Ce billet est la version bloguée de l'article publié en page 16 de l'Action Française 2000 (n°2793) datée du 6 mai 2010. Il entre ainsi en archives RA.
"En diplomatie, on ne montre pas son coucou", disait Deng Xiao Ping à ses envoyés spéciaux qui partaient en mission à l'étranger pour la première fois depuis la Révolution culturelle. Le côté "bite-au-vent" du petit reître l'aurait beaucoup impressionné et encore n'a-t-il pas connu Jean-Marie Bigard !
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Kowtow (en français, Canossa)
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C'était sans compter la fébrilité du petit reître à se mettre bien avec les grands du moment en toute occasion. Lors du G20 d'avril 2009 à Londres, Zébulon Ier s'engouffra le soir à l'hôtel où résidait le président Hu Jintao pour recoller les pots cassés... par lui ! C'est du moins ainsi que la rencontre fut vendue à l'opinion chinoise. La France suppliait. N'avait-elle pas déjà envoyé auprès de l'empereur le président Giscard d'Estaing et le premier ministre Raffarin présenter ses excuses et enterrer le dalaï lama ? La France s'était vassalisée. Tout devait s'arranger lors du voyage de printemps des époux Sarkozy malgré une rumeur qui impliquait à nouveau le garde des Sceaux, entretemps débarquée, dans de nouvelles histoires d'alcôves du couple présidentiel. Magnifique pays qui vire au lupanar. Mais les Chinois qui rient méprisent beaucoup.
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Nicolas et Carla montent en ballon
Le voyage de printemps avait tout d'un forfait-séjour touristique en amoureux, boissons comprises : Visite à Xian (revoir l'armée de terre cuite avec la nouvelle épousée), à la Cité Interdite, Carla n'avait vu que le film du Dernier Empereur, aux tombeaux des Mings (waazaa?!), à la Grande Muraille ruinée, celle qu'on ne voit pas depuis la lune, puis à l'exposition universelle de Shanghaï où notre imposante délégation (Lagarde, Boorlo, Kouchner, Mitterrand...) s'est mêlée à vingt autres¹ pour contempler le monstrueux pavillon chinois qui coupe le soleil à tous !
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Et la politique étrangère dans tout ça ?
Il n'y avait que des sujets qui fâchent mais les Chinois se sont mis en frais en appliquant la maxime militaire qui veut que "nul n'est l'ennemi éternel". Comprenez qu'on doit savoir le retourner. C'est ce qu'ont fait les trois interlocuteurs majeurs du président français après avoir accueilli la première dame de France, plus habillée que pour Medvedev, avec une sincère et très récente affection.
Hu Jintao a déclaré tourner la page, Wu Bangguo a félicité non sans ironie la soif de culture de son invité capable de faire trois villes en trois jours, Wen Jiabao a souhaité la stabilisation de notre vassalité pour un profit mutuel. Le "programme" fut appliqué à la lettre. "Chien qui relève la queue, méprise son ennemi, tigre qui la baisse va le dévorer". Nous avons baissé la nôtre, c'était le but.
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Que pense l'industrie française de ce voyage, elle qui est abonnée aux avions présidentiels ?
L'Elysée nous avait prévenu que les "grands contrats" seraient signés à Paris lors de la visite du président Hu Jintao cet automne. Il n'y a effectivement rien de mûr dans les tuyaux – dalaï lama oblige - et l'industrie commence à comprendre que l'Elysée est légèrement sous-dimensionné par rapport aux enjeux. Est-il raisonnable de vouloir pénétrer le futur premier marché mondial solvable depuis l'hexagone avec un représentant de commerce en CDD, commissionné uniquement au jeton de sondage ? Et puis le côté "apache des fortifs" commence à fatiguer tout le monde.
En fait, il ne s'agit plus de participer à cette course de fond de l'exportation que décrivent ici les chambres de commerce à la traîne, mais d'exporter la décision et l'intelligence sur le marché cible afin d'être en osmose avec lui comme l'exige un management réactif moderne. La vitesse de développement est trop élevée pour en avoir une juste perception dans un bureau de La Défense. Il faut respirer l'air de la mégalopole chinoise chaque matin pour rester dans le coup. C'est ce qu'ont bien compris les constructeurs automobiles, par exemple.
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Ils ont dépassé le stade des usines de montage en CKD, fondent déjà leurs moteurs sur place, augmentent leurs taux d'intégration "locale", rameutent leurs équipementiers et, comme on dit dans le métier, surveillent les accostages².
