mercredi 8 avril 2009

Les gosses paieront

le président tchèque"Les récessions sont comme la grippe. Si vous ne faites rien pour la guérir, elle dure sept jours. Si vous intervenez, elle dure une semaine." Ce brin de sarcasme du président tchèque Václav Klaus, dont le pays assure la présidence tournante de l'Union européenne jusqu'au 30 juin, s'est attiré les huées et quelques applaudissements de la part des députés européens lors d'un discours en février. Son crime : douter de l'efficacité des plans de relance. On n'en était pas encore aux cinq trillions de dollars du G20 de Londres ...

Comme en astronomie, les chiffres vertigineux ne parlent plus à notre imagination. Aussi est-il utile de rapprocher le trillion de valeurs mieux connues. Le produit intérieur brut de la France, qui mesure la valeur ajoutée par les activités humaines au capital global du territoire, est de 2 trillions¹, du même ordre de grandeur que celui de la Russie ou du Royaume-Uni. L'Allemagne fait 2,8 trillions ; l'Italie 1,8 ; l'Espagne 1,4. Les cinq trillions de Londres représentent un peu plus que le produit intérieur brut conjugué de la France et de l'Allemagne, soit le revenu de l'activité annuelle d'un peuple de 146 millions d'habitants parmi les plus productifs de la planète (c'est l'OCDE qui le dit).
En l'absence d'encaisses métalliques disponibles de cette importance, l'argent de la relance massive est à fournir par les Trésors publics nationaux, abondés eux-mêmes par les impôts ou les emprunts à l'épargne. On comprend aussi que les avoirs en bons du Trésor américain qui forment une grosse partie des réserves monétaires des pays exportateurs sont en l'espèce de la monnaie de singe puisque gagés maintenant sur des espérances présomptueuses.

Les promoteurs de la relance massive balaient nos inquiétudes d'un geste agacé en expliquant que les revenus tirés de la consommation nouvelle permettront de rembourser à terme la mise de fonds. Ils évitent d'inclure dans leur démonstration les déficits abyssaux de la social-démocratie dans tous les pays, déficits dévorants qui empêcheront de revenir à l'équilibre et, pour des motifs de lâcheté démocratique, repousseront le service de la Dette finale sur la tête des générations à naître. On me demande de temps en temps ce que ça veut dire concrètement. Ultrasimple :

Woerth pensifDes taxes cachées dans les prix qui seront collectées par les commerçants sur les achats de nos enfants, des contributions directes qu'ils verseront obligatoirement chaque année en proportion de leurs revenus, la moitié voire plus partiront en fumée, c'est à dire dans le paiement des intérêts de la Dette aux prêteurs (>60% de non-résidents aujourd'hui). Le service actuel de la Dette (charge d'intérêts et remboursements des termes échus) bouffe déjà la totalité de la fiscalité directe.
Cet argent n'ira donc pas dans la recherche, les écoles, les hospices, les routes, les forces de sécurité, le logement, la politique familiale, etc... malgré les notices ronflantes de l'Administration jointes à votre déclaration d'impôts.

Attention, l'escroquerie régalienne n'est pas de ce matin ; elle commença par le premier roi emprunteur que fut Louis IX pour financer ses croisades ; mais elle a atteint des proportions inouïes qui peuvent faire craindre un assainissement brutal et dévastateur² si la dérive ne peut être inversée dans le futur.
Mais le futur n'est pas géré par les pouvoirs actuels qui se bousculent les uns les autres sur le chemin de la gloire éphémère. Le futur c'est pour les cons. De bons articles de la Wikipedia en cliquant ici et .

La question interdite que posent néanmoins certains économistes très mal vus des pouvoirs politiques, est celle qui tue : "Qu'advient-il si la relance massive échoue ?"

Par exemple, la mise sous perfusion de canards boiteux que leurs productions invendables ont conduit au fossé, garantit-elle que les consommateurs vont retourner acheter ces produits obsolètes ? Les salaires distribués par une politique de grands travaux à des cohortes immenses d'ouvriers seront-ils réinjectés dans la consommation ou stérilisés dans une épargne métallique, ou simplement utilisés au désendettement des ménages ? Des milliards injectés dans le BTP, combien aboutiront sur les comptes externalisées des consultants en tous genres qui foisonnent autour des investissements publics et seront convertis en "securities", ou dans les poches du crime organisé, ou dans les caisses noires des partis politiques ?

infographie déficits
Si donc le moteur monde ne repart pas au rythme antérieur qui permettait d'absorber l'impéritie économique et le crétinisme politique à elle associé, nous nous retrouverons avec des dettes colossales qui ne pourront pas être résorbées de manière académique, surtout dans des pays comme la France cumulant les trois déficits (budgétaire, commercial et de balance des paiements). Qui tirera le premier ?

