Le Caucase partagé en deux versants nord et sud, bien séparés par une ligne de crêtes d'altitude, est un fourmillement d'ethnies semblable aux Balkans. il n'est en aucune partie européen, ce qui ne nous empêche pas d'y faire de téméraires représentations. Nous n'avons pas déjà lâché le bâton merdeux yougoslave que nous sommes allés saisir le caucasien ! Quelle mouche pique l'Union européenne, France en tête, de se mêler de tout. Décidément nos effervescences diplomatiques couplée à l'ingérence béhachélienne nous mène chaque fois au fossé, forts en gueule et pas longtemps si l'interlocuteur hausse le ton.
Toute la zone est depuis toujours dans la mouvance stratégique de la Russie. L'Arménie, qui doit historiquement sa survie à l'Union soviétique, l'a parfaitement intégré dans son schéma de collaboration régionale. Pourquoi la Géorgie n'en a pas fait autant est un mystère, d'autant que le président géorgien Chevardnadzé, ancien ministre soviétique de Gorbatchev, avait accepté un modus vivendi praticable pour quelques décennies au moins. C'étaient peut-être sans compter avec les forces nationalistes abkhaze et ossète qui ont "poussé au crime" le grand-frère russe pour se mettre sous son ombre tutélaire.
Le reflux impérial consécutif à l'implosion de l'URSS n'était qu'un temps creux dans la chronique hégémonique des Csars. Moscou reconstruit ses marches, patiemment, et sans frais exorbitants, à l'exception d'une hypothèque sur un lointain futur car le bâton merdeux ne l'est pas moins pour elle-même !
Les Tchétchènes, les Ingouches, les Avars et cinquante autres, ne sont pas sûrs pour l'empire renaissant, ce qui n'empêche pas qu'il soit dirigé par un formidable joueur d'échecs, Poutine.
Ses atouts ne sont pas minces :
Il dispose d'une cohésion nationale forte, de matières premières indispensables à ses voisins, mais s'ils le boudent, markétables par le monde entier, d'une technologie militaire de pointe disposant d'arsenaux actifs et d'un marché intérieur convoité par la capitalisme mondial. Son contempteur principal, les Etats-Unis, est embourbé dans son propre impérialisme, et dans trois cas au moins ne peut manoeuvrer sans l'assentiment russe : en Iran, en Afghanistan et en Corée du Nord.
On parlera longtemps de la démarche irresponsable du Pentagone qui n'eut de cesse d'encercler la Fédération de Russie en même temps qu'il sollicitait ailleurs son appui ; jusqu'à créer en Géorgie une armée succursale de la sienne, tellement américanisée qu'il fit croire au pouvoir géorgien que l'attaque de sa province ossète se ferait d'ordre et pour compte la bannière étoilée. Mal lui en prit !
Poutine avait un coup d'avance, la main droite posée sur la vanne de Gazprom, la gauche sur le codex international de dépeçage slave créé par nous pour le Kosovo. Ses forces de réaction étaient prêtes, à l'affut. Il ne "subit" aujourd'hui aucun autre revers que les déclarations solennelles des Occidentaux qui viennent de se faire moucher d'importance.
Je crois bien que le président de l'Union européenne n'est pas au niveau requis par la gestion d'une crise continentale d'ampleur. Nous ne sommes plus au stade d'élaborer un compromis d'avocat sur la nappe en papier du Café du Palais, mais à celui d'exécuter un schéma diplomatique réfléchi, depuis longtemps, et testé. Or ce n'est apparemment pas le cas, les éructations de M. Kouchner nous le montre. Nous n'avons rien dans notre dossier. Nous n'avons rien dans aucun dossier du Quai.
Saurons-nous tirer les leçons de cette cagade en rabattant d'abord notre morgue ? Qui sommes-nous pour dicter leur conduite aux vieux empires ? Est-ce parce que nous avons perdu le nôtre que nous nous autorisons à donner des cours du soir au monde entier ?
Reconstruisons d'abord notre Etat, notre économie, notre moral et nos armées. Aujourd'hui nous n'existons plus. La Chine nous en a convaincu au début du mois en exigeant la présence de Sarkozy aux illuminations pékinoises puis en lui interdisant de rencontrer le Dalaï Lama ; c'est au tour de la Russie qui va nous dire où nous pouvons "faire" ; avant que les Etats-Unis ne nous arrache le dossier géorgien des mains pour cause d'impuissance bruyante.
Quand cette reconstruction sera achevée, nous aurons bien le temps de nous préoccuper de notre gloire dans les affaires du grand monde, avec des gouvernants responsables et compétents, autant dire du sang neuf !
Pour le moment, nous avons jeté l'Union européenne dans la gueule de l'ours avec une petite buchette de tendre peuplier pour la tenir ouverte.
Chapeau les cons !
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