Ces messieurs de l'intelligentzia universitaire iront-ils jusqu'à nous dire que le brouillard politique actuel participe de la crise systémique du régime démocratique qui par essence sert de marchepied aux plus malins des hommes de pouvoir, camelots de Noël et bateleurs de foire, avides de gloire, de parades motorisées comme le Béchir du Soudan, impatients de se voir à la une des journaux du matin, dans des reportages critiques ou louangeurs, ou des photos volées, n'importe quoi dès lors qu'on écrase ses pairs par le matraquage médiatique avec le faux espoir de laisser en prime une page d'Histoire.
De ses deux premières années de présidence ne resteront du petit reître que Carla Bruni à poil et le retour dans les commandements intégrés atlantiques !
Notre démocratie d'images est devenu un jeu vidéo et notre maître à sauter le Super Mario de la Galaxie. Ou le barbier de Séville, figaro-ci, figaro-là ! Les résultats apparaissant catastrophiques aussitôt que les stations de ski se seront vidées, les prochaines élections (européennes cette fois, mais ce pourraient être n'importe lesquelles) seront la soupape périodique des humeurs d'un électorat en pleine errance idéologique ; ce même peuple qui accorde aujourd'hui 71% d'opinions favorables à Jacques Chirac, président inutile de l'Immobilité et du Salon de l'agriculture ! Seraient-ils bons les résultats qu'ils ne le seraient pas été assez, et le zapping fonctionnerait de même, pour changer d'écran. Au suivant, au suivant ! Le peuple des veaux clique !
La crise mondiale nous convoque à la piqure de penthotal. Le château de sable de nos retraites, l'impéritie de nos banquiers, le mélanome syndical, l'intoxication de l'industrie par l'énarchie, la flibuste politique qui campe dans les allées parlementaires - ces fameux connards de M. Villepin - la bureaucratie universelle qui ronge libertés et ressources rétreintes, et les faux-semblants de solidarité gagés sur la banqueroute promise, tout cela peut s'écrouler demain si d'aventure les payeurs de dernier ressort, nos enfants et leurs enfants, s'en vont !
La mondialisation qui sert de bouc émissaire au désert de nos projets, ouvre un champ inédit aux générations montantes, celui de l'exode facile. Grâce à la démobilisation douanière et la dérégulation générale, il suffit de parler la langue du pays cible pour s'y rendre et y faire son trou. Si les pays francophones ne sont pas dans le top-50 en dehors du Canada et de quelques pays d'Afrique, avec l'anglais ou l'espagnol on couvre presque tout le spectre.
Le mouvement a commencé. Dans la dernière décennie, c'est l'entreprise qui expatriait ses collaborateurs pour développer ses marchés étrangers. Ainsi croisait-on en Chine des "expat" anglicisants qui couraient d'un hôtel à l'autre engoncés dans l'uniforme réglementaire bleu et gris. Puis vinrent les "Chung Kuo-thru"¹, souvent juifs d'ailleurs, qui traçaient leur route en polo et caterpillars, parlaient mandarin ou cantonais et vivaient seuls à la chinoise, dans la grande tradition des Missions de Paris. Leurs sous dépendaient des succès de leur intermédiation entre les usines chinoises et occidentales, activité désignée par le "trading". La plupart en fin de carrière s'établissent "consultants" dans un appartement de la côte chinoise et deviennent des "moins de 6 mois"²
Mais le phénomène récent est l'immigration "vulgaire", celle des commerçants ou artisans un peu gonflés qui apprennent le chinois pour ouvrir boutiques ou ateliers ou restaurants au coeur même de la capitale nationale ou provinciale, et ... risquent d'y faire fortune. Leurs enfants arrivent déjà dans les écoles françaises ou occidentales des grandes villes avant que, dans peu de temps, ils ne les mettent à l'école chinoise parce que son niveau monte. Leurs cursus universitaires se dessinent au sein de la compétition internationale. La Chine a aujourd'hui des facs de premier choix comme celle, entre autres de Zuhai où professe un des lecteurs américains de ce blogue. Le top évidemment est d'intégrer l'Université Qinghua de Pékin ou l'Université de Hong Kong, mais l'examen d'entrée est assez difficile. Les Français se cosmopolitisent plus rapidement qu'à l'époque de l'empire.
Incrustés ailleurs, ils sont déjà nombreux puisqu'ils font vivre 667 agents du Quai d'Orsay en France et 2000 agents consulaires expatriés. L'usine à papier traite 6 500 copies d’état civil et délivre 800 passeports par jour ouvrable. Combien sont-ils nos compatriotes ?
Au 31 décembre 2007 : 1.326.087 inscrits sur les registres du Quai. Les non-inscrits sont estimés à 900.000, ce qui ferait donc 2.200.000 ; le chiffre progressait de 4% par an jusqu'ici. Malgré ou à cause de la Crise, il s'accélère, et les non-inscrits progresseront plus vite que les autres, du moins dans les activités économiques individuelles ou familiales, pour des raisons fiscales et de police aussi.
Tous ces gens proviennent des forces vives de la Nation, ils en sont même la crème pour réussir comme ils le font sans diplômes souvent. Jusqu'ici on parlait de la fuite des cerveaux pour se flatter un peu, mais les populations de "savants" n'étaient pas énormes. Le drainage actuel de M. Toutlemonde-un-peu-courageux posera les mêmes problèmes bientôt que ceux provoqués par l'immigration choisie sarkozienne dans les pays d'émigration où les meilleurs partent.
Pour nourrir la Bête qui ne crèvera pas tant qu'il restera l'épargne des ménages à dévorer, resteront les poissons d'eau douce, les entrepreneurs de beau temps, les petits miquets de la Haute et ces couillons d'épargnants qui auront tout mis dans la Rente et le Livret A.
Quand donc ce pays sera-t-il gouverné par des gestionnaires instruits et intègres ? Quand saurons-nous dire stop ! Halte aux malins, aux coquins, aux copains, aux cuistres, aux incompétents ! Quand lancerons-nous les Exodus par douzaine pour conduire aux Kerguelens les morpions de la république ?
Ceux qui sont partis savaient que le pays ne se réformerait pas sauf cataclysme mondial. Même pas ! La crise financière et économique d'aujourd'hui leur donne plus que raison si ces messieurs de la haute intelligentzia ne se sont pas trompés dans leur diagnostic professionnel. Et j'ai bien peur que non !
Réfléchissez pour vos enfants, ouvrez vos yeux dans votre sphère de conscience sociale, et achetez un atlas. Vous reviendrez en touriste riche "faire" nos réserves d'indiens, nos bantoustans et visiter nos caves blindées et nos mosquées neuves.
Le bouquin "Les réformes ratées du président Sarkozy" de Cahuc et Zylberberg sort chez Flammarion. Présentation ici.
Note (1): terme anglo-chinois de Hong Kong signifiant littéralement "traverseurs de la Chine".
Note (2): expression désignant les ressortissants français établis à l'étranger pendant six mois et un jour par an, le passeport faisant foi, et dont les revenus extérieurs ne sont pas imposables en France comme le veut le Code des impôts. Johnny Halliday est le cas-type, mais ils sont des centaines de milliers.
Si l'article vous a plu ou déplu, vous pouvez aussi le faire suivre à un ami en cliquant sur la petite enveloppe ci-dessous :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.