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Vagabondages au Quai

AhmadinejadLe président iranien, venu à Genève lancer sa campagne électorale, a "surpris" les diplomates à gâteaux mous qui lui avaient donné quelques cours de maintien. Pauvre Ban Ki Moon, toujours dans la lune. Shuntant les médias de la Diaspora et ses alliés qui censurent le discours iranien de lundi à Genève, nous offrons au distingué lectorat de Royal-Artillerie les plus larges extraits de l'allocution du président Ahmadinedjad, dont le texte intégral qui valait son pesant de pistaches, n'est pas même affiché sur FARS News, l'agence de presse de Téhéran :...

[ndlr entre crochets]
« ... Les puissances victorieuses [des guerres mondiales] se nomment elles-mêmes les conquérants du monde, tandis qu'elles ignorent ou abaissent les droits des autres nations en leur imposant des lois oppressives et des arrangements internationaux [1]
...
Après la seconde Guerre mondiale, elles recoururent à l'expulsion de toute une nation de chez elle au prétexte de la soufrance juive. Elles envoyèrent des émigrants d'Europe, des Etats-Unis et d'autres parties du monde pour établir un gouvernement complètement raciste de la Palestine occupée. En réparation des graves conséquences du racisme en Europe, elles ont aidé à porter au pouvoir en Palestine le régime raciste le plus cruel et le plus répressif [2].
...
Il est d'autant plus regrettable qu'un certain nombre de gouvernements occidentaux et les États-Unis se soient engagés à défendre les auteurs racistes d'actes de génocide, alors que l'éveil des consciences et la liberté d'esprit des gens du monde entier condamnaient l'agression, la brutalité et le bombardement de civils de la bande de Gaza [3]..
...
[Les conflits irakien et afghan furent] un exemple clair de l'égocentrisme, du racisme, de la discrimination ou de l'atteinte à la dignité et à l'indépendance des nations.
...
Aujourd'hui, la communauté des hommes est confrontée à un type de racisme qui a terni l'image de l'humanité. Au début du troisième millénaire, le mot "sionisme" personnifie le racisme, qui faussement ressortit à une religion et abuse des sentiments religieux pour masquer la haine.
Des efforts doivent être entrepris pour mettre un terme à l'usage abusif de moyens politiques internationaux par les sionistes et leurs supporters. Les gouvernements doivent être encouragés et aidés dans leur combat pour l'éradication de ce racisme barbare et pour la réforme des mécanismes internationaux actuels [4].
...
Vous êtes tous au fait de la conspiration de quelques puissances et cercles sionistes contre les buts et les objectifs de cette conférence. Il doit être établi que le boycott de cette session précise est une indication véritable du soutien accordé à ce flagrant exemple de racisme. »

...
Notes :
[1] On ne disgressera pas sur le régime oppressif des mollahs iraniens qui est le prototype insurpassé aujourd'hui. En savent quelque chose toutes les communautés non-chiites.
[2] On ne peut faire l'économie d'une évidence : le régime hébreu dès son origine est délibérément ethnique et son racisme national appelé autrement est d'acception commune à l'Ouest, en rémission des péchés allemands. Après trois guerres gagnées, ça a empiré.
[3] La véhémence du ton et les épithètes exagérés ne peuvent masquer le silence coupable des Etats dans l'affaire de Gaza.
[4] Ces mécanismes internationaux qui brident l'accès de l'Iran à la bombe atomique.

Le discours est dans le ton et au niveau de provocation attendus. Les Européens - à l'origine de la création d'Israël - durent quitter la salle de conférence. On peut d'ailleurs profiter de l'occasion pour trier les "européens" sur cette démarche : qui s'est senti européen ? Je ne crois pas que la Russie, ni la Turquie, ni les Caucasiens soient sortis. Quid des Moldaves et des Ukrainiens ? C'est secondaire. Ce qui est explicite est le cheminement du Quai d'Orsay.

sortie des délégués européens
*La patrie autoproclamée des droits de l'homme participe de très près à l'élaboration du communiqué final Durban II en négociant avec ses "amis" arabes modérés l'échange de bons procédés.
*A l'annonce d'un discours du président iranien, plusieurs pays dont les Etats-Unis et l'Allemagne, annulent leur participation pour ne pas perdre du temps en explications vaseuses.
*La France empéguée par le communiqué final est obligée de rester, mais marque le coup en envoyant simplement son ambassadeur à Genève.
*Devant la bronca des lobbies juifs, M. Kouchner signale qu'au moindre écart iranien sa délégation quittera ostensiblement la salle. Ce qu'elle fait, suivie de toutes les délégations nationales de l'Union européenne.
*Les Etats-Unis absents ramassent le pot en déclarant que si le discours est inadmissible, il n'obère en rien le dialogue direct dans préalable ni conditions que Washington doit ouvrir avec Téhéran. Obama apprend vite !
*La France revient à la conférence pour ne pas laisser tout le bénéfice à Mme Clinton et ne pas abandonner ses "amis" arabes modérés, les mêmes qui ont applaudi au discours du satrape persan.
* La Licra menace le ministère ...

