Si nous avons choisi de publier hier le discours d'Obama sur l'état de l'Union, c'est bien sûr qu'il impacte nos moeurs économiques et politiques. Sans vous infliger un article en lasagne, citation-commentaire, nous y relèverons les points qui touchent à notre destin directement, même si toute action de l'Administration américaine aux Etats-Unis induit des répliques sismiques en Europe et partout ailleurs. Après les généralités d'usage, un paragraphe donne l'axe :
« Pensez à l'Amérique possible : un pays qui guide le monde en éduquant son peuple. Une Amérique qui attire une nouvelle génération d'emplois de haute technologie bien payés. Un futur où nous contrôlerons notre propre énergie, et où notre sécurité et notre prospérité ne seront pas aussi liées aux régions instables du monde. Une économie bâtie pour durer, où l'on paie le dur travail et où l'on récompense la prise de responsabilité. Nous pouvons le faire. Je sais que nous le pouvons, parce que nous l'avons déjà fait auparavant. Et plus loin... Ce qui est en jeu, ce ne sont pas les valeurs démocrates ou les valeurs républicaines, mais les valeurs américaines !»
SPHERE FINANCIÈRE ET ÉCONOMIQUE
Quid de la crise financière qui est la base de notre problème à nous ? Après avoir parfaitement diagnostiqué l'origine du mal dans la distribution extravagante de crédits hypothécaires à des gens incapables de les honorer voire même de les comprendre, il pointe du doigt les établissements financiers qui se sont goinfrés dans une économie de casino jusqu'à l'effondrement du château de cartes. Ceci annonce la régulation forcée de la profession bancaire par l'installation d'une Financial Crimes Unit, et le retour du Glass-Steagall Act de 1933, séparant banques de dépôt et banques d'investissement, au grand dam de la City. Nous suivrons.
Mais « le plan commence par l'industrie de fabrication américaine ». Aussi demande-t-il aux entrepreneurs de bien faire leurs comptes et de rapatrier le plus d'emplois possibles au bénéfice desquels l'Administration créera un environnement favorable par un nouveau code de taxes tournant le dos à une imposition exagérée des sociétés :
1.- Si dans votre bizness vous délocalisez, vous n'aurez aucune réduction d'impôt sur les sociétés, cet argent sera dépensé pour les frais de rapatriement d'emplois engagés par d'autres compagnies.
2.- Aucune société n'échappera à l'impôt en délocalisant ses jobs et bénéfices outremer, elle sera taxé au forfait. L'argent ainsi collecté sera utilisé jusqu'au dernier centime à réduire les taxes des entreprises qui choisissent de rester sur le sol américain et d'y embaucher.
3.- Si vous êtes un fabricant américain, vous aurez une plus grande réduction d'impôts. Si vous produisez de la haute technologie, nous doublerons la déduction pour la production domestique. Et si vous voulez vous transférer sur un territoire touché durement par le départ d'une usine, vous serez aidé pour financer une nouvelle usine, des machines ou la formation d'ouvriers.
Nous suivrons.2.- Aucune société n'échappera à l'impôt en délocalisant ses jobs et bénéfices outremer, elle sera taxé au forfait. L'argent ainsi collecté sera utilisé jusqu'au dernier centime à réduire les taxes des entreprises qui choisissent de rester sur le sol américain et d'y embaucher.
3.- Si vous êtes un fabricant américain, vous aurez une plus grande réduction d'impôts. Si vous produisez de la haute technologie, nous doublerons la déduction pour la production domestique. Et si vous voulez vous transférer sur un territoire touché durement par le départ d'une usine, vous serez aidé pour financer une nouvelle usine, des machines ou la formation d'ouvriers.
Le deuxième axe d'effort est de revivifier le commerce d'exportation dans des accords bilatéraux (ndc: donc sans passer par aucune organisation internationale) et de contrer la concurrence faussée en créant une Trade Enforcement Unit chargée d'enquêter sur les pratiques déloyales, de la Chine par exemple, trois fois citée. Nous ne suivrons pas (Kow Tow).
ÉNERGIE
Nous zappons les mesures de politique intérieure sur l'éducation, l'emploi, la formation, la recherche fondamentale et appliquée, la justice fiscale, la sûreté des dépôts bancaires particuliers, qui n'ont pas d'impact immédiat chez nous, pour aller à l'autarcie énergétique. C'est le grand challenge. Toute énergie est bonne à prendre, qui améliorera les termes de l'échange et créera des emplois, pourvu que les modes d'exploitation soient propres. Pétrole, gaz naturel, gaz de schiste, énergie renouvelable, tout est bon, mais l'argent du contribuable ira vers le soutien aux énergies nouvelles pour ne pas laisser partir la technologie en Allemagne ou en Chine ; l'objectif est 600.000 emplois. A terme, la pression de la demande américaine d'hydrocarbures fléchira sur les marchés, et nous verrons arriver en Europe des équipements énergétiques américains, subventionnés sans complexe par un soutien gouvernemental au marché domestique.
