vendredi 16 mars 2012

50 ans pour rien !


Il y a beaucoup à dire sur l'ignominie des Accords d'Evian et sur le cynisme de la délégation gaulliste à la manoeuvre de largage. Qu'on se souvienne des noms de l'infamie, Louis Joxe, Bernard Tricot, Roland Cadet, Yves Roland-Billecart, Claude Chayet, Bruno de Leusse, Vincent Labouret, général Jean Simon, lt-colonel Hubert de Seguins Pazzis, Robert Buron, Jean de Broglie, mais aussi de la strasse de Paris, celle qui fit tuer les supplétifs algériens de l'infanterie française par des ordres précis d'abandon tels que ceux du ministre des armées, Pierre Messmer, qui a salopé durablement son profil de médaille. L'histoire a commencé à juger les salauds, il faut poursuivre jusqu'au donneur d'ordres originel. L'Action Française 2000 revient longuement sur cet anniversaire des Accords dans son numéro 2836 daté du 15 mars. Nous vous y adressons.

Bibliographie utile :
  • Algérie, l'oeuvre française de Pierre Goinard, chez Robert Laffont
  • Ces maudits colons de Claire Janon, à La Table Ronde
  • Histoire de la France en Algérie de Pierre Laffont, chez Plon
  • Un Silence d'Etat - Les disparus civils européens de la guerre d'Algérie de Jean-Jacques Jordi, chez Soteca
  • Les Archives inédites de la politique algérienne de Maurice Faivre, à L'Harmattan
  • Les Combattants musulmans de l'Armée française de Maurice Faivre, à l'Harmattan
  • Les Français d'Algérie, cinquante ans après de Maurice Calmein, chez Atlantis
  • Une ténébreuse affaire - La fusillade du 26 mars 1962 de Jean Monneret, à L'Harmattan

Depuis 6 mois, je lis de temps en temps la presse algérienne en ligne qui a beaucoup écrit sur le demi-siècle de triomphes, en s'en moquant copieusement. Nous avons laissé un pays de classe euro-méditerranéenne en 1962, capable de rivaliser avec les économies voisines et doté d'une poire pour la soif, le pétrole et le gaz. Ce pays qui produisait tout sauf le hareng de la Baltique, géré normalement, pouvait caresser l'ambition de devenir le partenaire majeur du Marché commun sur tout le tiers nord de l'Afrique, bien loin devant l'Egypte et le Maroc. Il n'en est rien, et je laisse la parole au Forum des Chefs d'Entreprises (FCE) par le truchement du journal LIBERTE (édition du 15 mars 2012). Ce forum s'est réuni à l'hôtel El Araussi d'Alger les 14 et 15 mars (présentation El Watan ici). Le président du FCE, Réda Hamiani, est l'ancien ministre des PME et aujourd'hui un industriel prospère.

Clichés de la radioscopie de l'économie algérienne :

« En matière de conduite de politique économique, le tableau est plutôt sombre. L’Algérie, qui devait vaincre le chômage dès les années 1980 et atteindre le niveau de développement de l’Espagne, est loin, très loin de ces objectifs que s’était fixée la stratégie adoptée en 1966, relève le professeur Abdelmadjid Bouzidi dans sa communication, passant en revue les quatre périodes de politique économique, mettant en exergue les hésitations et les tâtonnements, fluctuant en fonction des prix du pétrole.
M. Bouzidi estime que la croissance économique de 5%, aujourd’hui, est extensive, éphémère et coûteuse. Certes, le chômage a baissé mais son traitement est social et les emplois créés sont précaires. Le professeur Bouzidi parle plutôt de politique de gestion des chômeurs et du chômage.
Abdelmadjid Bouzidi relève également l’absence de politique de l’offre. Les expériences réussies dans d’autres pays à travers le monde, révèlent, d’une façon encore plus forte, le retard que devrait combler notre pays. Chiffres à l’appui, Mouloud Hédir, conseiller au FCE, a montré le chemin qui reste à faire pour égaler les performances réalisées, en matière de croissance, des exportations de produits industriels, des politiques de diversification des exportations.
Les Émirats arabes unis ont réussi à réduire la part des exportations d’hydrocarbures dans les recettes d’exportations totales de 88,3% en 1980 à 35% en 2010. En Égypte, la part des exportations des hydrocarbures est estimée à 34,5% en 2010 alors qu’elle était de 66,7%. En Indonésie, cette part était de 75,8% en 2008. Elle n’est que de 39,4% en 2010. En Algérie, la part des exportations d’hydrocarbures dans les recettes d’exportations totales a été de 98,6% en 2010 contre 98,9% en 1980. En d’autres termes, notre économie reste dépendante des hydrocarbures.
Comment a-t-on fait pour nous retrouver dans ce piège ? Est-il normal que nous dépendions soit des énergies fossiles, soit des énergies renouvelables ? Sommes-nous incapables de produire autre chose ? Qui est responsable de cette situation ? s’interroge Omar Ramdane, président d’honneur du forum. Nous sommes tous responsables. J’ose dire nous sommes tous devenus des rentiers, tout au moins nous avons accepté la logique de la rente. C’est cette logique de la rente qui nous procure le confort matériel et intellectuel, regrette Omar Ramdane, soulignant l’urgence de sortir de cette logique. Nous avons les moyens. Nous avons les hommes. Nous avons l’aisance financière pour compter sur nous-mêmes et élaborer une stratégie de développement et de croissance et faire émerger notre pays, plaide Omar Ramdane.
Il est devenu patent aujourd’hui que les blocages dont souffre l’économie algérienne sont dus à un défaut de gouvernance : absence de vision économique, rôle non défini de la place de l’État dans la sphère économique, une administration démotivée et forcée à naviguer à vue, participation quasi inexistante des autres parties prenantes (entreprises, société civile…) dans les choix de politique économique » (selon l'article de Liberté).

