Plus ils avancent vers la falaise, plus les lemmings socialistes commandent de bouées. Le dogme de la social-démocratie est en train d'exploser sous leurs yeux, par la faillite des cigales méditerranéennes dont les comptes publics se sont terriblement africanisés. Le modèle suédois a un prix que paient les Suédois vivants, alors qu'il est traduit dans les pays latins comme un régime de cocagne à compte d'autrui, et surtout celui d'enfants à naître d'enfants pas encore nés selon la formule déposée par Royal-Artillerie au Pavillon de Sèvres. Alors quoi faire, maman ?
Le remède pavlovien endémique à l'espèce socialiste est la mutualisation des pertes, que l'on appelle pudiquement "solidarité". Et le PS en campagne d'ameuter les gouvernements européens pour que la dette grecque soit extirpée de l'Etat hellène qu'elle écrase à hauteur de 150% du PIB, et soit reprise par la Banque Centrale Européenne et le syndicat de bailleurs de fonds du Mécanisme Européen de Stabilité. Après quoi, la dette grecque ne serait plus que de 3% du PIB européen. Une paille !
Sioux !
Sauf qu'on parle d'argent qu'il faut bien rembourser. Le service de cette dette monétarisée s'ajouterait à celui de la dette nationale de chacun des Etats européens, du moins ceux de l'Eurogroupe, encore que l'astre de la Solidarité doive briller pour tout le monde. Qui peut croire que les nations-fourmis du Nord vont de bon coeur "encaisser" la gabegie latine en majorant leurs dépenses budgétaires ou en comprimant les postes déjà votés pour faire de la place au service supplémentaire d'une dette exotique ? Pour l'Europe, nous répondent les socialistes, pour la marche en avant vers la gouvernance européenne centralisée. Comme si ça ne suffisait pas déjà !
Mais comme dans les sables mous, le trou est sans fond. Les mêmes (c'est surtout le camp Royal qui promeut cette daube) qui anticipent une chute brutale des taux longs des emprunts grecs sur le marché - de 17% à 4% peut-être - y voient un formidable résultat qui permettra de continuer à financer le modèle social que le monde entier nous envie...... et de creuser la nouvelle dette grecque, revenue à des proportions tout à fait esthétiques ! Et la question se posera immédiatement derrière pour les autres banqueroutiers du camp des gitans dont il faudra monétariser la dette écrasante au principe d'égalité. Ca n'en finirait donc pas pour l'Europe et le droit de jet à la mer s'appliquera.
Les Agences de notation qui suivent tout cela en détail voient l'embrouille et déclassent sévèrement le Portugal et la Grèce (et menacent déjà l'Italie) sans trop croire aux rodomontades des partisans de la mutualisation, l'égoïsme des nations prenant plus souvent le pas sur une solidarité artificielle décidée par l'oligarchie bancaire.
Les gouvernements européens sont aux cent coups contre ces censeurs apatrides qui déjugent leurs politiques en les jugeant sur critères mathématiques froids. Les tuerait-on tous comme à Beziers en 1209, qu'il en repousserait dans des caves où ils tiendraient leurs consultations, car tout prêteur a besoin d'un avis neutre pour s'engager, et n'est pas né celui qui fera aujourd'hui confiance aux dires d'un Etat.
L'arithmétique est terrible.
Tous les fonds à taux bas que déversent le MES et le FMI sur la Grèce accroissent mécaniquement sa dette. Le pari est de relancer l'économie grecque en y réinjectant l'argent économisé par un moindre appel au marché. Faut-il encore qu'il y ait une économie pour que le pays serve les intérêts de ces prêts ? Et c'est bien le problème !
Malgré 240 milliards d'euros de subventions en trente ans, la Grèce n'a toujours pas d'économie sérieuse. La faute au soleil et à la corruption endémique. Au soleil, parce qu'en Grèce la plante héliophile de meilleure production c'est le touriste. S'il est une industrie précaire c'est bien le tourisme, et pire encore, débilitante pour l'innovation qui se voit privée de concours bancaires par la priorité donnée aux profits rapides estivaux. Quant à la corruption, la concussion et la prévarication absorbent près d'un milliard d'euros par an selon Tranparency International et on rachète ses impôts avec des saucisses.
