mardi 22 novembre 2011

Vaffanculo Nonno*

* Va te faire voir chez les Grecs, Pépé !
Rien à voir avec la démission du Cavaliere, mais un hommage indirect au Coluche italien, Beppe Grillo, qui lui, a survécu à ses dénonciations ciblées.
Maître Montebourg sur son arbre perché combat la gérontocratie qui lui barre la vue des plafonds dorés de la République. Il veut qu'au premier jour de ses 68 printemps, le député saute la fenêtre comme à Prague. Pensez qu'à 49 ans, son plus grand succès politique fut de capturer Audrey Pulvar avant de tuer le père Jean-Noël Guérini et Ségolène Royal, et de plomber la course au titre de M. Hollande. Il y a de quoi faire un gros urticaire d'impatience. La vieille classe politique derrière l'octogéronte Fabius, champion de tous les sortants pour être venu et revenu au Palais Bourbon huit fois, de nous faire sa crise d'asthme à se savoir menacée dans ses notes de frais par le tombeur de Martine Aubry.
Soixante-sept ans est la limite d'âge des mandarins. C'est assez bien vu. On eut préféré un combat à mort pour interdire par la loi le cumul des mandats mais bon, l'imprécateur est député-conseiller-maître comme aurait dit Maurice Rheims.

Sautons l'écume médiatique - Montebourg fait vendre, c'est vrai - et approchons la question générationnelle. Nos sociétés euro-occidentales sont envahies de vieux. Le Reich millénaire est par exemple en train de fondre démographiquement même malgré l'ardeur d'alcôve des Turcs. Nous-mêmes, Français portés sur la reproduction en toutes positions, ne survivons comme peuple que grâce aux marteaux noirs de la chanson à boire.
Ce vieillissement prolongé pose immédiatement la question du prix dans nos sociétés du Chiffre et disons-le tout net, met en péril les équilibres sociaux et financiers puisque la proportion d'actifs en soutien des inactifs décroît inexorablement. Il n'est pas loin le jour où les jeunes cons vireront les vieux éponymes des rôles d'assistance en les abandonnant à leur propre prévoyance. C'est môche ! C'est drôle aussi ! La faillite du système par répartition imposée va laisser prospérer les schémas volontaires et redonner du lustre à la responsabilité individuelle. Que du danger pour la classe politique, jusqu'ici complice de l'édredon social qui fait voter bien. Les contribuables éveillés (et déjà en colère) vont subitement envahir les couloirs menant aux hémicycles, comme ils le font partout dans le monde mercantiliste anglo-saxon, à travers les lobbies. Du jamais vu en pays latin où mettre en cause l'impôt est tabou depuis l'Empire romain ; on plonge sous le radar fiscal et basta !

Au delà des politiciens, la globalisation des moeurs inquiète à juste titre une classe d'âge planquée derrière des schémas de pensions en banqueroute, et deux fois même quand on associe aux temps nouveaux l'euthanasie budgétaire comme le suggère le provocateur-conseiller Jacques Attali : « l'euthanasie sera un des instruments essentiels de nos sociétés futures dans tous les cas de figures. Dans une logique socialiste, pour commencer, le problème se pose comme suit : la logique socialiste c'est la liberté et la liberté fondamentale c'est le suicide ; en conséquence, le droit au suicide direct ou indirect est donc une valeur absolue dans ce type de société. Dans une société capitaliste, des machines à tuer, des prothèses qui permettront d'éliminer la vie lorsqu'elle sera trop insupportables ou économiquement trop coûteuse, verront le jour et seront de pratique courante. Je pense donc que l'euthanasie, qu'elle soit une valeur de liberté ou une marchandise, sera une des règles de la société future¹. » Relire "Make Room!" (Dégage! en français) d'Harry Harrison ou revoir son adaptation cinématographique Soleil Vert².


Qu'en sera-t-il vraiment quand nous approcherons des huit milliards, nul le sait. L'espèce humaine est à la fois la plus intelligente du monde vivant et la pire qui soit au regard de la vie, bien qu'elle enterre ses morts. Globalement elle rajeunit quand même, mais les bataillons de plus en plus nombreux d'inactifs européens pensionnés sont une des causes fondamentales de la crise des dettes sur notre péninsule. Déjà la Chancelière propage l'idée de retraites indues en pays latins, et l'attention se portera forcément un jour sur le rendement économique des vieux. Boulet du monde sur le plan financier, la crise européenne peut affecter la confiance partout, et stopper les économies de la planète, même les plus saines. La pression va donc monter sur les "fondamentaux" européens. Montebourg est dans le vent !

Notes :
(1) cf. l'Avenir de la Vie de Michel Salomon (Seghers)
(2) SOYLENT GREEN, film de SF de Richard Fleisher, avec Charlton Heston, MGM 1973.

1 commentaire:

  1. Sur Atlantico, Robin Rivaton va dans le même sens. Son court billet "La France a préféré préserver la richesse des vieux que de venir en aide aux jeunes" dénonce la gérontocratie mais aussi la responsabilité des classes jeunes qui zappent le processus électoral et donc laissent faire.
    Comment casser la machine infernale des déficits sociaux ? Il en parle.

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