mercredi 20 juin 2012

G20, la France seule


Avant le G20 de Los Cabos, le président de la Banque mondiale Robert Zoellick avait sévèrement critiqué l'Europe dans The Observer et Der Spiegel sur la question de savoir non pas quel modèle choisiraient les responsables européens que toute la planète observe, mais s'il allaient finir par en choisir un, et quand ! C'est une façon détournée de néantiser le vingtième membre du G20, le quartet incompétent qui préside à l'UE, Barroso, Van Rompuy, Ashford et Schulz. Ces super-employés de maison n'ont aucune épaisseur et n'ont pas su profiter de leur permanence dans les institutions européennes pour faire les remontrances nécessaires et offrir aux Etats membres des pistes d'action.
Ces derniers sont coupables tout autant en ayant délaissé à nul effet la plateforme européenne pour débattre de leur avenir commun et le "grand jeu" est réouvert entre les trois espaces continentaux, latin, germanique et slave sur le choix fédéral ; les britanniques s'avançant, eux, au balcon du Mupper Show pour critiquer la scène en tirant sur ceux qui ne lui plaisent pas, comme Cameron appelant les entrepreneurs français à passer la Manche pour contribuer aux dépenses publiques britanniques à meilleur prix.
Se dessinent déjà des lignes de fractures entre les espaces précités, les clients de l'espace germanique (et son cousin scandinave) étant au seuil de former le noyau dur d'une Europe intégrée derrière Berlin pour échapper à l'enlisement actuel qui leur fait peur, comme le pense l'ex-patron du Crédit agricole. Cette année sera bonne pour les journalistes.

La France est en mauvaise posture car elle exerçait jusqu'ici sa politique européenne au niveau de Bruxelles, même si elle donnait l'impression d'un huis-clos avec l'Allemagne. C'était faux. Les discussions franco-allemandes ne valaient que par l'impact qu'elle avaient sur les sphères européennes. La France hors-champ – on le devine dans le communiqué final - est en situation aujourd'hui de se faire dicter la loi. La maison Europe parle allemand désormais.


- M. Hollande est à la droite de la belle présidente argentine, hors champ -

Il n'est rien sorti d'extraordinaire du G20 mexicain, on le savait d'avance. Le plus important était de faire concrétiser par les BRICs leur souscription à l'augmentation de capital du FMI dans l'enveloppe de 430 milliards de dollars approuvée à Cannes et augmentée à 450 hier. Ils achètent ainsi une influence accrue au détriment de la vieille Europe qui ne vient que pour 165 milliards, les Etats-Unis et le Canada s'abstenant. L'autre point crucial était la gestion des dettes souveraines de l'Euroland qui commence à jouer le rôle de l'homme malade du monde dans un registre créé jadis par l'Empire ottoman.
Une lecture minutieuse des termes du communiqué nous indique que notre président normal n'a pas impressionné son auditoire. Extraits (merci Les Echos) :

« les membres de la zone euro du G20 prendront des mesures de politiques nécessaire pour sauvegarder l'intégrité et la stabilité de la zone, améliorer le fonctionnement de leurs marchés financiers »... donc :
- casser la spirale négative qui s'est instaurée entre les banques et les Etats souverains en recapitalisant les établissements financiers et en améliorant les finances publiques ;
- appliquer le traité budgétaire (allemand) et favoriser une meilleure intégration économique et budgétaire pour la réduction des coûts d'emprunts des Etats ; le préalable de la Chancellerie est sauf ;
- utiliser les fonds structurels européens non engagés par Bruxelles ;
- déployer les prêts de la Banque Européenne d'Investissement ;
- lancer des project bonds pour financer des travaux d'infrastructure (rentables pour Berlin qui a la signature).

Aucun appel à mutualiser les dettes souveraines par les fameux eurobonds de M. Hollande. La France continuera à servir sa dette (en hausse) par appel au marché sur sa propre crédibilité et non pas sur celle du grand voisin qui là-dessus a gagné.

Les médicastres du G20 au chevet de la vieille Europe préconisent une fédération du modèle courant (américain ou russe) à côté d'une relance de la demande intérieure des pays ayant des soldes excédentaires d'échanges comme l'Allemagne, et la Chine pour faire bon poids puisque Mme Merkel avait dit que son pays ne pouvait tout faire seul.

Reste que les recommandations internationales devraient être appliquées au niveau de chacun des Etats participants avec les moyens politiques disponibles. Personne de sensé ne peut approuver aujourd'hui en Europe un programme qui remonte l'âge de la retraite à 60 ans, engage des dépenses publiques idéologiques et proclame la justice sociale au détriment des générations à naître, belle justice. Ce programme est ridicule, dangereux et flagorneur. Nous passons pour des nœuds et deviennent rares ceux qui pensent que nous parviendrons un jour à résorber nos trois déficits structurels. Donc nous ressortons affaiblis malgré le communiqué triomphant que l'Elysée est en train de rédiger comme une motion de synthèse socialiste.


Déclaration finale officielle en 85 points !
Le prochain sommet se tiendra à Saint-Petersbourg

2 commentaires:

  1. Alain Juppé a déclaré avoir une perception d'isolement progressif de la France à l'international. D'autres parlent de la France comme d'une île.
    Nous sommes dans le déni !

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    1. Dans les milieux économiques étrangers, la "nouvelle" France est la risée. Deux mesures idéologiques nous classent parmi les dinosaures marxistes, l'âge de la retraite et la surtaxation de 75%. Et ils ne savent pas tout le reste.
      Champion du monde de l'incinération festive de voitures, nous assouplissons l'encadrement juridique des mineurs, notre police doit choisir entre la garde à vue et la garde en morgue, et la maîtresse officielle du président dicte ses goûts comme la Pompadour (les autres ils ne connaissent pas).
      Nous étions déjà moqués gentiment pour notre arrogance hors de proportion avec notre poids économique et politique, nous sommes désormais relégués au bric à brac de l'histoire ancienne !

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