Deux opérations non humanitaires sont en cours, l'une dans le Nord du Pakistan, l'autre à Ceylan. Dans les deux cas, c'est la vieille école impériale de Sandhurst qui s'y colle. A Ceylan, l'inénarrable docteur non conventionné Kouchner et son jeune homologue Milliband le foireux, se sont mis en tête de sauver les populations civiles prises au piège à tigres tamouls, pour s'entendre répliquer vertement par leur alter ego local : « Avec qui voulez-vous parler ? Pourquoi voulez-vous parler avec le LTTE¹ ? Ils combattront jusqu'à la mort, cela ne sert à rien. » Ouf ! Ils ont évité le coup de chasse-mouche qui nous aurait obligé d'attaquer le Sri-Lanka avec un Charles-De-Gaulle sans moteurs ! On revient de loin ...
Certes la guerre srilankaise des bouddhistes contre hindouistes n'est ni belle ni propre. Mais ramener sa fraise humanitaire dans un conflit asymétrique où le plus faible des belligérants utilise la population comme bouclier humain, mérite d'être soi-même pris en otage et d'y rester pour ennoblir le cas d'école. Les terroristes tamouls vont être écrasés au milieu de la population otage, cela fait vingt-cinq ans que l'armée régulière se retient. Il fallait que les Anglais interviennent avant, et contre les terroristes, parce qu'à force de comprendre on finit par excuser.
Mais notre diplomatie a une propension à vouloir toujours relever celui qui au moment succombe, quels que soit ses antécédents. Et ce n'est même pas d'hier. La France de Louis XIV s'allia aux Hurons qui étaient traditionnellement dominés par les Iroquois (que les Anglais sans morale choisirent).
Je pense que nous sommes voués à perdre et que nous soutiendrons les FARCs quand l'armée colombienne les aura mis au piquet dans un coin de jungle avant de les incinérer.
Dans les territoires du Nord-Ouest pakistanais, c'est une autre paire de manches. Il n'est pas décent pour un diplomate occidental de voler au secours des brigades talibanes quand ses propres forces sont engagées contre leurs cousins dans la vallée d'à-côté. Et pourtant elles souffrent les bandes coraniques, toujours au milieu d'une population rurale en empathie forcée avec leur cause morbide. Sur injonction des Etats-Unis dont le Congrès vient d'accorder 400 millions de dollars à l'armée pakistanaise, les généraux moustachus s'ébrouent et pilonnent les affreux avant de faire monter leur infanterie alpine, les beaux jours revenus. Jusqu'à aujourd'hui, il semblerait qu'ils n'aient fait aucun prisonnier taliban bien que progressant à grand train pour récupérer les dents en or.
L'intérêt des Américains pour cette "pacification " accélérée est double : d'une part détruire les bases arrières d'Al-Qaïda et des Talibans, d'autre part ôter de l'esprit des successeurs de Ben Laden l'idée même d'accaparer une seule bombe atomique, bien qu'à portée de main. Car ce que l'on ne vous disait pas pour ne pas ajouter à la grippe mexicaine, à la crise industrielle et à la défaite d'Arsenal, c'est que les barbus, les brigands, les trafiquants, les généraux et les bombes habitent tous au même endroit ! Génial ! Huit sites nucléaires, dont deux sites de lancement sont dans un rayon de 150 km à partir de la vallée talibane de Swat.
Certes, le président Obama est serein en apparence : « Je suis confiant dans le fait que l’arsenal nucléaire du Pakistan est en sécurité, principalement parce que l’armée pakistanaise reconnaît, à mon avis, le danger que représenteraient ces armes si elles tombaient entre de mauvaises mains ».
Mais l'armée pakistanaise connaît aussi, et le danger, et sa valeur, en termes de paramètre de négociation pour le garantir, voire de simple récompense pour le livrer.
Même si le territoire est dominé par l'Hindu-Kouch, Bernard Kouchner n'est pas prédestiné à aller donner des cours à Islamabad.
Répéter que la force et le sérieux sont les deux mamelles d'une bonne diplomatie va lasser. Dans le premier cas que nous relevons, nous n'avons ni l'une ni l'autre. Qui pis est, nous n'avons pas non plus d'intérêt stratégique propre à Ceylan. Dans le second cas, hormis le fait de participer à l'éradication de la Pieuvre dans son nid, nous combattons à notre place mais sans influence aucune sur la stratégie.
Mme Kouchner voudra-t-elle faire quand même bientôt un voyage chez les Kafir-Kalash du Macédonien² ?
Note (1): Liberation Tigers of Tamil Eelam, www.eelam.com
Note (2): Les Kafir-Kalash auraient été engendrés par cinq soldats des légions d'Alexandre le Grand, retenus par la beauté sauvage des cirques et vallons du haut pays de Chitral.
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Le cessez-le-feu conclu à la mi-février entre le pouvoir pakistanais et les Talibans dans la vallée de SWAT a vécu. L'armée pakistanaise a repris ses opérations dans cette région du nord-ouest, après que des combattants islamistes aient pris en embuscade un convoi militaire près de Bari Kot. Les affrontements se sont multipliés dans toute la vallée. Au moins trois soldats auraient été tués. Un couvre-feu a été imposé dans toute la région.
RépondreSupprimerLes 400 millions du Congrès commencent à être visibles.