FCE : 50 propositions (en écho aux 50 ans perdus), elles donnent la mesure des carences :

Mesures de relance et de soutien de l’investissement
1- Rétablir la liberté totale de l’acte d’investir : l’investissement est libre et n’est soumis à aucune autorisation ou agrément.
2- Lancer une politique de champions économiques.
3- Ouvrir de manière effective aux investisseurs privés nationaux l’ensemble des secteurs d’activité économique.
4- Créer une banque d’investissement spécialisée dans le développement de la PME/PMI dotée d’un capital équivalent à 10 milliards de dollars.
5- En matière d’investissement direct étranger, abandonner la règle 49/51 appliquée systématiquement, mais définir les branches ou les filières considérées comme stratégiques où la partie algérienne est obligatoirement majoritaire comme l’énergie, les hydrocarbures, l’eau, les banques, les assurances, les TIC, le transport, etc.
6- Au titre de la sécurité alimentaire nationale, décider d’un programme s’étalant sur sept ans et visant l’autosuffisance complète ou partielle (70 %) pour les produits suivants : céréales, légumes secs, lait et huiles.
7- Au titre des priorités de la politique sanitaire nationale, mettre sur pied un programme précis de développement et de soutien aux fabricants nationaux, visant à assurer, dans un délai n’excédant pas cinq ans, 70 à 80 % des besoins en médicaments.
8- Ériger des zones prioritaires de développement dans les Hauts Plateaux et le Sud.
9- Implanter de nouvelles zones industrielles le long de l’axe autoroutier Est‑Ouest.
10- En matière de gestion du foncier industriel, garder le système de la concession pour la seule période de réalisation des projets d’investissements : au‑delà, la pleine propriété sera la règle.
11- Accorder la possibilité, à toutes les entreprises existantes qui le souhaitent, de rééchelonner leurs dettes bancaires, avec un délai de grâce de trois années ; les agios de la période de grâce seront supportés par le Trésor.
12- Réserver aux entrepreneurs nationaux les marchés publics dont le montant n’excède pas 30 millions de dinars pour les services, 150 millions de dinars pour les fournitures et 200 millions de dinars pour les travaux.
13. Rétablir le crédit à la consommation pour l’acquisition des biens et des services produits localement.
14- Remplacer le soutien des prix de large consommation par l’instauration d’un complément de revenus au bénéfice des couches de population à faible revenu.
15- Reprendre et relancer sur une base régulière et avec l’appui des pouvoirs publics la campagne "Consommons national".
16- Mettre en place et lancer un grand programme national de développement des énergies renouvelables.
17- Encourager le retour des populations rurales qui ont fui leurs lieux d’habitation du fait du terrorisme, en portant l’aide accordée par les pouvoirs publics à un million de dinars par famille.
18- Encourager une politique du logement différente.
19- Concevoir un programme de nouvelles villes de différentes tailles (10 000, 20 000 et 50 000 habitants).
20- En matière d’exportation, fixer un objectif de 10 milliards de dollars à atteindre dans un délai de 5 à 7 ans et 20 milliards de dollars après dix ou douze années. En contrepartie, réformer en profondeur le système de régulation et d’encouragement de l’acte d’exporter.


Mesures pour réduire le champ informel
21- Décider une amnistie fiscale en taxant à hauteur de 10 % les montants déclarés au fisc puis déposés dans les banques. L’amnistie ne concerne pas les liquidités dont l’origine est criminelle.
22- Relever le plafond du chiffre d’affaires des entreprises et activités soumises à l’impôt forfaitaire unique à 30 millions de dinars.
23- Multiplier les marchés de gros de fruits et légumes.
24- Réformer en profondeur le système de registre du commerce.
25- Moderniser et mettre à niveau le système national d’information économique et social.


