Ce court billet fut publié la première fois le 7 mai 2006 pour préparer la campagne d'Yves-Marie Adeline, sous le titre "La Chevalerie nécessaire". Nous le rééditons après la Marche des Millions d'hier, à qui l'on n'a rien expliqué, ou qui n'ont pas compris que la providence est morte.
En ces temps de putréfaction d'un régime agonisant, on se surprend à rêver à des mythes enfuis depuis longtemps. J'ai besoin d'air frais, d'eau claire, de pures demoiselles, gentils damoiseaux, preux chevaliers. Toute la ménagerie romantique au son du cor au fond des bois, rappelant les mânes de Roland, Perceval, Lancelot, Arthur partis quérir le Graal, afin d'oublier pendant une heure la misère morale dans laquelle on veut nous étouffer.
A voir le succès écrasant d'ouvrages comme le Da Vinci Code, qui veulent faire revivre l'âge d'or supposée de la monarchie première, qui veulent annoncer "le retour du roi", le grand monarque, ses ascendances davidiques, et pourquoi pas la judaïté des Gaulois ou des Goths, on mesure l'appel d'air pur nécessaire à chacun pour supporter un quotidien souvent minable. La saga des Anneaux participe elle-aussi de cet engouement, vécu dans une crasse idéologique que l'on aurait jamais crû rencontrer après l'effondrement de l'empire du mal.
En fait la menace que l'empire soviétique était parvenu à nous faire assimiler complètement par le vacarme adroit d'un prompt engloutissement sous un déluge de fer et de feu, obligeait nos nations repues à se tenir propres. L'ours abattu et sa peau mise en tapis, on vient danser dessus la farandole grotesque de nos moeurs décadentes, moeurs que nous voulions exporter dans le monde entier dans les fourgons de la globalisation, comme la World Gay Pride de Jérusalem par exemple, mais que certaines nations réveillées commencent à nous refuser. Et nos grands esprits de prédire l'imminence d'un choc des civilisations.
Qui pourrait bien avoir lieu, tant notre "way of life" est en train de dégoûter de monde, autrefois tiers, aujourd'hui émergent, ce monde relativement neuf dans ses perceptions modernes, mais qui voit ses valeurs essentielles fondre comme beurre au chaudron sur un feu de dollars.
Il y a réaction !
Non pas tant sur les traditions ou les coutumes qui appartiennent au domaine des signes de reconnaissance et gardent toutes leurs chances de survie dans les rapports du clan, mais déjà pour préserver la consolidation du socle civilisationnel de ces empires revenus parmi nous, que la folle globalisation menace d'entamer.
Malheureusement, en Europe et en France surtout, l'équation du déclin, inéluctable en l'état des modèles retenus, n'est pas clairement posée. La vérité fait peur ! A nos hommes politiques qui pressentent un coup de massue s'ils la disent, mais aussi aux gens du commun qui ne tiennent pas à connaître l'étendue du désastre promis, et se perdent dans une fébrilité de consommation ou d'épargne, comme pour oublier leur mal aux dents.
Or notre démographie normale est négative, les surplus annoncés par l'institut statistique sont éminemment dangereux pour notre civilisation.
La proportion d'actifs devient incapable de porter à bout de bras le nombre impressionnant des inactifs. La France est devenu un pays de vieux.
Les systèmes de prévoyance et de sécurité sociale sont en faillite, et ne peuvent plus compter sur les abondements du Trésor depuis que l'on sait que notre dette publique est bi-trillonnaire en euros, ce qui met son service et a fortiori sa réduction, hors de portée. Nous vivons à crédit comme des cigales. La crise financière peut être extrêmement sévère pour la classe moyenne et basse.
Notre jeunesse est devenue encore plus peureuse que ses aînés et se bloque, ou se laisse bloquer, dans un immobilisme jamais vu chez cette classe d'âge.
Nos moeurs se liquéfient au motif de la liberté de chacun de se "réaliser pleinement", provoquant de multiples déchirures dans le tissu social que l'on veut maintenant reprendre par les coutures du communautarisme, système parfait pour exacerber les antagonismes. Ce dont nous avons le moins besoin dans notre situation.
Plus que jamais il nous manque un axe, un dessein national, et quelqu'un de chair et de sang pour l'incarner. Une nation, c'est comme de la limaille de fer ; les grains sont de toutes tailles, mais pour les mettre en ordre il suffit d'un champ magnétique. La monarchie incarnée dans un roi crée ce champ magnétique.
Le roi est un aimant d'organisation.
Il faut tout demander à ce prince réclamé que certains attendent depuis si longtemps, de génération en génération. Il doit avoir une âme de chevalier et la distinction naturelle qui se porte avec. Je le souhaite intelligent, perspicace, travailleur, résistant à la fatigue et plutôt adroit et libre de raisonnement parce qu'il aura fort à faire pour redresser la barre. Pugnace, tenace, politique et beau. Car il devra susciter l'affection, provoquer l'engouement d'un peuple remuant et ingrat, finalement pas si exceptionnel que ça même s'il s'en vante partout !
Après deux cents ans de républiques à éclipse, un lavage de cerveau généralisé, la destruction de la foi chrétienne, l'enkystement de la caste des médiocres dans le corps administratif de la nation, l'affaissement durable de notre économie, la pusillanimité de nos forces de sûreté, la confiscation du système éducatif par les maîtres, la subversion de notre magistrature, et bien d'autres désagréments à surmonter, celui qui reprendra la main devra n'être rien moins qu'extraordinaire.
Bien sûr le principe monarchique prime sur la qualité du titulaire pour son efficacité et devrait permettre de se passer de cette ardente exigence, mais pour instaurer à nouveau ce régime, à peine de n'en voir que les prémices sinon au plus loin ses cent jours, on ne pourra pas se passer d'un personnage véritablement d'exception pour "réamorcer".
Le roi du vitrail ? Le roi de l'affiche ?
Le prince des Invalides ?
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Bonjour Catoneo,
RépondreSupprimerA propos du grand monarque, j'ai découvert depuis peu l'existence de ce mythe assez fascinant il faut bien l'admettre. En particulier cette concordance de prophéties de lieux et d'époques différentes pour affirmer qu'il sera "de la fleur de lys". Prophéties parfois bien antérieures à la Révolution et qui avaient prédit celle-ci... Les conditions de sa venue n'ont rien pour réjouir cependant: guerres civiles, suivies d'invasions et de calamités cosmiques, puis d'une guerre en bonne et due forme menée par ce prince qui vient tout rétablir.
Quoi qu'il en soit cette conviction que la France est faite pour un roi je la partage, elle était sans doute inconsciente mais la lecture de votre blog exceptionnel a beaucoup fait pour l'"actualiser", et donc, un grand merci.
J.
Le Grand Monarque est un mythe riche qui est enraciné dans l'inconscient collectif et donne parfois des développements de qualité comme les anneaux de tolkien ou la prose romantique de Jean Raspail. Je le classe parfois dans le "culte du cargo".
RépondreSupprimerLa France est une monarchie de construction. Avant elle, c'était le foutoir gaulois, après elle c'est le foutoir "révolutionnaire" que nous continuons à appeler République bien qu'elle soit devenue une jungle des oligarchies et la table ouverte où se goinfrent les partis politiques au sens large, bien loin du modèle antique.
Dans ce cadre dégradé, le roi revenu devra d'abord être un Juge. Pas simple.
Je vous remercie de votre éloge appuyé, un peu trop quand même.
Salut
C.