Que voyons-nous aujourd'hui ? La révélation que nos marques nationales sont à l'évidence des dinosaures. Les modèles construits autour d'un marketing effréné de l'inutile ne captent plus l'attention de l'automobiliste qui commence à se reprocher de l'avoir été. A leur décharge il faut dire que les constructeurs qui dans le passé ont joué l'utilité et non la frime, s'en sont mordus les doigts ; le consommateur n'est pas vraiment raisonnable. Ainsi quand Volkwagen sortit sa 411 en 1968, il livrait au marché une voiture conçue dans un esprit d'intelligence mécanique avec un souci de prix serré. Sans la photo ci-dessous, vous ne vous en souviendriez pas. Le forum "flat-four" vous la présente ici.
Ayant eu l'occasion d'en conduire une en 1970, je témoigne qu'elle était très sure, véloce, solide et donnait l'impression de faire son Paris-Léningrad sans pépins, ni hâte ni retard. Son moteur increvable passera ensuite sur les "Kombi", les fameux "quatraplat".
Aujourd'hui où le réseau routier est patrouillé de motards et coupés de radars automatiques, la VW411 avec son habitabilité remarquable, retrouverait des couleurs, nonobstant une consommation de 10L/100 qui serait trop élevée pour notre porte-monnaie.
Le plan de relance français de l'industrie automobile est très critiqué par nos partenaires européens qui y voit le retour d'un protectionisme meurtrier (celui qui avait aggravé terriblement la crise de 1929) surtout quand il soutient la production en cours, de moins en moins adaptée au marché ; en demandant mollement de pousser la recherche s'il reste des sous ...
L'hypocrisie du ministère cache mal le vagabondage des idées qui semblent surtout avancées pour apaiser le climat social tendu. Ainsi Mme Idrac, sous-ministre des exportations, nous explique dans le même élan que nous ne faisons pas de protectionisme - oh le vilain mot - et que les fonds distribués vont impulser nos ventes aux Etats-Unis (où le Sénat a décrété le "Buy American !" - ndlr). Si les officiels français derrière les constructeurs français pensent que c'est le marché nord-américain en plein marasme qui va soutenir notre production automobile, il y a des coup de pied au c... qui se perdent. Bien sûr, l'Europe est saturée d'usines, il faut aller plus loin.
Et plus loin, ce ne peut pas être la Chine (par exemple) puisqu'ils multiplient les avanies volontaires à notre endroit. Pour réamorcer la pompe, les crânes d'oeuf en galetas élyséens avaient proposé un grand raout au petit reître pour célébrer le 45ème anniversaire de la reconnaissance diplomatique de la République populaire par le général De Gaulle. Imaginez le truc, le dépôt de gerbe à l'Arc, la musique de l'infanterie coloniale, le banquet parlementaire, le banquet présidentiel, la soirée à l'opéra, la visite à Colombey, le programme spécial sur FR2, etc.
Sauf qu'à défaut de réponse depuis Pékin, c'est l'ambassade de l'avenue Kléber qui s'y est collée, organisant une petite réception de 30 couverts, présidée par M. YANG Wenchang, président de l'Institut de Politique Etrangère du Peuple Chinois (?), auquel fut présenté ... le bossu du Poitou qui n'a pas une cote d'enfer à Zhongnanhai et ne connaît rien au sujet, encore moins aux signaux pourtant évidents émis par la machine diplomatique chinoise qui se fout ouvertement de nous.
Cet olibrius, croyant avoir été nommé expert sinique par le petit gueuleton, est passé ensuite dans les étranges lucarnes pour nous assurer de la reprise, que dis-je, de l'accroissement de nos relations commerciales. Ce n'est bien sûr pas l'avis du Premier ministre Wen Jiabao qui a signé en janvier des contrats dans toute l'Europe sauf ici où il a décidé de ne pas apparaître. Soit !
Nous aurions aimé entendre de la bouche des consructeurs automobiles leur plan de sortie de crise. Dans un pays libre de parole comme le Japon, Carlos Ghosn, patron de Nissan, a simplement décidé d'ajuster ses moyens de production au niveau du marché en attendant l'embellie probable dans deux ou trois ans. Nissan supprime 20.000 postes de travail pour réduire sa production de 790.000 véhicules en 2009. Je ne vois pas pourquoi le même patron, de Renault cette-fois, serait dans des dispositions sociales concernant la marque française. Renault annonce 9000 postes supprimés dans le monde. Ce qu'il ne peut couper ici, il va le couper ailleurs et exportera donc du chômage. Les pays hôtes d'usines Renault ont bien raison de s'inquiéter, et sans doute vont-ils rendre la monnaie de ce protectionisme non officiel.
Christian Streiff, PSA, ne peut pas faire mieux, qui annonce 6000 départs dans le monde.
Qu'ont fait leurs bureaux d'études jusqu'ici est la vraie question. Il est ahurissant que 6 ans après le lancement du "démonstrateur" Prius par Toyota, l'industrie française, une des plus innovante au monde, n'ait toujours pas mis sur chaîne au moins un modèle de véhicule hybride. A part le volant à moyeu fixe de Citroën, je ne vois rien qui me bluffe. Si ! Chez Citroën justement : le concept-car Cactus qui ne conserve que l'essentiel pour chasser le poids et les pannes. Citroën a voulu mettre en avant les notions d'écologie et d'économie, avec une attention toute particulière sur la réduction du nombre de pièces, et le regroupement de différentes fonctions ; pas de planche de bord,les instruments sont dans le fameux volant ; le groupe moto-propulseur est mixte, thermique et électrique ; et le concept bénéficie de plein d'astuces comme sait les trouver Citroën quand ses ingénieurs y croient. Mais la voiture présentée en 2007, n'est pas dans la rue.
Serait-il venu à l'esprit des hauts dirigeants de PSA de mettre le Bureau Méthodes Citroën aux 3/8 pour raccourcir le chômage technique des usines ? On vous répondra que ce n'est pas lié, qu'il faut industrialiser le concept-car, etc... et qu'il y a des procédures, les RTT, ...
Les crises graves sont l'occasion de remises en cause, d'ajustements techniques et ...mentaux. Que viennent faire les SUV 4X4 qui arrivent dans les catalogues ? Comment voulez-vous évoluer si l'on dorlote la vieille industrie dans des segments de marché dépassés. Mais les pouvoirs ont addicté les peuples à l'opium de l'Etat-providence qui s'occupe de tout - même de l'accompagnement des familles aux soins palliatifs - et les gens ne comprendront jamais qu'il faille faire le saut technologique en saignant un peu, sous peine de disparaître plus tard comme les dinosaures automobiles d'après-guerre.
Nous endettons nos enfants pour des milliards sur de vieilles idées.
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