Nous zappons aussi les longues remontrances aux Républicains qui mènent une guerre de tranchées à Washington, coupant la capitale fédérale du reste du pays et de ses problèmes. Elles sont méritées à notre avis ; reportez-vous au troisième quart du texte d'hier. Dès votre retour, nous partons au Moyen-Orient.
MOYEN-ORIENT
La chasse à al-Qaïda bat son plein du Pakistan au Yémen avec des résultats. Ce qui justifie de lever le pied en Afghanistan où la restauration d'un état démocratique cède le pas à une collaboration non définie. Après le retrait accompli de de 10.000 soldats, ce sont 23.000 autres qui rentreront à la fin de l'été 2012. Nous suivrons.
La révolution arabe est aussi un enjeu pour les Etats-Unis. « L'issue de cette incroyable transformation est incertaine. Mais nous y avons gros jeu. Et si c'est aux peuples de la région que revient la décision ultime de leur destin, nous serons l'avocat des valeurs qui ont si bien servi notre pays. Nous nous opposerons à la violence et à l'intimidation. Nous signifierons les droits et dignité de tous êtres humains - homme et femme; chrétiens, musulmans et juifs. Nous soutiendrons les politiques qui conduiront à des démocraties fortes et stables et à des marchés ouverts, parce que la tyrannie ne peut lutter contre la liberté.» On peut dès lors penser que les Etats-Unis continueront à oeuvrer en sous-main, mais de manière plus puissante qu'au début de la révolution. D'autant que le danger iranien est clairement identifié, autant que la volonté inébranlable d'y faire face pour le réduire. C'est le point dur du discours : « Qu'il n'y ait aucun doute. L'Amérique est déterminée à empêcher l'Iran d'obtenir l'arme nucléaire, et je n'écarterai aucune option de la table pour atteindre ce but.» Vu la fuite en avant du régime islamique en proie à la liquéfaction de son économie et de sa monnaie, on peut s'attendre à tout. Nous suivrons.
Et le discours s'achève sur un long hommage aux forces armées et spécialement aux forces spéciales de l'US Navy. Nous ne savons pas faire.
Conclusion du piéton
Puisse cette analyse objective vous convaincre que les Etats-Unis sont de retour dans le Grand Jeu grâce à leur adaptabilité et à leur force intrinsèque. Tout plan géopolitique doit les prendre en compte, et cela déplaît à une puissance moyenne comme la France, revenue d'une grande histoire. Mais on ne peut pas se tromper tout le temps sans conséquences un jour. Le déclin a peut-être commencé à Sedan en 1870. Charles De Gaulle proclamait le refus pour la France d'accomplir le destin du Portugal, immense nation qui inventa la mondialisation, ramenée à un finistère stérile. Mais il n'avait pas reçu l'éducation convenable qui lui aurait suggéré que l'économique prime tout car la puissance en procède. Nous péférâmes la grandiloquence.
J'attends maintenant avec intérêt le décodage d'Hubert Védrine.
De Gaulle a livré l'Algérie et le Sahara aux néo-hitlériens du FLN.
RépondreSupprimerQuand les grands vaincus de la guerre se retroussaient les manches et continuaient le combat au plan économique, nous nous coupions les ailes et faisions la leçon au monde émerveillé. Discours de Moscou, discours de Phnom-Penh, discours de Montréal, discours de Chicago(gp), discours de Tokyo(vge), discours de Vienne(fm), discours de Cancun(fm), discours de New-York(ns), discours de Dakar(ns),... seul domaine où nous sommes invaincus !
RépondreSupprimerLe souci, c'est que par anti-américainisme viscéral, de Gaulle a préféré composer avec les communistes plutôt que de laisser le pays quelques années placé sous protectorat SHAEF. Si ce choix avait été fait, la plateforme sociale du CNR ne serait qu'un torche.c.. dans la vitrine d'un obscur musée de la résistance au fin fond d'une province. Au lieu de cela, les conséquences de l'adoption de ces mesures ne cessent de plomber notre économie, empêchent tout réel dialogue social au profit de la stratégie de l'affrontement, etc.
SupprimerLe pire, c'est qu'il se trouve encore de jeunes et moins jeunes godelureaux pour s'indigner de ce que l'on veuille faire un sort aux survivances de cette plateforme.
Des discussions ont été ouvertes avec les Philippins pour rétablir une grande base navale US en Mer de Chine méridionale afin de soutenir la coopération avec les riverains soucieux de préserver leurs zones économiques maritimes vis à vis de la Chine, et faire pièce à la grande base aéronavale de Zhanjiang, anciennement Fort-Bayard, une possession française oubliée de la même époque que Hong Kong.
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