jeudi 19 mars 2009

Cassez le doute !

L'affaire Cassez arrive à point pour relayer les SDF au Pipoland qui voit avec angoisse revenir les beaux jours. Il est loin le tohu bohu betancouriste qui avait meublé les longues soirées de l'hiver 2007 à attendre en vain que meure la martyre colombienne. Dieu (à ses dires) s'était mis en tête de la sauver des griffes de la Révolution à moitié incinérée par un président-marteau.
"On" nous dit depuis qu'elle ne fut jamais en détention la victime suppliante, mais un joli brin de kapo capable de mettre en péril ses voisins américains pour faire carrière dans la jongle. Chacun se démerde comme il peut pour survivre chez les Comanches. Elle en est sortie... et demande le divorce !

Cassez, c'est du sérieux et facile en plus. Plus question de mélanger la Révolution bolivarienne et les Contras étatisés. Les méchants c'est eux, tous ensemble; les gentils c'est nous ! Même un enfant de CM1 peut gober la fable.

On l’a accusée de participer à des enlèvements. Le parti de Cassez nous signale que l'accusation a été montée de toutes pièces et qu'elle obéit à d’obscures motivations ; alors que Mlle Cassez clame son innocence depuis le début. Comme nul ne voit à qui profiterait le malheur de la Française il faut gratter un peu.

L'obscure motivation est bien celle qui a conduit l'ex-otage du gang du Zodiaque, la señora Rios Valladoras, à charger la fiancée du pirate qu'elle n'a jamais vue (au dire de la condamnée). Pourquoi plomber la belle "inconnue" alors que la police détenait déjà le meneur de jeu Israel Vallarta Cisneros, organisateur du séquestre. Ca vaut le coup de lire son témoignage livré à La Jornada le 13 juin 2008, dont bien sûr pas un mot n'est vrai :
(Original espagnol long à charger aquí)

Mon nom est Cristina Rios Valladares et j’ai été la victime d’une prise d’otage, au coté de mon époux Raul (libéré quelques heures plus tard pour réussir le sauvetage) et mon fils qui avait 11 ans. Depuis ce jour notre vie a totalement changé. Aujourd’hui nous souffrons d’un exil forcé par la peur et l’insécurité. Ma famille est détruite. Ce que mon fils et moi avons vécu du 19 octobre 2005 au 9 décembre de la même année, est indescriptible. 52 jours de captivité pendant lesquelles je fus victime d’abus sexuel et, les trois d’une torture psychologique. Le 9 décembre nous avons été libérés lors d’une opération de l’Agence Fédérale de Recherche (AFI). Israel Vallarta et Florence Cassez furent accusé de nous avoir pris en otage, puis ils furent arrêtés, cette dernière d’origine française, se présente maintenant comme la victime et non pas comme complice du jugement.

« Depuis notre libération, ma famille et moi nous vivons à l’étranger. Nous ne pouvons pas revenir à cause de la peur, car le reste de la bande n’a pas été arrêté. Depuis notre refuge, car on ne peut pas appeler maison un lieu où nous avons été forcé de vivre (à cause de l’insécurité), nous avons appris la nouvelle de la peine de 96 ans de prison que Florence Cassez méritait, cette femme dont j’avais écouté la voix à de maintes reprises pendant ma captivité…la même voix d’origine française qui bourdonne encore aujourd’hui dans mes oreilles, la même voix que mon fils reconnaît comme celle de la femme qui lui prit du sang pour l’envoyer à mon époux avec une oreille qui lui ferait penser qu’elle appartenait à son fils.

Maintenant j’apprends que Florence réclame justice et clame son innocence. Et moi j’entends dans ses cris la voix de la femme qui, jalouse et furieuse, criait sur Israel Vallarta, son petit ami et chef de la bande, que s’il recommençait à s’approcher de moi (elle entra par surprise dans la pièce et elle le vit m’embrasser) elle se vengerait sur moi. Florence raconte « le calvaire » de la prison, mais elle voit sa famille dans le pénitencier, elle fait des appels téléphoniques, elle réalise des interviews pour la presse et elle ne craint pas chaque seconde pour sa vie. Je ne détaillerai pas ce qu’est un véritable enfer, c’est-à-dire, une prise d’otage.