Pourtant il y aurait des solutions mais elles sont humiliantes. Quarante pour cent du PIB est dans le secteur public et l'économie sous-marine est importante. L'Etat hellène doit vendre tout le secteur public qui ne ressortit pas au domaine régalien avec pour seul critère de choix, le professionalisme de l'acquéreur, et si possible à des groupes grecs locaux ou de la diaspora, une façon de récupérer aussi les fruits de la corruption antérieure et rester "entre Grecs". L'agriculture est un secteur aride en termes de gains, mais il y a tout le reste. Les atouts décisifs d'un grand archipel comme la Grèce sont maritimes, et on oublie que son pavillon flotte sur près de 39% des navires de commerce (selon le Lloyds en tonneaux de jauge brute) et que le trafic sous pavillon grec prend 4½% du trafic mondial à égalité avec Singapour, ce qui n'est pas rien. Dès lors, on ne peut que s'étonner du peu de poids des activités portuaires et du shipping. Ce que les Chinois ont très bien vu en rachetant le Pirée (clic).
Si on parie sur un développement économique relancé dans le monde arabo-méditerranéen après la période de libération politique, c'est un besoin gigantesque de transport maritime qui va s'exprimer, avec des retombées directes sur la réparation navale, voire la construction. Il serait dommage que les Grecs réagissent en Kowétiens et importent des Philippinos pour bosser à leur place et transférer leurs salaires au pays ! On sait ce qu'il en coûte aux Français de ne pas vouloir se salir les mains.
Reste la question "euro ou pas euro".
La contrainte est forte et de bons esprits recommandent que la Grèce sorte de l'Eurogroupe et reprenne la drachme en faisant défaut sur sa dette en euros, ce qui malheureusement ne résoudrait rien tant le séisme serait fort pour les conditions de vie du peuple dont les maigres avoirs seraient détruits par la dévaluation et une inflation galopante. Sortir de l'Eurogroupe ce serait à terme quitter l'Europe dispensatrice de subventions et passer dans le camp du Tiers-Monde, abonnés aux guichets des banques de développement. Bien sûr charbonnier est maître chez lui. Et ce petit blogue ne va pas faire la leçon aux peuples de la mer, mais si les Grecs ne veulent pas de développement forcé pour renflouer l'épave hellène, il faut qu'ils acceptent la promesse d'un niveau de vie plus proche de l'Afrique - qui n'est pas si loin - que de l'Europe.
PS : si l'eurogroupe se scinde, cela ne veut dire en rien que l'euro disparaisse. Il restera la monnaie unique de l'ancienne zone mark, une sorte de Saint-Empire germanique économique de Milan à Bruges et d'Amsterdam à Helsinki, ou bien l'avatar moderne de la vieille Hanse, ce dont nous serons exclus dans un cas comme dans l'autre, car la dégradation de nos comptes est irrémédiable par la faute de nos trois déficits. C'est pour cette raison que ce billet ne se moque pas de nos amis grecs ; paille et poutre en quelque sorte.
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Quel plaisir, toujours, de vous lire.
RépondreSupprimerTrès intéressante analyse. Les grecs ont encore du potentiel économique à développer, mais apparemment, le temps leur manque...
RépondreSupprimerLes grecs n'auraient ils pas intérêt à également développer les énergies modernes (solaires notamment) pour diminuer leur dépendance au pétrole et autres énergies importées ? J'ai lu que le secteur énergétique était l'un des principaux gouffres financiers du pays...
Apparemment, l'Italie prend le même chemin que la Grèce, suivie de près par le Portugal. Et je rejoindrais votre point de vue : la France n'est pas très loin derrière...
La France dans son malheur annoncé a la chance d'être un pays riche, tant en patrimoine, en épargne qu'en agriculture. C'est ce sur quoi compte l'Etat en faillite, se refaire sur le pays, sur la nation qu'il a pourrie, si vous préférez.
RépondreSupprimerIl devient prédateur.
Ségolène Royal qui ne freine aucune de ces âneries, demande la création d'une agence publique de notation. Sachant que ce genre d'organisme émet des avis de confiance à l'adresse des acteurs du marché, on imagine mal une agence publique prise au sérieux sur le dette publique et les déficits publics.
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