Ce n'est pas de la diplomatie, mais des travaux dirigés qui normalement recalent l'impétrant. Le pas de pitre fait rire nos voisins qui s'étaient abstenus de paraître au cirque onusien ; l'annonce du retour à Genève de notre ambassadeur déclenche une nouvelle bronca des lobbies juifs ; et nos déclarations péremptoires à l'endroit du président iranien sont mal reçues par le pouvoir islamique. Finalement on perd sur tous les tableaux sauf peut-être vis à vis des arabes modérés, c'est-à-dire de ceux qui ne comptent pas.

YadeLe ministre Kouchner avait eu la juste inspiration quand, voulant débiner son secrétaire d'Etat Yade, il déclara que la diplomatie et les droits de l'homme étaient quasiment incompatibles. L'effet obtenu - Rama Yade est au firmament des sondages ! - le voila qui retourne à ses vomissements et embringue le pays dans un débat corne-cul qui n'est pas de notre intérêt.
En effet, dans l'affaire de Palestine nous ne sommes nulle part sauf au Val de Grâce¹ :
- le "foyer juif" de Palestine a été créé par les Anglais (déclaration Balfour)
- le sionisme canal historique a pour père un juif hongrois (Theodor Herzl)
- le territoire convoité était sous mandat britannique
- nous n'avons pas participé à la Solution Finale même si certains ont fermé les yeux au mauvais moment
- la seule bataille conduite avec l'allié israélien contre nos "amis" égyptiens, nous l'avons perdue (Suez 1956)
- nous n'avons participé de près ou de loin à aucune autre bataille au Proche Orient
- nous n'y couvrons rien ni personne et nous avons été incapables de protéger notre allié historique libanais contre Israël faute de moyens et de détermination.

Mais la bienpensance cosmopolite nous somme de nous impliquer. Alors nous persistons dans cette erreur allopathétique à nos intérêts traditionnels. Mme Royal nous excusera-t-elle auprès des nations sérieuses ?

Note (1): soins palliatifs à Yasser Arafat



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Commentaires

  1. Les excès de Genève ont sans doute enterré un Durban III.
    Je ne vois pas l'intérêt de ces grand-messes sur le racisme quand les deux-tiers des nations présentes le sont, et qu'on laisse applaudir le bouffon iranien par treize siècles de traite arabe !
    C'est du foutage de gueule.

    Capté, l'image de la SDN dans le Lotus Bleu.

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  2. Pour mémoire, les pays ayant refusé de venir à Genève sont :
    l'Allemagne, les Pays-Bas, la Pologne, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, l'Italie, les Etats-Unis, le Canada et Israël. La République tchèque (en charge de la présidence de l'UE) a quitté définitivement la conférence le premier jour.

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  3. Causeur appuie où ça fait mal. Extrait :
    Durban II ne laissera pas d’autre souvenir que le discours d’Ahmadinejad et le départ de l’ambassadeur de France – faux-départ d’ailleurs puisque la France ne s’est pas retirée de la Conférence. Ni les textes adoptés dont on salue “la relative modération” ni les rencontres en coulisses ne sont d’aucune importance. De nouveau il a été démontré que l’ONU n’est rien d’autre qu’une scène où chacun récite son couplet. Le président iranien l’a parfaitement intégré et, à l’instar de ceux qui avaient détourné Durban I en 2001, il a su l’utiliser pour faire sa com’. Pour les gouvernements qui pensaient être plus malins que lui, Ahmadinejad a préparé une petite surprise.

    Voilà, en tout cas, qui démontre bien la faiblesse de la stratégie française dans ce dossier. La France avait décidé au dernier moment de participer à la conférence pour se démarquer des Etats-Unis, se montrer à l’écoute du tiers-monde et, cerise sur le gâteau, battre Ahmadinejad à son propre jeu. Pour logique qu’il soit, ce raisonnement passait à côté de l’essentiel, l’efficacité médiatique de ces héros du tiers-monde que sont Ahmadinejad et Chavez, dignes successeurs dans ce domaine du colonel Kadhafi.

    La France aurait mieux fait de ne pas aller à ce casse-pipe diplomatique annoncé, quitte à laisser Ségolène Royal s’excuser plus tard devant les damnés de la terre.
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