Ni ma famille ni moi n’avons l’envie ni la force de faire une campagne médiatique, diplomatique et politique (comme celle que sa famille est en train de réaliser), pour permettre au gouvernement français, à la presse nationale et internationale d’écouter l’autre version, c’est-à-dire, celle de la parole des victimes de la bande à laquelle appartenait Mademoiselle Cassez. Florence qui est une preneuse d’otage et non pas seulement la petite amie d’un preneur d’otage (avec lequel elle vivait dans un ranch au moment de la captivité de mon fils et moi), l’idée qu’elle puisse apparaître comme une victime et qu’elle lutte pour qu’on modifie sa condamnation. Si elle y arrive ou non, ce n’est pas à nous d’en juger, bien que cela continue à nous blesser.

Cette lettre est uniquement pour nous soulager. L’affaire est aux mains de la justice mexicaine. Nous n’interviendront plus publiquement, nous ne donnerons plus d’interviews à la presse (notre indignation nous a poussés à en concéder quelques unes), nous utilisons et utiliserons toute notre énergie pour protéger l’intégrité de notre famille et dans le but de nous guérir du mal qu’ils nous ont fait. La nouvelle effervescence que ravive l’appel de la condamnation et le remous médiatique qu’il provoque nous met de nouveau en danger.

Merci pour votre attention.
Cristina Rios Valladares »


Cette lettre a été reproduite sur plusieurs blogues (dont Rue89) mais curieusement n'a fait l'objet d'aucun rebond dans la presse "mainstreet". A ce témoignage accablant, le génie du barreau, Me Berton, n'oppose que des viols ... de procédure, des fautes de dates dans les dossiers et finalement, dénonce le bordel judiciaire mexicain, mais ne conteste pas la matérialité du témoignage ci-dessus, sauf en mettant en avant la rédaction d'une page de l'instruction qui délocaliserait le lieu de séquestration loin du ranch.

Cassez est condamnée pour quatre enlèvements, alors que son avocat conteste le quatrième. Il aura gain de cause puisque un jugement d'appel enlèvera 20 ans sur 96¹ le 3 mars 2009, de même pour les peines accessoires mal fagottées (b, c et d de la note 1). Il en reste 60 pour 3 enlèvements qui, semble-t-il, ne peuvent être contestés faute de moyens d'attaque, et malgré le désordre inimaginable de la procédure !

Flore,ce et Israel
Le président des Droits de l'homme et protecteur de l'irréprochable justice française a-t-il fait la leçon à son homologue mexicain ? Cela m'étonnerait de la part de l'ancien chef de la police qui fit face à ce genre de "démontage" quand il était place Beauvau. Il est probable que l'on s'est contenté de gérer la question médiatique et que Mlle Cassez rentrera en France purger la moitié de sa peine ramenée sans doute à 20 ans par confusion des deux autres, même si ce n'est pas orthodoxe. De toute façon le public mexicain n'en a cure au milieu de la rafale de rapts en tous genres qui ponctue ses semaines !

Comme tous les gens impliqués en France malgré eux par les médias hexagonaux, je juge sur les pièces diffusées, pas sur une audience privée de la plaignante ! Pour moi le témoignage de Mme Rios Valladeros - La Jordana n'a pas été assignée pour l'avoir fabriqué - contredit la thèse "familiale" de la blanche caille jetée aux chiens. Quant au foutoir exotique ... il n'est que de prononcer "Outreau" ou "Villemin" pour s'en affranchir.

Mlle Cassez va rentrer faire ses 10 ans. Peu de chances que son fiancé Israel l'accueille à la sortie, il n'est pas encore jugé. M. Delanoë va-t-il déployer le calicot au balcon de l'Hôtel de Ville, car au fond c'est sans doute un chic type ?


Note (1): Les 96 ans se décomposent ainsi :
(a)- 4 enlèvements (20 ans chacun)
(b)- association de malfaiteurs : 8 ans (l'avocat dénie l'association puisque aucun complice n'a été arrêté et que la loi mexicaine fixe une association à trois membres)
(c)- possession d'armes : 4 ans (aucune arme n'aurait été retrouvée au ranch)
(d)- possession de munitions : 4 ans (ça va avec sinon le pistolet est un simple outil contondant)






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