Louis Renault (1877-1944) |
Les essais conduits par le patron en personne montrèrent un char très agile, pivotant sur place sans décheniller (le gros problème d'alors) et tirant dans toutes les positions.
Ce char léger de saturation des lignes fut un des atouts maîtres de l'armée française, avec une autre "star", le canon de campagne de 75. Bien qu'il ne puisse rompre un front comme le firent les panzers de la seconde guerre mondiale, il hâtera la victoire par sa rusticité et sa puissance de choc au contact qui permettait de briser les lignes, réduire les nids de mitrailleuses, et plus prosaïquement par l'économie de sa fabrication en grande série qui permit d'en aligner beaucoup, environ 3000. C'était aussi l'époque d'une France industrielle puissante que nous avons oubliée !
Le voici en détails :
CARACTERISTIQUES TECHNIQUES GENERALES
Constructeurs : Renault Billancourt (env.1850), Berliet Venissieux/Saint-Priest (>800), SOMUA Saint-Ouen (env.600), Delauney-Belleville Saint-Denis (280)
Période de production : 1917-1918...1920
Type : Char léger 18HP
Équipage: 2 hommes : 1 pilote, 1 tireur (chef de char)
CHASSIS
Caisse auto-porteuse indéformable
Dimensions (m): Longueur 4,95 ; largeur 1,74 ; hauteur 2,14 ; empattement 2,80
Poids en ordre de combat (kg) : 6 500 le char-mitrailleur, 6700 le char-canon
Blindage maxi (mm): 22
Moteur : Renault Billancourt, tout à l'arrière
Type : 4 cyl en ligne à 4 temps, refroidi par eau à 22% d'alcool
Cylindrée: 4L48 (alésage x course = 95x160mm)
Arbre à cames à commande engrenée
Carburateur Zénith sous pression, réglé d'usine, alimentation bridée
Allumage par magnéto HT et distributeur, avance fixe
Graissage moteur par pompes mécaniques à huile
Puissance max. (cv): 39 à 1500 t/min
Couple max. (m.kg) : 19,7 à 1200 t/min
Rapport poids/puissance (cv/T): 5,8
Boite de vitesse : Renault 4 vitesses manuelles et MA
Carburant : essence
Consommation (litres/h): 30
Capacité carburant (litres): 100
Traction par embrayage principal en sortie de vilebrequin, démultiplicateurs et embrayages latéraux des barbotins de chenilles
Changement de direction par débrayage de la chaîne d'entraînement latérale
Chenilles à tension constante: 32 patins
Largeur chenille (mm): 340
Équipement radio: néant (des chars de commandement seront équipés plus tard)
ARMEMENT
Tourelle circulaire sur billes:
. soit tronc de cône, bloc de fonderie
. soit chaudronnerie octogonale rivetée
. soit chaudronnerie rivetée à angles arrondis (Berliet)
Il fut produit 39 canons d'assaut sur châssis FT avec une casemate fixe abritant un canon de 75mm.
Armement principal:
. soit 1 mitrailleuse Hotchkiss mle.1914 de 8mm avec 4000 coups
. soit 1 canon semi-automatique Puteaux SA18 37/21 avec 240 coups
Rotation tourelle (degrés): 360°
Élévation du fût (degrés): +35/-20°
MOBILITE ET APTITUDES
Force d'arrachage en palier (T): 5 en 1ère et MA
Pourcentages max. des rampes: 119 en 1ère, 33 en 2ème, 16 en 3ème, 7 en 4ème (données constructeur dans la notice d'emploi)
Autonomie (km): 35
Vitesse sur route max. (km/h): 7,78
Garde au sol (m): 0,43
Franchissement obstacle vertical (m): 0,60
Passage à gué (m): 0,70
Franchissement creux (m): 1,35
Outre ses aptitudes au combat, ce char est carrément moderne tant dans sa conception que dans sa facilité d'industrialisation. On sent la patte du praticien Renault qui comprend chaque rivet ; techniquement le FT est un nid d'astuces. Veuillez consultez la notice constructeur avant de partir à la guerre.
Ses capacités répondent à trois critères :
- franchir une tranchée standard de première ligne avec sa queue anti-enfoncement (voir le croquis du char)
- passer un nid de mitrailleuse ou un trou d'obus en y descendant
- économique à fabriquer (il vaudra 56000 francs de l'époque, départ-usine)
Les premiers chars Renault FT 1917 auraient été utilisés le 28 juin 1918 à Saint-Pierre-Aigle (Aisne) dans la deuxième bataille de la Marne. Mais sa mise en ligne avait auparavant déclenché l'allumage de tout le front de sa division par l'erreur topographique d'une section qui s'était perdue (témoignage perso).
Les autres chars français de la Grande Guerre furent le Saint-Chamond de 22T à chenilles électriques et le Schneider de 13T, l'un et l'autre sur châssis américain Holt. En 1939, sept bataillons de chars de combat à 63 unités seront encore au TED avec des Renault FT 1917, sans parler des sections disséminées dans d'autres armes (infanterie territoriale, armée de l'air, coloniale au Maroc) !
Les chiffres de production sont discutés. Pour vous faire une idée (source François Vauvillier) :
Chars Renault FT détenus par les Armées au 20 Janvier 1920 : 3491
Chars Renault FT détruits au front : 485
Chars Renault FT livrés aux Alliés à partir de 1919 :
- Grande-Bretagne: 24
- Etats-Unis: 231
- Pologne: 120
- Italie: 4
- Espagne: 1
- Finlande: 30
- Brésil: 12
- Japon: ?
- Suisse: ?2
- on en a retrouvés jusqu'en Afghanistan: ?
Total export: 422
Total général : 4398
Note : les trois tubes que l'on observe sortant de la tourelle sont le canon de 37, en dessous son frein de recul, à sa gauche le (petit) tube de visée.
L'an prochain nous ferons le canon de 75 mle.1897.
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