lundi 22 septembre 2008

Austérité annoncée

Ainsi l'expert international en gestion macroéconomique que le monde nous envie, celle qu'on entend venir comme Sarah Bernhardt, avoue s'être vautrée dans ses prévisions de croissance pour 2008. La faute aux "services".
le ministre LagardeMalgré les quolibets des économistes patentés, Bercy maintenait à la fin de l'hiver contre vents et pets sa croissance française de 2,25%, puis 2% pour 2008, jusqu'à ce que les autorités supérieures (OCDE, FMI) lui signalent que le reste de la planète Finances n'était pas sensible à sa propagande. Au mois de mars les "services" déclaraient par la voix du ministre : « L’économie française est plutôt plus solide et plus résistante que celle de nos voisins européens », ce qui donc justifiait complètement notre optimisme et le différentiel annoncé avec l'Allemagne qui ne savait pas faire, et descendait sa propre prévision à 1,70% déjà ; elle va terminer l'année à 1,80%.

Le pourcentage politique de Mme Christine Lagarde dut ensuite dégringoler au niveau de la réalité bête comme chou : 1,75 et maintenant 1% sans même passer par le palier des 1,50. Désormais c'est sûr, la France ne pourra mieux faire que 1% ! Ferait-elle moins ? Poser la question est déjà une insulte aux "services". Mais le 1% réel est tout de même assorti de la condition que les prix des matières premières continuent de baisser. Ce qui est un voeu, un simple voeu, la promesse d'un ex-voto à la chapelle de Sainte Rita, boulevard de Clichy.
En fait le 1% n'est pas moins politique que ne l'était le 2,25% de la Noël 2007 pour cette année-ci, puisqu'il peut très bien descendre à 0,50 dans deux mois, et pour ce qui concerne 2009, atterrir sur un pathétique 0. Simplifions nous la mémoire : il n'y aura pas de croissance en France l'an prochain.

Toutes choses égales par ailleurs, c'est à dire, le pays étant géré de la même manière qu'aujourd'hui avec les fonds de tiroirs et l'adjudication hebdomadaire des bons du Trésor (Dette à creuser), les prévisions économiques pour notre pays dépendent entièrement de facteurs extérieurs non maîtrisables par M. Sarkozy. Citons-en quelques-uns pour nous rafraichir les idées :

1.- état de survie du secteur bancaire américain et des porteurs de bons (nous sommes mouillés) ;
2.- croissance différentielle du BRIC (groupe Brésil, Russie, Inde, Chine) par rapport à l'OCDE ;
3.- profondeur de la récession américaine (il faudrait que le BRIC accroisse sa croissance de 25% pour compenser la récession américaine, ce qui est impossible puisque la Chine a 40% de sa croissance tirée par l'Amérique ;
4.- attrait des marchés de matières pour les spéculateurs après leur fuite des marchés de produits financiers dérivés ;
5.- embrasement ou pas du Pachtounistan nucléaire ;
6.- plus ce que vous trouverez par vous-même ...

Vous remarquerez qu'il n'y a aucun facteur politique dans la liste sauf le n°5. C'est peut-être que ma liste n'est pas la bonne. Vous remarquerez aussi que la gestion économique assumée par le gouvernement français est de nul effet sur sa propre prévision. Nous flottons comme un bouchon de canne à pêche sur l'océan économique mondial.

chute de Lehman Bros
On pourrait donc économiser déjà le ministère des finances en laissant la prévision aux experts internationaux de l'OCDE par exemple, et ne conserver à Bercy que le ministère du Budget, celui qui exécute (dans les deux sens du terme), le même qui a chassé la taxe pique-nique dans les WC de la démagogie et va dynamiter le bonus-malus automobile ruineux pour le Trésor.

En quoi la prévision de croissance économique est-elle importante ?
Par des modèles mathématiques éprouvés sur résultats, elle permet d'anticiper les rentrées fiscales et donc de conduire la dépense budgétaire. Mais elle est d'abord utilisée pour mesurer l'ouverture de crédits aux divers acteurs de la sphère publique ; c'est un outil de promesses et en ce sens un outil politique. Plus forte, elle affiche une certaine indulgence dans le jugement de Bercy ; faible ou nulle elle annonce l'austérité. Les mauvais résultats de l'économie française - triple déficit, budgétaire, commercial et paiements - sont actés par cette annonce du 1% que tout le monde économique ramène à "zéro" pour 2009 : l'austérité est donc au programme de 2009.

Nous ne sommes en position d'acteurs inter pares que sur le point 5 de la liste. Il paraîtrait que nos parlementaires seraient en train de débattre de l'opportunité de nous retirer de ce domaine d'intervention trop éloigné de la ligne bleue des Vosges, et de nous cantonner à la position de levrette qui a la préférence de nombreux édiles. Les élections sénatoriales d'hier soir ont diablement renforcé le parti de la pétoche.

drapeau pachtoune
Sans croissance et sans attributs distinctifs du genre, pourrons-nous exister demain dans les enceintes internationales quand M. Sarkozy aura remis sa jaquette de président français à la St Sylvestre ? Mais bien sûr, nous ne laisserons pas Belfort sous le feu des canons allemands !

Vive la République, vive la F...
"la garde meurt mais ne se rend pas !", elle est morte !



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