réseau inextricable, le filet magique d'Indra, le coeur de la matrice vivante. Aussi quand le 14è Dalaï Lama dit : « Détruire votre ennemi est vous détruire un peu vous-même », il doit être le seul Tibétain à souhaiter le succès des jeux olympiques à Pékin. S'y ajoute cette foi de pouvoir changer le monde par le seul regard qu'on lui porte. Effectivement si "le monde" n'est que la perception que nous en avons, la modifier le change aussi. Par cet angle d'attaque, le Dalaï Lama a converti l'exil forcé de 1959 en opportunité d'aggiornamento du cadre politique et des rites ancestraux. Ce que lui reprochent ses intégristes. Mais n'ayant pas daigné approuver les comportements sociétaux subalternes (divorce, liberté sexuelle) il reçoit la critique de ses fidèles occidentaux, addictés aux "droits". Pas simple, surtout quand il dépasse la strate religieuse et nous recommande, à nous Français, de ne pas creuser le bouddhisme qui nous est étranger mais d'en utiliser les clefs de méditation pour approfondir celles de nos propres traditions spirituelles dont les racines sont les plus profondes.

Formée par cette Science de l'Esprit qu'est le bouddhisme tibétain, et avec l'ouverture forcée au monde moderne dès l'âge de dix ans, la diaspora tibétaine dispose d'une éducation de haute qualité jusqu'à devenir un vivier d'excellence.
Dans le monde entier, cette diaspora a converti autour d'elle, revivifiant la religion traditionnelle par l'exploration logique de l'âme, en déracinant littéralement la culture et les rituels tibétains jusqu'à l'osmose avec les autres religions dans le Village Global.
Sorti de l'Himalaya, ce bouddhisme se propage avec force, et tout ce qui arrive au malheureux Tibet l'accélère. A tel point que l'on compte en France plus de bouddhistes déclarés que de protestants ou de juifs. Les centres bouddhistes tibétains prolifèrent partout. Taïwan en compte deux cents ! Il serait étonnant que la Chine continentale ne soit pas touchée à son tour par la grâce. New York City en a déjà quarante, et les Chinois n'ont d'yeux que pour les Etats-Unis ! Finalement l'exode a sauvé le Tibet hors du Vieux Tibet. Le Tibet peut exister en esprit, en imagination, en mentalité, même sans le Haut Pays. Une certaine communauté culturelle peut survivre hors-sol, si elle partage de solides racines spirituelles. C'est le cas des Tibétains, et les Chinois savent bien qu'ils ne captureront pas plus leurs âmes que les fantômes qui les effraient tant.
Palestiniens, Ouigours, Kurdes entendent le message. Les Juifs firent en leur temps la démonstration.

du filet d'Indra
Malgré l'exode, la terreur et les efforts d'écrasement de la culture ancestrale (retenus depuis quelques années, mais qui n'ont pas empêchés la révolte), l'aggiornamento tibétain a surclassé le niveau mental de ses adeptes grâce à 68 ans de règne éclairé du 14è Dalaï Lama, et peut-être un peu aussi au sentiment de précarité de la communauté qui a plongé dans le mental, seule porte sure de la sérénité.
Les royalistes pourraient en tirer la leçon qu'il ne suffit pas d'appliquer le précepte confucéen de maintenir les rites pour maintenir la foi en leur noble cause. Ancrés par nos racines culturelles dans la tradition, il faut laisser pousser l'arbre qu'elles portent. Le royalisme évolue, il suffit de regarder les modèles en vigueur. Dépasser ainsi les schémas datés en préservant les principes qui les ont créés, principes qui le plus souvent visaient un coeur de cible très concrète, et inventer les outils futurs d'une gouvernance apaisée et juste. La monarchie est un système utilitaire de gouvernement d'un pays réel en évolution continue ! A nous de le comprendre, sauf à préférer pleurer chaque 21 janvier.

Quant au Sport, il s'honorerait de revenir à ses fondamentaux et de ramener les Jeux à Olympie. La Grèce qui a tant donné au Monde (même bouddhique ! le plissé !) en a peu reçu, et mériterait cette reconnaissance.
Les athlètes antiques devaient être grecs, citoyens capables, et ne pas être accusés de meurtre ou de sacrilège. Avec une modernisation de ces règles, nous éviterions à l'avenir de voir le Boucher de Lhassa devenu président de la République populaire de Chine accueillir la flamme olympique en période de pacification musclée des monastères tibétains.
L'olympisme nomadisant tourne au gag tragique.


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