Jens Weidmann, président de la Bundesbank, caricature les pays tétanisés par leur notation en agences en l'attitude du lapin bloqué sur la route par les phares qui s'élargissent vers lui. Les agences portent les nouvelles mais ne les font pas. Si elles sont mauvaises, il faut en chercher la raison à la source qui est toujours l'organisation analysée. Et les nouvelles d'où qu'elles viennent sont mauvaises, dit Stephan Eicher, mais de France surtout.
S'il y a bien un pilote dans l'avion qui bourre d'annonces les boîtes noires, chacun se demande où va-t-il plein gaz, d'autant que sa route rapportée au sol ne semble pas se faire puisqu'on tourne en rond en attendant l'orage .
Notre pays génial est aux mains des bateleurs de foire, démagogues avérés et incultes en économie, ceux-là mêmes qu'il s'est choisi. Elus par qui ? Nous ne pouvons que nous en prendre à nous-mêmes. Les tête-à-queue de MM. Fillon et Baroin, qui acceptent aujourd'hui ce qu'ils condamnaient hier avec un aplomb incroyable, disqualifient tout le staff de Matignon et de Bercy. Un nid de branleurs. Tous font semblant d'ignorer - sinon ce n'est pas dieu possible! - que les prêteurs, que l'on dissimule derrière l'invocation aux marchés, ne croient plus en un Etat déficitaire sur tous les plans, gérant une économie en récession qui importe chaque année 75 milliards d'euros de biens et services qu'elle est devenue incapable de produire pour satisfaire la demande de sa population. Ces prêteurs que nous sommes allés chercher pour rétablir la présentation cosmétique d'une gabegie éhontée, ne croient pas non plus aux proclamations sans frais de toute notre classe politique, dirigeante ou prétendante, puisqu'elle n'a plus la main sur nos propres affaires mais dépend de l'étranger maintenant. A quoi leur servirait-il d'être souverain d'ailleurs, puisqu'à l'époque de notre souveraineté, cette classe politique n'a rien fait non plus sinon nous enfoncer (souvenons-nous de la cagnotte de Chirac et Jospin).
Le changement de direction annoncé par les sondages pour le mois de mai 2012 projettent sur l'écran une situation pire encore, que ce soit par une relance des dépenses publiques stériles mais rétribuant l'électorat gagnant à gauche, ou que ce soit par une réforme virile de nos dépendances comme veut la faire Mme Le Pen. Il est dommage que tous ignorent M. Bayrou à l'ouest du Pecos puisque il est le seul pour le moment à produire un discours sensé.
Si le trader de base est comme un enfant de CM2 qui aurait appris les intégrales, on partagera avec lui le sentiment que la réduction de la Dette par le déficit primaire du Budget de l'Etat est une notion cosmique jamais vérifiée sur Terre. Et que tous les "experts" qui veulent nous ramener aux fameux trois pour cent rouge de Maastricht pour comprimer la Dette sous les 60% du pib, méritent les palmes académiques au nom du peuple "le plus con de la Terre". Nous. Ces gens devraient être cloués à la porte des granges.
Français, on vous amuse comme jamais un pouvoir n'a osé. A défaut de concret au vingtième et dernier sommet européen de crise - refaire un traité en cuisine - on clashe le Royaume-Uni pour agiter le tapis, on reparle à gauche des eurobonds comme ultime espoir avant désastre, puis l'Elysée diffuse en week-end que lundi 19 les décideurs en Eurolande vont se téléphoner. Si, si ! Ça change tout ! Pendant ce temps, à la Kommendantur de l'Europe, le président de la Banque centrale allemande précité et Jürgen Stark, l'ancien chef économiste de la Banque centrale européenne, réitèrent leur refus de monétiser les dettes souveraines par la planche à billets parce que c'est contraire au droit (si vous êtes cyberabonné aux Echos, cliquez ici). Autant faire comprendre sans avoir à le dire, que si le chancelier Merkel avait la tentation de mollir en acceptant de financer les dettes latines, il faudrait qu'elle passe par une révision du traité instituant la BCE, ce qui n'est pas gagné d'avance à Karlsruhe et surtout chez les pays "moins grands" qui ont fait de gros efforts pour rentrer dans les clous et qui seraient volés des fruits de leur gestion avisée.
Sortons de devant les phares de la communication à tout prix. Et battons-nous autrement que par des postures arrogantes et des embrassades ridicules. N'attendons rien de l'Europe qui perd un temps précieux, mais battons-nous chez nous ! Le coût du refinancement de la Dette a déjà augmenté depuis que les marchés ne nous accordent plus une confiance aveugle (AAA), mais si nous les persuadons que nous redevenons sérieux, ils seront moins crispés et le spread diminuera sûrement. On ne peut compter sur le suicide collectif des pouvoirs qui nous ont mis dans la panade - ces gens sont sans vergogne - et d'expérience, ils ne réagissent que dans la peur comme ils l'ont montré en 1968, mais on peut inciter la haute administration à prendre les commandes du pays comme sous la IV° République et foutre à la mer les saltimbanques comme on l'a fait de Berlusconi en Italie.
Pour que la France aille mieux il n'y a pas d'alternative mais une voie unique : raboter et les niches fiscales et l'Etat, mettre à la diète toutes les petites satrapies de province, réformer la protection sociale en fondant les décisions sur la vérité, et tout ceci en poussant la lame en position "gros copeaux" afin de retrouver un excédent primaire dans le budget central.
Réexpliquer ici serait rabâcher, et nous ne nous en sortirons pas avec les gens en place, c'est maintenant prouvé. Comme l'agravation n'attendra pas le réveil de mai 2012, que faire ? J'avoue ne pas savoir.
Tableau du prix de refinancement de la dette, rendements à 2 et 10 ans le 19.12.2011 (source Bloomberg, rates and bonds)
(Classement des pib 2010, dette 2001-2011 entre parenthèses en %pib)
Etats-Unis (55-100): 0,23% et 1,83%
Japon (152-233): 0,13% et 0,97%
Chine (18-27): pas de marché
Allemagne (59-83): 0,21% et 1,88%
France (57-87): 0,98% et 3,10%
Royaume-Uni (38-81): 0,32% et 2,06%
Italie (109-121): 4,96% et 6,83%
Russie (48-12): pas de marché
Espagne (56-67): 3,38% et 5,17%
Brésil (70-65): 10,44% et 11,32% (9 ans)
(cf. infographie Le Figaro)
(Classement des pib 2010, dette 2001-2011 entre parenthèses en %pib)
Etats-Unis (55-100): 0,23% et 1,83%
Japon (152-233): 0,13% et 0,97%
Chine (18-27): pas de marché
Allemagne (59-83): 0,21% et 1,88%
France (57-87): 0,98% et 3,10%
Royaume-Uni (38-81): 0,32% et 2,06%
Italie (109-121): 4,96% et 6,83%
Russie (48-12): pas de marché
Espagne (56-67): 3,38% et 5,17%
Brésil (70-65): 10,44% et 11,32% (9 ans)
(cf. infographie Le Figaro)
Il circule sur la toile un texte de François de Closets que France Soir avait publié à la rentrée et où il pète les plombs devant l'incompétence et la duplicité des politiques.
RépondreSupprimerhttp://www.francesoir.fr/actualite/societe/dette-aujourd-hui-nous-payons-trente-cinq-ans-mensonges%E2%80%A6-134172.html#