mardi 28 avril 2009

26° Lien Légitimiste

lettrine Est tombée samedi dans les boîtes la 26° livraison du bimestriel Le Lien Légitimiste édité à Tours par Gérard de Villèle. Ce numéro est semblable aux précédents en pertinence et densité du matériau, agrémenté cette fois d'un zeste d'agacement du rédacteur en chef, et d'une mise au point sévère du fondateur Jacques Rolain à l'endroit de l'ancien chef du parti de l'Alliance royale, mais qui finalement s'adresse au présent blogue qui avait eu le privilège d'être cité abondamment dans le numéro précédent.
A ceux qui sont branchés, nous rappelons que Le lien Légitimiste est accessible en ligne sous format .pdf au prix ridicule de 10 euros les six numéros ...

Jacques Rolain dont l'esprit garde toute sa pugnacité, récuse la mise au même plan des deux "traditions" royalistes françaises que Royal-Artillerie annonce "irréconciliables" pour lui préférer le binôme tradition - usurpation par prétendance aggressive. Il n'en demeure pas moins que l'usurpation que nous ne nions pas, a ses adeptes et qu'elle a développé une certaine tradition dans le milieu orléaniste depuis la Monarchie de Juillet jusqu'au prince Jean qui déclarait il y a un ou deux ans à une chaîne régionale son admiration pour l'œuvre de son ancêtre Louis-Philippe Ier.

partheIl relève aussi quelque sorte de blasphème quand Royal-Artillerie dit dans son billet du 26 janvier "Ponter la querelle dynastique" : « Donnons à chacun sa chance pour le moment. Ce n'est au jour de l'accession que l'élu pourra se prévaloir "de France" et prendre les pleines armes qui vont avec. Est-ce si grave ces questions de blason qu'il faille assigner l'autre devant les cours de justice ? Ces titres d'attente sont-ils si précieux ? La vanité porte des œillères ».
Bien sûr, une tradition vieille de 1500 ans s'incarne dans une famille dont l'aîné des Capétiens assume les devoirs (message du prince Louis le 18 janvier) mais reconnaissons que le fruit en est sec aujourd'hui même si les porte-encens se relaient à la crypte enfumée.

Ainsi quand nous parlons, dans ce billet (maudit), d'élu au jour de l'accession, nous entendons "élu des circonstances" et non pas le vainqueur d'un choix populaire formel. Si tant est qu'il y en ait plusieurs, des prétendants sera le bon celui qui sera resté debout à la fin de l'ouragan. Il pourrait bien n'y en avoir aucun !

Mais Jacques Rolain, par un clin d'oeil dans son discours, nous donne lui-même la clé d'interprétation de la situation du mouvement légitimiste en citant Talleyrand-Périgord dans son Rapport au roi (Louis XVIII) : « Le principe de légitimité était attaqué par les fautes des défenseurs du pouvoir légitime qui, confondant deux choses aussi différentes que la source du pouvoir et son exercice, se persuadaient ou agissaient comme s'ils étaient persuadés que, par cela même qu'il était légitime, il devait être absolu. Mais quelque légitime que soit un pouvoir, son exercice doit varier selon les objets auxquels il s'applique, selon les temps et selon les lieux. »

Que dirait donc le Diable boiteux d'une restauration surgissant des décombres du pays après une catalepsie de 179 ans ? Tout est ouvert, n'en déplaise aux partisans de Bourbon, mais il ne tient qu'à eux de propulser en pôle position leur "champion" et l'offre politique institutionnelle qui doit l'accompagner !

