mardi 20 novembre 2012

Nouvelles du front, le vrai

La Grèce attend son argent, titre la presse. Les caisses sont vides et les quarante milliards promis seraient les bienvenus (44,5Mds€ exactement = T2: 31,2 + T3: 5,0 + T4: 8,3). Le FMI n'y croit pas et demande de saquer 22000 bouches inutiles, en plus des 27000 prévues d'ici à 2014. Le total à rayer des cadres s'élevait déjà à 125.000 pour fin 2016, il passerait à 147.000. La Grèce répond "non".

Stournaras, ministre des finances héllènes
La Grèce attend "notre" argent, et celui du Tiers-monde car les disponibilités du Fonds monétaire international sont d'ordinaire réservées aux pays faibles en décalage dans leur développement. Ce qui n'est pas le cas de la Grèce qui, à part bronzer, ne semble pas vraiment vouloir se développer. En attendant l'embellie, le Trésor héllène lève des fonds à 4% sur le marché, ce qui n'est pas catastrophique pour un pays insolvable hors-perfusion.
Le gouvernement d'Athènes a pris deux décrets au début du mois (source Le Parisien) : Le premier, plutôt humiliant, met en place un "mécanisme de contrôle budgétaire automatique" exigé par les créanciers, qui vise surtout les finances jusque là largement incontrôlées des collectivités locales et des grandes entreprises publiques (ndlr: les tricheries étaient généralisées, les fonctionnaires d'Etat licenciés étant réembauchés par les villes ou les fromages républicains). Il prévoit également un suivi mensuel assorti de corrections (augmentation des impôts locaux, mutations obligatoires de personnel...).
Ce décret, que la constitution prévoit dans "des situations d'urgence", impose aussi que les recettes des privatisations soient versées "sur le compte spécial de l'Etat consacré au paiement du service de la dette". Sous la pression de l'UE et du FMI, la Grèce doit procéder à des privatisations et concessions de patrimoine foncier et immobilier censées lui rapporter 9,5 milliards d'euros d'ici à 2016, dont 2,5 milliards en 2013.
Le second décret précise des modalités de réduction des dépenses de santé et d'ouvertures de professions à la concurrence. Il aligne sur le régime général des fonctionnaires les retraites des employés du parlement, et prévoit des coupes de 20% dans les pensions de plus de 3.000 euros.
Quand on sait la gabegie éhontée de l'Etat grec, il n'y a pas de quoi hurler au loup !
L'euro ne pouvant profiter qu'aux peuples qui travaillent, le pays des fonctionnaires doit pouvoir dévaluer sa monnaie pour pouvoir les payer en monnaie de singe (Nebout chez Bilger). Donc, sortir de l'euro et montrer aux europhobes combien on s'en sort mieux tout seul !
Hasta la vista, baby !


Pour nous, c'est Moody's qui fait des siennes, depuis Francfort en plus ! .
Richard Cantor, patron "risque" de Moody's
Ils déclassent notre note de confiance (le fameux AAA), avec perspective négative, ce qui est doublement vache pour le gouvernement Ayrault, car c'est bien le pronostic (donc l'avenir) qui est fait et non la notation du bilan clôturé le 5 mai 2012, comme le prétend M. Moscovici. Moody's prétexte « une perte de compétitivité graduelle mais continue, des rigidités des marchés du travail, des biens et des services et des perspectives budgétaires incertaines en raison de la dégradation des perspectives économiques. De plus, la capacité de la France à résister à d'éventuels nouveaux chocs futurs de la zone euro diminue d'autant plus que son exposition aux pays fragiles de l'Union monétaire, via les liens commerciaux ou bancaires, est beaucoup trop importante ». Standard & Poor's avait fait ce pronostic il y a dix mois pour enlever le AAA à la France ; Fitch va y venir en janvier, mais c'est une agence moins importante et possédée par le groupe français Fimalac, donc douteuse dans son jugement soumis à d'éventuels conflits d'intérêts.
Le seul point positif devrait être une remise en cause par le gouvernement de la dépense publique qui tue toutes ses bonnes intentions ; mais déjà s'élèvent des rangs de la Gauche les clameurs d'une classe dissipée contre le prof qui a donné des notes trop sévères. Et l'inimitable Jean-Luc Mélenchon, jamais en retard d'une vocifération stérile, de hurler à l'attaque du pays par la Finance. Il va bientôt aboutir à la fortune anonyme et vagabonde, prélude à la dénonciation des trois confédérations !


Plus grave est la falaise fiscale américaine.
Eric Cantor chef du GOP à la Chambre
Ce sont des décrets à effets automatiques qui découlent de la Loi de Finances 2011 et qui entreront en vigueur à des dates prévues en 2013. Ils visent à réduire le déficit public de près de 50 pour cent. Parmi ces lois, on trouve la cessation des allègements fiscaux Bush et la fin de certaines dépenses budgétaires courantes. Si les grands programmes fédéraux ne sont pas touchés, sécurité sociale, pensions fédérales de retraite, primes aux anciens combattants, le fonctionnement de beaucoup d'agences et services fédéraux sera perturbé par les coupes et les séquestres conservatoires de crédits. Même si à long terme on peut attendre un redémarrage puissant de l'économie américaine (bientôt auto-suffisante en énergie), on en prédit quand même une forte récession immédiate, désastreuse en termes d'emploi, et dangereuse pour la finance mondiale par l'onde de propagation, dixit le FMI. Républicains et Démocrates en discutent maintenant sous la pression de l'administration Obama II. S'il n'en sort rien, nous sentirons le vent de la déflagration plus fort qu'à la Noël 1999. On me dit dans l'oreillette qu'on s'en fout puisque la fin du Monde est annoncée pour le 23 décembre ! Finalement tout finit toujours par s'arranger, même mal !





6 commentaires:

  1. Le fonds européen de stabilité financière (FESF) suspend ses émissions de bons puisqu'il n'a plus le quota de garanties-pays AAA depuis la dégradation de la France par Moody's. Les pays AAA participants ne représentent plus que 36% de l'adossement étatique, selon Le Figaro.
    Les pays en difficulté sont touchés en premiers.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci Gérald. La dégradation déclasse le niveau de garantie des mécanismes de soutien. Quand Fitch Ratings aura fait son pronostic, alors les taux français monteront mécaniquement parce que les statuts des sociétés de placements les y obligent dès que trois agences convergent.

      Supprimer
    2. La jolie nunuche Belkacem qui sert de porte-parole à Ayrault rassure les idiots en déclarant que "la France reste une valeur sure, en deuxième position derrière l'Allemagne". Ca veut dire quoi ? Elle y comprend rien mais elle cause...

      Supprimer
  2. L'ectoplasme Juncker, président de l'Eurogroupe, déclare que tout va bien puisque les bailleurs se sont séparés sans accord.
    La Grèce étant plus que jamais un client douteux, BCE, FMI et UE ne croient pas à la mise en application des lois de redressement économique votées par le parlement d'Athènes, les exemples de triche sont trop nombreux (matinale Canal+).

    RépondreSupprimer
  3. Info+ : Derrière la note du Trésor français, ont été dégradés pareillement par Moody's la CADES (Caisse de camouflage de la dette des organismes sociaux), l'UNEDIC, la RATP et la Caisse nationale des autoroutes.
    La Caisse des Dépôts & Consignations avait été dégradée en janvier 2012 par S&P.

    RépondreSupprimer

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.

Les plus consultés

Compteur de clics (actif)