"Le keynésianisme n'a jamais fonctionné, autrement, la Grande Dépression n'aurait pas traîné quinze ans (1929-1944), la récession du début des années 1980 n'aurait pas duré trois ans, et le Japon n'aurait pas été en récession pendant une décennie" ( Pierre Lemieux, économiste canadien). Qu'importe d'ailleurs puisqu'au départ, le kéynesianisme est rémunérateur en consensus social et indique à tous que le pouvoir se bouge avec courage ... à compte d'autrui. L'opinion croît confusément que ce sont les riches qui sont ponctionnés, parfois la classe moyenne, jusqu'à ce que les couches populaires - car il ne s'agit que d'elles, les autres sont au courant - découvrent le cautère sur la gangrène gazeuse !

cocotte en papierLa seule médecine qui puisse sauver le pays est de sabrer dans la dépense publique sans émotions afin de préserver tout le reste. Sabrer dans la dépense publique c'est bien sûr, outre le dégagement des postes de fonctionnaires multipliés sous Mitterrand et Chirac, de couper les subsides aux miséreux non-productifs ne relevant pas de la solidarité naturelle nationale et d'arrêter tous les gaspillages, y compris présidentiels ! Désolé pour les rationnaires de la république, les criquets socialistes n'ont rien laissé.

Ce n'est pas non plus parce que nous ne sommes pas les seuls dans cette position aventureuse que le désastre probable sera moins tragique. Mais le premier génie du démocrate n'est-il pas celui des ex-pli-ca-tions ? Nous en "prenons" chaque jour dans les lucarnes bleues.


Note (1): Dans le calcul du PIB en parité de pouvoir d'achat, la France est 8ème, menacée par le Brésil et l'Italie. La Chine est 2ème (sans Hong Kong qui fait 0,3). Liste du FMI ici.
Note (2): Révolution sociale avec séquestre et pillage de l'épargne, sinon une bonne guerre civile comme nous les aimons tant en Gaule.



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4 commentaires:

  1. Un des gros problèmes de nos gouvernants est leur propension à gaspiller l'argent du contribuable non pas parce qu'ils croient la relance nécessaire et efficace, mais parce qu'ils veulent montrer qu'ils "agissent".
    C'est le fameux "volontarisme" dont Sarkozy et les socialistes sont les chantres.

    Le souci pour eux, est que malgré les déclarations ronflantes de nos politiciens (toutes tendances confondues), le politique n'a pas repris la main sur l'économique (si jamais il l'a eu...).

    La tendance qui consiste à considérer l'économie comme une science (c-a-d qu'une action A peut entraîner la réalisation d'un phénomène P) ne résiste pas à l'analyse et notamment au fait que le moral des acteurs économiques (ménages ou entreprises) est déterminant. En tout cas, bien plus que l'endettement pharaonique qui s'annonce. Alors même qu'il a été prouvé que l'endettement affectait , lui, directement et négativement les comportements des agents économiques (Ricardo ?).

    Pour finir, les mêmes qui invoquent Keynes devraient méditer cette phrase du "maître" selon lequel toute situation mérite examen et donc des mesures adaptées. Et non des dogmes. Pragmatisme britannique. Toujours. Encore (en tout cas, en matière économique).

    Amitiés,

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  2. La critique qu'a fait Paul Krugman du plan Obama est : "terrible". C'est du pocker !

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  3. Rien n'empêchera les usines de fermer si elles ne peuvent pas déstocker. Tous les crédits sont des fils à la patte et les fonds publics la porte d'entrée ouverte aux contrôles surtout avec la publication des abus. Seuls les filous passent au travers.
    Mais que certains "grands" patrons se goinfrent au même moment est inacceptable.

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  4. Pékin annonce que ses réserves en devises au 31 mars 09 sont pratiquement de 2 trillions de dollars (1 954 milliard$)

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