chouanEt là, c'est l'éditorialiste du Lien qui s'étrangle.
Alors que le parti d'Orléans se mobilise autour du mariage de Senlis, ne perdant aucune occasion de lancer l'anathème contre l'aîné lointain (vœux de bonheur d'Olivier Perceval du CRAF stigmatisant l'exclusivité de son prince ; appel sélectif à cotisation exceptionnelle de Mademoiselle Pujo dans l'AF2000, excluant les nostalgiques et les sentimentaux de la quête), il s'agace d'un voyage légitimiste aux châteaux espagnols sur les traces du défunt prince Alphonse, grande manifestation du trimestre pour les gens de Bourbon, réservée à ceux qui peuvent distraire une certaine somme pour un pèlerinage, mais restent passifs parfois hostiles, devant la démarche de notoriété de l'Alliance Royale qui a besoin elle aussi d'argent et d'encouragements.
Est signalée enfin la critique de l'inaction politique du prince Louis par Daniel Hamiche au Monde & Vie du 21 février, qui nous laisse comprendre que le mouvement a perdu gros avec la mort du prince Alphonse à Beaver Creek en 1989 dans des circonstances douteuses.

D'ailleurs, quand Yves-Marie Adeline dit dans son entretien à La Nef que "pour beaucoup de royalistes, le royalisme est une attitude esthétique sans conséquence", j'ajouterai pour ma part que beaucoup en redoutent le succès au simple motif qu'il ne favoriserait pas leur camp.
Il n'a pas dit non plus que le légitimisme ne doive pas se réduire à une opposition frontale contre l'orléanisme comme c'est trop souvent le cas ; le légitimisme n'a pas besoin des béquilles d'Orléans pour avancer. Quant aux fous de Dieu qui éclairent le projet royaliste à l'acétylène de la théocratie, je pense qu'ils doivent être contenus dans un rôle décoratif d'inquisiteurs illuminés mais surtout retirés de la cohorte des licteurs qu'ils encombrent.

Charles XIIPour finir, j'ai appris cette fois le fonctionnement de la succession au trône d'Espagne selon les Partidas¹. La loi du XIII° siècle résume la coutume de Castille et règle la succession héréditaire et patrimoniale dans l'ordre de primogéniture mâle d'abord, à défaut féminine. La couronne passe ainsi au fils aîné, ou à ses enfants s'il est mort au jour de la succession, à défaut, elle se posera sur la tête de la fille aînée, ou à ses enfants de la même façon. Sans descendance directe du roi (ou reine) défunt, la couronne va à la branche collatérale la plus proche et sa transmission obéit aux mêmes principes. Qui plus est, à la différence de la loi française, les bâtards de la ligne directe ont été déclarés dynastes dans l'histoire de la monarchie espagnole. Les Partidas remettent donc en cause la révolte carliste. Il est aussi une disposition coutumière commune aux deux pays, les traités étrangers n'écrasent pas les maximes fondamentales d'une monarchie.

Ce 26° numéro est très riche, et parce que les livraisons successives comprennent toutes des clés de lecture, la matière à réflexion se capitalise au fur et à mesure des lectures.

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Le Lien Légitimiste
10 Place Foire-le-Roi
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Mél : gerardchezvillelepointcom


Note (1): Las Siete Partidas d'Alphonse X le sage





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4 commentaires:

  1. Cette question effectivement ne finira jamais tant qu'elle sera énoncée par les mêmes. Il n'y a que des sous-entendus politiques, dans ces râleries propres à faire fuir ceux qui par hasard s'intéresseraient à la question.

    Je propose donc que tous ceux qui plombent la réputation des royalistes, mais qui se disent -eux- royalistes, viennent témoigner que la république vaut bien d'alimenter continuellement cet entêtement.

    De la sorte il n'y a pas de compromis possible, les hypothèses de chacun seront balayées au vent de l'Histoire.

    Cela fera de la place pour les vraies solutions : les solutions neuves. Celle que je préconise.

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  2. Cette solution neuve que nous attendons tous en détails ...

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  3. Chez des amis, j'ai feuilleté le numéro hors-série (attaché au n°25) et c'était vraiment instructif.
    Je vais m'abonner à l'édition internet, pour 10 euros, ce n'est pas cher.

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  4. Vous savez où la trouver... Ceci est suffisant pour l'instant.

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