Mesures pour simplifier l’environnement de l’entreprise et améliorer le climat des affaires
26- Réformer en profondeur le droit économique algérien.
27- Engager une réforme fiscale profonde.
28- Revoir le système appliqué à l’impôt sur les bénéfices en supprimant la double imposition en matière d’IBS et d’IRG qui frappe les bénéfices distribués ; le paiement de l’IBS doit être libératoire. Par ailleurs, il est proposé de ramener à 5 % le taux d’imposition sur les bénéfices réinvestis.
29- En matière de financement des entreprises, favoriser les prêts à long terme pour les projets d’investissement à maturation lente.
30- Relever le taux de rémunération des dépôts pour drainer davantage les capacités d’épargne disponibles et réduire le phénomène de la thésaurisation.
31- Changer la valeur faciale de la monnaie : 1 DA nouveau = 100 DA anciens.
32- Lever l’autorisation de la banque centrale, préalable à la mise en place des agences bancaires, de sorte à impulser le développement du réseau bancaire et à se rapprocher des normes internationales en la matière, soit une agence bancaire en moyenne pour 10 000 habitants (contre 28 000 actuellement).
33- Moderniser le régime des changes.
34- Dynamiser la bourse d’Alger.
35- Revoir le fonctionnement des chambres de commerce.
36- Lever la mesure légale qui interdit l’importation des équipements et matériels de BTP d’occasion.


Mesures d’organisation économique ou d’ordre institutionnel
37- Créer un ministère de l’économie nationale.
38- Revenir au week‑end universel.
39- Dépénaliser dans les faits les actes et fautes de gestion dans les entreprises publiques économiques.
40- Instituer la représentation des entreprises dans tous les conseils, offices, commissions ou organes de médiation ou de recours.
41- Investir massivement dans l’économie de la connaissance.
42- Simplifier et débureaucratiser la relation entre le citoyen et l’administration.
43- Mettre sur pied, dès maintenant, des passerelles entre le système de formation et le monde de l’entreprise.
44- Mettre sur pied un programme de mise à niveau d’une dizaine de grandes écoles ou d’universités nationales, avec un appui financier massif de l’État.
45- Introduire une plus grande flexibilité dans le système de régulation des relations de travail et de l’emploi.
46- Mettre en place, de manière systématique, des deadlines pour les principaux documents et/ou autorisations délivrés par les administrations et les banques.
47- Engager une réforme de décentralisation économique poussée en faveur d’administrations économiques régionales à compétence élargie.
48- Mettre en place un observatoire des échanges extérieurs.
49- Développer le dialogue économique et la concertation entre les autorités publiques et les représentants du secteur privé.
50- Instituer et mettre en place un médiateur national.

Voila, ce billet est fini. Tournons-nous vers l'avenir, et si nous ne pouvons passer l'éponge dans nos coeurs, collaborons avec les générations montantes algériennes qui remplaceront la caste dictatoriale issue de la sale guerre. Ces gérontes frappent enfin à la porte des soins palliatifs des hôpitaux français ! Place aux coeurs vaillants.



5 commentaires:

  1. Comme les arabes palestiniens, les pieds-noirs d'Algérie et les musulmans rapatriés pourraient commémorer leur "Nakba" le 19 mars.
    L'occasion de rappeler aux Français qui est en cause.

    RépondreSupprimer
  2. La FNACA communiste vend chaque année aux imbéciles la victoire du cessez-le-feu. Il y a des coups de pied au cul qui se perdent.

    RépondreSupprimer
  3. Très bon édito d'Eric Zemmour ce matin sur RTL :
    http://www.rtl.fr/emission/z-comme-zemmour/ecouter
    choisir le podcast du 19 mars

    RépondreSupprimer
  4. Lire le billet de Dominique Venner sur l'ignominie des Accords d'Evian qui ont été préparés comme la Solution Finale du "problème algérien" : http://www.dominiquevenner.fr/2012/03/algerieevian-mars-1962-la-censure/

    RépondreSupprimer
  5. DEVOIR DE MEMOIRE
    hocine le combat d\'une vie par croaclub

    lien vers http://www.dailymotion.com/video/xl0lyn_hocine-le-combat-d-une-vie_news

    En 1975, quatre hommes cagoulés et armés pénètrent dans la mairie de Saint Laurent des arbres, dans le département du Gard. Sous la menace de tout faire sauter à la dynamite, ils obtiennent après 24 heures de négociations la dissolution du camp de harkis proche du village. A l¹époque, depuis 13 ans, ce camp de Saint Maurice l¹Ardoise, ceinturé de barbelés et de
    miradors, accueillait 1200 harkis et leurs familles. Une discipline militaire, des conditions hygiéniques minimales, violence et répression, 40 malades mentaux qui errent désoeuvrés et l\' isolement total de la société française. Sur les quatre membres du commando anonyme des cagoulés, un seul aujourd\'hui se décide à parler.

    35 ans après Hocine raconte comment il a risqué sa vie pour faire raser le camp de la honte. Nous sommes retournés avec lui sur les lieux, ce 14 juillet 2011. Anne Gromaire, Jean-Claude Honnorat

    Et pour compléter le documentaire, réécoutez sur SUD RADIO, « podcasts » l\'émission du 8/11/11, de Karim Hacene, Enquêtes et Investigations, sur les harkis le camp de saint maurice l\'ardoise

    RépondreSupprimer

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.

Les plus consultés

Compteur de clics (actif)