La plus belle voiture du moment est - à mon goût - la Metropolis de Citröen. C'est un concept livré par l'ingénierie PSA de Shanghaï qui fait rouler une "Maybach" pour presque rien. Un V6 de 2000cc accouplé à un moteur électrique envoie 272 chevaux DIN aux quatre roues pour une consommation théorique de 2,6 litres au cent et donne pour le prix une "postcombustion" de 460 chevaux. C'est la définition normale d'un V8 de 4 litres classique suralimenté, et le design est vraiment réussi. Elle sera le haut de gamme chinois de Peugeot qui affiche un objectif de production de un million de voitures sur un marché probable de vingt millions d'unités sous dix ans seulement. Etant exclu de servir ce marché depuis la France - avec quelles usines et à quels coûts - Peugeot investit dans une seconde usine DongFeng pour ajouter aux 300000 unités de capacité des chaînes de Wuhan au moins autant, en deux fois 150000 unités. Les modèles PSA seront de plus en plus spécifiquement chinois selon les lois du marketing.
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Il faudrait être aveugle pour ne pas voir qu'il ne se passe plus rien ou presque dans l'industrie ouest-européenne. Les marchés en développement et donc les marges de progression, sont ailleurs. Alors quid de la réindustrialisation du pays comme le proclame au pupitre notre valeureux président ? L'idée est belle, applaudissable, elle réduirait ce maudit déficit commercial qui nous ronge et va nous engloutir un jour comme la Grèce. Mais au concret, on fait quoi ? Parce que jusqu'ici, ceux qui sont cramponnés au micro ne parlent que défiscalisation, refonte des codes sociaux, pôles de compétences, autant de marottes à pitres qui ne produiront ni les vis ni les écrous de la réindustrialisation. Pourquoi ? Parce que l'avenir condamne nos industries majeures, du moins les bloque-t-il au stade qu'elles ont atteint aujourd'hui et le MEDEF n'aime pas.
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L'avenir de l'Europe n'est plus dans la "bagnole", le transport écologique est en péniches ! Le réseau ferroviaire est saturé et structurellement déficitaire pour le fret. Siemens a donné sa technologie TGV aux chemins de fer chinois. L'énergie monopolistique est assaillie de tout côté par la concurrence des idées nouvelles et le déploiement de solutions individuelles. Bonjour les microcentrales. Nos avions sont revenus dans la moyenne de la production mondiale tant les délais de conception et développement sont longs. A peine sortis des chaînes, ils sont démodés. Nos chantiers navals sont à la veille d'importer d'Asie les coques à finir ; c'est déjà le cas pour la batellerie. En résumé, on ne pourra pas réindustrialiser la France sur les bases acquises, et donc avec le patronat actuel.
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Conclusion
La Chine est devenue libérale quand la France retraite vers un soviétisme désuet. Le président Sarkozy est parfaitement capable de saisir les nuisances de ce couvercle féodal sur notre industrie, mais il est à la merci de ses amitiés qui sont toutes là. Le "Petit Timonier" avait quelque chose que l'on retrouve chez lui, à taille égale, c'est un dédain doctrinal au sens où les impasses du passé sont condamnables sans appel pour insuccès, quelle que soit la solidité de la synthèse de jadis. Nourri du marxisme-léninisme, Deng Xiaoping n'hésitait pas à prôner le principe d’inégalité en devant renoncer à développer toute la Chine au même rythme : "Permettez à certaines personnes de devenir riches les premières !" Essayez en France !
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Notes:
(1): Arménie, Cambodge, Commission européenne, Congo Brazza, Corée du Nord, Corée du Sud, France, Gabon, Kazakhstan, Kenya, Malawi, Mali, Malte, Micronésie, Mongolie, Autorité palestinienne, Pays-Bas, Seychelles, Turkmenistan et Vietnam.
(2): les accostages sur une chaîne automobile sont les alignements au montage des éléments de carrosserie.
(1): Arménie, Cambodge, Commission européenne, Congo Brazza, Corée du Nord, Corée du Sud, France, Gabon, Kazakhstan, Kenya, Malawi, Mali, Malte, Micronésie, Mongolie, Autorité palestinienne, Pays-Bas, Seychelles, Turkmenistan et Vietnam.
(2): les accostages sur une chaîne automobile sont les alignements au montage des éléments de carrosserie.
Addendum du 30 avril 2010
La société française de cosmétiques L'OCCITANE vient de lever 707 millions de dollars US à la Bourse de Hong-Kong. Une somme qui servira à rembourser sa dette et au-delà. Ses banquiers partaient pour un retour entre 400 et 600MUS$. C'est la première société française introduite au HKSE, mais il faut savoir que son patron a décidé de boycotter Paris, une place trop exiguë, quitte à revenir plus tard avec le bon backlog d'une place asiatique. 707MUS$ soit un demi-milliard d'euros pour des savonnettes et de l'huile d'olive, c'est énorme ! Paris n'aurait jamais pu sortir autant. On mesure la sous-capitalisation de la place.
Addendum du 7 mai 2010
Note des Echos sur la nouvelle Direction Chine de PSA :
2007 - Création de la Direction Chine
En février 2007, la direction générale de PSA décide d'installer à Pékin une Direction Chine doté de compétences lui permettant d'être l'interlocuteur direct de ses joint-ventures dans le pays et d'y assurer, outre le développement de partenariats et de coopérations, la stratégie marketing, le plan produits, le sourcing ou encore de veiller au développement des capacités locales de R&D.
