Metz, c'est plus fort, car Metz est un mythe sacré. Garnison du 2ème Bataillon du Royal-Artillerie de Louis XV, d'où l'Artilleur¹ et les bourgeoises qui mouillent aux balcons ; vitrine de pleins feux de l'empire wilhelmien ; laboratoire d'essai des antagonismes nationalitaristes dès la recouvrance de 1918 ; ville-pilote d'une collaboration active avec le Grand Duché et la République fédérale depuis la réconciliation franco-allemande ; victoire écrasante de Mitterrand sur Rocard au Congrès éponyme du PS !
J'attends le concert de klaxons de la "droite nationale" autant que je guette le sourire intérieur de l'Etat-major allemand dont les aïeux sont passés par les nombreuses casernes impériales de la plus forte place forte du monde et racontèrent à leurs descendants... un tas de cochonneries...
Qu'importe, il n'est pas prévu de barraquer deux régiments d'artillerie fédérale dans les deux capitales de l'Est, pourtant on rapprocherait les canons de Bruxelles ! Peut-être des aviateurs.
La Porte des Allemands redevient une porte d'entrée. Fallait-il planter près de deux millions de croix blanches (nous ne comptons pas les croix noires !) pour revenir en moins de cent ans au point de départ ?
Bienvenue aux troupes fédérales dans notre place forte commune, peut-être au Quartier Sère de Rivière abandonné par le 2° Régiment du Génie. Elles y apprendront le français de la plus agréable façon, la ville ayant une réputation tricentenaire. Qui tondra les Messines après ?
Si le nationalitarisme n'était pas aussi meurtrier quand il s'accouple à un Etat, on pourrait le moquer comme un enfantillage de grands gamins. Mais ayant atteint à l'orgasme par l'orgie de malheurs qu'il provoqua il y a soixante-dix ans, on est bien avisé de lui appliquer la fameuse castration chimique. Cette "opération" s'appelle l'Europe unie. Le champ opératoire a le même nom, Europe, qui brasse depuis deux mille ans ses peuples. Toute guerre sur ce continent péninsulaire est civile. Robert Schuman, allemand et français, éduqué à Metz, ancienne capitale d'Austrasie et berceau carolingien, l'avait bien compris. La perversion bureaucratique de son enfant n'était pas prévisible même si l'avidité de pouvoirs, aussi minuscules soient-ils, est inscrite dans nos constitutions².
Il est de plus en plus évident que si le nationalitarisme est confiné à des groupuscules excités qui soutiennent à bout de bras les brasseurs de basse fermentation, le nationalisme sur lequel le premier a trop souvent déteint, a du plomb dans l'aile. Vingt-sept pays d'Europe lui ont tourné le dos. A se poser une vraie question "technique" : A quoi bon, pour un mouvement politique marginal mais dense en doctrine, s'escrimer à défendre un concept bientôt dépassé parce qu'il s'appliquerait si jamais, à une entité quasiment disparue. Vu le faible poids de l'électorat nationaliste (cf. élections européennes), il est prévisible que le centre de gravité démocratique des pouvoirs (qui ne le sont pas) se déplace vers le fédéralisme européen.
Il serait à mon sens avisé de construire un programme politique de redressement national dans le cadre imparable de cette fédération qui vient, et de ne plus perdre son temps avec des incantations stériles comme celle de la sécession, qui n'adviendra pas à vue de plusieurs générations, si tant est qu'elle soit décidée un jour sur les ruines du pays. Le coffre-fort de l'épargne des ménages nous préserve encore de ces extrémités, et l'ingéniosité des possédants est sans bornes.
L'empirisme organisateur convoque-t-il le réalisme ? Il semblerait que cette clé d'analyse prônée par le mouvement d'Action Française tourne enfin dans les serrures des chapelles qui viennent de comprendre que le ridicule peut tuer, et qu'il est bon parfois de s'appliquer les grands principes à soi-même.
Bravo messieurs, fusionnez, et ... démissionnez derrière pour éviter les tentations.
Note (1): La chanson "militaire" est en ligne.
Note (2): L'article fondateur de la République est dans la constitution monarchique de 1791 :
« La Constitution garantit, comme droits naturels et civils :
* 1° Que tous les citoyens sont admissibles aux places et emplois, sans autre distinction que celle des vertus et des talents ;...»
Dès lors le "pouvoir" est divisible en autant de petits bouts qu'il sera nécessaire d'en créer pour dédommager la bourgeoisie de sa révolution. On y reviendra.
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