A l'occasion de ce 600° billet de Royal-Artillerie, je me demande ce qui a changé depuis 1883, depuis ce jour d'août où la voie se dégageait pour la restauration de la branche cadette qui prétendait détenir toutes les réponses aux échecs d'avant-hier. Orléans allait être adoubé par le martégal comme LA solution nationale, et le régime sans députés, nobles ni prêtres, réglé comme une montre, était en vue.
Cent ans de besogne politique ne nous ont pas fait avancer d'un mètre sauf à nourrir l'histoire, la "physique sociale" et comment ! Et, grâce aux dieux de l'Olympe et de la Sainte Victoire, l'art poétique du XX° siècle de tant belle manière ...
Mais de compromis en hypothèques, de divisions en subdivisions, nous sommes descendus au niveau de l'invisible malgré les 17% de royalistes qui ont trompé Yves-marie Adeline sur ses chances. Pourquoi le roi est-il mort en France ? Sans doute n'a-t-il pas été porté comme il convenait aux codes du temps. Le mouiller dans le pétainisme ne fut pas un cadeau pour notre cause ; mais vouloir justifier ou simplement expliquer depuis 60 ans ce pas de clerc est criminel !
Le drame du mouvement est peut-être entre ces deux phrases de Charles Maurras tirées d'Anthinéa :
- « Aucune origine n'est belle. La beauté véritable est au terme des choses »
- « Que Racine a raison ! Gloire aux seuls Homérides ! Ils ont surpris le grand secret qui n'est que d'être naturel en devenant parfait. Tout art est là, tant que les hommes seront hommes ».
La progression d'un travail d'art prime tout et par définition, il ne sera lui-même jamais fini, puisque la perfection n'est pas de ce monde.
Or la politique est l'art des compromis, avec soi-même d'abord. On n'est jamais prêt. C'est toute la différence entre le penseur politique et l'animal politique ; celui-ci n'attend pas d'accéder à la perfection du concept pour se jeter dans l'arène armé de tout ce qu'il a sous la main. Faut faire avec le TED disponible au jour J. Trop tard pour les compléments de dotations.
Le penseur en revanche ne peut cesser de prouver la justesse de sa thèse, jusqu'à ce que Dieu ne le convoque à l'oral.
N'ayant pas vécu avant-guerre, je dois limiter mon constat. Depuis la Libération, il n'y a eu aucun animal politique royaliste dans l'arène, s'il en fut de formidables en chaire et je pense à Boutang. Même Renouvin n'était pas au calibre quand il osa. Les maîtres de chapelle actuels animent des clubs de pensée analytique ou de commémorations, mais sont incapables de se battre avec les mêmes armes que les adversaires qu'ils désigneraient. Le seul qui s'est mis en selle, sous les quolibets de ses pairs, n'a pu percer le mur médiatique faute de préparation pratique et de soutien financier, faute de métier aussi.
Ceci explique d'ailleurs cette propension à rallier des hommes politiques en vue pour porter nos couleurs ; ce qu'ils ne font jamais bien sûr, trop contents d'avoir des colleurs d'affiche bénévoles et quelques articles gratuits dans la presse royaliste. C'est le compromis nationaliste du pâté de cheval à l'alouette que l'on a voulu rééditer avec un ou deux ténors souverainistes avant qu'ils ne soient broyés eux-mêmes par la realpolitik pour adultes.
Si personne ne bouscule le programme en cours - il faut des morts - le royalisme peut cuire à feu doux cent ans de plus, puisqu'il ne gène personne. Un prince saura-t-il le faire ? pour l'instant, langue au chat ! Je termine sur la déclaration d'amour d'Henri des Houx :
« J'ai gardé un coin de mon cœur à ceux de mes anciens amis qui, après la mort de M. le Comte de Chambord, ont gardé leur foi dans la loi héréditaire, dans la pure tradition monarchique, dans le drapeau blanc fleurdelysé. Je les aime, parce qu'ils servent leur cause sans ambition, sans espoir, parce qu'ils obéissent à leur foi et à leur principe sans se demander ce que cette obéissance leur rapportera ; parce qu'ils ont fixé, selon la loi salique, l'ordre de l'hérédité royale sans savoir s'ils avaient un prétendant qui acceptât leur belle couronne platonique. Je les aime parce qu'ils ne sont pas de ce monde, parce qu'ils ont gardé pure et toujours vivante la mémoire de "notre roi qui est aux cieux". Je les aime parce qu'ils sont les courtisans de l'impossible » (H. des Houx).
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La fameuse cause d'avance perdue...
RépondreSupprimerCe que j'aime dans la notion du Providentialisme, c'est qu'elle permet de se fonder sur le seul élément capable de balayer les données inertes de l'équation.
La question étant de savoir si des causes supérieures se prendront à satisfaire les rêves bien connus de la galerie...
Si nous ne sommes pas à un tournant majeur de l'Histoire, ca peut effectivement repartir pour de nombreux tours à vide.
Plus que quinze jours à attendre avant la "proclamation" !
RépondreSupprimer:)
Vous avez dit une fois que le roi devait tirer le char. Louis XVI et ses deux frères n'étaient pas devant.
RépondreSupprimerC'est pour moi l'explication de la "mort du roi en France".
D'autant plus que la Monarchie de juillet, sorte de sacralisation de la Révolution, a lamentablement échoué.
Aujourd'hui, nous ne sortons pas de la commémoration d'un passé idyllique, et la mémoire d'un mouvement royaliste aussi peu "devant" que les Trois Frères !
Je vais me faire fachiste !