samedi 2 juin 2012

Rule Britannia...


60 et 600 ans sont les deux commémorations de part et d'autre du bras de mer qui irrigue le vieux royaume anglo-normand. Six siècles ici pour la Pucelle d'Orléans qu'Anglois brûlèrent à Rouen, et là, soixante ans d'un règne commencé en pleine guerre, sur un peuple debout sous l'orage des fusées nazies, et qui célèbre aujourd'hui son avenir dans la consolidation de la plus vieille monarchie d'Europe.
Après deux révolutions que furent la décolonisation du plus grand empire mondial et sa revanche, la mondialisation, qu'est devenue l'Angleterre ?
Toujours la référence universelle du régime démocratique que l'on dit "de Westminster" et vers lequel avancent toutes les nations du monde, malgré quelques tracas pour sa naturalisation chez les primo-accédants, une autorité financière mondiale qui domine la galaxie Nylonkong et fait la loi en Europe, une industrie disparue dans le pays qui fit la première révolution industrielle, un peuple cosmopolite qui circule aisément sous tous les continents qu'il a marqués de son empreinte sauf un, l'Amérique latine. Si Elizabeth II est reine de Grande Bretagne et d'Irlande du Nord, elle est encore plus la reine du Commonwealth où son autorité morale naturelle est considérable, non tant sur les politiques que sur les peuples. Les voyages réguliers de la famille royale par le monde entier en attestent.

Au quotidien, cette monarchie est fondée sur l'influence par le conseil et l'exemple, et les écarts coupables des moeurs princières ont été jugés graves par tous les Britanniques, car si cette fonction est diminuée ou ôtée, il ne resterait rien que des colifichets en boutique de souvenirs. Le souverain anglais est la triple clef de voûte de l'Etat, de l'Eglise nationale et de la Nation britannique et tout à la fois la pierre de touche de la politique du 10-Downing Street. C'est d'ailleurs une alchimie : les "idées" du gouvernement sont testées chaque semaine sur le souverain¹ et validées dans ce passage obligé. C'est plus qu'une procédure, un état d'esprit à la limite de la connivence imposée, chacun restant à la place que lui a fixé la coutume, constitution non écrite adaptative qui remonterait à la Grande Charte de Jean sans Terre, mais que d'aucuns repoussent de quelques siècles dans le haut moyen âge.

S'il est une vieille nation au monde c'est bien celle-ci, et dans un registre différent, la nation nippone. Quelques sortes d'éternités au-dessus de l'impermanence du monde.

Nous ne ferons pas aujourd'hui de cruelle comparaison avec notre République quinquennalisée, où quinze jours après leur défaite, les ténors du parti battu se rangent déjà sous les bannières de la campagne présidentielle à venir, sans égards pour le pays qu'ils ont conduit à la falaise !


God save the Queen !






(1) la souveraineté est partagée entre le monarque et le parlement

2 commentaires:

  1. Cette ferveur populaire donne envie.

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  2. J.L. Thiériot dans Le Figaro du 6 juin6 juin 2012 à 09:15

    La couronne est restée intangible, comme un môle au milieu des tempêtes. C'est la force du système institutionnel britannique : instiller dans la relativité du présent une étincelle d'éternité qui rassure.

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