L'ouverture d'une grande usine Renault à Tanger fait trop de tapage, la nouvelle a failli écraser le mauvais temps, c'est dire ! Ça la fout mal en période d'incantations relocalisatrices et surtout mesure l'impuissance de la sphère politique nationale sur l'industrie globalisée. Carlos Ghosn est trop poli pour envoyer les candidats se faire foutre mais il le pense si fort que ça s'entend. Politique d'abord c'est terminé, depuis longtemps. L'économique prime.
Comme tout acteur d'un marché mondial, la firme au losange efface les frontières de ses plans stratégiques pour gagner des parts du gâteau, objectif obligatoire pour ceux qui veulent continuer d'exister. Il faut vendre les voitures sur les marchés qui en achètent, aurait dit La Palisse. Les marques disparues ou en voie de l'être furent de bonnes marques. Nous ne citerons que les morts de ce siècle à peine commencé : Hummer, Matra, Mercury, MG-Rover, Oldmobile, Plymouth, Pontiac, Saab, Santana, Saturn, Volvo et nous glisserons sur le trophée du rastacouère qu'est devenu Jaguar. Se battre donc sans hésitations, un concept finalement très peu politicien où chaque pas est d'abord mesuré par sondage d'opinion avant d'avancer le second pied. Carlos Ghosn n'a rien à faire dans la campagne électorale et ne l'envoie pas dire.
La presse économique a fait de bonnes analyses de la stratégie des deux constructeurs français qui ne s'en tirent pas si mal (Les Echos, La Tribune). Reste que nos usines crèvent. En dix ans, le volume de véhicules tous types confondus produits par PSA et Renault dans le monde (source OICA) a augmenté de 18,75% et la production automobile française a décru de 33,47%. Pour mémoire, sur la même période la production en Allemagne n'a décru que de 6,42%. En quatre chiffres :
France production totale tous types : 2010 = 2227742 | 2000 = 3348361
PSA+R production mondiale tous types : 2010 = 6321810 | 2000 = 5323765
Il y a changement de paradigme. Nos constructeurs hexagonaux tiennent bon parce qu'ils ne le sont plus, avec un rétrécissement de parts de marché de seulement 1 point (8,12% contre 9,12) tenant compte de la montée en puissance de l'industrie sino-chinoise qui explose.
Par contre, nous nous dirigeons au plan français vers une industrie automobile de niche. Notre part "nationale" du marché mondial est passée de 5,74% à 2,86% en dix ans. Peugeot comme Renault cherchent des "spécialités" pour palier l'amortissement du segment gamme moyenne, mais les contraintes de prix et de solvabilité des acheteurs en année de récession cassent les pronostics.
Il faut être niais, ou simplement hors du réel, de croire que le remède au chômage français puisse venir des constructeurs eux-mêmes, qui se projettent sur un vecteur ascendant de production globalisée. Aussi les remontrances de la classe politique à leur endroit sont comme pluie d'hiver sur le cormoran. Ce n'est pas leur problème si les réflexes soviétiques persistent dans notre société de revendications. Ils ne peuvent donner que le travail qu'ils gagnent, et en doivent partout !
Plutôt que de lever le poing au ciel, nous devons développer de l'industrie à travers des métiers neufs et sans tarder, car les courbes ne s'inverseront pas. Innovons ! Découvrons ! Inventons !
Tout à fait d'accord avec vous. J'ajouterais que la construction de cette usine va permettre à 6.000 marocains d'avoir un travail. La vie de la famille étant assurée, il est clair que nous avons environ 30.000 marocains de fixés sur leur sol natal au lieu de tenter l'aventure de la traversée de la Méditerranée. Au vu des libéralités de la république en matière d'allocations diverses et de couverture maladie gratuite, le gain pour la France n'est pas négligeable, même si ce sont des emplois perdus pour nos ouvriers. Accessoirement, c'est ainsi que l'on crée un marché et donc de possibles débouchés pour certains de nos produits.
RépondreSupprimerLe meilleur remède à l'immigration est de lutter contre l'émigration. Je suis bien d'accord avec vous. Dans la guerre économique il faut savoir changer le fusil d'épaule. Nous avons beaucoup d'innovation latente en France, pays d'ingénieurs, il suffit de libérer la créativité en réduisant la pression réglementaire de la bureaucratie, ce qui nous fera en plus économiser beaucoup d'argent.
RépondreSupprimerDans le Figaro d'hier, il est indiqué que l'usine Renault de Tanger en régime de croisière nourrira le quotidien de 100.000 personnes.
RépondreSupprimerLe Maroc avait besoin d'un développement soutenu pour contenir la paix sociale dont la dégradation impactera l'Europe.