2008 - Création du China Tech Center (CTC), premier centre de R&D et de Design de PSA hors d'Europe
Les fonctions Technique, Achats et Style, seront, quant à elles regroupées l'année suivante à Shanghai, au sein du China Tech Center (CTC), premier centre de R&D et de Style de PSA hors d'Europe. Un projet, d'un total d'un milliard de RMB sur trois ans, lancé en avril 2008 et qui s'accompagnera en juillet de la même année de la signature d'un accord de coopération dans le domaine de la R&D avec l'Institut d'études automobiles de l'Université Tongji à Shanghai. Objet : offrir de nouveaux débouchés aux jeunes ingénieurs formés par l'université et mener des projets de recherche commun.
Opérationnel depuis septembre 2008, le CTC compte actuellement quelque 300 ingénieurs, designers et techniciens, chargés de mener à bien - en collaboration avec les autres centres de R&D de PSA dans le monde ainsi et celui de DPCA (Dongfeng Peugeot Citroën Automobile) - des projets de développement de véhicules, organes et style avec un objectif : mieux répondre aux attentes de la clientèle chinoise en lui proposant des véhicules plus adaptés à ses goûts. Un travail dont les premiers résultats sont actuellement présentés à l'exposition universelle de Shanghai 2010 sous la forme du concept-car Citroën Metropolis.
(Arielle Gonçalvez, Les Echos)
En février 2007, la direction générale de PSA décide d'installer à Pékin une Direction Chine doté de compétences lui permettant d'être l'interlocuteur direct de ses joint-ventures dans le pays et d'y assurer, outre le développement de partenariats et de coopérations, la stratégie marketing, le plan produits, le sourcing ou encore de veiller au développement des capacités locales de R&D.
2008 - Création du China Tech Center (CTC), premier centre de R&D et de Design de PSA hors d'Europe
Les fonctions Technique, Achats et Style, seront, quant à elles regroupées l'année suivante à Shanghai, au sein du China Tech Center (CTC), premier centre de R&D et de Style de PSA hors d'Europe. Un projet, d'un total d'un milliard de RMB sur trois ans, lancé en avril 2008 et qui s'accompagnera en juillet de la même année de la signature d'un accord de coopération dans le domaine de la R&D avec l'Institut d'études automobiles de l'Université Tongji à Shanghai. Objet : offrir de nouveaux débouchés aux jeunes ingénieurs formés par l'université et mener des projets de recherche commun.
Opérationnel depuis septembre 2008, le CTC compte actuellement quelque 300 ingénieurs, designers et techniciens, chargés de mener à bien - en collaboration avec les autres centres de R&D de PSA dans le monde ainsi et celui de DPCA (Dongfeng Peugeot Citroën Automobile) - des projets de développement de véhicules, organes et style avec un objectif : mieux répondre aux attentes de la clientèle chinoise en lui proposant des véhicules plus adaptés à ses goûts. Un travail dont les premiers résultats sont actuellement présentés à l'exposition universelle de Shanghai 2010 sous la forme du concept-car Citroën Metropolis.
(Arielle Gonçalvez, Les Echos)
Addendum du 28 mai 2010
BYD (Build Your Dream) s'associe à Daimler pour lancer une marque de voitures électriques en Chine. Plusieurs constructeurs locaux misent sur les énergies propres, une niche jusqu'à présent mais qui pourrait, à terme, leur offrir la possibilité de rattraper leurs concurrents allemands, américains ou japonais... Le groupe allemand a annoncé, jeudi 27 mai, la signature à Pékin d'un contrat de co-entreprise avec le Chinois BYD. Ensemble, ils entendent développer un véhicule électrique dédié à ce marché, devenu le premier mondial devant les Etats-Unis.
Wang Chuanfu, président du quatrième groupe automobile chinois est connu pour ses ambitions. Son groupe BYD, premier producteur de batteries rechargeables de la planète, s'est lancé dans l'automobile en 2003 et parie sur l'avenir des véhicules à énergies propres. L'an dernier, un investissement de Warren Buffet a multiplié par plus de cinq la valeur des actions de BYD, propulsant instantanément son fondateur au premier rang des grandes fortunes chinoises. Les deux groupes investiront 600 millions de yuans (71 millions d'euros) dans une co-entreprise.
Mais BYD ne se reposera pas uniquement sur son alliance avec Daimler. Le groupe a déjà livré ce mois-ci quarante taxis électriques entrés en service dans les rues de Shenzhen, métropole du sud du pays. BYD voit au-delà des frontières de l'empire. Au salon de Détroit, en janvier dernier, le constructeur a dévoilé une voiture électrique qu'il prévoit de lancer à l'assaut du marché américain dès la fin de l'année. (signalé par le site Aujourd'hui la Chine)
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